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Histoire - Page 15

  • Voyage en Italie (suite 5)

    13 mars. Nous avons passé la journée dans les ruines de la vieille Rome, le matin au Forum, l’après-midi au Palatin et au Colisée. Que de changements : le Forum, découvert de l’Arc de Septime Sévère à l’Arc de Titus, on suit la Voie sacrée, bordée de temples et de ruines de toute sorte, et personne ne passe plus là où nous avons vu voitures, bêtes et gens circuler sur une route poussiéreuse au milieu de l’herbe. On ne peut se figurer l’entassement de monuments, de ruines, de débris de toute sorte, et, malgré les souvenirs classiques, on a peine à se retrouver au milieu de toutes ces constructions ruinées.
    Au Palatin, on a presque tout mis au jour : Palais de Caracalla, des Flaviens, de Septime Sévère, de Livie, où l’on voit des peintures plus belles que celles de Pompéi, dont le fini, le modelé étonnent.
    Au milieu du Palais de Septime Sévère se trouve un cirque de plus de 150 mètres de long, entouré de portiques ; la loge impériale existe encore avec sa voûte ornée de caissons ; c’est fabuleux de proportions, et tout a été découvert depuis 1866.
    Aussi suis-je bien heureux d’être revenu à Rome, qui, gâtée dans certaines parties, est encore plus intéressante dans ses parties anciennes.
    Le Colisée a été débarrassé de son ridicule Chemin de Croix ; il produit toujours le même effet de construction colossale.

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    14 mars. Je suis allé à Saint-Paul-hors-les-murs et ai erré dans la Ville, pendant que Blanche était à Tivoli. Je lui passe la parole : « La visite de Tivoli est maintenant presque toujours précédée par celle de la Villa d’Hadrien que l’on a dégagée il y a trente ans, et qui est à quatre kilomètres avant Tivoli.
    Hadrien avait réuni là théâtres, thermes, naumachies, stades, école de philosophes, habitation, temple égyptien, etc. Ce sont des restes très importants au milieu d’un parc d’oliviers et de grands cyprès. La visite en est extrêmement intéressante, bien que tous les marbres aient été enlevés et mis dans les musées.
    À Tivoli, je suis allée sous la pluie aux Cascades et au Temple de Vesta. C’est un paysage charmant, et j’en suis revenue enchantée ».

    15 mars. Nous avons, par un temps superbe, passé une journée charmante, le matin à la Villa Borghèse, devenue la Villa Umberto. Les ombrages, les perspectives, les pièces d’eau sont des plus heureux.
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    Rachetée par la Ville après la déconfiture des Borghèse, elle est devenue le Bois de Boulogne d’ici, en conservant tous ces beaux restes des demeures de neveux des Papes.
    De là au Pincio, l’ancienne promenade romaine, où j’avais rêvé quand j‚avais 23 ans et attrapé les fièvres pour m’être attardé dans mes rêves.
    Après avoir descendu l’escalier de la Trinité des Monts pour arriver à la Place d’Espagne, et avoir déjeuné dans un excellent restaurant italien, nous sommes allés à Sainte-Marie-Majeure et à San-Lorenzo-hors-les-murs, pour revenir au Quirinal et à la Fontaine Trevi. medium_RomefontaineTrevi.jpg Quel ravissement en face de ces œuvres vraiment remarquables : Sainte-Marie-Majeure par ses belles proportions et ses mosaïques, San-Lorenzo par ses superbes mosaïques byzantines, les seules de Rome, ses ambons ornés de dessins en mosaïques, ses colonnes de marbre blanc, couronnées de chapiteaux corinthiens, intacts, et par deux chapiteaux tout à fait uniques, représentant une armure romaine avec bouclier, et des Victoires aux angles.
    Cette basilique a été restaurée par Pie IX qui y a son tombeau, fort simple d’ailleurs, mais dans une chapelle décorée de mosaïques superbes.
    En rentrant, nous avons admiré la superbe fontaine Trevi, que l’on ne peut se lasser de voir, un des plus beaux chefs d’œuvre de l’architecture.

    16 mars. Notre journée s’est passée à visiter Saint-Pierre, les musées du Vatican, Saint-Paul-hors-les-murs et les ruines sur le chemin. Le tombeau du Pape Léon XIII à Saint-Pierre est des plus simples, sarcophage en marbre blanc dans une niche au-dessus d'une porte, avec dessus un coussin sur lequel est posée la tiare. Ni figure, ni symbole. medium_VaticanII6.jpg
    Les Chambres de Raphaël sont toujours aussi impressionnantes par leur puissante et magnifique décoration. On les a restaurées et elles sont en bon état ; il n’en est pas de même des Loges, dont les superbes décorations, genre Pompéi, ont presque partout disparu. On a restauré les scènes de l’Ancien Testament, qui sont dans les voûtes, mais d’une coloration trop vive.
    La Chapelle Sixtine n‚a pas changé non plus, quoique les fresques m’aient paru un peu noircies. La Chapelle de Nicolas V avec les fresques de Fra Angelico est un bijou.
    Les musées d’art antique sont les plus riches que je connaisse, il y a là réunis des chefs d’œuvre incomparables, et on ne peut se lasser d’admirer les quatre merveilles du Belvédère.
    En avant de Saint-Paul-hors-les-murs, on achève un superbe portique formant atrium orné de magnifiques colonnes de granit, avec bases et chapitaux corinthiens en marbre blanc ; la façade au-dessus du portique est décorée de mosaïques représentant le Père éternel, les Quatre docteurs, l’Agneau Pascal faisant couler les sources où les brebis viennent puiser les bonheurs célestes et peut-être terrestres.
    On pense restaurer le cloître : il m’a ravi, plus que celui de Monreale, qui est dans le même style.

