« La moralité des actes humains dépend :
— de l’objet choisi ;
— de la fin visée ou de l’intention ;
— des circonstances de l’action.
L’objet, l’intention et les circonstances forment les « sources », ou éléments constitutifs, de la moralité des actes humains » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1750).
L’objet moral
« La moralité de l’acte humain dépend avant tout et fondamentalement de l’objet raisonnablement choisi par la volonté délibérée ». L’objet moral « est la fin prochaine d’un choix délibéré qui détermine l’acte du vouloir de la personne qui agit » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 78). Pour savoir quel est l’objet qui spécifie moralement un acte, « il convient donc de se situer dans la perspective de la personne qui agit. En effet, l’objet de l’acte du vouloir est un comportement librement choisi. En tant que conforme à l’ordre de la raison, il est cause de la bonté de la volonté […]. Par objet d’un acte moral déterminé, on ne peut donc entendre un processus ou un événement d’ordre seulement physique, à évaluer selon qu’il provoque un état de choses déterminé dans le monde extérieur » (Ibid.). On ne doit pas confondre l’« objet physique » avec l’« objet moral » de l’action (une même action physique peut être l’objet d’actes moraux divers ; par exemple, utiliser un bistouri peut réaliser une opération chirurgicale ou un homicide).
La valeur morale des actes humains (le fait qu’ils soient bons ou mauvais) dépend avant tout de la conformité de l’objet ou de l’acte voulu avec le bien de la personne, selon le jugement de la droite raison. L’acte humain ne peut être ordonné à la fin ultime que s’il est bon par son objet. « La raison pour laquelle la bonne intention ne suffit pas mais pour laquelle il convient de faire le choix juste des œuvres réside dans le fait que l’acte humain dépend de son objet, c’est-à-dire de la possibilité ou non d’ordonner celui-ci à Dieu, à Celui qui « seul est Bon », et ainsi réalise la perfection de la personne » (Jean-Paul II, Ibid.). Autrement dit, « l’élément primordial et décisif pour le jugement moral est l’objet de l’acte de l’homme, lequel décide si son acte peut être orienté au bien et à la fin ultime qui est Dieu » (Ibid., n° 79).
(à suivre…)
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10. La moralité des actes humains – L’objet moral
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9. Les formes de conscience
Si nous revenons à l’existence du péché originel — c’est un passage obligé (voir mes textes du mois de novembre) — nous comprendrons d’emblée que la conscience humaine peut se tromper, que ce jugement moral peut être erroné. Elle « n’est pas un juge infaillible » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 62).
On distingue la conscience vraie ou droite qui, à partir de principes vrais (la loi morale), émet un jugement véridique sur la licéité ou la non licéité d’un acte particulier ; et la conscience erronée ou fausse, qui émet un jugement faux, en disant qu’est bon ce qui est mauvais et inversement. Cette erreur « peut être le fruit d’une ignorance invincible, c’est-à-dire d’une ignorance dont le sujet n’est pas conscient et dont il ne peut sortir par lui-même » (Ibid.). Il n’y a pas de faute morale. Mais l’erreur peut aussi être due au fait que la personne « se soucie peu de rechercher le vrai et le bien et lorsque l’habitude du péché rend peu à peu sa conscience presque aveugle » (Ibid.). La conscience erronée de manière coupable n’est pas une excuse au péché et peut même l’aggraver.
On distingue également la conscience certaine, qui émet son jugement avec la certitude morale de ne pas se tromper ; la conscience probable, lorsqu’elle juge en étant convaincue qu’il existe une certaine probabilité d’erreur, moindre cependant que la probabilité d’être dans le vrai ; la conscience douteuseperplexe quand elle n’ose pas juger, parce qu’elle pense qu’il y a péché aussi bien à réaliser un acte qu’à l’omettre.
