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  • Qui étaient les apôtres de Jésus ?


    Une des données les plus sûres de la vie de Jésus est qu’il a constitué un groupe de douze disciples qu’il a appelés les « Douze apôtres ». Ce groupe était formé d’hommes que Jésus a appelés personnellement, qui l’ont accompagné dans sa mission d’instaurer le royaume de Dieu, qui sont témoins de ses paroles, de ses actes et de sa résurrection.
    Le groupe des Douze apparaît dans les écrits du Nouveau Testament comme un groupe stable ou fixe. Leurs noms sont : « Simon — à qui il imposa le nom de Pierre — ; Jacques, le file Zébédée, et Jean son frère — auxquels il imposa le nom de Boanergès, c’est-à-dire fils du tonnerre — ; André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, le fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélote et Judas Iscariote, celui qui le livra » (Marc 3, 16-19). Il n’y a guère de variations dans les listes qui figurent dans les autres Évangiles et dans les Actes des apôtres. Thaddée est appelé Judas, mais cela n’est pas significatif, car, comme on le voit, plusieurs personnes portent le même prénom — Simon, Jacques — et se distinguent par le patronyme ou par un deuxième nom. Il s’agit donc de Judas Thaddée. Ce qui est significatif, c’est qu’il ne soit pas question dans le livre des Actes du travail d’évangélisation de nombre d’entre eux : c’est le signe qu’ils se sont dispersés très tôt et que, malgré cela, la tradition des noms de ceux qui étaient les apôtres était fermement établie.
    Saint Marc (3, 13-15) dit que Jésus, « monta dans la montagne et il appela à lui ceux qu’il voulut. Ils allèrent vers lui. Il en établit douze qui seraient avec lui, qu’il enverrait prêcher et qui auraient le pouvoir de chasser les démons ». Il indique ainsi l’initiative prise par Jésus et la fonction du groupe des Douze : être avec lui et être envoyés pour prêcher avec le même pouvoir que Jésus détenait. Les autres évangélistes — saint Matthieu (10, 1) et saint Luc (6, 12-13) — s’expriment en des termes semblables. Tout au long de l’Évangile on voit comment ils accompagnent Jésus, participent à sa mission et reçoivent un enseignement particulier. Les évangélistes ne cachent pas que bien souvent ils ne comprennent pas les paroles du Seigneur et qu’ils l’ont abandonné au moment de l’épreuve. Mais ils indiquent aussi la confiance renouvelée que Jésus leur témoigne.
    Il est très significatif que le nombre des élus soit de Douze. Ce nombre renvoie aux douze tribus d’Israël (voir Matthieu 19, 28 ; Luc 22, 30 ; etc.) et non à d’autres chiffres communs à l’époque — les membres du sanhédrin étaient au nombre de 71, les membres du conseil de Qumran de 15 ou16 et les membres adultes nécessaires pour le culte à la synagogue de 10 —, moyennant quoi il semble clair que Jésus a voulu indiquer qu’il ne voulait pas restaurer le royaume d’Israël (Actes 1, 6) — sur la base de la terre, du culte et du peuple — mais instaurer le royaume de Dieu sur la terre. C’est ce que montre aussi le fait que, avant la venue de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, Matthias occupe la place de Judas Iscariote et complète le nombre de douze (Actes 1, 26).

    Vicente Balaguer, professeur à la faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • Évangiles canoniques et évangiles apocryphes

