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Regard de Jésus à Pierre

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André ayant quitté Jean pour l’autre Rabbi
Ne peut vivre seul ce cheminement subit.
Il s’empresse d’aller trouver Simon, son frère,
Devant aux travaux de la pêche le soustraire.
« Le Messie, le Messie, nous l’avons rencontré.
Il vient d’arriver, mais si ! dans notre contrée.
Laisse tes compagnons achever le travail,
Viens t’adjoindre à ceux qui font partie du sérail. »
Jésus le fixa du regard, puis il lui dit :
« Tu es Simon, fils de Jean : tu t’appelleras
Désormais Képhas, ou Pierre, et tu seras
Un pêcheur d’hommes, pour remplir mon paradis. »

* * *

« Tu es un compagnon de ce Galiléen. »
Cette apostrophe d’une servante à Simon
Est le piège qu’invente l’astucieux démon
Pour que chute le bras droit du Nazaréen.
En effet, devant tous avec force il nia :
« Non, vraiment, je ne vois pas ce que tu veux dire. »
il abandonne sur le champ son vicariat,
N’hésitant pas, le malheureux, à se dédire.
Il se rapproche du portail, pour partir,
Quand un autre dit : « Tu étais avec Jésus ! »
De Nazareth », bloquant ainsi l’unique issue.
Pierre va se laisser encore pervertir :
« Je ne connais pas cet homme, vous ai-je dit ! »
Il fait cette assertion sans la moindre assurance.
Il ne pense pas une seconde aux souffrances
De Jésus, seule compte sa propre tragédie.
« Et pourtant ta façon de parler te trahit. »
Par cette affirmation, l’homme a surenchéri.
Alors, Pierre se lance dans des imprécations,
Se met à jurer et nie toute relation :
« Je ne connais pas cet homme, je vous le jure ! »
Pour la troisième fois dans la cour du palais
Du grand prêtre résonne cet atroce parjure :
Terrorisé, Simon-Pierre s’est emballé.
Le serviteur tout de go l’a désarçonné,
Et ce, par peur d’être à son tour emprisonné !
Pierre peut le regretter : ce qui est dit est dit.
Il est l’acteur de la terrible tragédie.
Il devait devenir une pierre angulaire
Pour l’Église, et en plus affermir tous ses frères,
Mais voilà qu’il s’effondre pris de couardise,
Tombant de plein gré dans une effroyable mouise.
Pendant ce temps, Jésus consent à un semblant
D’interrogatoire. Et, simultanément,
Tandis qu’il descend de l’étage un coq chante,
Jésus se tourne vers Simon en fin de pente.
Leurs regards se croisent. Pour Jésus, un regard
De tristesse et d’Amour, où on peut discerner
Déjà le pardon. Et pour Simon, un regard
De honte, le cœur pris dans de tristes chardons.
Dans ce regard perçant, il entrevoit l’horreur
De son inconcevable et dure trahison,
Il voit qu’une fois de plus, il est dans l’erreur,
La peur de la prison reste son horizon.
Découvrant sa misère, il sait qu’il est aimé
En dépit de tout, au lieu d’être condamné.
Il a pourtant renié et beaucoup blasphémé,
Mais il y a moyen de se désaliéner.
La possibilité d’un vrai relèvement,
N’a pas disparu, qui suppose un mouvement
De purification avec l’acceptation
De la situation, épurant l’intention.
La chance de Pierre est d’avoir su accepter
De croiser le regard de Jésus, son bon Maître,
D’avoir pu pleurer sa trahison, pour renaître
À la vie, et ne plus se laisser dérouter.
Il sortit enfin de l’enceinte du palais,
Malade, comme si on l’avait empalé.
Il pleura longuement, versa de chaudes larmes,
Lui qui croyait sauver Jésus-Christ par les armes.

* * *

Dans les jours qui font suite à la Résurrection,
Jésus demande à Pierre, seul, dans un tête-à-tête :
« M’aimes-tu ? » « Oui, Seigneur, et mon cœur est en fête. »
Cette question, il la pose à répétition :
« Simon, fils de Jean, m’aime-tu plus que tous ceux-ci ? »
« Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t’aime. »
« Pais mes brebis », dit Jésus, qui le remercie.
Mais voici encore une question, une troisième :
« M’aimes-tu ? » Simon est peiné de l’insistance
Du Rabbi. Pourtant il faut faire pénitence
De la négation triple, qui a pour conséquence
La manifestation de la Toute-Puissance.
Il lui répond : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais
Bien que je t’aime ». Leurs regards se sont croisés.
Et tandis que Jésus répond : « Pais mes brebis »,
Il sait que le pardon a soldé son débit.

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