Portée par les ans, Marie est entrée dans la gloire du ciel. Elle a atteint « l’état de bonheur suprême et définitif » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1024) en quoi consiste le ciel. Elle qui est à la fois Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils et Épouse de Dieu le Saint-Esprit, voit les trois Personnes divines en « face à face » (1 Corinthiens 13, 12).
En réalité, Marie devient la Reine du ciel et de la terre quand elle donne son assentiment à l’ambassade de l’archange saint Gabriel qui lui demande si elle accepterait d’être la Mère du Messie Sauveur : Ecce ancilla Domini, « Voici la servante du Seigneur : qu’il m’arrive selon ta parole » (Luc 1, 38).
De même que Marie a été associée par son Fils au Salut de l’humanité, il en découle en bonne logique qu’Il veut l’associer aussi au gouvernement de l’univers. C’est pourquoi lui, qui est le Christ-Roi (voir mon texte pour le 3ème mystère douloureux) la couronne Reine du ciel et de la terre. Comme celle de son Fils, cette royauté est toute spirituelle.
L’Église tout entière dit sa foi en cette royauté de Marie quand elle l’invoque dans les litanies de Lorette, récitées d’ordinaire à la fin du chapelet, en tant que Reine des anges, Reine des patriarches, Reine des prophètes, Reine des apôtres, Reine des martyrs, Reine des confesseurs, Reine des vierges, Reine de tous les saints, comme Reine conçue sans le péché originel, Reine élevée dans les cieux, Reine du très saint Rosaire (voir mon texte du 7 octobre), Reine de la famille (invocation ajoutée par le pape Jean-Paul II), et Reine de la paix.
Mais bien des pays, des villes, des collectivités l’invoquent aussi comme leur Reine. Et puisqu’elle est notre Mère dans le domaine de la grâce, il est normal qu’elle règne aussi dans notre âme avec son divin Fils. Nous avons tout intérêt à ce qu’il en soit ainsi, parce que les obstacles à la présence de l’Esprit Saint en nous en seront d’autant plus aisément ôtés.
Un ancien chant liturgique, peut-être composé par saint Bernard, l’Ave Regina cælorum, dit :
« Je vous salue, Reine des cieux,
je vous salue souveraine des anges ;
oui, salut, tige de Jessé ; salut, porte
par où la lumière s'est levée pour le monde.
Réjouissez-vous, Vierge glorieuse,
belle entre toutes les vierges.
Soyez heureuse, ô vous dont le charme est si grand,
et rendez-nous le Christ favorable. »
Les âmes pieuses savourent souvent ces mots qui sont pour elles plus doux que le miel.
Alors que s’achève ainsi le parcours des vingt mystères du rosaire, et avant de parler des litanies, il n’est pas superflu d’évoquer l’adage latin de Mariam numquam satis, « on n’en [dira] jamais trop de Marie », tout en respectant sa nature d’être créé. On ne vantera jamais trop ses mérites. On n’aura jamais trop recours à sa protection maternelle que les artistes ont représentée sous la forme de la Mater omnium, la « Mère de tout », abritant la foule des chrétiens à l’ombre de son manteau.
En guise de mot final, nous lui demandons avec confiance, en nous servant d’un verset de l’hymne Ave maris stella : Monstra te esse Matrem, « montrez que vous êtes Mère », notre mère, faites-nous sentir votre maternité bienfaisante, afin que nous soyons fidèles à votre Fils et que, comme lui et comme vous, nous marchions sur le chemin de la pleine identification à la Volonté du Père dans la lumière de l’Esprit Saint.
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5ème me glorieux : le couronnement de la Vierge Marie
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3ème mystère glorieux : la descente du Saint-Esprit sur les apôtres
Dix jours s’écoulent entre l’Assomption de Jésus au ciel et la venue du Saint-Esprit qu’il a promis d’envoyer d’auprès de son Père. Dix jours d’intense préparation spirituelle vécus par les apôtres dans le recueillement et la proximité de la très Sainte Vierge : « Eux tous, d’un même cœur, persévéraient dans la prière, ainsi que des femmes, Marie, la mère de Jésus, et des frères » (Actes 1, 14).