Dans la pratique il ne faut agir qu’avec une conscience vraie et certaine. On ne doit pas agir avec une conscience douteuse, mais il est nécessaire de sortir du doute en étudiant, en demandant, etc. (par exemple, si l’on doute que quelque chose soit un péché ou non, on ne doit pas le réaliser avant d’avoir dissipé le doute). Il va de soi que l’on ne peut jamais agir avec une conscience mauvaise.
Le jugement de la conscience est donc essentiel. Il porte sur une pensée, une action ou une omission, c’est-à-dire sur un objet, recherché avec une intention donnée par celui qui agit, et dans des circonstances déterminées. Ce sont les trois éléments dont dépend la moralité des actes humains.
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8. La conscience
Ce qui nous intéresse ici, c’est la conscience morale, qui n’est autre qu’« un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train d’exécuter ou a accompli » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1778), « approuvant ceux (les choix concrets) qui sont bons, dénonçant ceux qui sont mauvais » (Ibid., n° 1777).
Or, « au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela. » Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera. La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (concile Vatican II, constitution pastorale sur l’Église dans le monde Gaudium et spes, n° 16). Ainsi « c’est par le jugement de sa conscience que l’homme perçoit et reconnaît les prescriptions de la loi divine » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1778).
La conscience est une « voix » qui prévient de ce qui est bon et de ce qui est mal en appliquant la loi morale aux actes concrets, et qui pousse à suivre le bien et fait des reproches (donne des « remords ») si on suit le mal. Elle « est un jugement qui applique à une situation concrète la conviction rationnelle que l’on doit aimer, faire le bien et éviter le mal. Ce premier principe de la raison pratique appartient à la loi naturelle, et il en constitue même le fondement. […] Tandis que la loi naturelle met en lumière les exigences objectives et universelles du bien moral, la conscience applique la loi au cas particulier » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 59).
Tout homme est tenu de suivre sa conscience, quand bien même il se trouverait dans l’erreur. Cette obligation naît du caractère obligatoire de la loi morale. « C’est l’obligation de faire ce que l’homme, par un acte de sa conscience, connaît comme un bien qui lui est désigné ici et maintenant » (Ibid.). Par conséquent : a) il ne peut y avoir d’opposition objective entre l’obligation de suivre le jugement de la conscience et celle de suivre la loi morale, car « le jugement de la conscience ne définit pas la loi, mais il atteste l’autorité de la loi naturelle » (Ibid., n° 60) ; b) l’homme « ne doit donc pas être contraint d’agir contre sa conscience. Mais il ne doit pas être empêché non plus d’agir selon sa conscience, surtout en matière religieuse » (concile Vatican II, déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanæ, n° 3), pourvu qu’il respecte l’ordre et la moralité publiques (Ibid., n° 7). L’autorité, quelle qu’elle soit a le devoir de respecter la liberté des consciences de ses sujets ; c) chacun est responsable des actes qu’il réalise ; cette responsabilité constitue un appel à chercher la vérité morale et à se laisser guider par elle dans l’action : « Le degré de maturité et de responsabilité de ces jugements [de la conscience] — et, en définitive de l’homme, qui en est le sujet — se mesure non par la libération de la conscience par rapport à la vérité objective, en vue d’une prétendue autonomie des décisions personnelles, mais, au contraire, par une pressante recherche de la vérité et, dans l’action, par la remise de soi à la conduite de cette conscience » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 61).
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7. L’homme face à la loi (suite)
« La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Il existe une « dépendance fondamentale de la liberté par rapport à la vérité » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 34). L’amour de la liberté, caractéristique de l’esprit chrétien, est inséparable de l’amour de la vérité. « Vous avez été appelés à la liberté ; seulement que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair ; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres » (Galates 5, 13).