    Les Évangiles canoniques sont ceux que l’Église a reconnus comme transmettant de façon authentique la tradition apostolique et comme étant inspirés par Dieu. Ils sont au nombre de quatre et de quatre seulement : Matthieu, Marc, Luc et Jean. C’est ce que propose expressément saint Irénée de Lyon, à la fin du IIème siècle (Adversus hæreses 3, 11, 8-9) et ce que l’Église a maintenu constamment, le proposant finalement comme dogme de foi quand elle a défini le canon des Saintes Écritures au concile de trente (1545-1563).
    La composition de ces Évangiles s’enracine dans ce que les apôtres ont vu et entendu lorsqu’ils étaient avec Jésus et dans les apparitions qu’ils ont eues avec lui après sa Résurrection d’entre les morts. Les apôtres eux-mêmes, en accomplissement du commandement du Seigneur, prêchèrent aussitôt la bonne nouvelle (ou Évangile) à son sujet et au sujet du salut qu’il apporte à tous les hommes. Des communautés de chrétiens se constituèrent en Palestine et au-dehors (Antioche, villes d’Asie mineure, Rome, etc.). Dans ces communautés, les traditions prirent la forme de récits ou d’enseignements au sujet de Jésus, toujours sous la vigilance des apôtres qui en avaient été témoins. Dans un troisième temps, ces traditions furent mises par écrit et insérées dans un récit ayant la forme de biographie du Seigneur. C’est ainsi qu’apparurent les Évangiles à l’usage des communautés auxquelles ils étaient destinés. Le premier à paraître fut celui de Marc ou peut-être une édition de Matthieu en hébreu ou en araméen plus court que l’actuel ; les trois autres ont imité ce genre littéraire. Pour ce travail, chaque évangéliste a choisi un certain nombre des nombreux éléments qui se transmettaient, en a résumé d’autres et a présenté le tout compte tenu de la condition de ses lecteurs immédiats. Que les quatre aient joui de la garantie apostolique se reflète dans le fait qu’ils ont été reçus et transmis comme écrits par les apôtres eux-mêmes ou par leurs disciples directs : Marc disciple de Paul et Luc disciple de Pierre.
    Les évangiles apocryphes sont ceux que l’Église n’a pas acceptés comme ayant une tradition apostolique authentique, même s’ils se présentaient d’ordinaire sous le nom d’un apôtre. Ils ont commencé à circuler très tôt, car ils sont cités dès la deuxième moitié du IIème siècle ; mais ils ne jouissaient pas de la garantie apostolique contrairement aux quatre Évangiles reconnus et, en outre, nombre d’entre eux contenaient des doctrines en désaccord avec l’enseignement apostolique. « Apocryphe » signifie d’abord « secret », en tant qu’il s’agit d’écrits adressés à un groupe spécial d’initiés et qui étaient conservés dans ce groupe. Le terme a signifié par la suite inauthentique et même hérétique. Le nombre de ces apocryphes a beaucoup augmenté au fil du temps, aussi bien pour décrire des détails la vie de Jésus que les Évangiles canoniques ne donnaient pas (par exemple les apocryphes de l’enfance de Jésus), que pour mettre sous le nom d’un apôtre des enseignements qui se séparaient de l’enseignement commun de l’Église (par exemple évangile de Thomas). Origène d’Alexandrie († 245) écrivait : « L’Église a quatre Évangiles, les hérétiques, beaucoup. »
    Le nombre des évangiles apocryphes connus par les informations des saints Pères, conservés par la piété chrétienne ou attestés par des papyrus, dépasse la cinquantaine.

    Gonzalo Aranda, professeur de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
    Original sur le site opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • 4 juin : la Pentecôte


    La Pentecôte est la fête de la venue de l’Esprit Saint, la troisième Personne de Dieu, sur les disciples du Christ. L’Église commence à exister ce jour-là. Chez le peuple hébreu, la Pentecôte commémorait l’établissement de l’Alliance du Sinaï. Dieu s’était manifesté dans le vent et le feu avant de remettre les dix Commandements à Moïse, menant à son plein accomplissement la libération commencée avec la sortie d’Égypte.
    La Pentecôte est marquée elle aussi par un vent puissant et par le feu, qui se pose sous forme de langue sur les disciples (voir Actes 2, 2-3). Cet événement donne une nouvelle envergure à l’événement du Sinaï, comme Benoît XVI l’expliquait dans son homélie pour la Pentecôte 2005. Le fait que chacun entende les apôtres parler dans sa langue (voir Actes 2, 6) montre que « le peuple de Dieu qui avait trouvé au Sinaï sa première forme, est alors élargi au point de ne connaître plus aucune frontière ».
    L’Église est ouverte à tous les peuples de tous les temps. « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit (1 Co 12, 13) ». Par conséquent, l’Église « doit ouvrir les frontières entre les peuples et abattre les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l’Église, il n’y a que des frères et des sœurs de Jésus-Christ libres ». Et Benoît XVI de nous inviter à « prier sans cesse pour que l’Esprit Saint nous ouvre, nous donne la grâce de la compréhension ».
    Au soir de Pâques, le Christ ressuscité était apparu à ses disciples alors que les portes du Cénacle étaient fermées, leur disant : « Que la paix soit avec vous ! » (Luc 24, 36). « Quant à nous, nous fermons sans cesse nos portes ; nous voulons sans cesse nous mettre en sécurité et ne pas être dérangés par les autres et par Dieu. C'est pourquoi nous pouvons sans cesse supplier le Seigneur […] pour qu’il vienne à nous en franchissant nos fermetures et qu'il nous apporte son salut. […] En nous abaissant, en sortant de nous-mêmes, nous atteignons la hauteur de Jésus-Christ, la véritable hauteur de l’être humain ».
    Enfin Jésus souffle ce soir-là sur ses apôtres et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20, 23). « À son souffle, au don de l’Esprit Saint, le Seigneur relie le pouvoir de pardonner. Nous avons précédemment entendu que l’Esprit Saint unit, franchit les frontières, conduit les uns vers les autres. La force, qui ouvre et permet de surmonter Babel, est la force du pardon. Jésus peut donner le pardon et le pouvoir de pardonner, car il a lui-même souffert des conséquences de la faute et il les a fait disparaître dans la flamme de son amour. Le pardon vient de la Croix ; il transforme le monde avec l’amour qui se donne. Son cœur ouvert sur la Croix est la porte à travers laquelle la grâce du pardon entre dans le monde. Seule cette grâce peut transformer le monde et édifier la paix. »

