La prière est exaucée.
Quand Jésus affirme « demandez et on vous donnera » ou « qui demande reçoit », il ne se place pas dans notre cadre temporel. Il ne nous dit pas : « Demandez et vous recevrez ce que vous avez demandé », pas plus que « demandez et vous recevrez sur le champ ». Non. Ce qu’il affirme, c’est que nous recevrons. Quoi ? Ce qui nous convient le mieux. Pouvons-nous oublier que Dieu est notre Père, un Père qui aime ses enfants d’un Amour infini, bien plus que ne peuvent le faire tous les pères et toutes les mères du monde, un Père qui veut le bien de ses enfants, là aussi mieux que tous les pères et les mères du monde, un Père qui sait de science exacte ce qui convient à chacun de ses enfants, un Père qui choisit donc pour nous effectivement ce qui nous convient le mieux à chaque instant et qui ne se trompe jamais dans son choix, autrement il ne serait pas notre Dieu infiniment Bon et Parfait ? Autrement dit, la situation qui est la nôtre à un moment donné, qu’elle nous apparaisse simple ou problématique, qu’elle soit marquée par la bonne santé ou la maladie, qu’elle nous apporte des joies ou des souffrances, est la situation à laquelle Dieu pense pour nous de toute éternité dans son Amour illimité, et donc la situation appropriée, idéale même pour nous sanctifier. Il ne peut pas y en avoir de meilleure, sauf à douter de la bonté paternelle de Dieu. Y songer ne peut que nous remplir d’optimisme et de reconnaissance face à la vie que Dieu nous donne de vivre.
Nous avons vu ce que nous recevrons comme réponse à notre prière. Demandons-nous maintenant quand nous serons exaucés. Rarement dans l’immédiat. « Il leur dit une parabole pour montrer qu’il fallait prier toujours, sans jamais se lasser » (Luc 18, 1). C’est la parabole de la veuve et du juge inique. La veuve en question réclame justice jour après jour à la porte du cabinet du juge et ce dernier ne se résout à l’écouter que pour qu’elle cesse de le bassiner. La conclusion que Jésus en tire est la suivante : « Écoutez ce que dit ce juge inique ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui nuit et jour, et avec eux il referait attendre ? » (Luc 18, 6-7). Cette parabole nous montre bien que notre prière s’inscrit naturellement dans la durée. Mais elle présuppose la foi. Elle n’est ni un automatisme, ni une simple bouée de sauvetage. La prière devrait être une habitude chez nous. « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, si bien que votre joie sera complète » (Jean 16, 24). Jean-Paul II déclarait un jour : « Face aux tragédies des hommes, les prières peuvent sembler inefficaces et vaines ; bien au contraire, elles ouvrent toujours de nouveaux chemins d’espérance, surtout lorsqu’elles sont mises en valeur par la douleur qui se transforme en amour » (Jean-Paul II, Discours aux jeunes et aux éducateurs de l’Institut Séraphique, Assise, 9 janvier 1993), la souffrance, la mortification étant la prière du corps.
En tout cas, il est bon de nous arrêter à réfléchir sur la place que la prière occupe dans notre journée, et de voir si nous savons consacrer vraiment un temps précis à une heure donnée au Seigneur et, par la récitation du chapelet, aussi à notre Mère du ciel. Ce qui nous arrive peut-être, c’est que nous prions peu et mal, et que notre fréquentation de Dieu est réduite à sa plus simple expression alors que nous sommes heureux de nous retrouver avec nos semblables : conjoint, enfants, collègues de travail, amis, pour qui nous avons du temps et à qui nous avons des choses à dire…
(à suivre…)
christianisme - Page 100
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La prière (2)
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7 octobre : Notre-Dame du rosaire
Aujourd’hui, 7 octobre, l’Église célèbre la Sainte Vierge sous l’invocation de Notre-Dame du Rosaire.