    (à suivre…)

  • Voyage en Italie (suite 4)

    7 mars, temps couvert. Nous sommes allés au Musée [de Naples], dont nous avons revu les chefs d’œuvre, et avons parcouru la vieille ville, où j’ai retrouvé quelques marchands de cuisine en plein air, à la Porte Capuana, mais bien moins qu’autrefois.
    Ensuite, visite de la Cathédrale, que je ne me rappelais pas. La nouvelle façade sera bien, lorsque les deux flèches seront achevées.
    Que ce pays est donc beau !

    9 mars. Le temps couvert nous a fait rester à Naples. Nous sommes allés au Campo Santo, fort curieux par toutes ces chapelles de confréries où l’on dépose les corps momifiés dans des caves, comme aux catacombes à Rome. Quelques-unes sont comme de petites églises ; il y en a aussi comme les nôtres et des monuments plus ou moins baroques.
    Le jour, nous sommes allés dans les parties neuves de la ville, avec rues à angles droits, et à San Martino pour redescendre à Chiaja par les nouvelles voies en corniche. Nous avons eu la chance de rencontrer un quatuor ambulant, violon, violoncelle, flûte et clarinette qui ne jouait vraiment pas mal. Il y a eu un air populaire, repris en chœur par les auditeurs.

    medium_Pompei1.jpg Pompéi, 10 mars. J’ai eu la joie de retrouver tout seul la maison que j’avais relevée en 1866. Je l’ai parcourue avec amour, car je retrouvais mon enfant, et ai admiré tout ce que j’avais dessiné il y a quarante ans. Mais aussi, j’ai éprouvé une vraie peine en voyant dans quel état de vétusté et de délabrement étaient toutes les peintures que je trouvais si vives et si bien conservées, lorsqu’on les découvrait devant moi. Dans ce qui était le jardin, il y a encore de ces grandes jarres, dans lesquelles j’avais recueilli du lait solidifié. Cette maison doit avoir été reconnue comme ayant un intérêt spécial, car elle a une inscription spéciale et est mentionnée au guide.
    Nous avons eu un grand bonheur en revoyant cette ville si intéressante et curieuse. Mais le temps a fait son œuvre et une grande partie des peintures est altérée au point de ne plus être reconnaissable. Telles celles de la Maison de Faune medium_Pompeimaisonfaune.jpg et du Poète tragique. medium_Pompeimaisonpoetetragique1.jpg


    Quel changement aussi dans ce petit coin : on y arrive en train ou tram électrique ; l’Hôtel Dieu est éclairé à l’électricité, et nous y avons bu d’excellent Lacryma-Christi.

    Pompéi, 11 mars. Pendant que votre Maman montait au Vésuve, je suis allé flâner dans les ruines, évoquant mes souvenirs et ceux de ma jeunesse. J’étais d’autant plus heureux que j’étais seul, et que j’ai pu aller et venir sans rencontrer de forestieri.
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    Dans la journée, après 3 heures, votre Mère étant revenue, nous avons visité la Villa Diomède, la Voie des Tombeaux, la Maison du Faune et le Musée, où sont les moulages palpitants encore des angoisses de la mort.
    Votre Mère dit : « Le temps était clair le matin ; j’en ai profité pour monter au Vésuve, évitant ainsi la caravane Cook, et y allant d’ici seule, avec une voiture, un cheval et un guide. Quelle déception en haut : des nuages partout, et après m’être fait haler sur le cône de cendres, il m’a été dit : voilà le cratère, vous le voyez fumer ; il n’est pas prudent d’aller plus loin, et il n’y a qu’à redescendre. En bas du cône, nous avons obliqué pour nous approcher d’une coulée de lave incandescente.
    Le temps s’est éclairci lorsque j’étais dans la plaine. Il semble que cette époque de l’année n’est pas favorable aux ascensions. La prudence n’était pas exagérée ; il y a eu deux jets de pierres incandescentes comme nous commencions à descendre, et l’un des voyageurs a été blessé à l’endroit où nous devions aller.
    La descente en déambulant dans la cendre était amusante, et les guides ne comprenaient pas que je préfère gagner la voiture à pied plutôt qu’endurer les secousses du cheval ».

