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  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (5)

    11. L'Église bulgare catholique prend naissance quand des Bulgares orthodoxes, lassés de ne pouvoir obtenir d'être indépendants vis-à-vis de Constantinople, cherchèrent à retourner à la communion avec Rome après 1859. Le pape ordonna évêque leur chef. Mais il fut enlevé et mourut prisonnier dans un monastère orthodoxe de Russie. Cela n'empêcha pas une communauté d'exister. Cependant ses effectifs s'amenuisèrent, malgré les efforts de missionnaires augustiniens et assomptionistes. L'exarchat apostolique a son siège à Sofia.
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    12. L'Église russe catholique doit son existence au fait que le rite byzantin étant interdit aux catholiques par le régime tsariste jusqu'en 1905, les Russes qui se convertissaient devaient être de rite latin. En 1905 Nicolas II prit un édit de tolérance, et un exarchat fut créé en 1917, mais la persécution ne tarda pas à éliminer presque tous ces catholiques. L'Église russe compte deux exarchats apostoliques (Moscou et, hors de Russie, Harbin en Chine). Le collège russe fondé à Rome par le Saint-Siège en 1929 est destiné à former des prêtres pour la Russie.
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    13. L'Église ruthène catholique. Les Ruthènes sont les Slaves d'Ukraine, de Galicie et d'une partie des Carpates. L'union de Florence dut être renouvelée à Brest-Litovsk. Les partages de la Pologne, de 1772 à 1795, attribuent presque tout le pays des Ruthènes à la Russie. Catherine II les fait passer de force à l'orthodoxie. À la suite de l'édit de 1905, une partie redevinrent catholiques, mais de rite latin. Les Ruthènes de Galicie connurent un sort meilleur dans l'Empire austro-hongrois, et une province ecclésiastique avec deux évêchés suffragants put leur être donnée. En 1949, le synode des prêtres ruthènes catholiques décida l'intégration à l'Église russe orthodoxe. Les persécutions furent très dures, ainsi qu'en Tchécoslovaquie. Quatre éparchies existent aux États-Unis et une en Ukraine.

    14. L'Église roumaine catholique comprend les régions de Valachie, Moldavie et Transylvanie, longtemps sous la domination ottomane. L'Église orthodoxe apparaissait étroitement liée à la conscience roumaine. Après l'annexion de la Transylvanie par l'Empire austro-hongrois en 1687, un mouvement de rapprochement avec Rome se dessina dans cette province. Des jésuites y furent envoyés, si bien qu'une union formelle avec Rome est proclamée en 1701. En 1940, l'Église roumaine comptait 1 500 000 fidèles et cinq éparchies. Mais le 1er décembre 1948 un synode des prêtres (auquel les évêques ne participaient pas) vota le rattachement à l'Église orthodoxe de Roumanie. Ce décret a été aboli trente et un ans plus tard. La hiérarchie catholique est reconstituée le 14 mars 1990. La Roumanie compte cinq éparchies. Un exarque réside aux États-Unis (Ohio).

    (à suivre…)

  • ROGER LE TOURNEAU (1907-1971)

