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spiritualité - Page 47

  • Dieu est bon (1)

    La Bonté est un des attributs de Dieu, c’est-à-dire un des aspects de la nature, ou perfection de Dieu.
    « Yahvé est bon pour qui espère en lui » (Lamentations 3, 25). « Yahvé est bon ; il est un refuge au jour de la détresse » (Nahum 1, 7). Seigneur, « tu es bon et bienfaisant : enseigne-moi tes prescriptions » (Psaume 119 [118], 68). « Célébrez Yahvé, car il est bon, car sa bienveillance est éternelle » (Psaume 106 [105], 1). Le Nouveau Testament n’est pas en reste pour proclamer la bonté de Dieu. Au jeune homme riche qui lui demande : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en partage », Jésus répond : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul » (Marc 10, 17-18 ; Luc 18, 19). Et « pourquoi Dieu seul est bon ? Parce qu’il est amour. Le Christ donne cette réponse par les paroles de l’Évangile et, par-dessus tout, par le témoignage de sa vie et de sa mort : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean 3, 16). Dieu est bon précisément parce qu’il « est amour » (1 Jean 4, 8.16) » (Jean-Paul II, lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985, n° 4). « Ce qui est bon est divin, et ce qui est divin est bon, c’est pourquoi il est dit : Lorsque tu ouvres la main, Seigneur, tous sont comblés de ta bonté. C’est en effet par la bonté de Dieu que nous sont accordés tous les biens qui ne comportent aucun mélange de mal » (saint Ambroise, Traité de fuga sæculi).
    « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres » (Psaume 144 [143], 8-9), et au premier chef pour cette œuvre réussie qu’est l’homme et la femme. Quand il regarda ce qui était sorti « de ses mains », il vit que « cela était très bon » (Genèse 1, 31). C’est pourquoi Yahvé affirme : « Je ne veux pas la mort de l’impie, mais que l’impie se détourne de sa voie et qu’il vive » (Ézéchiel 33, 11).
    Au vu de l’expérience quotidienne, le psalmiste invite le monde entier manifester sa reconnaissance pour la bonté de Dieu, qui se manifeste dans le déroulement de l’histoire et, avec plus d’éclat peut-être, à l’heure des tribulations : « Nations, louez toutes Yahvé ; peuples, célébrez-le tous ! Car sa bonté l’a emporté pour nous, et la fidélité de Yahvé subsiste à jamais » (Psaume 117 [116], 1-2).
    Dieu ne veille pas seulement sur son peuple : il s’occupe aussi de chacun de ses enfants : « Yahvé garde les simples : j’étais faible et il m’a sauvé. Retourne, mon âme, en ton repos, car Yahvé t’a fait du bien » (Ps 116 [114], 6-7). Et ce, non seulement en une occasion particulière exceptionnellement, mais de façon habituelle. Savoir que dieu est notre Père, un Père qui est la Bonté même, nous-même une grande paix et une grande assurance : « Moi, j’ai confiance en ta bonté ; que mon cœur exulte à cause de ton salut ; que je chante Yahvé,lui qui m’a fait du bien » (Ps 13 [12], 6).
    L’homme se rend compte de cette bonté lorsqu’il se trouve dans la proximité de Dieu, quand il cherche à vivre en sa présence. C’est la réaction spontanée et immédiate de Pierre sur le mont Thabor, lorsque Jésus-Christ se transfigure sous ses yeux et apparaît dans sa gloire. Sans trop réfléchir à ce qu’il dit, il laisse échapper cette exclamation : « Seigneur, il nous est bon d’être ici » (Matthieu 17, 4). Le psalmiste a fait la même expérience : « Pour moi, il est bon d’être proche de Dieu » (Psaume 73 [72], 28).
    L’homme découvre la bonté de Dieu et la joie de sa compagnie. Dieu est bon par nature, par essence. Il est la Bonté en personne, car, en Dieu, tout s’identifie à l’Être. Tout ce qu’il fait est parfait. C’est ce que rapporte le récit de la création dans ses diverses étapes ponctuées du constat divin : « Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1, 10.12.18, etc.), et même « très bon » (Genèse 1, 31) après la création de l’homme. Pareillement, les foules qui étaient le témoin de l’enseignement du Christ et de ses miracles, « prises d’une admiration sans borne », disaient : « Il a tout fait à la perfection » (Marc 7, 37).