    Rome, 12 mars. En face de la Poste, installée dans le couvent où étaient en 1866 le mess des officiers et le Génie, j’ai retrouvé la maison où j’avais habité chez le commandant Maurice, maintenant Maison de Banque. Puis nous sommes allés à la Place du Peuple, qui n’a pas changé, avec ses fontaines, ses églises, et l’entrée du Pincio, puis au Palais Borghèse où il y a maintenant un marchand d’antiquités.
    Par la via Repetta, nous sommes allés au Tibre, qui est maintenant bordé de hauts quais avec des ponts en fer, ce qui le fait ressembler à un canal d’eau jaune et sale ; puis nous sommes revenus à la Place Navone, medium_RomeplaceNavone.jpg où il n’y a plus une seule boutique ambulante, ni un seul mendiant. Nous sommes passés devant le Panthéon, qui est complètement dégagé et entouré de grilles pour protéger les restes de murs que l’on a trouvés derrière.

    (à suivre…)

  • Voyage en Italie (fin)

    16 mars. Nous avons vu Saint-Jean-de-Latran medium_StJeanLatran.jpg et son musée, où il y a tant de choses superbes, la Voie Appienne, et, après déjeuner dans une osteria ayant vue sur la campagne romaine, nous sommes revenus par les Thermes de Caracalla.
    La campagne de Rome n’existe plus : partout la culture a remplacé les monticules stériles d’autrefois, et tout ce désert est maintenant habité. C’est certainement bien préférable au point de vue humain, mais l’artiste n’en déplore pas moins le charme qu’il avait éprouvé en voyant, de la Porte de Saint-Jean, la campagne au lever du soleil.

    17 mars. Prenant une voie qui menait à la Via Appia, nous avons recherché le Tombeau de Cecilius Metelle ; mais après avoir visité les sépultures des Scipions, nous nous sommes attardés pour déjeuner en plein air dans une osteria, avec, dans le fond, les montagnes de la Sabine, dont les cimes sont encore couvertes de neige.
    Puis nous sommes revenus admirer les ruines imposantes des Thermes de Caracalla, medium_ThermesCaracalla.jpg que l’on a bien changées par les consolidations qu‚on y a faites, mais dont on a aussi déblayé des parties que j’avais vues encombrées de débris de toute sorte.
    [Nous sommes] rentrés par le Forum de Trajan et l’église du Gesù.

    Rome, 19 mars. Notre journée du dimanche s’est passée à visiter quelques églises, après avoir assisté à la messe au Gesù, toujours aussi mondain et aussi fréquenté ; nous avons entendu des chants grégoriens.
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    À 11 heures un quart, nous étions au Palais Farnèse à admirer la belle galerie peinte par les Carrache, qui est restée superbe, fraîche de coloris, et si harmonieuse de composition. Ce beau palais appartient à la France, qui y loge son ambassadeur.
    Puis nous sommes allés au Trastevere, qui est bien changé : sur les hauteurs à travers les jardins de Saint-Onofrio, de la Villa Corsini et de Saint-Pierre-in-Montorio, jusqu’à la fontaine de l’Aqua Paula, on a créé un superbe jardin, avec de beaux arbres, palmiers et conifères, d’où l’on a la plus belle vue sur Rome, le Vatican, Saint-Pierre et la campagne.
    Aujourd’hui, j’ai passé la journée à errer dans la ville, à revoir bien des coins où j’étais passé étant jeune, pendant que Blanche était à Albano.
    C’est la fête de Saint Joseph ; aussi beaucoup de monde dans les églises, presque toutes les boutiques fermées, et toutes les trattoria populaires ornées de branches vertes, avec tentures aux couleurs pontificales et italiennes, et un tableau représentant Saint Joseph tenant l’Enfant dans ses bras. Et l’on fabrique des montagnes de beignets, que le peuple mange sur place ou emporte chez lui pour festoyer. C’est tout à fait local : c’est un vrai jour de fête : on se promène et on festoie.
    Rome est transformée et beaucoup de monuments sont mis en valeur, et bien des quartiers sont assainis ; il n’y a plus que des coins où l’on retrouve les vicolos d’autrefois. L’artiste n’y trouve plus ce pittoresque qui le charmait : ainsi, la Place Navone a maintenant des trottoirs en bitume, des grilles autour des fontaines, des bancs en marbre et l’éclairage électrique.
    Où sont les étalages de marchands de fruits, légumes, fleurs, les gens mangeant leur romaine, assis sur les vasques des fontaines, les femmes vendant leurs vieilles épingles en cuivre ; c’est maintenant une place qui n’a plus d’attrait que ses magnifiques fontaines. Ces beautés artistiques feront toujours de Rome une ville sans rivale.
    Blanche prend la parole : Je suis enchantée de ma promenade à Albano et Nemi, pour laquelle le temps m’a favorisée. Je suis allée à pied d’Albano à Nemi par une route superbe, avec de très beaux points de vue sur la campagne et au milieu d’oliviers magnifiques ; j’ai trouvé le lac Nemi délicieux avec ses eaux bleu clair et les deux petites villes de Genzano medium_Genzano.jpg et Nemi perchées sur les deux rives opposées.