  • Liberté, liberté chérie… (fin)

    Liberté et unité de vie

    L'homme libre ne se laisse pas détourner de la finalité essentielle de sa nature. Il intègre chacune des composantes de son être dans le plan divin et collabore ainsi de toutes ses forces à co-racheter avec le Christ. Parfaitement conscient de sa vocation à la plénitude de la vie chrétienne, il discerne à quel point sa vocation humaine et sa vocation surnaturelle constituent un tout qu'il est convié à couler dans une « unité de vie » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 165) compacte. Il faut « aimer le monde passionnément », comme l'indique le titre d'une homélie du fondateur de l’Opus Dei (cf. Entretiens avec Mgr Escriva, n° 111-123), parce que « votre vocation humaine est une partie, et une partie importante, de votre vocation divine » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 46). L'on infère de cette puissante assertion que « notre époque a besoin qu'on restitue à la matière et aux situations qui semblent les plus banales, leur sens noble et originel, qu'on les mette au service du Royaume de Dieu, qu'on les spiritualise, en en faisant le moyen et l'occasion de notre rencontre continuelle avec Jésus-Christ » (Ibid., n° 114).
    La vie courante est donc le théâtre où l'homme conquiert sa liberté et où il la met en acte, c'est-à-dire où sa volonté acquiert un habitus, ou qualité stable par laquelle l'être se perfectionne. L'homme s'attache et se livre à Dieu dans un épanouissement sans cesse grandissant qui lui vient de l'adéquation à la loi morale par le truchement de la réponse à la grâce. « La liberté et le don de soi ne se contredisent pas ; ils se soutiennent mutuellement. On ne donne sa liberté que par amour ; je ne conçois pas d'autre type de détachement » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 31).
    C'est ainsi que l'homme vit le plus intensément, s'auto-réalise au maximum, transforme avec vivacité sa vocation humaine — familiale, professionnelle, scientifique, politique, culturelle, etc. — en une authentique vocation divine. S'ouvrent alors devant lui « les chemins divins de la terre » (Ibid., n° 314). Il y déchiffre que Dieu s'intéresse à ce qui constitue « son monde », avec ses projets, avec son amour, avec son travail (cf. D. Le Tourneau, « Le travail comme caractéristique de la sécularité des laïcs. Pistes pour une réflexion », Studium Legionensis [1988]). Un rapport simple, filial et confiant se noue avec l'Absolu, empreint de cette liberté dont les enfants font preuve à l'égard de leurs parents. L'exécution fidèle de sa vocation dans les moindres incidences de son existence lui font savourer le gaudium cum pace (cf. saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 9), la paix et la joie qui l'acheminent à la volonté de ne pas dévier du chemin de Vie : « Nous nous savons libres; nous élevant comme dans un chant d'amour - épithalame d'une âme ardente - qui nous pousse à désirer ne pas nous écarter de Dieu » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 297). Cette ambition de la sainteté, de la « bonne divinisation » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 98) doit s'affirmer et s'affermir tout au long de la vie, dans un crescendo irrésistible d'amour de Dieu, en commençant et en recommençant sans cesse : « Afin de persévérer à la suite de Jésus, il faut une liberté continuelle, un vouloir continuel, un exercice continuel de sa propre liberté » (saint Josémaria, Forge, n° 819) ; elle fait brûler d'une impatience volcanique de contempler Dieu face à face. Vultum tuum, Domine, requiram ! (Psaume 27, 8), Seigneur, je cherche ton visage, répétait Mgr Escriva sur le tard de sa vie (cf. F. Gondrand, Au pas de Dieu. Josémaria Escriva de Balaguer fondateur de l'Opus Dei, Paris, 1982, p. 312).
    « Je me plais à parler de l'aventure de la liberté, car c'est ainsi que se déroule votre vie et la mienne. Librement — comme des enfants et, pardonnez-moi si j'insiste, non comme des esclaves — nous suivons le sentier que le Seigneur a tracé pour chacun de nous. Nous savourons cette facilité de mouvement comme un don de Dieu. Librement, sans aucune contrainte, parce que telle est ma volonté, je me décide pour Dieu. Et je m'engage à servir, à transformer mon existence en un don aux autres, par amour de mon Seigneur Jésus » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 35). Et en dernier ressort cette libre élection émane de « la liberté des enfants de Dieu, que Jésus-Christ nous a gagnée en mourant sur le bois de la croix » (Ibid., n° 297).