    (à suivre…)

  • Le mal est vaincu

    « Le Saint-Père [Jean-Paul II], à travers ses paroles et ses œuvres, nous a donné de grandes choses ; mais la leçon qu'il nous a donnée de la chaire de la souffrance et du silence est tout aussi importante. Dans son dernier livre Mémoire et identité (Rizzoli 2005), il nous a laissé une interprétation de la souffrance qui n'est pas une théorie théologique ou philosophique, mais un fruit mûri au cours de son chemin personnel de souffrance, qu'il parcourut avec le soutien de la foi dans le Seigneur crucifié. Cette interprétation, qu'il avait élaborée dans la foi et qui donnait un sens à sa souffrance vécue en communion avec celle du Seigneur, parlait à travers sa douleur muette en la transformant en un grand message. Que ce soit au début ou à la fin du livre susmentionné, le Pape se montra profondément touché par le spectacle du pouvoir du mal dont, au cours du siècle qui vient de se terminer, nous avons pu faire l'expérience de manière dramatique. Il dit textuellement : « Cela n'a pas été un mal à petite échelle. Cela a été un mal aux proportions gigantesques, un mal qui s'est servi des structures de l'État pour accomplir son œuvre néfaste, un mal érigé en système » (p. 198).
    Le mal est-il invincible ? Est-il la véritable puissance ultime de l'histoire? À cause de l'expérience du mal, la question de la rédemption était devenue pour le Pape Karol Wojtyla la question essentielle et centrale de sa vie et de sa pensée comme chrétien. Existe-t-il une limite contre laquelle se brise la puissance du mal ? Oui, elle existe, répond le Pape dans son livre, ainsi que dans son Encyclique sur la rédemption. Le pouvoir qui pose une limite au mal est la miséricorde divine. À la violence, à l'ostentation du mal s'oppose dans l'histoire — comme « le totalement autre » de Dieu, comme la puissance propre à Dieu — la miséricorde divine. L'agneau est plus fort que le dragon, pourrions-nous dire avec l'Apocalypse.
    À la fin du livre, dans une vision rétrospective sur l'attentat du 13 mai 1981 et également sur la base de son chemin avec Dieu et avec le monde, Jean-Paul II a davantage approfondi cette réponse. La limite du pouvoir du mal, la puissance qui, en définitive, le vainc est, nous dit-il, la souffrance de Dieu, la souffrance du Fils de Dieu sur la Croix : « La souffrance de Dieu crucifié n'est pas seulement une forme de souffrance à côté des autres… Le Christ, en souffrant pour nous tous, a conféré un nouveau sens à la souffrance, il l'a introduite dans une nouvelle dimension, dans un nouvel ordre : celui de l'amour… La passion du Christ sur la Croix a donné un sens radicalement nouveau à la souffrance, l'a transformée de l'intérieur… C'est la souffrance qui brûle et consume le mal avec la flamme de l'amour… Chaque souffrance humaine, chaque douleur, chaque maladie contient une promesse de salut… Le mal… existe également dans le monde pour réveiller en nous l'amour, qui est don de soi… à celui qui est touché par la souffrance… Le Christ est le Rédempteur du monde : « Dans ses blessures nous trouvons la guérison » (Isaïe 53, 5) » (p. 198 sq).
    Tout cela n'est pas simplement une théologie érudite, mais l'expression d'une foi vécue et mûrie dans la souffrance. Assurément, nous devons faire tout notre possible pour atténuer la souffrance et empêcher l'injustice qui provoque la souffrance des innocents. Toutefois, nous devons également faire tout notre possible pour que les hommes puissent découvrir le sens de la souffrance, pour être ainsi en mesure d'accepter leur propre souffrance et l'unir à la souffrance du Christ. Ainsi, celle-ci se fond avec l'amour rédempteur et devient, en conséquence, une force contre le mal dans le monde. La réponse qui a été donnée dans le monde entier à la mort du Pape a été une manifestation bouleversante de reconnaissance pour le fait que, dans son ministère, il s'est totalement offert à Dieu pour le monde ; un remerciement pour le fait qu'il nous a enseigné à nouveau, dans un monde rempli de haine et de violence, à aimer et à souffrir au service des autres ; il nous a montré, pour ainsi dire, le Rédempteur vivant, la rédemption, et il nous a donné la certitude que, de fait, le mal n'a pas le dernier mot dans le monde.»

