Dans les Évangiles, enfin, une troisième initiative d'André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques — raconte Jean — quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d'Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux apôtres aux noms grecs, servent d'interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît - comme souvent dans l'Evangile de Jean - énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec : « L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jean 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte ? Jésus veut dire : Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d'un grain de blé, viendra l'heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité : le « grain de blé mort » — symbole de ma crucifixion — deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l'âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l'épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d'autres termes, Jésus prophétise l'Église des Grecs, l'Église des païens, l'Église du monde comme fruit de sa Pâque.
Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l'interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l'apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte ; elles nous font savoir qu'au cours du reste de sa vie il fut l'annonciateur et l'interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle ; André fut en revanche l'Apôtre du monde grec : ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort — une fraternité qui s'exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Églises véritablement sœurs.
Une tradition successive, comme nous l'avons mentionné, raconte la mort d'André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s'agit d'une croix décussée, c'est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée « croix de saint André ». Voilà ce que l'apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VIe siècle) intitulé Passion d'André : « Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. À présent, en revanche, dotée d'un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi... Ô croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur !... Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m'a racheté. Je te salue, ô Croix ; oui, en vérité, je te salue ! » Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d'une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante : nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l'éclat de sa lumière. Ce n'est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.
Que l’apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Matthieu 4, 20 ; Marc 1, 18), à parler avec enthousiasme de lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n'est qu'en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
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saint André (2)
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11 novembre : saint Martin
L’anniversaire de l’armistice de la première Guerre mondiale coïncide avec la Saint-Martin, ce qui n’est sans doute pas fortuit, quand on sait l’importance que le saint a eue et a dans la chrétienté de notre pays, puisque l’on dénombrait en France, à la fin du XIXe siècle, pas moins de 3 675 lieux de culte placés sous son patronage, sans compter 485 villes, bourgs ou hameaux portant son nom.
On lira avec profit l’excellente biographie du Père Dominique-Marie Dauzet, Saint Martin de Tours, Paris, 1996, dont je tire le résumé que voici : « L’évêque Martin de Tours […] est une des hautes figures de l’histoire de la chrétienté. Comment expliquer ces centaines de milliers de pèlerins venus à son tombeau durant tout le Moyen Âge, les milliers d’églises, de communes et de familles qui, en France et en Europe, portent son nom ?
Chacun connaît l’admirable geste du jeune Martin, officier de l’armée romaine : un soir d’hiver, à Amiens, il partage son manteau avec un pauvre. Passé du service des armes au service du Christ, Martin décide de répondre à l’appel intérieur et fonde, vers 361, l’un des tout premiers monastères de Gaule, à Ligugé, près de Poitiers. Bientôt, contrarié dans sa vocation, le moine doit accepter l’évêché de Tours. Sa vie prend alors un cours nouveau : le voici chargé de prêcher l’Évangile dans une Gaule largement païenne où le christianisme n’est encore qu’un phénomène urbain. Saint Martin parcourt les campagnes et, au péril de sa vie, détruit les idoles et les temples des faux dieux. Surtout, l’apôtre fait preuve d’un exceptionnel charisme de guérison. Avec lui, la tendresse de Dieu se manifeste : les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent ; on n’avait pas vu cela depuis le Christ… […] Ce livre retrace l’épopée évangélisatrice d’un évêque toujours en contact avec l’au-delà, conversant avec les anges et luttant contre les démons. Un homme libre aussi, qui, par amour de l’Évangile, tient tête aux empereurs et aux puissants de ce monde. »
L’auteur s’appuie bien évidemment sur la Vie de Martin écrite du vivant de notre saint par son ami Sulpice Sévère. -
4ème mystère lumineux : la Transfiguration
Jésus précise que celui qui veut le suivre doit renoncer à lui-même et porter sa croix chaque jour (voir Luc 9, 23), car, ajoute-t-il, « celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Luc 9, 24). Tout au long de la vie, les choix que nous faisons doivent donc être guidés par ce principe et conduire à Dieu, être conformes à l’Amour dont Dieu nous a témoigné en envoyant son Fils, Jésus-Christ, mourir sur la Croix pour notre salut.