    Roger Le Tourneau est né le 2 septembre 1907 à Paris où il fit ses études secondaires ; admis à l'Ecole Normale Supérieure en 1927, il devint agrégé des lettres en 1930. S'étant intéressé au Maroc à l'occasion d'un voyage effectué l'année précédente, il demanda et obtint un poste dans ce pays : c'est ainsi qu'il fut nommé professeur de Lettres au Collège Moulay Idris de Fès dont il devait être ensuite le directeur, de 1935 à 1941. Durant ce séjour au Maroc, il étudia l'arabe, mais surtout se passionna pour cette ville de Fès, où l'avait d'ailleurs rejoint un de ses camarades de l'Ecole Normale Supérieure, Lucien Paye, avec lequel il entreprit plusieurs études sur les corporations de la ville. Encouragé par Robert Montagne et E. Lévi-Provençal, il décida alors de préparer une thèse de doctorat sur Fès ; celle-ci, intitulée Fès avant le Protectorat, fut soutenue en 1948 : elle constitue un modèle du genre.
    Nommé en 1941 directeur de l'instruction Publique en Tunisie, Roger Le Tourneau estima qu'il ne pouvait se dérober à une tâche essentielle dans les circonstances d'alors, et la rectitude de sa position politique et intellectuelle lui valut, lorsque la Tunisie fut occupée par les Allemands, d'être arrêté par eux, déporté en Allemagne puis, ramené en France, d'être assigné à résidence. La contrainte politique et policière s'étant ensuite relâchée, il fut nommé professeur au lycée de Rouen ; il profita de cette liberté pour préparer son évasion ; en mai 1944, ayant réussi à franchir les Pyrénées, il se retrouva en prison à Lerida, puis interné dans le camp de Miranda avant de pouvoir, en août 1944, gagner le Maroc où il rejoignit sa famille. Cependant, une commission d'épuration lui reprocha, en dépit de son attitude patriotique, d'avoir servi le gouvernement de Vichy et le suspendit de tout emploi et de tout traitement. Durant un an, il utilisa ses loisirs forcés à rédiger sa thèse et surtout à reprendre des contacts avec ses amis nationalistes marocains (dont beaucoup étaient ses élèves parmi les Fassis) que les événements de 1944 avaient éloignés de la France.
    L'ostracisme ayant été levé en octobre 1945, Roger Le Tourneau devint l'adjoint de Robert Montagne à la direction du Centre des Hautes Études d'Administration Musulmane ; nommé en 1947 à la Faculté des Lettres d'Alger, dans la chaire d'histoire de la civilisation musulmane, il contribua, pendant dix ans, comme au Maroc, à la formation d'intellectuels dont beaucoup sont devenus d'éminentes personnalités après l'accession de leur pays à l'indépendance. En plus de son enseignement, il anima l'Institut d’Études Supérieures Islamiques et lorsque son ami Lucien Paye fut chargé des Affaires politiques en Algérie, il s'efforça de servir d'intermédiaire avec les nationalistes algériens en vue de l'établissement de rapports nouveaux. Entre-temps, il avait effectué une mission en Libye pour le compte de l'UNESCO (1951) et avait été chargé de conférences aux États-Unis en 1954 et 1957. En octobre 1957, Roger Le Tourneau fut nommé à la Faculté des Lettres d'Aix-en-Provence où venait d'être créée à son intention une chaire d'histoire et de civilisation musulmanes. Seul islamisant alors, il sut en peu d'années réunir autour de lui des spécialistes des disciplines islamiques : grammaire, littérature, histoire, art et archéologie, sociologie, et faire du Département d'Études Islamiques d'Aix le plus important de France après Paris. Apprécié unanimement par ses collègues comme par ses étudiants il fut constamment placé à la tête du Département même après les bouleversements de 1968.

    Roger Le Tourneau ne se cantonnait pas dans son métier d'enseignant : pour lui, la recherche allait de pair, et c'est afin de promouvoir les recherches et les études sur l'Afrique du Nord qu'il contribua, en 1958, à la création à Aix du Centre d'Études Nord-Africaines qui, devenu en 1964 laboratoire du C.N.R.S., prit le nom de Centre de Recherches sur l'Afrique Méditerranéenne (C.R.A.M.) dont il devint le Directeur effectif en 1965. Dès le premier volume de l'Annuaire de l'Afrique du Nord, publié en 1962 par le C.R.A.M., Roger Le Tourneau rédigea régulièrement, jusqu'à sa mort, la Chronique politique, et publia d'autres articles qui témoignaient de sa connaissance du monde maghrébin. Les événements de 1968 ayant entraîné une transformation des structures du C.R.A.M., celui-ci devint alors le Centre de Recherches sur les Sociétés Musulmanes Méditerranéennes (C.R.E.S.M.) dont Roger Le Tourneau assuma la direction, à titre de transition, jusqu'à la fin de l'année 1969 ; par la suite il fit partie du Comité de Direction du Laboratoire, apporta sa collaboration active aux programmes de recherche mis en œuvre par le C.R.E.S.M. et à la publication de l'Annuaire de l'Afrique du Nord.
    Parallèlement, il menait à la Faculté le combat pour la création d'un Institut de Langues et Civilisations Orientales et Slaves comme l'une des U.E.R. de l'Université d'Aix-Marseille et il a été l'un des principaux artisans de la naissance de l'I.L.G.E.O.S.
    Sa notoriété scientifique valut à Roger Le Tourneau d'être nommé à la Commission des Civilisations Orientales du C.N.R.S. et d'être élu, et réélu, au Comité Consultatif des Universités. Il fut en outre appelé à l'étranger pour des cours ou des conférences, en Italie, en Pologne, au Liban, en Angleterre ; surtout, à partir de 1958, le Département d'Études Orientales de l'Université de Princeton lui confia la responsabilité d'un enseignement sur l'Afrique du Nord — de 1958 à 1970, tous les deux ans, il y consacra plusieurs mois et contribua à former nombre de spécialistes américains du Maghreb ; il devint également membre du Comité de Rédaction de l'International journal of Middle East Studies.
    Lorsque Lionel Balout et ses collaborateurs de la Revue de la Méditerranée, disparue en 1962, envisagèrent la parution d'une revue scientifique française consacrée en priorité à l'Afrique du Nord, c'est à Roger Le Tourneau qu'ils s'adressèrent, et sous l'impulsion de celui-ci fut alors créée en 1966 la Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée (R.O.M.M.) dont il fut le directeur du comité de rédaction. Il fut aussi la cheville ouvrière et l'animateur du 2e Congrès International d'Études Nord-Africaines, qui se tint à Aix-en-Provence en novembre 1969.
    L'activité scientifique de Roger Le Tourneau fut considérable : il écrivit de nombreux articles — dont on peut trouver la liste dans le tome 10 de la Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée — et des livres suivants :
    Fès avant le Protectorat (Casablanca 1949).
    Damas de 1075 à 1154, traduction annotée d'un fragment de l'Histoire de Damas d'Ibn al-Qalânisî (Damas 1952). Ce livre, qui fut sa thèse complémentaire de doctorat ès lettres, est le seul ouvrage qui ne porte pas sur l'Afrique du Nord.
    L'Islam contemporain (Paris 1952).
    — Révision et remise à jour du tome II de l'Histoire de l'Afrique du Nord de Ch. A. Julien : De la conquête musulmane à 1830 (Paris 1952).
    Les débuts de la dynastie saadienne (Alger 1954).
    Les villes musulmanes d'Afrique du Nord (Alger 1957).
    Fez in the age of the Merinids (University of Oklahoma Press, 1961).
    Évolution politique de l'Afrique du Nord musulmane, 1920-1961 (Paris 1962).
    La vie quotidienne à Fès en 1900 (Paris 1965).
    The Almohad movement in North-Africa in the 12" and 13" centuries (Princeton 1969).
    Enfin Roger Le Tourneau avait achevé la rédaction d'une Histoire du Maroc moderne, destinée à un éditeur anglais.