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    J’ai poussé à pied jusqu’à Castelgandolfo, où j’ai repris le chemin de fer : la route domine le lac d’Albano et a des points de vue charmants.

    Gênes, 21 mars. Nous sommes arrivés hier soir après onze heures de chemin de fer peu intéressant sur une grande partie. Le paysage autour de Pise et Massa est assez beau, avec des montagnes aux silhouettes découpées, en partie encore couvertes de neige ; on voit en certains endroits les carrières de marbre.
    Nous sommes allés au Campo Santo, qui a étonné votre Mère par sa grandeur. Les monuments sont pour la plupart bien médiocres et d’une modernité bien déplorable. On souhaiterait plus de sobriété et dans la forme et dans l’exécution.


    Ernest Le Tourneau

  • Le péché originel (1)

    1. Son existence.
    Il est pour le moins étrange que l’on parle si peu du péché originel, alors qu’il s’agit d’une réalité essentielle qui apporte une explication aux problèmes du monde.
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    Voyons les faits. Après avoir créé Adam et Ève, nos premiers parents, Dieu les plaça dans le jardin d’Éden, le paradis, en disant : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais quant à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu seras condamné à mourir » (Genèse 2, 16-17). Las, voilà que, dédaignant tout ce dont ils disposent, Adam et Ève se laissent séduire par cet arbre et par le diable qui présente à Ève Dieu comme un obstacle à sa liberté. Il commence par poser une question apparemment innocente, mais en réalité très pernicieuse : « Est-ce vrai que Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » (Genèse 3, 1). L’interdit ne porte que sur les fruits d’un seul arbre. Ève tombe dans le piège et commence à dialoguer avec le démon. C’est son erreur fatale. « Ne dialogue pas avec la tentation. Laisse-moi te le redire : aie le courage de fuir, aie la force de ne pas jouer avec ta faiblesse, en te demandant jusqu’où tu pourrais tenir. Tranche, sans concession ! (saint Josémaria, Sillon, n° 137).
    Elle dit au serpent, forme sous laquelle le diable se présente à elle : « Des fruits des arbres du jardin, nous en mangeons. Mais les fruits de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, sinon vous mourriez » (Genèse 3, 2-3). Elle rétabli la vérité, certes. Mais le « serpent était le plus avisé de tous les animaux des champs » (Genèse 3, 1). Il sait comment embobiner son interlocutrice :
    « Non, vous ne mourrez pas, mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (Genèse 3, 4-5).
    Alors, « la femme vit que beau à voir, l’arbre était bon à manger, et désirable pour acquérir l’intelligence ; elle prit de ses fruits et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea » lui aussi, sans se soucier davantage des instructions divines (Genèse 3, 6).
    Les conséquences sont immédiates : « Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; et, ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures » (Genèse3, 7). La nudité, qui ne leur posait aucun problème tant que les passions étaient soumises à la raison, devient quelque chose de honteux et réclame la pudeur, une vertu qui « désigne le refus de dévoiler ce qui doit rester caché » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2521).
    L’homme se cache quand Dieu vient à sa recherche (voir Genèse 3, 9-10) : il a perdu confiance en la bonté paternelle de Dieu et, faisant un mauvais usage de sa liberté, a désobéi au commandement qu’il lui avait donné. C’est le premier péché, et c’est en cela que consiste aussi tout péché.
    « Dans ce péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là-même il a méprisé Dieu : il a fait le choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 398).
    Ce péché n’est pas un défaut de croissance, une faiblesse psychologique, une simple erreur ou la conséquence d’une structure sociale inadéquate. Il faut le voir à la lumière de la Révélation divine : « C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent L’aimer et s’aimer mutuellement » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 388).
    « L’homme et la femme sont responsables de la faute. Mais derrière leur choix, il y a une voix séductrice, opposée à Dieu (voir Genèse 3, 5), un accusateur de l’homme (voir Job 1, 11 ; 2, 5-7) qui, par envie, le fait chuter dans la mort (voir Sagesse 2, 24). L’Écriture et la tradition de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé satan ou diable » (Catéchisme des évêques de France, n° 115).

    (à suivre…)

  • Voyage en Italie en 1906

    Un de mes cousins, Louis Le Tourneau, a retrouvé de vieux papiers de famille et a pris la peine de transcrire le récit de voyages de mon arrière grand-père, Ernest Le Tourneau (1843-1917). Après le récit d’un voyage à Pompéi et au Vésuve, en 1866, on trouvera ci-dessous un nouveau récit, rédigé sous la forme d’un journal. Il est intéressant de remarquer les différences quarante ans plus tard, d’autant que cette année en marque le centenaire.