« Il se passa environ huit jours après ces paroles et, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il monta sur la montagne pour prier. Or, alors qu’il priait, son visage prit un autre aspect et son vêtement devint d’un blanc éblouissant » (Luc 9, 28-29). Moïse et Élie, les deux grands personnages de l’Ancienne Alliance, apparaissent alors et s’entretiennent avec lui de sa mort prochaine à Jérusalem. « Au moment où ils se séparaient de Jésus, Pierre dit : « Maître, il est bon pour nous d’être ici. Nous allons dresser trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie » (Luc 9, 33). Pierre est saisi de joie et de bonheur en éprouvant de façon plus sensible que jamais la présence de Dieu.
Qu’il est bon pour nous d’être ici… Notre Dieu est présent dans l’Eucharistie : réellement présent à la messe et dans les tabernacles où il est réservé. Comme il est bon pour le croyant de venir prendre part à la messe et de rejoindre, en offrant sa vie, le Christ qui présente la sienne au Père pour le salut du monde. Comme il est bon pour le croyant de venir se recueillir devant le saint-sacrement, pour tenir compagnie au Seigneur et s’entretenir avec lui in multis argumentis, « de bien des sujets » (Actes 1, 3), comme les apôtres ; de veiller et prier « pour ne pas être en butte à la tentation » (Matthieu 26, 41), de se laisser attirer par le tabernacle comme par un aimant.
Celui qui cherche la présence de Dieu partout où il se trouve, dans tout ce qu’il fait, n’est jamais seul : « Je ne suis pas seul, parce que le Père est avec moi » (Jean 16, 32).
En parlant comme il le fait, Pierre « ne savait pas ce qu’il disait » (Luc 9, 33). Il n’a pas le temps de passer à l’acte, si jamais il avait pu mettre son projet à exécution, qu’une nuée « les enveloppa de son ombre », et « de la nuée vint une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais : écoutez-le » (Matthieu 17, 5).
Cette théophanie, cette « manifestation de Dieu », a pour objet de fortifier les apôtres dans la foi. Elle nous amène aussi à comprendre que le Christ est vraiment le Fils de Dieu fait homme et à l’écouter : « Celui qui observe mes commandements et les met en pratique, voilà celui qui m’aime. Et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. […] Celui qui m’aime mettra en pratique ce que je dis, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, nous nous établirons chez lui à demeure. […] Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé » (Jean 14, 21.23.24). -
saint Jean (2)
Jean, le théologien
[…] S'il est un thème caractéristique qui ressort des écrits de Jean, c'est l'amour. Ce n'est pas par hasard que j'ai voulu commencer ma première Lettre encyclique par les paroles de cet Apôtre : « Dieu est amour (Deus caritas est) ; celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jean 4, 16). Il est très difficile de trouver des textes de ce genre dans d'autres religions. Et ces expressions nous placent donc face à un concept très particulier du christianisme. Assurément, Jean n'est pas l'unique auteur des origines chrétiennes à parler de l'amour. Étant donné qu'il s'agit d'un élément constitutif essentiel du christianisme, tous les écrivains du Nouveau Testament en parlent, bien qu'avec des accents divers. Si nous nous arrêtons à présent pour réfléchir sur ce thème chez Jean, c'est parce qu'il nous en a tracé avec insistance et de façon incisive les lignes principales. Nous nous en remettons donc à ses paroles. Une chose est certaine : il ne traite pas de façon abstraite, philosophique ou même théologique de ce qu'est l'amour. Non, ce n'est pas un théoricien. En effet, de par sa nature, le véritable amour n'est jamais purement spéculatif, mais exprime une référence directe, concrète et vérifiable à des personnes réelles. Et Jean, en tant qu'apôtre et ami de Jésus, nous fait voir quels sont les éléments, ou mieux, les étapes de l'amour chrétien, un mouvement caractérisé par trois moments.