    (fin)

    Dominique LE TOURNEAU

    (cet article est paru dans Theologica XXII-XXIII [1991], p. 3-14)



    Amis de Dieu

  • Que s'est-il passé à la dernière Cène ?


    Les heures qui ont précédé la Passion et la mort de Jésus sont restées gravées avec une force singulière dans la mémoire et le cœur de ceux qui ont été avec lui. C’est pourquoi les écrits du Nouveau Testament conservent pas mal de détails au sujet de ce que Jésus a fait et dit au cours de son dernier repas. Selon Joachim Jeremias, c’est un des épisodes les mieux attestés de sa vie. Dans cette circonstance, Jésus retrouvait seul avec les douze apôtres (Matthieu 26, 20 ; Marc 14, 17 et 20 ; Luc 22, 14). Ni Marie, sa mère, ni les saintes femmes, ne l’accompagnaient.
    Selon le récit de saint Jean, au commencement, dans un geste lourd de signification, Jésus lave les pieds de ses disciples, leur donnant ainsi un exemple humble de service (Jean 13, 1-20). Ensuite a lieu un des épisodes les plus dramatiques de cette réunion : Jésus annonce qu’un d’entre eux va le trahir, et ils se regardent les uns les autres avec stupéfaction tandis que Jésus désigne Judas avec une grande délicatesse (Matthieu 26, 20-25 ; Marc 14, 17-21 ; Luc 22, 21-23 et Jean 13, 21-22).
    Au cours de la célébration proprement dite de la cène, le fait le plus surprenant a été l’institution de l’Eucharistie. Nous conservons quatre récits de ce qui s’est passé à ce moment-là : les trois récits des synoptiques (Matthieu 26, 26-29 ; Marc 14, 22-25 ; Luc 22, 14-20) et celui de saint Paul (1 Co 11 ? 23-26). Ils sont très semblables entre eux. Il s’agit dans tous les cas de narrations de quelques versets à peine, qui rappellent les gestes et les paroles de Jésus qui ont donné lieu au sacrement et qui constituent le noyau du rite nouveau : « Il prit ensuite du pain, le rompit après avoir rendu grâces et leur en donna en disant : — Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi » (Luc 22, 19 et parallèles).
    À la fin du repas, quelque chose d’une importance particulière se produit : « Et pareillement, après le souper, il prit la coupe en disant : — Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, versé pour vous » Luc 22, 20 et parallèles).
    Les apôtres comprirent que s’ils avaient assisté auparavant à la remise de son corps sous les apparences du pain, il leur donnait maintenant son sang à boire dans le calice. De cette façon, la tradition chrétienne a perçu dans ce souvenir du don séparé du corps et du sang un signe efficace du sacrifice qui devait consommer quelques heures plus tard sur la Croix.
    En outre, pendant tout ce temps, Jésus parlait avec affection, laissant ses derniers mots dans le cœur de ses apôtres. L’Évangile selon saint Jean conserve le souvenir de cette conversation longue et intime. C’est à ce moment-là que se situe le commandement nouveau, dont l’accomplissement sera le signe distinctif des chrétiens : « Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres, et que vous vous aimiez comme je vous ai aimés. C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13, 34-35).

    Francisco Varo, doyen de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • Les gnostiques