Le pape Léon XIII écrivait que, parmi ses différents titres, « le rosaire a celui-ci de très remarquable qu’il a été institué surtout pour implorer le patronage de la Mère de Dieu contre les ennemis du nom chrétien. À ce point de vue, personne n’ignore qu’il souvent et beaucoup servi à soulager les maux de l’Église […] (voir la note du 1er octobre 2006). Nous donc, en l’honneur de Marie, la très auguste Mère de Dieu, en souvenir perpétuel du secours demandé par tous les peuples à son Cœur très pur en ce mois d’octobre, en témoignage perpétuel du très grand espoir que Nous mettons en cette Mère très aimante ; pour obtenir chaque jour davantage de sa bienfaisante protection, Nous voulons et décrétons que dans les litanies de Lorette, après l’invocation « Reine conçue sans le péché originel », soit ajoutée la formule : « Reine du très saint Rosaire, priez pour nous » (lettre apostolique Salutaris illa, 24 décembre 1883).
« Le début du chemin, dont le terme est d’être complètement fou de Jésus, est un amour confiant envers Marie.
— Veux-tu aimer la Sainte Vierge ? — Eh bien ! fréquente-la. Comment ? — En priant bien le Rosaire.
Mais, dans le Rosaire… nous répétons toujours les mêmes choses ! — Toujours les mêmes choses ? Et ceux qui s’aiment, ne se disent-ils pas toujours les mêmes choses l’un à l’autre ?… La monotonie de ton Rosaire ne viendrait-elle pas de ce que, au lieu de prononcer des mots comme un homme, tu émets des sons comme un animal, l’esprit très loin de Dieu ? Écoute encore ceci : le mystère que nous allons contempler est indiqué avant chaque dizaine. — Est-ce que toi… tu as jamais contemplé ces mystères ?
Fais-toi petit. Viens avec moi et — c’est là le point central de ma confidence — nous vivrons la vie de Jésus, de Marie et de Joseph.
Chaque jour nous leur rendrons un nouveau service. Nous écouterons leurs conversations familiales. Nous verrons grandir le Messie. Nous admirerons ses trente ans de vie cachée… Nous serons présents à sa Passion et à sa Mort… Nous serons éblouis par la gloire de sa Résurrection…
En un mot : fous d’Amour (il n’y a pas d’autre amour que l’Amour), nous contemplerons tous les instants de la vie de Jésus-Christ» (saint Josémaria, Saint Rosaire, au lecteur). -
1er octobre : mois du rosaire
le Rosaire de la ViergeMarie dans laquelle il écrit (n° 2) : "Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. [...] On peut dire que le Rosaire est, d'une certaine manière, une prière-commentaire du dernier chapitre de la Constitution Lumen gentium du deuxième Concile du Vatican, chapitre qui traite de l'admirable présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église. En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine. »
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Communion des saints (fin)
« Communion des saints. — Comment te l’expliquer ? — Tu sais ce que sont les transfusions de sang pour le corps ? Eh bien, c’est à peu près ce qu’est la communion des saints pour l’âme » ("Chemin, n° 544). Cette transfusion surnaturelle se réalise à partir de la prière et des efforts quotidiens vécus pour autrui. Nous retrouvons là le sens de la mortification ou des privations volontaires : « Ideo omnia sustineo propter electos. J’endure tout, pour les élus, ut ipsi salutem consequantur, pour qu’ils parviennent, eux aussi, au salut, quæ est in Christo Iesu : qui est dans le Christ Jésus.
— Belle manière de vivre la communion des saints !
— Demande au Seigneur de te donner l’esprit de saint Paul » (Ibid., n° 550).
Nous pouvons toujours prier pour les hommes et les femmes qui sont sur terre. « Un autre me dit — et il en sait long sur la « communication » des biens surnaturels — : « Votre lettre m’a fait beaucoup de bien, on voit qu’elle est chargée des prières de tous !… et moi, j’ai grand besoin que l’on prie pour moi » (Ibid., n° 547). Chacun se sent ainsi fortifié dans la foi et à l’heure de l’épreuve. C’est une réalité qui est déjà présente chez les premiers chrétiens. Quand Pierre est arrêté et jeté en prison, « l’Église priait Dieu pour lui sans relâche » (Ac 12, 5). En sens inverse, le diacre Étienne prie pour qui sont en train de le lapider : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7, 60), mettant ainsi en pratique le commandement reçu du Seigneur : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matthieu 5, 44).