Le premier concerne la Source même de l'amour, que l'apôtre situe en Dieu, en allant jusqu'à affirmer, comme nous l'avons entendu, que « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 8.16). Jean est l'unique auteur de Nouveau Testament à nous donner une sorte de définition de Dieu. Il dit par exemple que « Dieu est esprit » (Jn 4, 24) ou que « Dieu est Lumière » (1 Jean 1, 5). Ici, il proclame avec une intuition fulgurante que « Dieu est amour ». Que l'on remarque bien : il n'est pas affirmé simplement que « Dieu aime » ou encore moins que « l'amour est Dieu » ! En d'autres termes : Jean ne se limite pas à décrire l'action divine, mais va jusqu'à ses racines. En outre, il ne veut pas attribuer une qualité divine à un amour générique ou même impersonnel ; il ne remonte pas de l'amour vers Dieu, mais se tourne directement vers Dieu pour définir sa nature à travers la dimension infinie de l'amour. Par cela, Jean veut dire que l'élément constitutif essentiel de Dieu est l'amour et donc toute l'activité de Dieu naît de l'amour et elle est marquée par l'amour : tout ce que Dieu fait, il le fait par amour et avec amour, même si nous ne pouvons pas immédiatement comprendre que cela est amour, le véritable amour.
Mais, à ce point, il est indispensable de faire un pas en avant et de préciser que Dieu a démontré de façon concrète son amour en entrant dans l'histoire humaine à travers la personne de Jésus-Christ incarné, mort et ressuscité pour nous. Cela est le second moment constitutif de l'amour de Dieu. Il ne s'est pas limité à des déclarations verbales, mais, pouvons-nous dire, il s'est véritablement engagé et il a « payé » en personne. Comme l'écrit précisément Jean, « Dieu a tant aimé le monde (c'est-à-dire nous tous), qu'il a donné son Fils unique » (Jean 3, 16). Désormais, l'amour de Dieu pour les hommes se concrétise et se manifeste dans l'amour de Jésus lui-même. Jean écrit encore : Jésus « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin » (Jean 13, 1). En vertu de cet amour oblatif et total, nous sommes radicalement rachetés du péché, comme l'écrit encore saint Jean : « Petits enfants [...] si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. C'est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2, 1-2 ; cf. 1 Jean 1, 7). Voilà jusqu'où est arrivé l'amour de Jésus pour nous: jusqu'à l'effusion de son sang pour notre salut ! Le chrétien, en s'arrêtant en contemplation devant cet « excès » d'amour, ne peut pas ne pas se demander quelle est la réponse juste. Et je pense que chacun de nous doit toujours et à nouveau se le demander.
Cette question nous introduit au troisième moment du mouvement de l'amour : de destinataires qui recevons un amour qui nous précède et nous dépasse, nous sommes appelés à l'engagement d'une réponse active qui, pour être adéquate, ne peut être qu'une réponse d'amour. Jean parle d'un « commandement ». Il rapporte en effet ces paroles de Jésus : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jean 13, 34). Où se trouve la nouveauté dont parle Jésus? Elle réside dans le fait qu'il ne se contente pas de répéter ce qui était déjà exigé dans l'Ancien Testament, et que nous lisons également dans les autres Évangiles : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18 ; cf. Matthieu 22, 37-39 ; Marc 12, 29-31 ; Luc 10 27). Dans l'ancien précepte, le critère normatif était tiré de l'homme ("comme toi-même"), tandis que dans le précepte rapporté par Jean, Jésus présente comme motif et norme de notre amour sa personne même : « Comme je vous ai aimés ». C'est ainsi que l'amour devient véritablement chrétien, en portant en lui la nouveauté du christianisme : à la fois dans le sens où il doit s'adresser à tous, sans distinction, et surtout dans le sens où il doit parvenir jusqu'aux conséquences extrêmes, n'ayant d'autre mesure que d'être sans mesure. Ces paroles de Jésus, « comme je vous ai aimés », nous interpellent et nous préoccupent à la fois ; elles représentent un objectif christologique qui peut apparaître impossible à atteindre, mais dans le même temps, elles représentent un encouragement qui ne nous permet pas de nous reposer sur ce que nous avons pu réaliser. Il ne nous permet pas d'être contents de ce que nous sommes, mais nous pousse à demeurer en chemin vers cet objectif.