    VOYAGE de M. et de Mme Ernest LE TOURNEAU en Sicile, à Naples, à Pompéi, au Vésuve et à Rome, du 15 février au 21 mars 1906

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    15 février, à bord, de Gênes à Naples. Wagon bon et bien chauffé. Dehors, de la neige depuis Dijon, jusqu’à Gênes, avec un beau soleil la faisant briller pour la montée du Cenis ; puis, à la descente, un brouillard froid et gris venant voiler les plaines blanches et rendre le trajet ennuyeux jusqu’à Gênes.

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    Mercredi [14 février], visite de la ville et du port, par un temps froid et des ondées. Les palais ont un air de noblesse admirable. Nous en avons visité un, le Palais Palavicine, et nous avons été émerveillés du mouvement du port. Quelle différence avec Le Havre !

    Les vieilles rues de Gênes, étroites et montantes, sont bien amusantes, surtout à la sortie des fabriques ou autres endroits de réunion, quand le peuple encombre les vicolos.

    À 8 heures et demie, embarquement sur le Petoro, qui devait partir à 9 heures. Mais le chargement [ne s’est] terminé qu’à 4 heures du matin. Le bruit des grues, des gens et des caisses ou ballots ne favorisait pas le sommeil. Notre cabine est bonne, le déjeuner a été bon, vite servi, la mer est d’huile, et le soleil, peu à peu, est devenu brillant. Nous sommes assez près de la côte pour ne jamais la perdre de vue ; parfois même, on distingue toutes les maisons.

    Il ne fait pas froid au soleil, et votre Père respire le bonheur, bonheur complet, car nous ne rattraperons pas notre retard, et n’arriverons à Naples que vers 3 heures au lieu du lever du jour.

    M. Ernest Le Tourneau ajoute : Gênes a bien changé depuis mon premier séjour : larges voies, grandissimes maisons, comme à Paris, mais avec les beaux matériaux du pays et une diversité de styles amusante : romain, byzantin, gothique, moderne et grec. Tout se côtoie et se nuit un peu. Décidément, j’aime mon vieux Gênes.

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    Notre arrivée à Naples, vendredi 11 heures par un temps superbe, nous a permis de bien jouir de la vue de la baie, en rasant toute la côte depuis Misène.

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    Dans la journée, par un soleil superbe, nous sommes allés à San Miniato et revenus par le Corso Vittorio Emanuele. Nous sommes allés à Chiaja et avons visité l’aquarium, très intéressant. Mais que Naples a changé, et comme je suis loin de retrouver tout ce que j’avais vu. Ce n’est plus cette ville qui était si curieuse par ses vicolos, ses places populaires, et Santa Lucia avec ses osterias. Tout a disparu, mais c’est encore le pays de la lumière, et de la vie si vivante du midi, qui m’a toujours ravi.

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    Notre arrivée à Palerme à 7 heures nous a permis de voir l’entrée du port avec un demi soleil, car il y avait quelques nuages ; mais peu à peu le ciel s’est dégagé et nous venons de faire une agréable promenade, à voir des églises on ne peut plus tape-à-l’œil. Un marché en plein vent avec marchands de plats tout prêts à être mangés ; mais cette ville ne me paraît pas avoir le cachet de Naples. Les palais, maisons ou autres sont moins importants, et bien moins décoratifs : cela ne vaut pas les beaux palais de Gênes.

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    Les montagnes autour de Palerme sont couvertes de neige, et il est probable qu’il n’y a pas longtemps qu’elle est tombée. Les rues sont boueuses, et les habitants tout emmitouflés. Mais que de cris, et que les voix sont gutturales !

    (à suivre…)

  • ancêtres (4)

    Liliane Guerry (1916-2006), docteur ès lettres, directrice du département d’esthétique au CNRS, créatrice et directrice de la collection L’esprit et les formes (Klinksieck), auteur d’ouvrages sur l’esthétique, dont Jean Pélrein Viator, sa place dans l’histoire de la perspective (Les Belles lettres), Fresques romanes de France (Hachette), ou Cézanne et l’expression de l’espace (Albin Michel, 2e éd., 1995). Médaille d’or du CNRS. Liliane Guerry était la femme de Marcel Brion.

    Prince Ferdinand de Lacerda (1254-1275), de Castille et Léon.

    Alban Laibe (1881-1956). Ancien élève de l’X (promotion 1902), Alban Laibe avait été officier au Sahara de 1908 à 1912. Il écrivit des notes de route sur son aventure saharienne, Au pays des hommes voilés (ce texte se trouve sur ce site, avec des photos de l’auteur). Il fonda en 1922 à Paris l’Agence Coloniale Française, qui publiait un quotidien du soir d’informations économiques et financières intitulé Agence française & coloniale et un hebdomadaire, La Semaine coloniale. Il est le dernier Français à avoir rencontré Charles de Foucauld avant qu’il ne soit tué. Officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre de l’Etoile d’Anjouan et du Nichan Iftikar, croix de Guerre 1914-1918, médaille coloniale.