    (Extrait des Cahiers de Linguistique, d’Orientalisme et de Slavistique, numéros 1 – 2, publication de l'Institut de Linguistique Générale et d’Études Orientales et Slaves de l'Université de Provence (I.L.G.É.O.S.)

  • Regard de Jésus à Pierre

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    André ayant quitté Jean pour l’autre Rabbi
    Ne peut vivre seul ce cheminement subit.
    Il s’empresse d’aller trouver Simon, son frère,
    Devant aux travaux de la pêche le soustraire.
    « Le Messie, le Messie, nous l’avons rencontré.
    Il vient d’arriver, mais si ! dans notre contrée.
    Laisse tes compagnons achever le travail,
    Viens t’adjoindre à ceux qui font partie du sérail. »
    Jésus le fixa du regard, puis il lui dit :
    « Tu es Simon, fils de Jean : tu t’appelleras
    Désormais Képhas, ou Pierre, et tu seras
    Un pêcheur d’hommes, pour remplir mon paradis. »

    * * *

    « Tu es un compagnon de ce Galiléen. »
    Cette apostrophe d’une servante à Simon
    Est le piège qu’invente l’astucieux démon
    Pour que chute le bras droit du Nazaréen.
    En effet, devant tous avec force il nia :
    « Non, vraiment, je ne vois pas ce que tu veux dire. »
    il abandonne sur le champ son vicariat,
    N’hésitant pas, le malheureux, à se dédire.
    Il se rapproche du portail, pour partir,
    Quand un autre dit : « Tu étais avec Jésus ! »
    De Nazareth », bloquant ainsi l’unique issue.
    Pierre va se laisser encore pervertir :
    « Je ne connais pas cet homme, vous ai-je dit ! »
    Il fait cette assertion sans la moindre assurance.
    Il ne pense pas une seconde aux souffrances
    De Jésus, seule compte sa propre tragédie.
    « Et pourtant ta façon de parler te trahit. »
    Par cette affirmation, l’homme a surenchéri.
    Alors, Pierre se lance dans des imprécations,
    Se met à jurer et nie toute relation :
    « Je ne connais pas cet homme, je vous le jure ! »
    Pour la troisième fois dans la cour du palais
    Du grand prêtre résonne cet atroce parjure :
    Terrorisé, Simon-Pierre s’est emballé.
    Le serviteur tout de go l’a désarçonné,
    Et ce, par peur d’être à son tour emprisonné !
    Pierre peut le regretter : ce qui est dit est dit.
    Il est l’acteur de la terrible tragédie.
    Il devait devenir une pierre angulaire
    Pour l’Église, et en plus affermir tous ses frères,
    Mais voilà qu’il s’effondre pris de couardise,
    Tombant de plein gré dans une effroyable mouise.
    Pendant ce temps, Jésus consent à un semblant
    D’interrogatoire. Et, simultanément,
    Tandis qu’il descend de l’étage un coq chante,
    Jésus se tourne vers Simon en fin de pente.
    Leurs regards se croisent. Pour Jésus, un regard
    De tristesse et d’Amour, où on peut discerner
    Déjà le pardon. Et pour Simon, un regard
    De honte, le cœur pris dans de tristes chardons.
    Dans ce regard perçant, il entrevoit l’horreur
    De son inconcevable et dure trahison,
    Il voit qu’une fois de plus, il est dans l’erreur,
    La peur de la prison reste son horizon.
    Découvrant sa misère, il sait qu’il est aimé
    En dépit de tout, au lieu d’être condamné.
    Il a pourtant renié et beaucoup blasphémé,
    Mais il y a moyen de se désaliéner.
    La possibilité d’un vrai relèvement,
    N’a pas disparu, qui suppose un mouvement
    De purification avec l’acceptation
    De la situation, épurant l’intention.
    La chance de Pierre est d’avoir su accepter
    De croiser le regard de Jésus, son bon Maître,
    D’avoir pu pleurer sa trahison, pour renaître
    À la vie, et ne plus se laisser dérouter.
    Il sortit enfin de l’enceinte du palais,
    Malade, comme si on l’avait empalé.
    Il pleura longuement, versa de chaudes larmes,
    Lui qui croyait sauver Jésus-Christ par les armes.