« Pour se développer en conformité avec sa nature, la personne humaine a besoin de la vie sociale » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1891). Les lois humaines sont un élément nécessaire de cet ordre. « La loi est une règle de conduite édictée par l’autorité compétente en vue du bien commun » (Ibid., n° 1951). Il faut poser ici un principe essentiel : « La loi humaine a valeur de loi dans la mesure où elle est conforme à la raison droite : sous cet aspect, il est manifeste qu’elle dérive de la loi éternelle. Par ailleurs, dans la mesure où elle est contraire à la raison, elle est déclarée inique, et dès lors, n’a plus de valeur de loi, elle est plutôt une violence » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique I-II, q. 93, a. 3, ad 2). De plus, « toute loi portée par les hommes n’a de valeur de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature. Si elle dévie, en quelque point, de la loi naturelle, ce n’est déjà plus une loi, mais une corruption de la loi » (Ibid., q. 95, a. 2, c). Par conséquent ce qui est permis par la loi civile — ce qui est « légal » — n’est pas pour autant forcément permis par la loi morale. L’homme peut être tenu de s’y opposer, ce qu’illustrent les innombrables martyrs de la foi au long des siècles. La loi naturelle « procure la base nécessaire à la loi civile qui se rattache à elle, soit par une réflexion qui tire les conclusions de ses principes, soit par des additions de nature positive et juridique » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1959).
Au nombre des lois humaines figurent les commandements de l’Église qui ont pour objet de concrétiser la façon d’accomplir quelques-unes des obligations du chrétien : sanctifier les fêtes, recevoir les sacrements, faire pénitence et contribuer à ce que l’Église dispose des moyens matériels nécessaires pour accomplir sa mission sur cette terre.
Comment l’homme décide-t-il d’agir ? À partir du jugement de sa conscience.
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4. La loi naturelle
La Loi naturelle est « l’expression humaine de la Loi éternelle » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 43). C’est « la Loi éternelle elle-même, inscrite dans les êtres doués de raison et les inclinant à l’acte et à la fin qui leur sont propres ; et elle n’est que la raison éternelle du Dieu créateur et modérateur du monde » (Ibid.,n° 44). C’est par conséquent la lumière même de la raison « qui permet à l’homme de discerner par la raison ce que sont le bien et le mal » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1954) et qui nous commande de faire le bien et d’éviter le mal, pour tendre vers Dieu, notre fin ultime.
La loi morale naturelle est distincte des lois de la nature matérielle (les lois biologiques ne sont pas des lois morales). On l’appelle « naturelle », non qu'elle soit une loi physique, mais parce qu’elle consiste dans la lumière de la raison, qui est quelque chose de propre à la nature humaine. Cependant il ne faut pas oublier que la nature humaine est composée d’esprit et de matière ; c’est pourquoi la loi morale naturelle comprend aussi ce qui se réfère à l’usage du corps (cf. Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 44 et 50).
Gravée dans la nature humaine, cette loi ne vient pas s’ajouter à l’homme, tout comme la loi de la gravitation ne s’ajoute pas à la pierre. Elle a pour propriétés d’être universelle, car elle s’étend à toute personne humaine, de toutes les époques (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1956), ce qui exclue ce que l’on appelle la « morale de situation » selon laquelle les normes morales s’adaptent en fonction des situations dans lesquelles l’individu se trouve ; immuable, car la nature humaine ne change pas dans ce qu’elle a d’essentiel (cf. Ibid., n° 1957-1958) ; obligatoire puisque pour tendre vers Dieu « l’homme doit accomplir le bien et éviter le mal librement. Mais, pour cela, l’homme doit pouvoir distinguer le bien du mal. Et cela s’effectue surtout grâce à la lumière de la raison naturelle » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 42). Observer la loi morale peut être parfois difficile, mais jamais impossible.