    Benoît XVI, Discours aux membres de la curie romaine, 22 décembre 2005.

  • L'Évangile de Judas

    Un lecteur m'a demandé ce que je pensais de l'Évangile de Judas. Bien que lui ayant répondu, il me semble intéressant de reprendre maintenant ce texte.
    Il s’agit d’un manuscrit découvert en 2001, dont nous connaissions l’existence par saint Irénée de Lyon (vers 130-202 ap. J.-C.) qui le combat, et que l’on croyait irrémédiablement perdu. Il est extrêmement rare de retrouver un manuscrit d'un traité aussi ancien. Et celui-ci est remarquablement complet : nous avons les trois-quarts du texte.medium_EvangileJudas.jpg
    Le récit développé dans « l’évangile de Judas », commence par montrer Jésus qui rejoint ses disciples en train de préparer la Pâque. Jésus se moque d’eux et explique que célébrer l’eucharistie est inutile ! Il essaie de les instruire des idées gnostiques, mais il voit très bien qu’ils sont trop stupides pour le comprendre. Sauf Judas, que les autres détestent, mais que Jésus affectionne particulièrement. Jésus, à l’issue d’un long dialogue où il l’initie et interprète ses rêves, demande lui-même à Judas de le livrer aux autorités afin qu’il soit délivré de son corps matériel et retourne vers la lumière. Et le récit se termine sobrement sur la rencontre de Judas avec les Juifs qui cherchent Jésus.
    L’auteur s’adresse donc à un public qui connaît les Évangiles et en même temps, il prétend révéler leur « vrai » sens. Les gnostiques ont toujours aimé « retourner » des personnages qui symbolisent le mal ou l’ambiguïté dans la Bible, comme Caïn, le premier criminel, le roi Hérode qui massacra les enfants innocents, ou encore Thomas, le disciple incrédule et ici Judas, le traître perfide. En ayant ce manuscrit sous les yeux, on comprend mieux la colère d’Irénée de Lyon pour qui cette interprétation de la relation entre Judas et Jésus est insultante et hérétique !

  • Dieu est bon (2)

    Même dans un moment aussi dramatique que la crucifixion, la bonté de Dieu éclate au grand jour. Au lieu de paroles de haine ou de vengeance, Jésus dit à son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Cela suffit à faire réagir un malfaiteur qui se trouvait crucifié avec lui. Il lui adresse une demande : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. Et il lui dit : « En vérité je te le dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23, 42-43). Ô paradoxe de l’amour de Dieu, le premier racheté à entrer au paradis, sitôt que Jésus a rendu son esprit est un fieffé brigand qui a mérité d’être condamné à mort par un tribunal humain…
    Cette bonté de Dieu s’exprime en tout premier lieu par la création. Puis il se révèle aux hommes, en parlant leur langage. Mais elle se surpasse vraiment quand elle en arrive à la « folie de la Croix » (voir 1 Corinthiens 1, 23). C’est le comble de l’Amour. « L’abîme de malice que le péché comporte a été franchi par la Charité infinie. Dieu n’abandonne pas les hommes. Les desseins divins prévoient que, pour réparer nos fautes, pour rétablir l’unité perdue, les sacrifices de l’Ancienne Loi ne suffisaient pas : il fallait le don de soi d’un homme qui fût Dieu » (saint Josémaria, Quand le christ passe, n° 95) : c’est le Fils de Dieu, Dieu lui-même, la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, qui s’incarne, c’est-à-dire qui prend chair, un corps semblablement nôtre en tout, hormis le péché (voir Hébreux 4, 14).
    Le Christ est envoyé aux hommes, lui qui « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. […] Il est venu chez les siens, mains-libres ne l’ont pas reçu. Mais à ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jean 1, 1.11-12).
    Dans ces conditions, comment douter de cette bonté, si ce n’est par haine de Dieu, haine qui « vient de l’orgueil. Elle s’oppose à l’amour de Dieu dont elle nie la bonté et qu’elle prétend maudire comme celui qui prohibe les péchés et qui inflige les peines » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2094).
    « Puisque le seigneur est bon, et surtout envers ceux qui espèrent en lui, attachons-nous à lui, soyons avec lui de toute notre âme, de tout notre cœur, de toutes nos forces pour et redans sa lumière, pour contempler sa gloire et pour posséder la grâce du bonheur céleste. Tendons nos esprits versement, soyons en lui, vivons en lui, attachons-nous à lui, à ce bien qui dépasse toute pensée et toute réflexion, qui jouit d’une paix et d’une tranquillité perpétuelles ; une paix qui surpasse toute pensée et «tout sentiment » (saint Ambroise, Traité de fuga sæculi).
    Mais l’homme fait cependant l’expérience du mal…