    Joachim Lebreton (1760-1819, mort au Brésil), membre du Tribunat, membre de l’Institut (dès sa création), un des organisateurs du musée du Louvre. Il fut le premier Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux Arts. S’étant opposé avec véhémence à la Restauration contre la confiscation des collections du Louvre voulue par Wellington et contre la restitution des œuvres saisies par Napoléon, il s’exila au Brésil avec un groupe de peintres et d’artistes. Il y fonda une Académie des Beaux Arts, dont il fut premier Secrétaire perpétuel. Il publia plusieurs ouvrages de rhétorique.

    Marcel le Tourneau (1874-1912), architecte DPLG et archéologue, expert près la Cour d’appel de Paris. Après plusieurs voyages d’étude en Italie, Grèce (Météores et Thessalie), Liban, Tunisie et Turquie, il fut chargé de missions scientifiques par le Gouvernement français à Salonique (alors dépendant de l’Empire ottoman), "relatives à l’archéologie byzantine". Au cours de celles-ci (en 1905, 1907, 1908, 1909 et 1910), il découvrit et restaura les célèbres mosaïques. Il donna à l’Académie des Beaux Arts des communications sur ses travaux et il publia des ouvrages. Certaines mosaïques de Salonique disparurent dans le grand incendie qui ravagea cette ville en 1918, de sorte que leur représentation ne subsiste que par les clichés et les aquarelles de Marcel le Tourneau.

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    Jean-Jacques (dit James) Pradier (1790-1852), statuaire très célèbre dès son vivant, ami de tous les artistes et écrivains de son époque, membre de l’Académie des Beaux Arts. Officier de la Légion d’honneur. On lui doit, entre autres, les douze victoires du tombeau de Napoléon aux Invalides, Sapho (Musée d’Orsay), les statues de Lille et de Strasbourg sur la place de la Concorde à Paris, les renommées sur l’Arc de Triomphe, des sculptures au Sénat, une Pietà à Notre-Dame de la Garde à Marseille, sept stations du Chemin de Croix dans la basilique Sainte-Clotilde, à Paris, une Vierge dans la cathédrale Notre-Dame des Doms à Avignon pour laquelle sa femme, Louise d’Arcet, aurait servi de modèle, etc. medium_Pradier1.jpg

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    Guillaume Rouelle (1703-1770), membre de l’Académie des sciences, des Académies d’Erfurt et de Stockholm, professeur de chimie au Jardin du Roi (Diderot, Lavoisier, Malesherbes, Rousseau, notamment, suivirent ses cours).

    Hilaire Rouelle (1718-1799), frère du précédent, chimiste, membre de l’Académie des sciences, professeur de chimie au Jardin du Roi (poste où il succéda à son frère).

  • 7 octobre : Notre-Dame du rosaire

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    Aujourd’hui, 7 octobre, l’Église célèbre la Sainte Vierge sous l’invocation de Notre-Dame du Rosaire.
    Le pape Léon XIII écrivait que, parmi ses différents titres, « le rosaire a celui-ci de très remarquable qu’il a été institué surtout pour implorer le patronage de la Mère de Dieu contre les ennemis du nom chrétien. À ce point de vue, personne n’ignore qu’il souvent et beaucoup servi à soulager les maux de l’Église […] (voir la note du 1er octobre 2006). Nous donc, en l’honneur de Marie, la très auguste Mère de Dieu, en souvenir perpétuel du secours demandé par tous les peuples à son Cœur très pur en ce mois d’octobre, en témoignage perpétuel du très grand espoir que Nous mettons en cette Mère très aimante ; pour obtenir chaque jour davantage de sa bienfaisante protection, Nous voulons et décrétons que dans les litanies de Lorette, après l’invocation « Reine conçue sans le péché originel », soit ajoutée la formule : « Reine du très saint Rosaire, priez pour nous » (lettre apostolique Salutaris illa, 24 décembre 1883).
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    « Le début du chemin, dont le terme est d’être complètement fou de Jésus, est un amour confiant envers Marie.
    — Veux-tu aimer la Sainte Vierge ? — Eh bien ! fréquente-la. Comment ? — En priant
    bien le Rosaire.
    Mais, dans le Rosaire… nous répétons toujours les mêmes choses ! — Toujours les mêmes choses ? Et ceux qui s’aiment, ne se disent-ils pas toujours les mêmes choses l’un à l’autre ?… La monotonie de ton Rosaire ne viendrait-elle pas de ce que, au lieu de prononcer des mots comme un homme, tu émets des sons comme un animal, l’esprit très loin de Dieu ? Écoute encore ceci : le mystère que nous allons contempler est indiqué avant chaque dizaine. — Est-ce que toi… tu as jamais contemplé ces mystères ?
    Fais-toi petit. Viens avec moi et — c’est là le point central de ma confidence — nous vivrons la vie de Jésus, de Marie et de Joseph.
    Chaque jour nous leur rendrons un nouveau service. Nous écouterons leurs conversations familiales. Nous verrons grandir le Messie. Nous admirerons ses trente ans de vie cachée… Nous serons présents à sa Passion et à sa Mort… Nous serons éblouis par la gloire de sa Résurrection…
    En un mot : fous d’Amour (il n’y a pas d’autre amour que l’Amour), nous contemplerons tous les instants de la vie de Jésus-Christ
    » (saint Josémaria, Saint Rosaire, au lecteur).