Les préceptes de la loi naturelle peuvent être connus par tous grâce à la raison. Cependant, ils « ne sont pas perçus par tous d’une manière claire et immédiate » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1960). Leur connaissance dépend des bonnes dispositions de l’homme, et celui-ci, blessé par le péché originel, aveuglé et affaibli par ses péchés personnels, peut se tromper. C’est pourquoi, dans la situation actuelle, la Révélation est nécessaire à l’homme pour que les vérités morales puissent être connues « de tous et sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur » (Pie XII, encyclique Humani generis, 12 août 1950). « Dieu a écrit sur les tables de la Loi ce que les hommes ne lisaient pas dans leurs cœurs » (Saint Augustin, Enarrationes in Psalmos, 57, 1). C’est la loi divino-positive, que nous devons voir maintenant.
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5. La loi divino-positive
Le premier état de la Loi révélée est la Loi ancienne, communiquée par Dieu à Moïse. « Ses prescriptions morales sont résumées dans les dix commandements » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1962). Chacun des commandements exprime des conclusions immédiates de la loi naturelle.
La Loi nouvelle ou Loi évangélique, dite encore Loi du Christ, « mène à sa perfection la Loi ancienne » (Ibid., 1967). Elle a été révélée par Jésus-Christ. Elle se trouve spécialement dans le Sermon sur la Montagne : « Vous avez appris qu’il a été dit aux ancêtres : « Tu ne tueras point »… Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal… » (Matthieu 5, 21-48).
« Le sermon du Seigneur, loin d’abolir ou de dévaluer les prescriptions morales de la Loi ancienne, en dégage les virtualités cachées et en fait surgir de nouvelles exigences : il en révèle toute la vérité divine et humaine. Il n’ajoute pas de préceptes extérieurs nouveaux, mais il va jusqu’à réformer la racine des actes, le cœur, là où l’homme choisit entre le pur et l’impur, où se forment la foi, l’espérance et la charité et, avec elles, les autres vertus » (Ibid., n° 1968). « Toute la Loi évangélique tient dans le « commandement nouveau » de Jésus de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés (Jn 13, 34 ; 15, 12) » (Ibid., n° 1970).
La Loi du Christ n’est pas comme la Loi ancienne qui ne faisait que montrer le chemin ; elle donne aussi la force pour le suivre. C’est pourquoi on l’appelle Loi de grâce, étant donné qu’elle communique la force intérieure de la grâce nécessaire pour bien agir dans la condition présente de nature marquée par le péché originel. On l’appelle aussi loi d’amour, parce qu’elle « fait agir par l’amour qu’infuse l’Esprit Saint » (Ibid., n° 1972). C’est en outre la loi de liberté parfaite (cf. Jacques 1, 25) parce qu’elle « nous incline à agir spontanément sous l’impulsion de la charité » (Ibid., n° 1972), et non comme des esclaves mus par la crainte.
L’Église est l’interprète authentique de la loi naturelle dans son Magistère (cf. Ibid., 2036), sa fonction d’enseignement. « L’Église a gardé fidèlement ce qu’enseigne la Parole de Dieu, non seulement sur les vérités à croire mais encore sur l’agir moral » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 28). « L’infaillibilité du Magistère des pasteurs s’étend à tous les éléments de doctrine y compris morale sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent être gardées, exposées ou observées » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2051). Cette mission ne se limite pas aux seuls fidèles, mais concerne tous les hommes selon l’ordre du Christ : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples » (Matthieu 28, 29). Les chrétiens ont donc la responsabilité de défendre et enseigner la loi naturelle, puisque par la foi et avec l’autorité du Magistère, ils la connaissent facilement et sans erreur, et qu’avec la grâce ils ont la force de l’accomplir entièrement.
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3. La liberté humaine
La liberté de l’être humain « est le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d’agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actes délibérés. Par le libre-arbitre, chacun dispose de soi. La liberté est en l’homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1731). « Tant qu’elle ne s’est pas fixée définitivement dans son bien ultime qu’est Dieu, la liberté implique la possibilité de choisir entre le bien et le mal, donc celle de grandir en perfection ou de défaillir et de pécher » (Ibid., n° 1732). « La liberté de l’homme est finie et faillible. De fait, l’homme a failli. Librement il a péché […], il s’est trompé lui-même ; il est devenu esclave du péché » (Ibid., n° 1739). La liberté est un « signe privilégié de l’image divine » dans l’homme (Concile Vatican II, constitution pastorale sur l’Église dans le monde Gaudium et spes, n° 17 ).