  • Regard de Jésus au tabernacle

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    Tu jettes sur moi un regard d’intelligence
    Qui met en lumière les points de divergence
    Entre les devoirs de notre union baptismale
    Et les réclamations du vieil homme animal.
    Je vois un Christ qui n’est pas Jésus, mais l’image
    Que mes yeux, voilés par les péchés, ont formé.
    Componction, humilité, constituent le lavage
    Indispensable pour pouvoir les ranimer.
    Or toi, du ta bernacle d’où tu me dévisages,
    Même si je suis en permanent déphasage
    Avec ton Amour, je m’ouvre tout grand à toi,
    Car le feu de l’Esprit me brûle et me nettoie.
    À genoux sur un prie-Dieu, assis sur un banc,
    Nous restons tous les deux, seuls dans un face à face.
    Et tu m’apportes la clarté du Mont Liban,
    Nous conversons et la notion du temps s’efface.
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    Le silence éloquent de ton éternité
    Soulève un peu le voile de ta divinité.
    Mais c’est le regard de qui est Dieu, de mon Dieu,
    Aussi surprenant que cela puisse paraître,
    Qui donne d’exister et maintient dans l’être,
    Pendant le cours de la vie terrestre et aux cieux.
    Comme j’aimerais être à jamais absorbé
    Dans l’univers où tout mon mal est résorbé.
    Ah ! Jésus-Hostie, quelles minutes délicieuses
    Que celles consacrées à la contemplation !
    Et combien l’âme en tire comme consolation !
    Que ta présence bien réelle est mystérieuse !
    C’est un dard qui traverse jusqu’à la moelle osseuse,
    Un dard qui blesse sans blesser, car il est fait
    D’Amour étourdissant, d’ambitions audacieuses
    Qu’il concoure sans cesse à exalter, à chauffer.
    Mesuré à toi, je ne suis qu’un avorton,
    Sans concevoir aucune humiliation.
    Je ne suis qu’un morceau écorné de carton
    Prêt à recevoir une divine ondulation.
    Présente-moi le Père, et cela me suffit,
    Puisque toi seul a pouvoir de le révéler.
    Les contacts établis entre nous m’édifient
    Et je m’approche de toi jusqu’à te frôler.
    En scrutant ton visage je me mets à t’aimer
    Pour parvenir à la grandeur paroxystique :
    De tout mon cœur et mes forces, à m’en pâmer,
    De tout mon esprit, pour égaler les mystiques.
    Ma présence ne passe guère souventes fois
    Celle du chiot fidèle couché devant son maître,
    Mais je suis là pourtant, témoignant de ma foi :
    Je t’offre toutes mes facultés, tout mon être.
    « Plus je te vois, plus je t’entends et plus je t’aime.
    Tu dis des mots, des mots d’amour, toujours les mêmes. »
    Je ne vois pas pourquoi il faudrait en changer
    Alors que chacun d’entre eux me rend plus léger.
    Le regard du Fils, c’est aussi celui du Père
    Et celui de l’Esprit, un regard trinitaire,
    Qui, in abscondito, m’aide à le découvrir,
    À me reconnaître en lui, pour ne pas mourir,
    À comprendre que je saurai à la manière
    Dont je suis connu par Dieu, la Science plénière,
    À exulter en Dieu et en Dieu me réjouir,
    À laisser pour toujours son regard m’éblouir.