    * * *

    Dans les jours qui font suite à la Résurrection,
    Jésus demande à Pierre, seul, dans un tête-à-tête :
    « M’aimes-tu ? » « Oui, Seigneur, et mon cœur est en fête. »
    Cette question, il la pose à répétition :
    « Simon, fils de Jean, m’aime-tu plus que tous ceux-ci ? »
    « Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t’aime. »
    « Pais mes brebis », dit Jésus, qui le remercie.
    Mais voici encore une question, une troisième :
    « M’aimes-tu ? » Simon est peiné de l’insistance
    Du Rabbi. Pourtant il faut faire pénitence
    De la négation triple, qui a pour conséquence
    La manifestation de la Toute-Puissance.
    Il lui répond : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais
    Bien que je t’aime ». Leurs regards se sont croisés.
    Et tandis que Jésus répond : « Pais mes brebis »,
    Il sait que le pardon a soldé son débit.

  • Jésus-Christ, cause de scandale

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    « On lit dans l’Écriture : Voici que je place dans Sion une pierre d’angle, pierre de choix et de grand prix : qui met confiance en elle ne sera pas déçu. Pour vous donc l’honneur, pour vous qui croyez ; mais pour ceux qui ne croient pas, cette pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle, et la pierre d’achoppement et le roc de scandale : ils achoppent contre en refusant d’obéir à la Parole » (1 Pierre 2, 6-8).
    Lorsque l’Enfant Jésus avait été présenté au Temple par ses parents, le vieillard Siméon qui les avait accueillis avait prédit : « Cet enfant en amènera beaucoup en Israël à tomber ou à redresser, et il sera un signe sur qui on discutera » (Luc 2, 34), un signalement à la contradiction. Jésus est un signe de contradiction pour ceux qui s’obstinent à le rejeter et qui, par là, se ferment librement la voie d’accès au ciel et au salut.
    Pourtant, souligne saint Pierre, les hommes « ont été destinés » (1 Pierre 2, 8) à obéir à la parole qui, pour le chrétien, est Jésus incarné, c’est-à-dire le Fils de Dieu devenu homme. Personne n’est destiné par avance à se condamner, car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). C’est d’ailleurs le motif premier de l’Incarnation de Jésus. Mais Dieu compte sur la libre réponse de l’homme au dessein de salut. Jusqu’au dernier instant de sa vie, c’est-à-dire jusqu’au moment de sa mort, l’homme peut accepter Dieu et se laisser toucher par sa grâce, ou le refuser et se détourner de lui. « La coupe du salut de l’humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine, contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l’on n’y boit pas, on n’est pas guéri » (concile de Quierzy, mai 853).
    L’Église catholique dit encore : « Nous affirmons avec confiance la prédestination des élus à la vie, et la prédestination des impies à la mort ; dans l’élection cependant de ceux qui doivent être sauvés la miséricorde de Dieu précède le mérite, tandis que dans la damnation de ceux qui doivent périr le démérite précède le juste jugement de Dieu. […] « Mais qu’il y ait des hommes prédestinés au mal par la puissance divine », de telle sorte que pour ainsi dire ils ne puissent pas être autre chose, « non seulement nous le croyons pas, mais s’il en est qui voulaient croire une chose aussi mauvaise, avec toute notre détestation », comme aussi le concile d’Orange, « nous leur disons : anathème » (concile de Valence, 8 janvier 855), c’est-à-dire qu’ils sont retranchés de la communion des croyants.
    Le mystère de la prédestination met en valeur trois vérités d’une grande importance et qui sont autant d’encouragements dans la vie quotidienne. Tout d’abord, la liberté absolue et la générosité de Dieu au moment d’accorder sa grâce à qui il le veut sans mérite de la part de l’homme, et qui fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde (voir Romains 9, 15-16). En second lieu, la volonté salvifique de Dieu est universelle : elle s’adresse à tous les hommes de toutes les époques. Le Christ a été envoyé par le père pour mourir sur la Croix pour tous. Enfin dans l’œuvre de notre salut, Dieu compte sur notre libre coopération, qu’il aide par sa grâce. L’homme peut toujours refermer à la grâce et tourner le dos à Dieu qui ne s’impose jamais.