En utilisant bien sa liberté, la personne humaine trouve sa perfection dans la recherche et l’amour du vrai et du bien (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1704) et augmente sa ressemblance avec l’image de Dieu à laquelle elle a été créée (cf. Genèse 1, 27). En effet, comme l’Apôtre l’exprime, « nous tous, dont le visage découvert réfléchit la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, toujours plus glorieux, comme sous l’action du Seigneur qui est esprit » (2 Corinthiens 3, 18). L’homme atteint ainsi peu à peu la perfection, qui est la fin et la félicité de la personne humaine, et qui atteindra sa plénitude au ciel, dans la vision de Dieu « face à face » (1 Corinthiens 13, 12) : « Nous lui serons semblables, parce que nous Le verrons tel qu’il est » (1 Jean 3, 2). L’homme est appelé à connaître Dieu (cf. Ibid., n° 1721), à « la vie parfaite avec la Très Sainte Trinité », qui est la « réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur suprême et définitif » (Ibid., n° 1024). La gloire de Dieu, c’est que l’homme atteigne cette perfection et soit heureux ; et la félicité de l’homme, c’est de rendre gloire à Dieu (cf. Ibid., 294) : « La gloire de Dieu, c’est que l’homme vive, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » (Saint Irénée, Adversus hæreses 4, 20, 7).
Pour y parvenir, l’homme a la loi éternelle à sa disposition, comme une carte qui indique la route à suivre. On appelle loi éternelle le plan de la Sagesse divine pour conduire toute la création jusqu’à sa fin (cf. Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, I-II, q. 93, a. 1, c). À travers la loi éternelle, « Dieu, dans son dessein de sagesse et d'amour, règle, dirige et gouverne le monde entier, ainsi que les voies de la communauté humaine » (concile Vatican II, déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanæ, n° 3). Par sa nature, l’homme participe à cette loi éternelle. Il faut parler maintenant de cette participation, appelée loi naturelle.
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2. La moralité des actes humains
Est humain un acte de l’homme ou de la femme qui est libre et volontaire. N’est donc pas humain en ce sens l’acte de l’enfant qui n’a pas encore atteint l’usage de la raison, pas plus que celui du fou, du moins dans les moments où il n’est pas lucide. « Les actes humains, c’est-à-dire librement choisis par suite d’un jugement de conscience, sont moralement qualifiables. Ils sont bons ou mauvais » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1749). Ils peuvent aussi être indifférents du point de vue de leur qualification morale : il est indifférent, par exemple, que j’écrive ce texte sur la toile ou sur une feuille de papier, debout ou assis. « L’agir est moralement bon quand les choix libres sont conformes au vrai bien de l’homme et manifestent ainsi l’orientation volontaire de la personne vers sa fin ultime, à savoir Dieu lui-même » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, 6 août 1993, n° 72). « La question initiale du dialogue entre le jeune homme et Jésus : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » (Matthieu 19, 16) met immédiatement en évidence le lien essentiel entre la valeur morale d’un acte et la fin ultime de l’homme […]. La réponse de Jésus et la référence aux commandements manifestent aussi que la voie qui mène à cette fin est marquée par le respect des lois divines qui sauvegardent le bien humain. Seul l’acte conforme au bien peut être la voie qui conduit à la vie » (Ibid.).