Jésus avait annoncé, au cours de la dernière Cène : « Mieux vaut pour vous que je parte, car, si je ne partais pas, l’Intercesseur ne viendrait pas vers vous. En revanche, si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jean16, 7). Et « l’Esprit de vérité qui procède du Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi » (Jean 15, 26). « Il vous guidera vers la vérité totale, car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu’il a entendu et il vous annoncera l’avenir » (Jean16, 13).
De fait, quand ils seront emprisonnés, les apôtres déclareront devant le sanhédrin : « Nous sommes témoins de ces choses, ainsi que l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Actes 5, 32).
Les apôtres sont donc « réunis au complet » (Actes 2, 1) en prière quand, au dixième jour, « subitement vint du ciel un bruit semblable à un violent coup de vent, qui retentit dans toute la maison où ils se tenaient, et ils virent apparaître des langues séparées, pareilles à du feu, qui se posèrent sur chacun d’eux » (Actes 2, 2-3). Jean-Baptiste avait prophétisé que Jésus baptiserait « dans l’Esprit et le feu » (Luc 3, 16). De fait, « tous furent remplis de l’Esprit Saint, et ils se mirent à parler en d’autres langues, suivant que l’Esprit leur donnait de proférer » (Actes 2, 4).
Ainsi s’accomplit la promesse de Jésus : « Quand l’Esprit descendra sur vous, vous recevrez de la force et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8).
L’irruption de l’Esprit du Père et du Fils donne naissance à l’Église — « ce jour-là, trois mille personnes environ s’adjoignirent [aux croyants] » (Actes 2, 41) — et le coup d’envoi de l’épopée missionnaire qui se poursuit de nos jours, sous la conduite du même Esprit.
Le baptisé et le confirmé, qui a reçu, lui aussi, la « force d’en haut » (Luc 24, 49), se doit d’être apôtre, d’annoncer la parole de Dieu « à temps et à contretemps » (2 Timothée 4, 2), sans s’inquiéter des réactions que cela pourra produire. « Ma vie se heurtant à un milieu paganisé ou païen, mon naturel ne va-t-il pas sembler factice ? » me demandes-tu. — Je te réponds : il y aura choc, sans doute, entre ta vie et ce milieu ; et ce contraste, où ta foi se confirmera par les œuvres, est précisément le naturel que je te demande » (saint Josémaria, Chemin, n° 380).
Deux millénaires de christianisme ont apporté à l’Église une longue expérience de l’opposition acharnée du diable et de ses suppôts, et des persécutions plus ou moins ouvertes et virulentes. Mais, « quand on vous livrera, avait annoncé Jésus, ne vous préoccupez ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous direz : ce que vous devrez dire vous sera suggéré au moment même, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera pour vous » (Matthieu 10, 19-20). Et c’est bien ce qui étonnera les chefs religieux quand ils entendront prendre la parole avec éloquence et assurance Pierre et Jean, « qu’ils savaient être des hommes sans instruction et du commun » (Actes 4, 13).
Le chrétien a donc la responsabilité d’être apôtre. Mais il ne se prêche pas lui-même : il annonce Jésus-Christ, mort et ressuscité ; il l’annonce en se faisant le haut-parleur de l’Esprit qui conduit au Père. En effet, c’est dans l’Esprit que nous crions : « Abba ! Père ! » (Galates 4, 6), que nous vivons avec joie notre filiation divine et que nous pouvons la faire partager à d’autres. -
2ème mystère douloureux : la flagellation
Pilate ne semble guère disposé à entrer dans les vues des chefs du peuple juif qui lui amènent Jésus pour qu’il le juge. « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » leur demande-t-il. Et eux de répondre : « Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré » (Jean 18, 29-30). Mais ils semblent incapables d’avancer des chefs d’accusation précis.