  • 3 septembre : st Grégoire le Grand

    Saint Grégoire le Grand étant le premier des Pères de l’Église que je présente, il faut commencer par expliquer qui sont les Pères de l’Église.
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    C’est un titre reconnu par les théologiens catholiques aux écrivains ecclésiastiques qui se sont distingués par l’orthodoxie de leur doctrine, la sainteté de leur vie, l’approbation, au moins tacite, de l’Église, et leur ancienneté (jusqu’au VIIIe siècle). On distingue les Pères grecs et les Pères latins. Les « docteurs de l’Église » se différencient de ces Pères en ce qu’ils n’ont pas toujours vécu aux premiers temps de l’Église. Certains Pères ont reçu aussi le titre de docteur de l’Église.
    Les Pères grecs (ceux qui écrivent en grec) sont : Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 215), Origène (v. 185-v. 253), Grégoire le Thaumaturge († 270), Lucien d’Antioche (v. 235-312), Athanase (298-373), Aphraate le Syrien († v. 345), Éphrem († v. 373), Basile de Césarée (329-379), Grégoire de Nazianze (v. 329-v. 390), Grégoire de Nysse (v. 335-v. 395), Cyrille d’Alexandrie (v. 380-444), Didyme l’Aveugle († 398), Cyrille de Jérusalem (v. 315-387), Jean Chrysostome (v. 349-407), Maxime le Confesseur (v. 580-662), Germain de Constantinople (634-733), Jean Damascène (fin VIIe siècle-v. 749).
    Les Pères latins (ceux qui écrivent en latin) sont : Cyprien (début IIIe siècle-258), Hippolyte de Rome (170-235), Hilaire de Poitiers (v. 315-367), Ambroise de Milan (v. 340-397), Jérôme (v. 350-v. 420), Paulin de Nole (353-431), Augustin (354-430), Vincent de Lérins († av. 450), Cassien (v. 360-v. 435), Léon le Grand († 461), Grégoire le Grand (v. 540-604), Bède le Vénérable (673-735).
    Saint Grégoire le Grand est né dans une famille patricienne et est élu sur le siège de Pierre, c’est-à-dire qu’il devient pape, en 590. C’est lui qui prend le titre de servus servorum Dei, « serviteur des serviteurs de Dieu », titre qui, selon le pape Jean-Paul II, est « la meilleure protection contre le risque de séparer l’autorité (et en particulier la primauté) du ministère », conçu comme service. L’ouvrage le plus connu de saint Grégoire est la Règle pastorale, qu’il a écrit au début de son pontificat et qui s’adresse principalement aux prêtres, afin deltoïdienne dans leur ministère. il contient cependant de nombreux et orientations utiles pour tous les fidèles.
    Il mérite le qualificatif de Grand en raison de ses dons de gouvernement, de son zèle apostolique, de la richesse de son magistère (ou enseignement), de la sollicitude avec laquelle il s’est occupé, aussi bien dans l’aspect spirituel que dans l’aspect matériel du troupeau à lui confié.

  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (6)

    15. L'Église slovaque catholique. L'histoire de la Slovaquie s'est longtemps confondue avec celle des Ruthènes. Avec la création de l'État tchèque après la Première Guerre mondiale, les Slovaques catholiques furent traités comme un groupe distinct. En 1950, un synode présidé par cinq prêtres rompt l'union à Rome et intègre les Slovaques catholiques à l'Église orthodoxe de Tchécoslovaquie. Los du « printemps de Prague », en 1968, les paroisses orthodoxes qui le désiraient purent revenir au catholicisme : 205 d'entre elles, sur 292, choisirent la communion avec Rome. L'Église slovaque catholique comprend une éparchie, à Presow. Une éparchie se trouve au Canada (Toronto).