  • Voyage en Italie (suite 3)

    Taormine, 27 février. medium_Taormine1.2.jpg
    En arrivant hier, nous sommes allés au Théâtre, où nous avons eu un beau coucher de soleil. Quelle merveille situation, et qu’une représentation devait être superbe, avec une telle toile de fond. Mais le théâtre est bien plus romain que grec, et a perdu cette simplicité que j’ai admirée à Syracuse, où l’effet était laissé au cadre extérieur.
    Le matin et l’après-midi, nous sommes retournés au théâtre, pour voir les effets de lumière que donnaient un soleil radieux et un ciel sans nuages.
    Entre temps, nous avons visité la Cathédrale, divers palais, et la Naumachie, en réalité des thermes, dont il reste des murs en briques ornés de niches profondes et d’autres plus petites, les grandes pour s’y asseoir, les petites pour recevoir des statues ; enfin, une très belle piscine, rappelant en moins grand la piscine de Baïes.
    Cette petite ville est la plus admirablement située du monde, et l’on ne peut rêver de plus belles teintes au coucher du soleil.
    Le Carnaval est peu animé : des enfants déguisés et un joueur d‚accordéon.
    Nous sommes à l’Hôtel Victoria, très bien situé, et, de notre chambre, nous voyons la baie de Naxos et l’Etna. Mais que d’Allemands ! Il n’y a presque que cela. Un ménage anglais, à côté de nous à table, s’en plaint et a été heureux de nous trouver pour parler anglais. Partout, on rencontre des aquarellistes femmes ; les enfants ne demandent pas la « moneta » comme à Syracuse.

    28 février. Votre Mère a fait ce matin l’ascension du Monte Venerre, 836 mètres par un chemin des plus rocailleux, avec, pour finir, une montée d’un grand quart d’heure dans les pierres. Malheureusement, le ciel était brumeux, et elle n’a pas vu tout ce qu’elle espérait. Les côtes de Calabre étaient cachées, ainsi que le bas des montagnes de Taormine, mais l’Etna et les montagnes de l’intérieur se voyaient parfaitement. Partie à 7 heures, elle est rentrée à midi et demie.
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Naples, 4 mars. Après avoir vu Messine pendant une demie-journée, qui est une très belle et grande ville, avec une cathédrale dont la façade est ornée de marbres faisant mosaïque comme à Florence, nous sommes allés coucher à San Giovanni, en face, de l’autre côté du détroit, et nous en sommes repartis le matin pour jouir des côtes de Sicile éclairées par le soleil levant, avec des montagnes couvertes de neige dans le fond. Nous sommes repartis pour Cefalù,
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où nous avons couché, et dont la façade de l’église est curieuse ; à l’intérieur, dans l’abside, sont des mosaïques plus belles que celles de Monreale ; celles des nefs ont été détruites.
Le sergent de ville [= policier] de l’endroit nous a accompagnés pour nous délivrer des mendiants et des soi-disant guides.
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Arrivés à Palerme pour déjeuner, nous en sommes repartis à 7 heures et demie par le « Christophe Colomb », après une jolie promenade au Couvent de Santa Maria del Jesu, d’où la vue est superbe sur Palerme et son port, puis au Jardin Anglais, planté de palmiers, aloès et autres plantes tropicales.
Aujourd’hui, dimanche, Naples est animé comme Paris, et on a peine à circuler dans la rue de Tolède, qui s'appelle medium_Naplescathedrale.2.jpg

maintenant Via Roma, et dans Chiaja qui mène au Jardin Public bien augmenté et agrandi. Toujours les mêmes cris et le même mouvement : le peuple ne peut pas être calme.
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5 mars. Notre journée a été occupée à aller, par un temps superbe, à Torre del Greco et Portici, où nous sommes allés en tram[way] pour 0.40 par personne. Tout est construit tout le long de la route. Quel changement ! On ne reconnaît plus les routes que j’ai faites il y a quarante ans. Déjeuner dans une trattoria au-dessus du port ; en face, le Vésuve, qui fume beaucoup et a une traînée rouge sur le côté gauche.
Naples est toujours aussi grouillante et animée ; on peut à peine circuler dans les vias Chiaja et Roma. Mais du côté de Pouzzoles et du Pausilippe, des quartiers absolument neufs avec de grandes maisons.
Nous sommes au deuxième étage d’une pension via Partenope I, notre chambre a vue sur le Pausilippe, à l’angle du jardin public qui longe la mer.