Le précieux texte de spiritualité qu'est le petit livre datant de la fin du Moyen-Age intitulé Imitation du Christ, écrit à ce sujet : « Le noble amour de Jésus nous pousse à faire de grandes choses et nous incite à désirer des choses toujours plus parfaites. L'amour veut demeurer élevé et n'être retenu par aucune bassesse. L'amour veut être libre et détaché de tout sentiment terrestre... En effet, l'amour est né de Dieu et ne peut reposer qu'en Dieu, par-delà toutes les choses créées. Celui qui aime vole, court, et se réjouit, il est libre, rien ne le retient. Il donne tout à tous et a tout en toute chose, car il trouve son repos dans l'Unique puissant qui s'élève par-dessus toutes les choses, dont jaillit et découle tout bien » (Livre III, chap. 5). Quel meilleur commentaire du « commandement nouveau » énoncé par Jean ? Prions le Père de pouvoir le vivre, même de façon imparfaite, si intensément, au point de contaminer tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin.
(la fin demain) -
21 novembre : Présentation de Marie
L’Église fête aujourd’hui la Présentation de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem. Le théologien grec Grégoire de Palamas (1296-1359) défend la tradition selon laquelle Marie a été accueillie à l’âge de trois ans dans le Saint des Saints du Temple, où elle resta, « recevant sa nourriture de la main d’un ange » jusqu’au moment où elle fut en âge de se marier. Elle s’offrit elle-même spontanément à Dieu, sous l’action du Saint-Esprit, de la grâce duquel elle était remplie depuis sa conception immaculée, comme le souligne la brève explication donnée pour la fête dans la Liturgie des heures.
Le jésuite espagnol François de Torres (1509 ?-1584) montra au pape Pie V, qui voulait la supprimer, que cette fête était fort ancienne : elle fut célébrée pour la première fois en l’église Sainte-Marie la Neuve, ouverte au culte près du parvis du Temple en 543. L’empereur byzantin Michel Commène en fit une fête fériée en 1166. Torres mourut d’ailleurs le jour de la Présentation de Marie.
Le pape Grégoire XI autorise les frères mineurs (ou Franciscains) et le roi de France de célébrer cette fête importée d’Orient. La spiritualité de saint François de Sales et celle liée au courant du cardinal de Bérulle contribuèrent à son extension, Marie étant ainsi proposée comme modèle pour ceux qui se consacrent pleinement à Dieu en devenant prêtre ou religieux.
Le fait de la Présentation n’est raconté que par l’évangile apocryphe de Jacques, datant du IIe siècle.
Dans un de ses sermons, saint Augustin montre que Marie a cru par la foi et conçu également par la foi. Mais il précise aussi qu’en un sens, l’Église est plus que Marie : « Marie était bienheureuse, parce que, avant même d’enfanter le Maître, elle l’a porté dans son sein. […] Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie. Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l’Église, un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enfin un membre du corps entier. S’il s’agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu’un seul membre. Le Seigneur est la tête, et le Christ total est à la fois la tête et le corps. Bref, nous avons un chef divin, nous avons Dieu pour tête.
Donc, mes très chers, regardez vous-mêmes : vous êtes les membres du Christ, et vous êtes le corps du Christ. Comment l’êtes-vous ? Faites attention à ce qu’il dit : Voici ma mère et mes frères. Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. En effet, je comprends bien : mes frères ; je comprends bien : mes sœurs. Car il n’y a qu’un héritage : c’est pourquoi, le Christ, alors qu’il était le Fils unique, n’a pas voulu être seul : dans sa miséricorde, il a voulu que nous soyons héritiers du Père, que nous soyons héritiers avec lui. » (Sermon 25). -
5ème mystère lumineux : l’institution de l’Eucharistie
« Avant la fête de la Pâque, Jésus, qui savait que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde auprès de son Père, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1), alors que « les grands prêtres et les scribes cherchaient le moyen de le supprimer » (Luc 22, 2). Il montre son Amour en acceptant de mourir sur la Croix. Il le montre aussi en nous laissant un mémorial de son Sacrifice, en instituant l’Eucharistie.