  • Dieu est Père

    Dieu est notre père, un Père qui nous aime plus que tous les pères et toutes les mères de la terre réunis, faisait remarquer saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei. La claire conscience d’être enfant de Dieu donne un sens vigoureusement optimiste et une grande paix à notre existence. En toutes circonstances, qu’elles nous semblent favorables ou adverses, faciles ou difficiles, plaisantes ou désagréables, pensons : « Dieu est mon Père et un Père tout-puissant et infini. Il m’aime à la folie. Il veut donc constamment mon bien véritable. Il sait mieux que moi ce qui me convient à chaque instant. Tout ce qui m’arrive est donc ce que Dieu a choisi ou permis pour moi afin que je sois saint et heureux. Pour parler selon notre façon humaine de nous exprimer, il n’a pas pu trouver mieux pour moi. Il n’existe donc pour moi de meilleure façon de me sanctifier que d’aimer cette sainte volonté de Dieu et de m’efforcer d’y adhérer, avec l’aide de la grâce divine. »
    Telle est la réalité la plus importante concernant notre vie. Si nous l’envisageons sous l’angle des rapports entre un père et son enfant, tout s’insère dans les plans de Dieu, qui sont des plans de salut. « Les projets que j’ai projetés pour vous sont des projets de bonheur et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance » (Jérémie 29, 11). C’est l’attitude permanente de Dieu, sur laquelle il ne peut revenir.
    Il a un faible pour l’homme qu’il a créé, mais qu’il sait fragile. Dieu nous a créés par pure bonté, afin que nous puissions participer de son bonheur. Et il semble trouver lui-même sa joie à nous fréquenter, bien que nous soyons de pauvres pécheurs. Je trouve « mes délices parmi les enfants des hommes » (Proverbes 8, 31), dit le Dieu tout-puissant. C’est surprenant, mais c’est une surprise fort agréable pour nous.
    À nous de trouver aussi notre bonheur et notre joie d’être avec le Seigneur. Allons le chercher là où il est : dans la Parole, le Nouveau Testament notamment, dans l’Eucharistie, sacrement de la présence réelle de Jésus-Christ parmi les siens, dans les autres sacrements, dans les événements qu’il dirige par sa providence, dans les autres pour lesquels le Christ a aussi versé son Sang sur la Croix.
    « Appuie-toi sur la filiation divine. Dieu est un Père — ton Père ! — plein de tendresse, plein d'un amour infini.
    — Appelle-le souvent du nom de Père et dis-lui, seul à seul, que tu l'aimes très fort ! Que tu te sens tout fier et fort d'être son enfant » (saint Josémaria, Forge, n° 331).

  • Regard de Jésus sur Marie-Madeleine

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    Un groupe bruyant et gesticulant s’avance :
    C’est une femme, par les cheveux empoignée.
    Il y a eu offense, qui réclame vengeance,
    Comme les pharisiens se sont imaginé :
    « Elle a été surprise en flagrant adultère.
    Notre Loi nous fait un devoir de lapider
    Ce genre de femme. Toi, quelle est ton idée ?
    Devons-nous la mettre à mort, ou vas-tu te taire ? »
    Il ne se taira pas, mais sans lever les yeux
    Il lance une réponse qui est déconcertante
    Dont il a le secret : « Que celui que ne hante
    Aucun péché et qui se juge religieux
    Lui jette la première de ces pierres mortelles. »
    La masse des délits passés les écartèle.
    Ils se retirent alors, les plus vieux en premier.
    De la faute ils avaient été de fins limiers…
    Il subsiste en eux un semblant de dignité :
    Se détournant de la pécheresse, ils partent
    Déçus, démasqués dans leur inhumanité
    Et laissent seule avec Jésus la sœur de Marthe.

    * * *

    Elle avait aussi un frère, nommé Lazare.
    Ils habitaient un bourg, du nom de Béthanie,
    Située sur le chemin que, comme par hasard,
    Jésus suivait pour se rendre à Gethsémani.
    Or, les deux sœurs prévinrent le Seigneur que leur frère
    Était tombé malade gravement. Mais lui
    Fit semblant de ne pas avoir été instruit,
    De mésestimer une optique funéraire.
    Quand il se décida à gagner Béthanie,
    Son ami était mort depuis bien quatre jours.
    « Tu pouvais empêcher une telle avanie
    Si tu avais voulu avancer ton séjour
    Parmi nous, et mon frère n’aurait pas été mort »,
    Lui dit Marie en pleurs, prosternée à ses pieds.
    — La foule des amis était là à l’épier.
    Voyant ce regard de souffrance qui l’implore,
    Jésus fut à son tour gagné par l’émotion.
    Il s’enquit : « Où l’avez-vous mis ? » On répondit :
    « Seigneur, viens voir. » À ces simples mots, il fondit
    En larmes. « Il avait une vraie dévotion
    Pour ce Lazare », dirent ceux qui étaient présents.
    « Que n’a-t-il usé de son pouvoir bienfaisant
    Pour lui épargner la mort et nous le laisser ?
    Mais voyez comme son cœur d’amour est blessé. »
    Une fois face au caveau, le Maître s’écria :
    « Lazare, sors. » Les anges entonnent le Gloria
    Et Lazare s’avance, pleinement entouré
    De bandages. « Déliez-le, et qu’il soit libéré. »