6 mars. Nous avons fait, par un temps superbe, la tournée de Pouzzoles, Baïes et le cap Misène. Partis à 9 heures, nous ne sommes rentrés qu’à 6 heures et avons vu le soleil se coucher pendant que nous descendions le Pausilippe.
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La Solfatare a de nouvelles fumerolles depuis que le Vésuve est en activité. Elles sont assez puissantes pour faire bouillonner les cendres.
De là, nous sommes allés à l’amphithéâtre, si curieux par ses chambres sous l’arène, où l’on devait enfermer bêtes et hommes. Nous sommes passés ensuite le long du lac d’Agnano, d’Averna et de Fusaro. On ne visite plus la grotte du chien où j’étais allé.
Après déjeuner, nous sommes allés en voiture à la Piscine Mirabile, de dimensions colossales, et au Cap Misène, d’où l’on gagne à pied un petit kiosque à mi-hauteur, d’où la vue est superbe sur la Baie et les Iles.

(à suivre…)

  • Voyage en Italie (suite 2)

    23 février. La route de Girgenti à Syracuse est longue et monotone, avec quelquefois de beaux points de vue sur les montagnes couvertes de neige. L’Etna, tout blanc et brillant au soleil, fait bel effet et est bien majestueux. Nous en avons bien joui, et on ne peut le voir mieux.
    La campagne commence à s’animer. Les paysans labourent et préparent leurs vignes ; mais on laboure comme au temps des Romains avec la houe de bois.
    La route côtoie des carrières de soufre, dont on voit seulement les fours de distillation, car elles sont souterraines. Dans la plaine de l’Etna, il y a de belles cultures d’orangers, et des arbres fruitiers en grand nombre, qui donnent à la campagne un aspect de printemps.

    Syracuse, 24 février.

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    La ville est petite et n’a d’intéressant que son église cathédrale avec de superbes colonnes du temple de Minerve, une fort belle chapelle en marbre blanc, et de magnifiques grilles de clôture en fer forgé, assemblées par des ornements rapportés.
    Le théâtre grec, l’amphithéâtre romain et les latomies sont d’intérêt tout à fait unique :
    - le théâtre par sa construction, puisqu’il est entièrement creusé dans le rocher, sa situation puisque la mer lui sert de fond de scène, position qui n’est surpassée que par celle du théâtre de Taormine.
    - l’amphithéâtre par sa position, également creusé en partie dans le rocher ; malheureusement, il ne reste aucune décoration et l’on est dans l’impossibilité de tenter une reconstitution vraisemblable.
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    - les latomies, anciennes carrières, dont le ciel s’est effondré en maints endroits, sont devenues de véritables oasis de verdure, avec toutes sortes d’arbres et de plantes, où le mandarinier voisine avec le citronnier, l’olivier, le palmier et les plantes des Tropiques.
    Les catacombes sont fort curieuses par la longueur de leurs voies et les dimensions de leurs carrefours ou salles rondes, bien plus grandes que celles de Rome. Les tombes sont parfois réunies dans une chambre faisant comme une chapelle particulière ouvrant par une baie sur la voie, que fermait probablement une porte.
    Toutes les sépultures ont été violées, et il ne reste que quelques ossements et quelques débris de poteries grossières.

    25 février. Partis le matin en voitures, nous sommes allés visiter un ancien château fort à l’extrémité ouest de l’ancienne ville, curieux par ses souterrains et ses magasins, creusés dans le roc.
    Du haut des tours, la vue est superbe sur la baie de Syracuse et l’ancienne ville, qui était immense. Il n’en reste rien.
    Après déjeuner dans une maison décorée à la Pompéienne, nous avons repris la voiture et gagné une barque qui nous attendait à l’entrée de la Pima, petite rivière que nous avons remontée jusqu’à sa source, au milieu des papyrus qui la bordent sur ses deux rives, et font presque un berceau de verdure d’un effet très pittoresque, tout à fait inconnu des habitants du nord.
    En rentrant, nous avons visité les restes du gymnase romain. On y voit une piscine, une palestre, et on y trouvera sans doute autre chose, tout n’étant pas déblayé.
    Comme c’est aujourd’hui dimanche, on promène le Bonhomme Carnaval, gros Anglais remuant têtes [sic] et bras, avec une nuée de pierrots et d’arlequins sous sa chaise. La musique de la ville la précède et joue un air endiablé. Dans la ville, on se jette des confetti. Partout, des enfants costumés et les gens sur leurs portes regardent passer la foule.

    26 février. La route pour gagner Taormine côtoie la mer. Le temps est splendide et le soleil éclaire l’Etna tout blanc, se dessinent sur une mer bleue. [Il doit manquer quelques mots, au moins le sujet pluriel de « se dessinent »]
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  • (à suivre…)