« L’heure venue, il prit place à table avec les apôtres, et il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir » (Lc 22, 14-15). Puis, « prenant du pain, il le rompit après avoir rendu grâce et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. » Et pareillement, après le souper, il prit la coupe en disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, versé pour vous » (Luc 22, 19-20) « pour la multitude en rémission des péchés » (Matthieu 26, 28). « Faites cela chaque fois que vous la boirez, en souvenir de moi » (1 Corinthiens 11, 25).
« L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la Croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1366) à ceux qui y participent et à ceux pour qui elle est offerte. Les événements d’il y a deux mille ans deviennent présents et actuels. « Toutes les fois que le sacrifice de la Croix par lequel le Christ notre Pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’opère » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 3).
Dieu seul pouvait imaginer une présence sacramentelle bien réelle : le pain et le vin changent de substance pour devenir vraiment le Corps et le Sang du Christ, auxquels sont unies son âme et sa divinité. Dieu seul pouvait réaliser un tel miracle par sa toute-puissance.
Il fallait la mort sur la Croix pour nous racheter du péché. Il fallait ce mémorial eucharistique de la Croix pour donner à notre âme la nourriture, les provisions de route dont elle a besoin sur son chemin vers la vie éternelle. « Voici vraiment le pain des anges qui se fait notre pain de route : en vérité, pain des enfants, à ne pas jeter aux chiens » (séquence Lauda Sion).
Jésus avait annoncé solennellement : « C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 51). Et face aux discussions qu’une telle affirmation suscitait dans son auditoire, il insiste : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 53-54).
Seule la foi permet de comprendre cette affirmation du Seigneur. Il suffit de faire l’expérience de la communion et de l’adoration du Saint-sacrement pour comprendre qu’elle correspond à une réalité profonde : le Christ est là en personne et, avec lui, le Père et le Saint-Esprit. -
30 novembre : saint André (1)
André, le Protoclite, c’est-à-dire le « premier appelé », présenté par le pape Benoît XVI,au cours de l’audience générale du 14 juin 2006 :
[…]. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d'un peu plus près également les onze autres Apôtres. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.
Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Évangiles. On y lit : « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c'était des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes » (Matthieu 4, 18-19 ; Marc 1, 16-17). Dans le quatrième Évangile, nous trouvons un autre détail important : dans un premier temps, André était le disciple de Jean-Baptiste ; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance ; et il entendit Jean-Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'« agneau de Dieu » (Jean 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L'évangéliste rapporte : ils « virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jean 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative : « André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean-Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ) ». André amena son frère à Jésus » (Jean 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Église byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Église de Rome et l'Église de Constantinople se sentent de manière particulière des Églises-sœurs. Pour souligner cette relation, mon prédécesseur, le pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'évêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'apôtre fut crucifié.
Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d'André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d'un enfant avec cinq pains d'orge et deux poissons, « bien peu de chose » — remarqua-t-il — pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jean 6, 8-9). Le réalisme d'André en cette occasion mérite d'être souligné : il remarqua l'enfant — il avait donc déjà posé la question : « Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ! » (ibid.) —, et il se rendit compte de l'insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l'écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante : il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l'interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean : « Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir » (Marc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l'épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu'Il nous offre.
(à suivre demain…) -
9 novembre : dédicace de la basilique du Latran
Du latin dedicare, « dédier », la dédicace est la « consécration d’une église, un autel, un cimetière ou un autre lieu, réalisée par l’évêque ou par le prêtre qui en reçoit le droit. Ces lieux deviennent alors sacrés. Le jour de la dédicace d’une église est une fête liturgique. L’Église universelle fête la dédicace de la basilique Saint-Jean-de-Latran, « mère et maîtresse de toutes les églises », en tant que cathédrale de l’évêque de Rome » (D. Le Tourneau, Les mots du christianisme. Catholicisme — Orthodoxie — Protestantisme, p. 202). Cette basilique a été construite par l’empereur Constantin, à la périphérie de la ville encore païenne. La dédicace est célébrée depuis le XIIe siècle.