Nous demandons l’intercession de tous ceux qui retrouvent au paradis, anges et saints, qui « ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus […]. Ainsi, leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 49).
Nous intercédons à notre tour pour les fidèles défunts. C’est une pratique qui remonte aux premiers temps de l’Église, en s’appuyant sur un texte du deuxième Livre des Machabbées (12, 45) : « La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse. » En revanche, il est inutile de prier pour l’âme de ceux qui sont damnés en enfer, car leur situation est irréversible et leurs souffrances ne peuvent pas être atténues. Elles ne peuvent pas davantage nous aider : c’est d’ailleurs une idée qui est totalement étrangère à la situation de haine de Dieu dans laquelle elles retrouvent.
Vivre la communion des saints renforce notre condition d’enfants de Dieu appartenant à l’unique famille de Dieu : « Lorsque la charité mutuelle et la louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu’une seule famille, nous répondons à la vocation profonde de l’Église » (concile Vatican II, const. dogm. Lumen gentium, n° 51).
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Ste Écriture (8)
Nous en étions restés à l’idée qu’il convient de consacrer du temps à lire la Bible. Savoir y consacrer du temps, voilà une bonne résolution. Et ce, en toutes circonstances, habituellement. Y compris quand nous sommes en voyage. L’exemple de l’Éthiopien qui revient de Jérusalem et vers qui le diacre Philippe est envoyé a été compris dans ce sens. Nous voyons par là « combien il est grand de ne pas négliger la lecture de l’Écriture, même au cours d’un voyage. […] Je recommande cet exemple à ceux qui ne peuvent s’y décider, même chez eux, parce qu’ils vivent avec leur femme, qu’ils sont au service des armes, parce qu’ils ont des préoccupations familiales et des affaires diverses à traiter, et ils s’imaginent que leur état les dispense de lire les Saintes Écritures » (Saint Jean Chrysostome, Homélies sur la genèse 35). Consacrer chaque jour quelques minutes à la lecture méditée des Pages sacrées, notamment du Nouveau Testament, semble donc très profitable pour l’âme, car cela permet d’acquérir une meilleure connaissance de Dieu et de ses plans et de parvenir à une plus grande intimité avec lui. Le même Père de l’Église insiste en ce sens : « Écoutez donc, gens du monde : procurez-vous ces livres qui contiennent les remèdes de l’âme. Si vous n’en voulez pas beaucoup, procurez-vous au moins le Nouveau Testament, les Actes des apôtres, les Évangiles. Vous y trouverez des leçons bonnes en tout temps… Venez-vous à éprouver une perte d’argent, la mort est-elle à votre porte, perdez-vous quelqu’un des vôtres ? Jetez les yeux sur ces divins formulaires, pénétrez-vous-en, retenez-les bien. C’est l’ignorance de l’Écriture qui engendre tous les maux. Les ignorer, c’est marcher à la guerre sans armes, c’est être sans défense ! » (Saint Jean Chrysostome, Homélie IX sur l’épître aux Colossiens). De plus, la lecture méditée de la vie et des enseignements du Seigneur nous transforme comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dont on a pu dire qu’elle était devenue « contemporaine du Crucifié » (A. Combes, Introduction à la spiritualité de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Paris, 1948, p. 182).
L’écoute attentive des Écritures est très enrichissante et est une source de joie profonde. Comme je l’ai déjà évoqué, les disciples d’Emmaüs qui rentrent de Jérusalem et sont rejoints en cours de route par Jésus ressuscité qu’ils ne reconnaissent pas en font une belle expérience. Le Verbe de Dieu, « commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, leur expliqua ce qui, dans les Écritures, le concernait » (Luc 24, 27). Arrivés à destination, ils reconnaissent enfin Jésus à la fraction du pain et se disent mutuellement : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous faisait comprendre les Écritures ? » (Luc 24, 32). La Parole de Dieu vivante et écrite a ainsi réchauffé leur cœur et leur a redonné du courage pour rentrer à Jérusalem et reprendre leur place et leur rôle de disciple du Ressuscité.