    16. L'Église biélorusse catholique a connu une histoire parallèle à celle des Ukrainiens catholiques. Quand la Biélorussie appartint à la Pologne, après la Première Guerre mondiale, l'on vit réapparaître 30 000 Biélorusses (Russes blancs) catholiques. Mais l'Église biélorusse a été intégrée à l'Église orthodoxe de Russie après l'annexion de la Biélorussie à l'URSS.
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    17. L'Église hongroise catholique regroupe les catholiques ukrainiens, ruthènes et roumains qui sont complètement intégrés à la Hongrie. Jusqu'en 1912 ils relevaient de la juridiction d'évêques de régions voisines. Pie X les érige à cette date en éparchie (Hajdudorog). Un exarchat apostolique existe à Miskolc.
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    18. L'Église grecque catholique voit le jour avec l'activité missionnaire qui travaille en 1856 au retour des dissidents de Constantinople. Deux paroisses catholiques sont créées en 1895. Rome leur donne un évêque en 1911. Les hostilités entre la Grèce et la Turquie, qui suivirent la Première Guerre mondiale, forcèrent une bonne partie de la communauté à émigrer en pays hellène en 1922, d'où la création d'un exarchat apostolique à Athènes (1932), en plus de celui d'Istanbul (1911).

    19. L'Église ex-yougoslave catholique, doit son existence à l'occupation autrichienne, qui favorisa la conversion des orthodoxes au catholicisme. L'éparchie de Krizevci fut érigée le 17 juin 1777.

    20. L'Église albanaise catholique provient d'un petit groupe de catholiques byzantins qui vivaient le long de la côte en 1628. Mais il disparut en 1765. Ce n'est qu'en 1920 que quelques fidèles d'un prêtre orthodoxe albanais sont reçus dans la communion avec Rome, tout en conservant leur rite byzantin. La suppression de toute religion en Albanie porta un coup sévère à cette communauté. Elle a un administrateur apostolique.

    21. L'Église italo-albanaise existe dans l'Italie du Sud qui, avec la Sicile, a été longtemps de rite byzantin, mais sous la juridiction de l'évêque de Rome. Au VIIIe siècle, l'Empereur Léon III plaça cette région sous la juridiction de Constantinople. Elle revient à Rome grâce à la conquête Normande du XIe siècle. Une importante immigration albanaise est venue grossir les rangs de cette communauté au XVe siècle. Elle compte deux diocèses, en Sicile et en Calabre. L'abbaye territoriale de Grottaferrata, près de Rome, témoigne de la vie monastique qui fleurissait jadis sur les côtes de l'Italie du Sud.

    (fin)