    * * *
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    Le lendemain de la Pâque, Marie se rend
    Au tombeau, escortée des autres saintes femmes,
    Elle porte un flacon de parfums enivrants,
    Pour finir d’embaumer Jésus après le drame.
    Elle se penche, tout en pleurant, dans la tombe,
    Et voit deux anges en blanc qui étaient assis,
    Et s’adressent à elle sur un ton adouci :
    « Ô femme, qui cherches-tu dans ces catacombes ? »
    « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais
    Où on l’a placé. » Puis, sentant une présence,
    Elle se retourna et perçut à distance
    Un homme qui pourrait parler du trépassé,
    Car elle pensait que c’était le jardinier.
    « Femme, pourquoi es-tu en pleurs ? » demanda-t-il.
    « Si c’est toi, où as-tu caché le crucifié ? »
    « Myriam ! » Le ton de la voix est chaud et subtil.
    Marie capte alors le regard et reconnaît
    Celui qu’elle cherchait éplorée. « Rabbouni ! »
    La voilà qui s’en trouve aussitôt rajeunie.
    « Ne me touche pas, bien que tu sois passionnée,
    Je ne suis pas encore remonté vers mon Père,
    Mais vas porter la bonne nouvelle à tous mes frères,
    Et dis-leur que je vais remonter vers mon Père
    Et votre Père, et que j’ai délaissé l’ossuaire. »

  • Regard de Jésus à Pierre

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    André ayant quitté Jean pour l’autre Rabbi
    Ne peut vivre seul ce cheminement subit.
    Il s’empresse d’aller trouver Simon, son frère,
    Devant aux travaux de la pêche le soustraire.
    « Le Messie, le Messie, nous l’avons rencontré.
    Il vient d’arriver, mais si ! dans notre contrée.
    Laisse tes compagnons achever le travail,
    Viens t’adjoindre à ceux qui font partie du sérail. »
    Jésus le fixa du regard, puis il lui dit :
    « Tu es Simon, fils de Jean : tu t’appelleras
    Désormais Képhas, ou Pierre, et tu seras
    Un pêcheur d’hommes, pour remplir mon paradis. »

    * * *

    « Tu es un compagnon de ce Galiléen. »
    Cette apostrophe d’une servante à Simon
    Est le piège qu’invente l’astucieux démon
    Pour que chute le bras droit du Nazaréen.
    En effet, devant tous avec force il nia :
    « Non, vraiment, je ne vois pas ce que tu veux dire. »
    il abandonne sur le champ son vicariat,
    N’hésitant pas, le malheureux, à se dédire.
    Il se rapproche du portail, pour partir,
    Quand un autre dit : « Tu étais avec Jésus ! »
    De Nazareth », bloquant ainsi l’unique issue.
    Pierre va se laisser encore pervertir :
    « Je ne connais pas cet homme, vous ai-je dit ! »
    Il fait cette assertion sans la moindre assurance.
    Il ne pense pas une seconde aux souffrances
    De Jésus, seule compte sa propre tragédie.
    « Et pourtant ta façon de parler te trahit. »
    Par cette affirmation, l’homme a surenchéri.
    Alors, Pierre se lance dans des imprécations,
    Se met à jurer et nie toute relation :
    « Je ne connais pas cet homme, je vous le jure ! »
    Pour la troisième fois dans la cour du palais
    Du grand prêtre résonne cet atroce parjure :
    Terrorisé, Simon-Pierre s’est emballé.
    Le serviteur tout de go l’a désarçonné,
    Et ce, par peur d’être à son tour emprisonné !
    Pierre peut le regretter : ce qui est dit est dit.
    Il est l’acteur de la terrible tragédie.
    Il devait devenir une pierre angulaire
    Pour l’Église, et en plus affermir tous ses frères,
    Mais voilà qu’il s’effondre pris de couardise,
    Tombant de plein gré dans une effroyable mouise.
    Pendant ce temps, Jésus consent à un semblant
    D’interrogatoire. Et, simultanément,
    Tandis qu’il descend de l’étage un coq chante,
    Jésus se tourne vers Simon en fin de pente.
    Leurs regards se croisent. Pour Jésus, un regard
    De tristesse et d’Amour, où on peut discerner
    Déjà le pardon. Et pour Simon, un regard
    De honte, le cœur pris dans de tristes chardons.
    Dans ce regard perçant, il entrevoit l’horreur
    De son inconcevable et dure trahison,
    Il voit qu’une fois de plus, il est dans l’erreur,
    La peur de la prison reste son horizon.
    Découvrant sa misère, il sait qu’il est aimé
    En dépit de tout, au lieu d’être condamné.
    Il a pourtant renié et beaucoup blasphémé,
    Mais il y a moyen de se désaliéner.
    La possibilité d’un vrai relèvement,
    N’a pas disparu, qui suppose un mouvement
    De purification avec l’acceptation
    De la situation, épurant l’intention.
    La chance de Pierre est d’avoir su accepter
    De croiser le regard de Jésus, son bon Maître,
    D’avoir pu pleurer sa trahison, pour renaître
    À la vie, et ne plus se laisser dérouter.
    Il sortit enfin de l’enceinte du palais,
    Malade, comme si on l’avait empalé.
    Il pleura longuement, versa de chaudes larmes,
    Lui qui croyait sauver Jésus-Christ par les armes.