Saint Césaire d’Arles montre que par le baptême, nous sommes devenus le temple de Dieu : « C’est nous qui devons être le temple de Dieu, son temple véritable et vivant. Les peules chrétiens ont bien raison de célébrer avec foi la solennité de la Mère Église, car ils savent qu’ils sont renés spirituellement par elle. Si, par notre première naissance, nous étions pour Dieu des objets de colère, par notre seconde naissance, nous sommes devenus les objets de sa miséricorde. […] Dieu a dédaigné faire de nous sa demeure. Par conséquent, mes très chers, si nous voulons célébrer dans la joie l’anniversaire d’une église, nous ne devons pas détruire en nous, par de mauvaises actions, les temples vivants de Dieu. Et je dis cela pour que tous puissent comprendre : chaque fois que nous venons à l’église, nous devons préparer nos âmes pour qu’elles soient telles que nous voulons trouver cette église.
Tu veux trouver une basilique brillante ? Ne souille pas ton âme par la saleté des péchés. Si tu veux que la basilique soit éclairée, et Dieu aussi le veut, que la lumière des bonnes œuvres brille en nous, et celui qui est aux cieux sera glorifié. De même que tu entres dans cette église, c’est ainsi que Dieu veut entrer dans ton âme, comme lui-même l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux »(Sermon 229). -
5ème mystère douloureux : la mort du Christ sur la Croix
Une fois en Croix, Jésus ne vit plus très longtemps. En effet, quand les soldats viennent briser les jambes des trois suppliciés — deux malfaiteurs flanquaient Jésus —, ils durent constater « qu’il était déjà mort » (Jean 19, 32), et « Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort et, faisant venir le centurion,il lui demanda s’il était mort depuis longtemps » (Marc 15, 44).
Toutefois, Jésus n’est pas mort en un clin d’œil. Il a eu le temps de prononcer des paroles et d’accomplir des gestes qui sont décisifs pour l’histoire du salut. Les musiciens ont brodé souvent sur le thème des « sept paroles de Jésus en Croix ». « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34) : on se serait attendu à tout autre chose de la part d’un supplicié. Mais parce qu’il est Dieu et qu’il est venu nous sauver, il implore le pardon de son Père pour ses bourreaux et pour nous tous qui, en péchant, crucifions Jésus de nouveau (cf. Hébreux 6, 6). Au bon larron qui lui demande de se souvenir de lui quand il viendra dans son règne, Jésus répond : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23, 43). Puis, voyant Marie, sa Mère, au pied de la Croix,, il lui dit : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple saint Jean : « Voici ta mère. » Et à partir de ce moment, le disciple la prit chez lui (Jean 19, 26-27), ce que nous sommes tous invités à faire dans la vie spirituelle. En proie aux tourments, il s’adresse ensuite à son Père avec des mots de l’Écriture : « Eli, Eli, lema sabacthani, c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27, 46), laissant entrevoir l’intensité de sa souffrance. Jésus s’écrie encore : « J’ai soif ! » (Jean 19, 28), et pas seulement parce que sa gorge est desséchée, mais parce qu’il veut attirer toutes les âmes à son Père. C’est le moment où s’accomplit ce qu’il avait annoncé : « Et moi, quand j’aurais été élevé de terre, j’attirerai toutes choses à moi » (Jean 12, 32). Enfin, il peut dire : « C’est achevé » (Jean19, 30), j’ai mené à bon terme la mission que tu m’avais confiée. Et, « jetant un grand cri, il dit : « Père, je remets mon esprit entre tes mains, et, ce disant, il rendit l’esprit » (Luc 23, 46).