  • Regard de Jésus sur la Croix

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    En toi je ne découvre ni grâce ni beauté
    Vers lesquelles mon âme se retrouve attirée.
    C’est tout le poids de ta très Sainte Humanité,
    Autre qu’au Thabor où tu t’es transfiguré.
    Il peut paraître hagard, mais c’est bien le regard
    Du Fils de l’Homme et un regard d’éternité,
    Mêlé d’humaine entente en confraternité,
    Cherchant à attirer les hommes qui s’égarent.
    Offusqué de filets de sang coagulé,
    Il voit le nombre sans fin des générations
    Au long des siècles en train de s’accumuler
    Qui toutes ont besoin d’une réparation.
    Depuis Adam et Ève jusqu’au jour du retour
    En gloire pour juger les vivants et les morts
    Tous, dans son Acte Pur, il se les remémore,
    Il pousse pour chacun au point de non-retour.
    Tous sont présents : cupides, rapaces et voleurs,
    Semeurs d’injustices et fort beaux parleurs,
    Idolâtres, cupides et pécheurs solitaires,
    Ivrognes, impudiques, tenants de l’adultère,
    Calomniateurs, perfides et magistrats iniques,
    Exploiteurs du faible et du pauvre, usuriers,
    Dirigeants despotiques et meneurs tyranniques,
    Efféminés, rebelles, fourbes et meurtriers,
    Athées, présomptueux, semeurs de zizanie,
    Les trafiquants du Temple et de la simonie,
    Et l’armée de ceux par qui le scandale arrive,
    Les oisifs, et tous ceux à la vie conflictive…
    Nos pensées, nos paroles, actions et omissions
    Se dressent devant nous et prennent tout leur sens
    Face à Celui que blesse un adroit coup de lance
    Qui est le résultat de leur longue addition.
    « Ils dévisageront Celui qu’ils ont percé. »
    Ma place est au Calvaire : si jamais je l’oublie,
    Il suffit de peu pour que je sois renversé
    Que mes défenses soient plus encore affaiblies.
    Où que j’agisse, dans le monde qui m’entoure,
    Mon refuge est dans ta Croix comme en une tour.
    C’est là, seulement là, que des mauvais désirs
    Et mauvaises pensées je peux me dessaisir.
    Sois sous mes yeux comme un reproche permanent
    Pour que je mène ma bataille maintenant.
    Que ta sainte Croix soit un rappel affectueux
    Pour abandonner toute vie de voluptueux.
    Ne permets pas que je m’écarte d’un iota
    Du bois sacré planté sur le mont Golgotha
    Et que mes yeux se tournent continuellement
    D’une Plaie à une autre, pour t’aimer follement.
    Mais les regards me semblent peu, car ce que je dois
    C’est y pénétrer en esprit et te trouver
    Dans les tiens sentiments qu’il me faut éprouver
    Pour les faire miens et pour grandir dans la foi.
    Et quand je parviens à joindre ton Cœur blessé
    Je souffre, mais d’amour, de t’avoir délaissé.
    Nous nous disons des choses exquises et ardentes
    Mon âme devient — je rêve ! — une confidente.
    C’est au monde que tu m’appelles à vivre ainsi
    — J’y insiste — au sein des tâches quotidiennes ;
    Qui constituent l’autel sur lequel j’officie,
    Joint à ton oblation qui est contemporaine.
    Ainsi uni à toi, partout et en tous lieux,
    Je vois ce que tu vois, tous les hommes, mes frères.
    Te ressemblant, je ne serai pas oublieux
    De donner, moi aussi, ma vie pour leurs misères.
    Ils seront ceux que tu as appelés « amis »,
    Non, comme cela est fréquent, des ennemis.
    Ensemble nous ferons régner la charité
    Et nous produirons une aimable hilarité.medium_JCcrucifixion.jpg

  • Liberté, liberté chérie… (1)

    « LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE... » MAIS QUELLE LIBERTÉ ?

    La liberté n'est pas un droit, mais un devoir (Dostoïevski)

    Propos liminaire

    Alors qu'il est plus que jamais question de liberté — de liberté, d'égalité et de fraternité —, il n'est pas inopportun de faire remarquer que, pas plus que les autres, la Révolution française n'a le monopole de la liberté, mieux encore qu'elle ne l'a pas inventée.
    L'on pourrait même affirmer que la liberté exaltée par les apôtres des années 1789 et suivantes et exportée en Europe et dans le monde, n'a été gagnée qu'à coup de guillotine et à la force des baïonnettes. Elle a donc été chèrement acquise. Et le prix payé permet de s'interroger sur son authenticité. Qu'est-ce qu'une révolution qui dévore ses propres enfants, qui les amène à s'entre-tuer ? N'y aurait-il pas une liberté qui pourrait être vécue pacifiquement par tous et assurer tout uniment le progrès du bien des individus et de celui de la société, sans antagonismes, dans un concert désirable?
    N'y aurait-il pas une autre révolution ? Une autre forme de révolution ne serait-elle pas pensable ?
    « Les sectaires vocifèrent contre ce qu'ils appellent « notre fanatisme », parce que les siècles passent et la Foi catholique demeure immuable. En revanche, parce qu'il n'a aucun rapport avec la vérité, le fanatisme des sectaires change à chaque époque de costume ; il dresse contre la Sainte Église l'épouvantail de simples mots, que leurs actes ont vidé de leur sens : la « liberté », qu'ils enchaînent ; le « progrès », qui ramène à la forêt vierge ; la « science », qui dissimule l'ignorance... Toujours un pavillon qui cache une vieille marchandise avariée » (saint Josémaria, (Sillon, n° 933).
    Puisque « la véritable liberté est dans le ciel où personne n'est lié par les chaînes du péché, chaînes qui sont les seules véritables » (st Thomas d’Aquin, De Beatitudine, c. 4, 3), c'est donc de Dieu qu'elle doit venir, c'est donc en concorde avec son auteur qu'elle est tenue d'agir. D'où la révolution chrétienne, qui rehausse la dignité de l'homme, en fait un fils de Dieu, définitivement.
    Dans notre réflexion courante, la liberté se présente souvent comme la valeur qui assoit le critère de vérité, dont la réalisation pratique forme le sens de l'existence humaine. Or l'homme est dans l'erreur quand il se laisse accroire que la liberté est elle-même sa propre fin et qu'il est libre lorsqu'il s'en sert « comme ça lui chante ». « La liberté, au contraire, est un grand don seulement quand nous savons en user avec sagesse pour tout ce qui est vraiment bien. Le Christ nous enseigne que le meilleur usage de la liberté, qui se réalise dans le don, est le service. C'est par une telle « liberté que le Christ nous a rendus libres » (Galates 5, 1) et qu'il nous libère toujours » (Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis, n° 21). La liberté est une propriété de la volonté par laquelle l'homme s'autodétermine dans ses actes en vue de sa bonne fin (cf. st Thomas d’Aquin, Summa Theologiæ I-II, q. 89, a. 6).