Il s’ensuit une conséquence importante : la qualification morale d’un acte humain, le fait qu’il soit moralement bon ou moralement mauvais, n’est pas une notion acquise par un vote populaire ou démocratique ; elle n’est pas davantage le fruit de sondages ou l’adaptation à un consensus, à ce que l’on appelle de nos jours la pensée « politiquement correcte ». La qualification morale des actes humains échappe en partie à l’emprise de l’homme, en ce sens que la référence qui permet de juger de la moralité n’est pas l’impression du moment, la sensation ou le profit que j’en retire, mais l’adéquation de mon acte à la loi morale objective, c’est-à-dire à la loi divine inscrite par Dieu dans la nature humaine, présentée sous la forme d’un droit positif que sont les Dix commandements remis par Dieu à Moïse (cf. Exode 24, 12-18 ; Deutéronome 9, 9-10). Je disais que la qualification morale échappe « en partie » à la volonté de l’homme, parce qu’il est question ici des actes humains, donc des actes dans lesquels l’homme engage sa liberté. C’est bien lui, en définitive, qui agit et donc qui fait que le bien ou le mal soient présents sur terre, progressent ou régressent.
Intervient ici la notion de liberté, qui demande quelques précisions.
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3 décembre : L'Avent
« Dépouillez-vous du vieil homme… » (Éphésiens 4, 22-24). L’Avent qui commence aujourd’hui est que l’Église nous propose pour nous préparer à la venue de notre Seigneur, le jour de Noël. Je veux parler d’une préparation intérieure, bien entendu, non des mille lumières dont les villes se parent en bonne partie pour des raisons purement mercantiles.
Se renouveler est une tâche de tous les jours, en réalité, pour celui qui ne veut pas vivre dans la médiocrité, mais qui aspire sincèrement à la sainteté, à la perfection de la charité. L’esprit de pénitence et de componction fait partie de la vie d’un enfant de Dieu qui veut faire plaisir à son Père et qui est conscient de ne pas y arrive toujours, loin de là. « C’est dans le sacrement de la pénitence que nous nous revêtons, toi et moi, de Jésus-Christ et de ses mérites » (saint Josémaria, Chemin, n° 310).
L’avent fait naître dans notre cœur un nouveau désir de rapprocher Dieu de l’humanité et la disposition à rester éveillé pour accueillir le Sauveur. « Mais comment pourrions-nous nous réjouir dans le Seigneur, s’il est loin de nous ? demande saint Augustin. Loin ? Non, il n’est pas loin, à moins que tu ne l’aies contraint toi-même à s’éloigner de toi. Aimes, et tu le sentiras proche. Aime, et il viendra habiter en toi » (Sermons 21, 1-4).
C’est pourquoi il est bon de demander, avec le psalmiste : « Pasteur d’Israël, prête l’oreille […]. Réveille ta puissance et viens à notre secours. […] Dieu des armées, daigne venir, regarde du haut des cieux et vois, visite cette vigne. […] Que ta main se pose sur l’homme de ta droite, sur le fils de l’homme dont tu as fait ta force ! Nous ne nous écarterons plus de toi, tu nous feras revivre et nous invoquerons ton nom » (Ps 80 [79]).
« La nuit de Bethléem contient déjà la première annonce de la nuit pascale : Dieu révèle dans sa puissance salvifique à travers la faiblesse, par l’humiliation et le dénuement.
Il démontre qu’il est toujours « plus grand » par le fait qu’il « devient plus petit ».
L’Avent nous prépare à ce Paradoxe de l’Emmanuel. Emmanuel veut dire : « Dieu avec nous ».
Nous sommes habitués d’une certaine manière au fait qu’il « est avec nous ». Nous devons sans cesse redécouvrir ceci de nouveau. Nous devons encore nous émerveiller de cette stupeur de la nuit de Bethléem qui nous permet chaque année de retrouver « Dieu avec nous ». Nous devons nous pénétrer dans cet espace. Nous devons retrouver la saveur de Dieu.
De ce Dieu qui « vient »sans cesse, qui toujours « est avec nous ».
De ce Dieu qui toujours « est plus grand » précisément parce qu’il « est plus petit » : autant comme Enfant sans toit la nuit de Bethléem que comme Condamné dépouillé de tout sur la Croix au Golgotha.