Nous pouvons aussi nous mettre à l’école de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, qui écrivait ceci : « En ouvrant le Saint Évangile, songe que ce qui y est rapporté — les œuvres et les paroles du Christ —, tu ne dois pas seulement le savoir, mais le vivre. Tout, chacun des points relatés a été recueilli dans le moindre détail, pour que tu l’incarnes dans les circonstances concrètes de ton existence.
— Le Seigneur nous a appelés, nous autres catholiques, pour que nous Le suivions de près et, dans ce Texte Saint, tu découvriras la Vie de Jésus. Mais en outre tu dois y découvrir ta propre vie.
Toi aussi, tu apprendras à demander, plein d'Amour comme l’Apôtre : « Seigneur, que veux-tu que je fasse :... » — La volonté de Dieu ! c'est ce que tu entends de façon très nette au fond de ton âme.
Eh bien, prends l’Évangile tous les jours, et lis-le, vis-le comme une norme à suivre. — C’est ainsi qu'ont procédé les saints » (Forge, n° 754).
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1er novembre : la communion des saints
Dans le « Je crois en Dieu », les baptisés affirment croire en « la communion des saints », qui n’est autre que l’Église dans sa triple dimension d’Église « triomphante » au ciel, d’Église « souffrante » au purgatoire et d’Église « militante » sur terre. Comme saint Paul l’expose, « de même que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, si nombreux soient-ils, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ » (1 Corinthiens 12, 12), avec qui les baptisés ne forment qu’un seul corps, le Corps mystique de l’Église.
Puisqu’il n’y a qu’un seul corps, « il faut croire qu’il existe une communion de biens dans l’Église », écrit saint Thomas d’Aquin (Excpositio in Symbolum apostolicum 10). Or, le Christ étant la tête du corps, il est communiqué à tous les membres par les sacrements de l’Église, canaux de la grâce.
« Les sacrements, et surtout le baptême qui est comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont autant de liens sacrés qui les unissent et les attachent à Jésus-Christ. La communion des saints, c’est la communion des sacrements » (Catéchisme du concile de Trente 1, 10, 24). Mais ce n’est pas seulement une « communion aux choses saintes, sancta », mais aussi une « communion entre les personnes saintes, sancti », donc entre les membres du Corps mystique. « Un membre souffre-t-il ? tous les membres souffrent avec lui. Un membre et-il à l’honneur ? tous les membres prennent part à sa joie. Or, vous êtes le Corps du Christ, et membres chacun pour sa part » (1 Corinthiens 12, 26-27). Moyennant quoi, « le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur la communion des saints ? Tout péché nuit à cette communion » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 953). Communion que nous pouvons parfaitement étendre aux hommes qui viendront après nous.
« Vivez avec une intensité particulière la communion des saints, et chacun sentira, à l’heure de la lutte intérieure, aussi bien qu’à l’heure du travail professionnel, la joie et la force de ne pas être seul » (saint Josémaria, Chemin, n° 545). Le fait de méditer sur cette grande réalité apporte à la fois force et sérénité dans le vie de chaque jour. Le chrétien sait qu’il ne lutte pas seul, et que rien de ce qu’il fait n’est indifférent ou inutile. Tout renforce ou affaiblit la communion des saints, tout peut être une aide apportée aux âmes du purgatoire et aux hommes qui se trouvent sur terre. Et en toute circonstance, le chrétien peut compter sur l’appui des anges et des saints du paradis et sur celui des âmes du purgatoire.