    Le nom « gnostique » vient du mot grec gnosis qui veut dire connaissance. Le gnostique est donc celui qui acquiert une connaissance spéciale et vit en accord avec elle. Le mot gnosis n’a donc pas un sens péjoratif. Certains Pères de l’Église, comme Clément d’Alexandrie et saint Irénée, parlent de la gnose au sens de la connaissance de Jésus-Christ obtenue par la foi : « La vraie gnose, écrit saint Irénée, est la doctrine des apôtres » (Adversus hæreses 4.33).
    Le terme gnosis a pris un sens péjoratif quand il a été appliqué par les mêmes Pères à des hérétiques qui ont une certaine importance aux IIème et IVème siècles. Le premier à les qualifier ainsi est saint Irénée ,qui en voit l’origine dans l’hérésie de Simon le samaritain (Actes 8, 9-24) et dit que ses adeptes se sont répandus à Alexandrie, en Asie mineure et à Rome, donnant lieu à « une multitude de gnostiques qui sortent de terre comme des champignons » (Adversus hæreses 1.29.1). Saint Irénée poursuit en disant que les valentiniens, qu’il combat directement, descendent d’eux. Il explique une telle abondance et diversité de sectes en disant que « la plupart de leurs auteurs, en réalité tous, veulent être des maîtres ; ils s’en vont de la secte à laquelle ils ont adhéré et montent un enseignement à partir d’une autre doctrine, puis à partir de celle-là en naît une autre, mais tous insistent sur le fait qu’ils sont originaux et qu’ils ont trouvé par eux-mêmes les doctrines qu’ils se sont limités en réalité à compiler (Adversus hæreses 1.28.1).
    De ces informations de saint Irénée et des autres Pères qui ont été amenés à combattre ces hérétiques (en particulier saint Hyppolite de Rome et saint Épiphane de Salamine), il découle que les groupuscules ont été si nombreux (simoniaques, nicolaïtes, ophites, naasséniens, séthéens, pérates, carpocratiens, valentiniens, marcosiens), ainsi que les maîtres (Simon, Cérinthe, Basilides, Carpocrate, Cerdon, Valentin, Ptolémée, Théodote, Héracléon, Bardesane…), qu’ils sont tombés sous la dénomination de « gnostiques », et qu’on ne peut les regrouper sous ce nom que de façon très générale. Des près de quarante œuvres « gnostiques » hérétiques découvertes en 1945 à Nag Hammadi (Haute-Égypte) on tire une impression semblable ; chaque ouvrage contient son orientation doctrinale hérétique propre.
    Dans cette diversité, les gnostiques les mieux connus sont les valentiniens, qui sont également ceux qui ont exercé la plus forte influence. Ils agissaient dans l’Église comme « une bête sauvage cachée », dit saint Irénée. Ils avaient les mêmes Saintes Écritures que l’Église, mais ils les interprétaient en sens contraire. Selon eux, le Dieu vrai n’était pas le Créateur de l’Ancien Testament ; ils distinguaient plusieurs Christs parmi les êtres du monde céleste (des éons) ; ils estimaient que le salut s’obtenait par la connaissance de soi comme une étincelle divine enfermée dans la matière ; que la rédemption du Christ consiste à nous réveiller de cette connaissance, et que seuls les hommes spirituels (pneumatomaques) étaient destinés au salut. Le caractère élitiste de la secte et le mépris du monde créé déterminaient, parmi d’autres traits, la mentalité de ces hérétiques, qui sont les principaux représentants des « gnostiques ».

    Gonzalo Aranda, professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins (pour les sectes mentionnées ci-dessus, on pourra consulter mon ouvrage Les mots du christianisme, Fayard)