Le moment tant attendu par les générations passées est arrivé. Et il est arrivé par des voies que nul n’aurait osé imaginer. Le secret du réalisme des poèmes du Serviteur de Dieu chez Isaïe n’avait pas été percé. Maintenant nous savons à quoi il correspondait. Il est sur la Croix « sans grâce ni beauté pour attirer nos regards, et sans apparence attirant notre amour. Il était méprisé et abandonné des hommes » (Isaïe 53, 2-3), qui se moquent tous de lui : grands prêtres, scribes, foule, mauvais larrons, bourreaux… Mais il nous a gagné le ciel, il nous a laissé l’assurance de son pardon pour qui revient à lui avec un cœur contrit et humilié (cf. Psaume 51, 19), et, surtout, il nous a confiés aux soins maternels de la Vierge Marie, médiatrice de toutes les grâces.
Aux yeux des hommes, Jésus est mort comme un malfaiteur supplicié de la pire manière. Mais aux yeux du croyant, il a triomphé sur la Croix des trois adversaires de l’homme ici-bas : la mort, le péché et le diable. C’est pourquoi nous exaltons et vénérons la Croix partout et nous l’entourons d’un culte spécial le Vendredi saint en mémoire du Salut qu’elle a apporté ce jour-là à tous les hommes de bonne volonté. -
4ème mystère glorieux : l’Assomption de la Sainte Vierge
Aucun texte du Nouveau Testament ne nous donne une quelconque indication sur la fin de la vie de la Vierge Marie. Selon une certaine tradition, les apôtres se trouvèrent tous auprès d’elle quand le moment vint où elle devait quitter ce monde. Mais nous ignorons tout de l’événement, au point que nous ne savons pas si Marie est morte ou si elle est partie dans son sommeil. Les chrétiens d’Orient parlent de préférence de la Dormition de Marie : ce serait dans son sommeil, sans passer par l’étape de la mort, qu’elle aurait rejoint son Fils au ciel avec son corps. Les théologiens avancent des raisons de convenance aussi bien en faveur de la mort que de la dormition. L’Église n’a pas tranché, car peu importe en définitive.
Ce qu’elle a défini comme vérité de foi, en revanche, c’est que « l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste » (Pie XII, encyclique Munificentissimus Deus, 1er novembre 1950).
En raison du rôle singulier qu’elle joue dans la Rédemption, Marie, qui avait déjà été préservée du péché originel en vue de sa Maternité divine, entre la première au ciel avec son corps, à la suite de son Fils, anticipant la résurrection des corps qui interviendra à la fin du monde.
C’est un privilège qui, d’un certain point de vue, récompense sa fidélité exemplaire et sa participation unique à la Croix de son Fils.
Notre Seigneur a dit à ses apôtres : « Je m’en vais vous préparer la place » au ciel (Jean 14, 2). Marie peut en dire autant, elle dont le cœur maternel vibre pour le salut éternel de ses enfants, de ceux qu’elle a accueillis comme enfants au Calvaire (cf. Jean 19, 26-27).
Du ciel, elle exerce son pouvoir d’intercession, qui n’est pas mince. Saint Josémaria Escriva faisait remarquer que Marie n’ayant jamais dit « non » à son Fils, celui-ci ne peut pas refuser ce qu’elle lui demande. Et comme l’Église voit en Marie la Médiatrice de toutes les grâces, allons avec confiance vers celle qu’elle invoque aussi comme la « toute-puissance suppliante ».
La prière confiante à Marie sera certainement exaucée. C’est toujours par Marie que l’on va et que l’on « revient » à Jésus » (saint Josémaria, Chemin, n° 495). Et le Memorare, le « Souvenez-vous », attribué à saint Bernard, nous conforte dans cette assurance : « Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé vos suffrages, ait été abandonné. Animé de cette confiance, Ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je viens à vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen. »
Si toute l’Église fête l’Assomption avec solennité, cette célébration nous touche davantage encore en tant que Français, puisque Marie, sous cette invocation de son Assomption, est la patronne principale de la France depuis le vœu de Louis XIII (voir la note du 15 août 2006).