    (à suivre…)

  • Liberté, liberté chérie… (3)

    Liberté et union à Dieu

    Pourquoi le fondateur de l'Opus Dei n'emboîte-t-il pas le pas aux champions de la philosophie réflexive évoquée plus haut ? Pour une raison bien simple : il n'éprouve jamais la solitude. Quand il se regarde, il se voit en Dieu et voit Dieu en lui, devenu le temple de l'inhabitation de la Très Sainte Trinité : « Seul ! - Tu n'es pas seul. De loin, nous t'accompagnons. - Et puis..., le Saint-Esprit qui habite dans ton âme en état de grâce - Dieu avec toi - donne un ton surnaturel à toutes tes pensées, à tous tes désirs et à toutes tes œuvres » (st Josémaria, Chemin, n° 82). Mais du fait qu'elle exige une adhésion sans complexe ni problématique au champ d'action propre à l'être rationnel; du fait qu'elle implique une liberté d'esprit et de mouvement que l'on chercherait en vain chez qui n'a pas l'évidence immédiate de la réalité du monde et se verrouille dans des questionnements qui regimbent à l'idée d'un ordre de l'univers à la fois objet de connaissance et norme morale d'action.
    « S'il nous arrivait un jour de penser que le bien que nous faisons est notre œuvre, l'orgueil reviendrait en force, pire encore, le sel perdrait sa saveur, le levain pourrirait et la lumière deviendrait ténèbres » (saint Josémaria,

  • Liberté, liberté chérie… (4)

    Liberté et vision du monde

    Les philosophies classiques et modernes ont, pour leur part, appelé liberté ce qui n'était, en réalité, qu'un désir naturel, inconscient de son objet et de sa structure — de liberté aussi, certes. Désir naturel impuissant à déboucher sur des résultats précis, faute de réalisme de l'intelligence et de claire appréhension de l'ordre et du droit naturels.
    Que le monde soit l'œuvre d'une intelligence supérieure et qu'il comporte un ordre bon appelant un respect en réponse, voilà une vérité fondamentale que la société païenne connaissait déjà. Saint Josémaria intègre cette vérité dans la spiritualité qu'il préconise. Dans une formule heureuse, il présente la liberté comme « une plante forte et saine qui s'acclimate mal aux pierres, aux épines et aux chemins battus par les gens » (st Josémaria, Quand le Christ passe, Paris, 1989, n° 185). Allusion on ne peut plus claire à la parabole du semeur (cf. Luc 8, 5-7), qui nous dévoile à quel point ces idées sont incompatibles avec une conception du monde qui limite le connaissable à ce que l'on peut imaginer en un instant. Notre monde ne peut faire l'économie de Dieu, sauf à échouer misérablement.
    Il peut censurer Dieu, l'évincer, proclamer sa mort, il ne peut échapper à l'attraction de la nature et se prosterner devant une représentation sublimée de lui-même, devenant par le fait même son propre esclave. Le spectacle qu'il offre alors est celui d'un être appelé à communier avec Dieu qui se dégrade volontairement à un niveau infra-animal.
    Que ne comprend-il la grandeur de l'esprit qui ne saurait se résigner à être déterminé ni par ses passions ni par celles d'autrui et qui n'entend se soumettre qu'à la vérité ! Que ne sait-il s'élever au-dessus des contingences immédiates et se rebeller contre les modes et les comportements stéréotypés ! « Je n'accepte pas d'autre esclavage que celui de l'Amour de Dieu. Et cela parce que la religion est la plus grande révolte de l'homme qui ne tolère pas de vivre comme une bête, qui ne se résigne pas, qui ne s'apaise pas avant de fréquenter et de connaître le Créateur. Je vous veux rebelles, libres de tout lien, car je vous veux — le Christ nous veut — enfants de Dieu » (st Josémaria, Amis de Dieu, n° 38).

    (à suivre…)