  • La transmission des Évangiles

    Il est bien connu que nous ne possédons aucun manuscrit des Évangiles, tout comme il n’en existe aucun des livres de l’Antiquité. Les écrits se transmettaient par des copies manuscrites sur papyrus et plus tard sur parchemin. Les Évangiles et les premiers écrits chrétiens suivent ce type de transmission. Le nouveau Testament laisse déjà entendre que certaines lettres de saint Paul avaient été copiées et transmises dans un corps d’écrits (2 Pierre 3, 15-16), et il en va de même avec les Évangiles : les expressions de saint Justin, saint Irénée, Origène, etc. citées dans « Qui furent les évangélistes ? » (note mise sur ce blog le 3 juillet) laissent entendre que les Évangiles canoniques ont été aussitôt copiés et transmis ensemble.
    Le matériau utilisé dans les premiers siècles de l’ère chrétienne a été le papyrus. On commence à partir du IIIème siècle à utiliser le parchemin, plus résistant et plus durable, puis le papier à compter du XIVème siècle. Les manuscrits des Évangiles que nous conservons, après une étude attentive de ce que l’on appelle la critique textuelle, montrent que, comparé à la plupart des ouvrages de l’Antiquité, la fiabilité que nous pouvons accorder au texte dont nous disposons est très grande. En premier lieu du fait de la quantité de manuscrits. Nous possédons, par exemple, moins de 700 manuscrits de L’Illiade, mais d’autres ouvrages, comme Les Annales de Tacite, nous n’avons que quelques manuscrits et un seul de ses six premiers livres. En revanche, du Nouveau Testament, nous avons près de 5 4000 manuscrits grecs, sans compter les versions anciennes dans d’autres langues et les citations du texte dans les ouvrages des auteurs anciens. En outre, il faut tenir compte du temps qui sépare la date de composition du livre de celle du manuscrit le plus ancien. Alors que pour de très nombreuses œuvres classiques de l’Antiquité il s’agit de près de dix siècles, le manuscrit le plus ancien du Nouveau Testament (le papyrus de Rylands) est de trente ou quarante ans postérieur au moment de la composition de l'Évangile de saint Jean ; nous avons des papyrus du IIIème siècle (papyrus de Bodmer et de Chester Beatly) qui montrent que les Évangiles canoniques déjà collectionnés se transmettaient en codex ; à partir du IVème siècle, les témoignages sont presque interminables.
    Si nous comparons les manuscrits, nous trouvons bien évidemment des erreurs, de mauvaises lectures, etc. La critique textuelle des Évangiles et des manuscrits anciens examine les variantes qui sont significatives, cherchant à découvrir leur origine, parfois un copiste qui essaye d’harmoniser le texte d’un Évangile avec celui d’un autre Évangile, ou un autre qui cherche à expliquer une expression qui lui semble incohérente, etc., pour établir de cette façon le texte original. Les spécialistes sont d’accord pour affirmer que les Évangiles sont les textes de l’Antiquité que nous connaissons le mieux. Ils se fondent pour cela sur l’évidence de ce qui a été dit au paragraphe précédent ainsi que sur le fait que la communauté qui transmet les textes est une communauté critique, des personnes qui impliquent leur vie dans ce qui est affirmé dans les textes et qui, manifestement, ne l’engageraient pas pour des idées créées pour l’occasion.

    Vicente Balaguer, professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • Liberté, liberté chérie… (7)

    Liberté, vérité et charité

    Toute la conduite de Monseigneur Escriva témoigne avec éloquence de sa liberté d'esprit, qui l'amène à se soucier du jugement que Dieu portera sur ses actes sans se chagriner le moins du monde de l'appréciation des hommes. « Prenons la décision de ne jamais nous attrister si certains mettent en doute la droiture de notre conduite, s'ils interprètent de façon erronée le bien qu'avec l'aide continuelle du Seigneur nous nous efforçons de réaliser et si, jugeant mal nos intentions, ils nous prêtent de mauvais desseins et une conduite malhonnête et hypocrite. Pardonnons toujours, le sourire aux lèvres » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 11).
    Car le fait de transiger envers les personnes est indissociable d'une « sainte intransigeance » (saint Josémaria, Sillon, n° 384).
    La liberté véritable amène inévitablement à adopter une conduite qui n'est pas celle de tout le monde, sans qu'il soit nécessaire de quémander ce droit à la liberté chrétienne, « parce que le Christ nous l'a désormais gagnée à tout jamais ». Cependant l'enfant de Dieu doit « la défendre et la manifester dans n'importe quel milieu. C'est seulement ainsi qu'ils comprendront que notre liberté n'est pas liée à l'environnement » (Ibid., n° 423), qu'elle n'est pas une attitude de circonstance, mais qu'elle est un choix délibéré et opératif.
    La fidélité exigeante à la vérité et le respect des consciences vont donc de pair. Le respect de l'ordre naturel requiert que l'homme cherche assidûment la vérité. « La liberté acquiert son sens authentique lorsqu'on l'exerce au service de la vérité qui rachète, lorsqu'on en use pour rechercher l'Amour infini d'un Dieu qui nous libère de toutes les servitudes » (saint Josémaria, Entretiens avec Mgr Escriva, Paris, 1987, n° 84), notamment sa liberté intérieure, le sanctuaire de sa conscience. « Face à ces soupçonneurs professionnels, qui semblent vouloir organiser une traite de l'intimité, il faut défendre la dignité de chaque personne, ainsi que son droit au silence » (saint Josémaria, Chemin, n° 665). Parce que la « vraie vertu n'est pas triste ou antipathique, mais aimablement joyeuse » (Ibid., n° 657). Alors dans toutes les éventualités de la vie faisons monter notre action de grâce vers le Très-Haut : « Si les choses marchent bien, réjouissons-nous et bénissons Dieu qui les a fait prospérer. — Vont-elles mal ? — Réjouissons-nous et bénissons Dieu, qui nous fait participer de sa douce Croix » (Ibid., n° 658).

    (à suivre…)

  • Un voyage en Corse

    Un de mes cousins, Louis Le Tourneau, a retrouvé de vieux papiers de famille et a pris la peine de transcrire un récit de voyage rédigé par mon arrière grand-oncle, Fernand Le Tourneau (1875-1959).