Le dogme de la communion des saints se présente donc comme un moteur puissant de la vie spirituelle et de la vie tout court. C’est pour cela que l’Église a pour habitude d’invoquer les saints, notamment par les « litanies », invocations chantées en différentes circonstances, par exemple lors de la vigile pascale, la nuit de Pâques, de l’ordination sacerdotale, de la dédicace d’une église, etc. Les litanies comprennent le kyrie eleison et une liste de saints : à l’énoncé de chaque nom, le peuple répond « priez pour nous ». Les fidèles récitent aussi des litanies à la fin du chapelet.
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La prière (1)
Nécessité de la prière
Le Seigneur Jésus-Christ a indiqué à ses apôtres « qu’il leur fallait prier toujours, sans jamais se lasser » (Luc 18, 1). Et il invite avec insistance à formuler une prière de demande. C’est sans doute un des points de son enseignement qui revient le plus fréquemment, probablement parce que Jésus connaissait par avance notre réticence à formuler une semblable prière. « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. Car qui demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira » (Mt 7, 7-8). L’affirmation ne laisse pas place au doute.
Et pourtant celui-ci surgit parfois dans notre esprit. Pourquoi ? Parce que nous n’arrivons pas à nous abstraire de notre condition humaine et que nous raisonnons, même pour les choses de Dieu, avec nos paramètres terrestres.
Laissons-nous donc gagner par cette conviction que la prière est l’arme toute-puissante dont nous disposons, bien souvent notre seul moyen d’action, mais que personne ne peut nous retirer. Nous pouvons toujours prier et, grâce à la prière, nous pouvons dire avec saint Paul : « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Philippiens 4, 13).
Dans nos relations avec nos semblables, nous avons souvent recours à une forme de prière : nous demandons des choses, des faveurs, nous passons par l’intermédiaire d’un ami, d’une relation, pour obtenir ce à quoi nous aspirons, personne que nous relançons si la réponse tarde à venir. Dans la vie spirituelle, la prière est tout aussi nécessaire, car c’est dans la mesure où nous fréquentons personnellement Dieu, où nous le connaissons que nous pouvons aimer notre prochain et vouloir son bien premier qui est le bien spirituel. Le saint-père souligne deux dangers opposés : « Si le contact avec Dieu me fait entièrement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à connaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche » (Benoît XVI, encyclique Dieu est amour, n° 18). L’un et l’autre aspects sont nécessaires et se commandent. Aimer autrui « ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu » (Ibid.).
La prière de demande
Nous ne saurions trop insister sur le fait que notre prière non seulement peut mais doit souvent prendre la forme d’une prière de demande. C’est sans doute un des points de l’enseignement du Christ qui revient le plus fréquemment, probablement parce qu’il connaissait par avance notre réticence à formuler une semblable prière. « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. Car qui demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira » (Matthieu 7, 7-8). L’affirmation ne laisse pas place au doute. Et pourtant celui-ci surgit parfois dans notre esprit. Pourquoi ? Parce que nous n’arrivons pas à nous abstraire de notre condition humaine et que nous raisonnons, même pour les choses de Dieu, avec nos paramètres terrestres. Or, Dieu est en dehors du temps. Il est Acte Pur, dit-on en philosophie. « Mon Père et moi, nous sommes toujours au travail », dit Jésus (Jean 5, 17), toujours en train d’agir, mais au présent.
Pour le comprendre un peu nous pouvons suivre Aristote qui nous présente Dieu comme un veilleur situé sur une montagne au pied de laquelle s’écoule l’ensemble de l’humanité, depuis l’apparition de l’homme sur terre jusqu’à la fin des temps. Nous sommes immergés dans cette foule, avec une connaissance limitée à notre entourage et, si nous sommes de bonne stature, avec la capacité à voir un peu plus loin. Mais notre vision est très limitée. Dieu, en revanche, embrasse toute l’histoire humaine d’un seul regard. Rien ne lui échappe. Nous sommes bien obligés de tenir compte de notre condition, mais il faut veiller à ne pas y réduire Dieu.