Nous devons retrouver la saveur de ce Dieu :du Dieu vivant. Du Dieu de nos pères : Abraham, Isaac, Jacob. Du Dieu qui en Jésus-Christ se révéla jusqu’à la fin.
Nous devons retrouver la simple et merveilleuse saveur de ce Dieu. C’est surtout à cela que sert l’Avent » (Jean-Paul II, Homélie de la messe pour les universitaires, 17 décembre 1981).
« L’Avent est arrivé. Bonne époque pour renouveler ton désir, ta nostalgie, ton attente sincère de la venue du Christ ! De sa venue quotidienne dans ton âme grâce à l’Eucharistie ! — « Ecce veniet ! »— Il vient ! nous dit l’Église pour nous encourager » (saint Josémaria, Forge, n° 548). -
Les âmes du purgatoire
L’Église confesse que « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1030). Par le biais de la communion des saints, il s’établit une communication de biens spirituels entre elles et nous : nous pouvons prier pour qu’elles entrent rapidement au paradis, en offrant pour elles des suffrages (voir le texte d’hier), et elles intercèdent aussi pour nous. « Les âmes bénies du purgatoire. — Par charité, par justice et par un égoïsme bien pardonnable — elles peuvent tant auprès de Dieu — tiens-en bien compte dans tes sacrifices et dans ta prière.
Ah ! si tu pouvais dire, en parlant d’elles : « Mes bonnes amies, les âmes du purgatoire… » (saint Josémaria, Chemin, n° 571).
« Il est certain que ces pauvres âmes ne peuvent rien pour elles-mêmes, mais elles peuvent beaucoup pour nous. Cela est si vrai qu’il n’y a presque personne qui ait invoqué les âmes du purgatoire, sans avoir obtenu la grâce demandée. Cela n’est pas difficile à comprendre : si les saints qui sont dans le ciel et n’ont pas besoin de nous, s’intéressent à notre salut, combien plus encore les âmes du purgatoire, qui reçoivent nos bienfaits spirituels à proportion de notre sainteté. « Ne refusez pas cette grâce, Seigneur, disent-elles, à ces chrétiens qui donnent tous leurs soins à nous tirer des flammes ! » Une mère pourrait-elle refuser de demander au bon Dieu une grâce pour des enfants qu’elle aimés et qui prient pour sa délivrance ? Un pasteur, qui, pendant sa vie, n’aura eu que du zèle pour le salut de ses paroissiens, pourra-t-il ne pas demander pour eux, même en purgatoire, les grâces dont ils ont besoin pour se sauver ? Oui, toutes les fois que nous aurons quelque grâce à demander, adressons-nous avec confiance à ces saintes âmes, et nous sommes sûrs de l’obtenir. Quel bonheur pour nous d’avoir, dans la dévotion aux âmes du purgatoire, un moyen si excellent pour nous assurer le ciel ! » (Josse Alzin, Jean-Marie-Baptiste Vianney, saint curé d’Ars. Sermons, Namur, Éd. du Soleil Levant, 1956, p. 164-165).
Saint Thomas More a écrit un livre savoureux, sous forme de lettres à nous adressées par les âmes du purgatoire, pour prouver l’existence du purgatoire face à ceux qui la niaient et pour nous inviter à ne pas commettre les péchés qui les ont conduites à une telle situation, La Supplication des âmes. Il y dit, entre autres : « Si vous avez la bonté d’en parcourir les pages [de la Supplique], une à une, dans vos moments libres, pour l’amour de toutes nos âmes en peine, vous trouverez un antidote préventif contre le poison mortel de ces porteurs de peste qui veulent nous faire accroire que le purgatoire n’existe pas. Leur cruauté vise, non seulement à refroidir votre miséricorde à notre égard, mais à supprimer totalement l’aide et le réconfort que nous pouvions attendre de vous » (textes présentés et traduits par Germain Marc’hadour, Namur, Les Éditions du Soleil Levant, 1962, p. 140).