    SÉJOUR à BASTIA et TOUR du CAP CORSE par M. et Mme Le Tourneau, Mai 1909
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    Dimanche après-midi, nous sommes allés nous promener dans la ville, et sur la côte, où le tramway nous a amenés à trois kilomètres pour 0.20 [francs]. Le tramway est un petit break de 6, où l’on a la prétention de faire tenir jusqu’à 10 personnes, du même modèle que les fiacres de la ville.

    Vers 6 heures, sur la Place Saint-Nicolas, nous nous sommes assis pour regarder passer le beau monde de Bastia, toilettes très claires, toutes jeunes filles à la poitrine déjà opulente et sans corset, amours de petits enfants très bien habillés.

    Après dîner, nous fûmes au Théâtre, qui est tout un poème : les premières coûtent 1.50 chaque, ce qui n’est pas cher, mais presque personne ; davantage aux places bon marché, pas mal de militaires. Ils estiment n’avoir pas besoin de sortir pour se soulager, et que les corridors sont faits tout exprès pour cela, de sorte que la salle empuante, et de telle façon que même en se bouchant le nez et respirant par la bouche, on ne peut y échapper.

    Deux actes ainsi parfumés et mal joués — que peuvent manger les pauvres cabots ? — nous ont suffi, et à 10 heures, nous étions rentrés.

    Départ lundi à 8 heures pour le tour du Cap Corse. Nous allons déjeuner à Macinaggio, à l’extrémité orientale du Cap. La route suit la mer ; la côte est presque droite ; il y a une succession de petits caps, derrière lesquels se dressent les montagnes du massif central. De temps en temps, un petit cours d’eau et quelques maisons : c’est la « marine » d’une commune, dont les villages sont éparpillés aux flancs des montagnes. Chaque vallée forme comme un éventail dont la tige aboutit à la mer, tandis que la partie dépliée est à l’intérieur, et les montagnes, par contre, étroites au départ à la chaîne centrale, s’élargissent en approchant de la mer.

    Après déjeuner, nous partons par une chaleur assez forte pour passer du versant oriental au versant occidental, en contournant à grande hauteur le nord du Cap. Région presque inhabitée, maquis très maigre. Le temps s’est malheureusement couvert, et du col de la Lena (361 mètres) nous ne voyons que les profondes découpures de la côte occidentale. Les nuages nous cachent le Cinto et ses neiges. Nous descendons en contournant la côte jusqu’à Morsiglia, où nous devons dîner et coucher. Nous faisons un tour dans le village, qui domine la mer de très haut : très différent d‚aspect des villages de l’intérieur de l’île. On ne rencontre pas d’hommes à fainéanter, ni de cochons à vagabonder sur la route ; il ne dégage pas l’odeur de Corte, et les enfants, comme les champs, sont propres et bien tenus. La terre est cultivée tout autour, retenue par des terrasses, jusqu’à la mer.

    Nous nous asseyons au bord de la route, dans l’espérance d’un beau coucher de soleil, mais il se couche dans les nuages, et nous rentrons faire dans cette auberge de peu d’apparence le meilleur dîner de notre voyage : potage, langouste, poissons frits, petits pois au lard, sanglier, raisiné [confiture que l’on fait avec du jus de raisin et d’autres fruits], brocchio aux œufs, sorte de crème renversée, le tout arrosé de vin blanc de l’année, et de vin fin, récolté et soigné par l’aubergiste depuis 17 ans et qui était délicieux.

    L’aubergiste nous servit, la serviette sous le bras, et nous conta des détails sur le pays. La langouste s’y vend maintenant 22 ou 24 sous la livre, alors qu’il y a vingt ans, elle n’en valait que quatre [un sou équivaut à 5 centimes de franc]. Le vin fin qu’il nous sert est le produit des meilleures vignes du pays, avant le phylloxéra. Les grappes, cueillies et triées, étaient mises à sécher au soleil avant d’être pressées, et on avait ainsi du vin naturel ayant jusqu’à 14, 15 et même 18° d‚alcool. Le vin était soutiré tous les ans de grands fûts dans de petits, puis dans des dames-jeannes et n’était bon à mettre en bouteilles qu’à la sixième année.

    On chasse le sanglier toute l’année, et on en tue une soixantaine chaque année. Si un étranger désire chasser, tout le pays s’en met, et il arrive parfois qu’on tue deux ou trois bêtes dans la même battue, comme il arrive que l‚on ne tue rien. Les bêtes ne sont pas vendues, on les partage entre tous les chasseurs.