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La prière (3)
Les différentes formes de prière
La prière vocale. Nous nous faisons peut-être une idée compliquée de la prière, ou bien nous ne savons pas comment nous y prendre. La prière la plus simple est la prière vocale, celle qui s’exprime par la bouche. « Un jour, alors qu’il était en prière quelque part, un de ses disciples lui dit, quand il eut fini : « Seigneur, apprends-nous à prier, tout comme Jean [le Baptiste] l’a appris à ses disciples. » Il leur dit (Jean 11, 1-2) : « Quand vous priez, dites : notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié ! Que ton règne arrive ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme elle l’est au ciel ! Donne-nous aujourd’hui le pain nécessaire à notre subsistance ! Et remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes les aurons remises à ceux qui nous doivent ! Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Malin ! » (Matthieu 6, 9-13). Nous voyons que c’est forcément la prière qui plaît le plus à Dieu, celle qu’il attend de nous en priorité.
Le « Je vous salue » est une autre prière vocale qui le touche particulièrement. C’est la « salutation angélique », dans sa première partie, du moins, c’est-à-dire les mots que l’archange saint Gabriel adresse de la part de Dieu à Marie pour lui demander si elle accepte de devenir la Mère du Fils de Dieu, le Rédempteur de l’humanité. Elle se poursuit par la salutation de sainte Élisabeth, cousine de Marie à qui elle va rendre visite pour se mettre à sa disposition, car elle « vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu’on qualifiait de stérile, car rien n’est impossible de la part de Dieu » (Luc 1, 36-37).
L’oraison mentale. Une autre forme de prière est la prière mentale, l’oraison, « qui nous permet de nous entretenir avec Dieu dans un dialogue direct » (Benoît XVI, Message aux jeunes du monde entier à l’occasion de la XXIe Journée mondiale de la jeunesse, 2006). C’est un dialogue avec Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, une conversation, comme nous en avons avec nos proches ou avec nos amis. « Tu ne sais pas prier ? — Mets-toi en présence de Dieu et dès que tu as commencé à dire : « Seigneur, je ne sais pas faire oraison !… » sois assuré que tu es déjà en train de la faire (saint Josémaria, Chemin, n° 90). Tu m’as écrit : « Prier, c’est parler avec Dieu. Mais de quoi ? » — De quoi ? De lui, de toi : joies, tristesses, succès et défaites, nobles ambitions, soucis quotidiens…, faiblesses ! actions de grâces et demandes, Amour et réparation.
En deux mots, le connaître et te connaître : « se fréquenter ! » (Ibid., n° 91).
Le sujet de notre prière, c’est donc notre vie. Et aussi les grandes vérités de notre foi, la vie de notre seigneur Jésus-Christ, sa Passion, sa mort et sa résurrection, l’Amour de Dieu pour les hommes, la filiation divine, la miséricorde de Dieu, les fins dernières (mort, jugement, enfer, purgatoire, ciel, seconde venue de Jésus-Christ…), etc. Il est salutaire « d’intervenir dans les scènes de l’Évangile, comme un personnage de plus. Représente-toi d’abord la scène ou le mystère, qui te servira à te recueillir et à méditer. Ensuite mets à contribution ton intelligence pour contempler un trait de la vie du Maître : son Cœur attendri, son humilité, sa pureté, son accomplissement de la Volonté du Père. Puis raconte-lui ce qui t’arrive d’ordinaire dans ce domaine, ce qui se passe chez toi, en ce moment. Demeure attentif. Il voudra peut-être t’indiquer quelque chose : c’est alors que viendront les motions intérieures, les découvertes, les reproches » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 253).
Pour cela, il est bon de réserver à la prière un temps précis, « à heure fixe, si possible ; près du tabernacle, en tenant compagnie à Celui qui est resté là par Amour. Et s’il n’est pas possible de faire autrement, n’importe où,car notre dieu se trouve de façon ineffable dans notre âme en état de grâce » (saint Josémaria, Ibid., n° 249).
Cette prière conduit à la contemplation de Dieu dans la vie courante, qui « nous aide à maintenir notre cœur attentif à la présence du Christ » (Benoît XVI, Message aux jeunes du monde entier à l’occasion de la XXIe Journée mondiale de la jeunesse, 2006).
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