    * * *

    Dans les jours qui font suite à la Résurrection,
    Jésus demande à Pierre, seul, dans un tête-à-tête :
    « M’aimes-tu ? » « Oui, Seigneur, et mon cœur est en fête. »
    Cette question, il la pose à répétition :
    « Simon, fils de Jean, m’aime-tu plus que tous ceux-ci ? »
    « Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t’aime. »
    « Pais mes brebis », dit Jésus, qui le remercie.
    Mais voici encore une question, une troisième :
    « M’aimes-tu ? » Simon est peiné de l’insistance
    Du Rabbi. Pourtant il faut faire pénitence
    De la négation triple, qui a pour conséquence
    La manifestation de la Toute-Puissance.
    Il lui répond : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais
    Bien que je t’aime ». Leurs regards se sont croisés.
    Et tandis que Jésus répond : « Pais mes brebis »,
    Il sait que le pardon a soldé son débit.

  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (6)

    15. L'Église slovaque catholique. L'histoire de la Slovaquie s'est longtemps confondue avec celle des Ruthènes. Avec la création de l'État tchèque après la Première Guerre mondiale, les Slovaques catholiques furent traités comme un groupe distinct. En 1950, un synode présidé par cinq prêtres rompt l'union à Rome et intègre les Slovaques catholiques à l'Église orthodoxe de Tchécoslovaquie. Los du « printemps de Prague », en 1968, les paroisses orthodoxes qui le désiraient purent revenir au catholicisme : 205 d'entre elles, sur 292, choisirent la communion avec Rome. L'Église slovaque catholique comprend une éparchie, à Presow. Une éparchie se trouve au Canada (Toronto).

    16. L'Église biélorusse catholique a connu une histoire parallèle à celle des Ukrainiens catholiques. Quand la Biélorussie appartint à la Pologne, après la Première Guerre mondiale, l'on vit réapparaître 30 000 Biélorusses (Russes blancs) catholiques. Mais l'Église biélorusse a été intégrée à l'Église orthodoxe de Russie après l'annexion de la Biélorussie à l'URSS.
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    17. L'Église hongroise catholique regroupe les catholiques ukrainiens, ruthènes et roumains qui sont complètement intégrés à la Hongrie. Jusqu'en 1912 ils relevaient de la juridiction d'évêques de régions voisines. Pie X les érige à cette date en éparchie (Hajdudorog). Un exarchat apostolique existe à Miskolc.
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    18. L'Église grecque catholique voit le jour avec l'activité missionnaire qui travaille en 1856 au retour des dissidents de Constantinople. Deux paroisses catholiques sont créées en 1895. Rome leur donne un évêque en 1911. Les hostilités entre la Grèce et la Turquie, qui suivirent la Première Guerre mondiale, forcèrent une bonne partie de la communauté à émigrer en pays hellène en 1922, d'où la création d'un exarchat apostolique à Athènes (1932), en plus de celui d'Istanbul (1911).