    La côte est très poissonneuse ; les pêcheurs sont rentrés la nuit dernière avec environ 3000 kilos de poisson, et sont partis avec les mulets chargés pour en vendre dans tous les villages avoisinants.

    Les chèvres sont dans la montagne et ne reviennent pour pâturer dans les maquis communaux que du 23 décembre au 23 mars.

    Chambre très propre, blanchie à la chaux, lits de fer, serviettes-éponges, et, sur la toilette, savon et brosse à dents !!!

    En nous éveillant, nous entendons les oiseaux : ceci est une nouveauté, car il n’y en a presque pas à l’intérieur de la Corse.

    (à suivre…)

  • ancêtres (3)

    Philippe Antoine Grouvelle (1758-1806) fut secrétaire des commandements du Prince de Condé à Chantilly (poste où il succéda à son ami Chamfort), secrétaire du Conseil exécutif provisoire en 1792 (de sorte qu’il eut l’horrible fonction d’aller au Temple annoncer à Louis XVI, le 20 janvier 1793, la sentence de mort), ambassadeur à Copenhague de juillet 1793 à décembre 1799, élu député de la Seine au Corps législatif en 1800, réélu en 1802, membre correspondant de l’Institut (Académie des sciences morales et politiques). Sa carrière publique s’acheva avec le Consulat, Bonaparte ne l’appréciant pas. Il mourut à Varennes-Jarey dans l’actuel département de l’Essonne, où il habitait (et non pas Varennes en Argonne [Meuse] où fut arrêté Louis XVI, contrairement à ce qu’écrivent nombre de compilateurs ignares, se recopiant les uns les autres, comme l’éditeur Jean de Bonnot). Il est l’auteur ou l’éditeur de plusieurs ouvrages (dont une pièce qui avait été jouée devant Marie-Antoinette et appréciée par elle, Les Prunes), notamment De l’autorité de Montesquieu dans la révolution présente (Paris, 1789), Mémoires historiques sur les Templiers (1806), Mémoires de Louis XIV (1806 ; il est le dernier à avoir eu le manuscrit intégral entre les mains, on ne sait pas ce qu’il est devenu), la première édition en ordre chronologique des Lettres de Mme de Sévigné (11 vol., Paris, 1806).
    De l’autorité de Montesquieu dans la révolution présente fait l’éloge de certains éléments de L’Esprit des lois, et une vive et pertinente critique d’autres aspects. L’auteur admire beaucoup Le Contrat social de Rousseau et les théories fumeuses de celui-ci. Philippe Antoine Grouvelle plaide pour la liberté, l’égalité, la suppression des privilèges, la généralisation de l’instruction, notamment pour les femmes, etc. Mais il entend surtout montrer que la France n’a pas de constitution, et qu’il est nécessaire que les États Généraux lui en donne une. Il ne développe pas son contenu, mais indique qu’elle doit prévoir un Roi et un Corps représentatif (une assemblée) ; que le Roi doit conserver un pouvoir certain, précisant que "l’excessive diminution de l’autorité royale a de grands dangers" (p. 54). Il voit bien que cela ne sera pas facile : « Les États Généraux vont naviguer entre deux écueils, la rigueur inconciliante (sic) des principes, et la molle ou perfide ressource des palliatifs ; la route est périlleuse pour leur inexpérience » (p. 125). Il écrit en note, p. 125, que « L’Histoire réserve à Louis XVI la plus belle place qu’aucun Roi de France ait occupée dans ses fastes », pour avoir rétabli la liberté et l’égalité.

    François Grouvel (1776-1836) serait un cousin éloigné de Philippe Antoine Grouvelle, selon la tradition familiale (qui semble douteuse), mais d’une branche qui conserva l’orthographe ancienne du nom de la famille. Général (de brigade en 1813, de division en 1825 [lieutenant général]), il fut créé baron héréditaire en 1816, puis vicomte héréditaire en 1824. Inspecteur général de la cavalerie puis de la remonte de 1831 à sa retraite en 1836. Grand officier de la Légion d’honneur. Il eut une fille et deux fils, dont François-Félix (1818-1895), ancien élève de l’École polytechnique (promotion 1836), général (de brigade en 1874, de division en 1879), commandeur de la Légion d’honneur.

    Antoine Henri Grouvelle (1843-1917), ancien élève de l’X (promotion 1861), petit-fils de Philippe Antoine, directeur général des manufactures des tabacs, président de la société entomologiste de France. Chevalier de Légion d’honneur. Auteur d’ouvrages scientifiques sur les coléoptères et sur diverses inventions. Il épousa Agnès de Lacerda.