Voilà un Saint qui réunit en sa personne tout ce qui excite l’estime et l’admiration, les dons de la nature, ceux de la grâce, les talents acquis ; cependant loin d’exiger des égards et des attentions, s’il pouvait se blesser de quelque chose, ce serait de ce qu’il ne peut vivre oublié et confondu dans la foule de ses frères. Voilà, Chrétiens, voilà le vrai caractère des Saints ; l’humilité, cette vertu que Jésus-Christ nous a tant recommandée, parce que c’est par elle que nous pouvons lui être rendus conformes ; l’humilité, parce que toute seule elle suffit, et que sans celle-là toutes les autres ne sont rien : mais hélas ! c’est de toutes les vertus la plus rare, quoiqu’il semble qu’elle dût nous être si naturelle. Car enfin, mes Frères, si nous nous connaissions tels que nous somme ; si nous ne nous attribuions que ce qui est véritablement à nous ; en un mot, si nous nous rendions la justice que nous méritons, quel fondement trouverions-nous à notre orgueil ?
Massillon, Panégyriques, Sermon pour le jour de st Thomas d’Aquin, Paris, Les Frères Estienne et Delalin, 1776, p. 395.