    19. L'Église ex-yougoslave catholique, doit son existence à l'occupation autrichienne, qui favorisa la conversion des orthodoxes au catholicisme. L'éparchie de Krizevci fut érigée le 17 juin 1777.

    20. L'Église albanaise catholique provient d'un petit groupe de catholiques byzantins qui vivaient le long de la côte en 1628. Mais il disparut en 1765. Ce n'est qu'en 1920 que quelques fidèles d'un prêtre orthodoxe albanais sont reçus dans la communion avec Rome, tout en conservant leur rite byzantin. La suppression de toute religion en Albanie porta un coup sévère à cette communauté. Elle a un administrateur apostolique.

    21. L'Église italo-albanaise existe dans l'Italie du Sud qui, avec la Sicile, a été longtemps de rite byzantin, mais sous la juridiction de l'évêque de Rome. Au VIIIe siècle, l'Empereur Léon III plaça cette région sous la juridiction de Constantinople. Elle revient à Rome grâce à la conquête Normande du XIe siècle. Une importante immigration albanaise est venue grossir les rangs de cette communauté au XVe siècle. Elle compte deux diocèses, en Sicile et en Calabre. L'abbaye territoriale de Grottaferrata, près de Rome, témoigne de la vie monastique qui fleurissait jadis sur les côtes de l'Italie du Sud.

    (fin)

  • 3 septembre : st Grégoire le Grand

    Saint Grégoire le Grand étant le premier des Pères de l’Église que je présente, il faut commencer par expliquer qui sont les Pères de l’Église.
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    C’est un titre reconnu par les théologiens catholiques aux écrivains ecclésiastiques qui se sont distingués par l’orthodoxie de leur doctrine, la sainteté de leur vie, l’approbation, au moins tacite, de l’Église, et leur ancienneté (jusqu’au VIIIe siècle). On distingue les Pères grecs et les Pères latins. Les « docteurs de l’Église » se différencient de ces Pères en ce qu’ils n’ont pas toujours vécu aux premiers temps de l’Église. Certains Pères ont reçu aussi le titre de docteur de l’Église.
    Les Pères grecs (ceux qui écrivent en grec) sont : Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 215), Origène (v. 185-v. 253), Grégoire le Thaumaturge († 270), Lucien d’Antioche (v. 235-312), Athanase (298-373), Aphraate le Syrien († v. 345), Éphrem († v. 373), Basile de Césarée (329-379), Grégoire de Nazianze (v. 329-v. 390), Grégoire de Nysse (v. 335-v. 395), Cyrille d’Alexandrie (v. 380-444), Didyme l’Aveugle († 398), Cyrille de Jérusalem (v. 315-387), Jean Chrysostome (v. 349-407), Maxime le Confesseur (v. 580-662), Germain de Constantinople (634-733), Jean Damascène (fin VIIe siècle-v. 749).
    Les Pères latins (ceux qui écrivent en latin) sont : Cyprien (début IIIe siècle-258), Hippolyte de Rome (170-235), Hilaire de Poitiers (v. 315-367), Ambroise de Milan (v. 340-397), Jérôme (v. 350-v. 420), Paulin de Nole (353-431), Augustin (354-430), Vincent de Lérins († av. 450), Cassien (v. 360-v. 435), Léon le Grand († 461), Grégoire le Grand (v. 540-604), Bède le Vénérable (673-735).
    Saint Grégoire le Grand est né dans une famille patricienne et est élu sur le siège de Pierre, c’est-à-dire qu’il devient pape, en 590. C’est lui qui prend le titre de servus servorum Dei, « serviteur des serviteurs de Dieu », titre qui, selon le pape Jean-Paul II, est « la meilleure protection contre le risque de séparer l’autorité (et en particulier la primauté) du ministère », conçu comme service. L’ouvrage le plus connu de saint Grégoire est la Règle pastorale, qu’il a écrit au début de son pontificat et qui s’adresse principalement aux prêtres, afin deltoïdienne dans leur ministère. il contient cependant de nombreux et orientations utiles pour tous les fidèles.
    Il mérite le qualificatif de Grand en raison de ses dons de gouvernement, de son zèle apostolique, de la richesse de son magistère (ou enseignement), de la sollicitude avec laquelle il s’est occupé, aussi bien dans l’aspect spirituel que dans l’aspect matériel du troupeau à lui confié.