Quand ils ont fait passer Jésus en jugement, en pleine nuit, à la hussarde, ils n’ont pas réussi à trouver des témoins crédibles et capables de se mettre d’accord, leur permettant de formuler une accusation qui tint la route… Alors ils ne savent qualifier Jésus que du terme flou de « malfaiteur ».
Pilate accepte d’interroger Jésus. Il conclut : « Je ne trouve chez lui aucun motif de condamnation » (Jean 18, 38).
Les Juifs précisent qu’« il soulève le peuple, enseignant dans toute la Judée, depuis la Galilée, où il a débuté, jusqu’ici » (Luc 23, 5). Pilate profite de cette information pour faire une manœuvre de diversion en envoyant Jésus chez Hérode, mais sans faire avancer la cause.
« Vous m’avez amené cet homme comme excitant le peuple à la révolte. Je l’ai interrogé devant vous, et je n’ai trouvé en lui aucun des crimes dont vous l’accusez, ni Hérode non plus, car il nous l’a renvoyé. Vous le voyez : rien n’a été prouvé contre lui qui mérite la mort » (Luc 23, 14-15). Le procureur sait que l’objectif des Juifs est la mort du rabbi. Quand il leur avait dit : « Prenez-le, vous autres, et jugez-le selon votre loi », ils avaient répondu : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort » (Jean 18, 31-32). Pour eux, la sentence était arrêtée avant que le procès ne commence… C’est pourquoi quand Pilate a demandé à la foule, qui grossissait et manifestait de façon inquiétante pour le maintien de l’ordre public, de choisir entre Barabbas et Jésus, elle avait opté pour la libération du premier, qui « était un brigand » (Jean 18, 30), et réclamé pour Jésus « qu’il soit crucifié » (Matthieu 27, 23).
Il est triste de voir la veulerie de Pilate. Il se décide pour une côte mal taillée : « Je vais donc le libérer après l’avoir fait châtier » (Luc 23, 16). « Je suis innocent du sang de ce juste » (Matthieu 27, 24), dira-t-il plus tard pour se justifier et se donner bonne conscience à bon marché. Et il livre Jésus pour que ses soldats le flagellent, sachant très bien qu’ils n’allaient pas être tendres avec Jésus. Drôle de justice !
Quel parti prenons-nous ? Celui de Jésus, venu rendre témoignage à la Vérité ? (cf. Jean 18, 37). Celui de Pilate qui ne veut pas compromettre sa carrière et se lave les mains du meurtre d’un innocent ? Celui de la foule excitée par ses chefs qui réclame la mort de Jésus sans trop savoir pourquoi, tout en disant : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu 27, 25) ? Celui des apôtres qui ont pris la fuite dans une peur panique ? Celui de Marie, de Jean et des saintes femmes, qui prient en silence, acceptent la volonté de Dieu et lui font pleinement confiance ? -
1er mystère glorieux : la Résurrection
Le surlendemain de la mort du Christ sur la Croix, une fois le grand sabbat de la Pâque achevé, les saintes femmes « qui étaient venues avec lui de Galilée » (Luc 23, 55), prennent « alors qu’il faisait encore nuit » (Jean 20, 1) « les aromates qu’elles avaient préparées » (Luc 24, 1) pour achever de « l’embaumer » (Marc 16, 1). Il s’agit de « Marie la Magdaléenne et de l’autre Marie » (Matthieu 28, 1), c’est-à-dire « la mère de Jacques ». Salomé est aussi présente (Marc 16, 1).
« Elles se disaient entre elles : « Qui va nous rouler la pierre de devant l’entrée du tombeau ? » Et en regardant, elles s’aperçurent que la pierre avait été roulée » (Marc 16, 3-4). « Alors qu’elles ne savaient comment interpréter la chose, voilà que deux hommes en vêtements éblouissants se présentèrent à elles » (Luc 24, 4). Elles « furent prises de frayeur » (Marc 16, 5), n’osant lever les yeux (cf. Luc 24, 5). Mais ils leur dirent : « N’ayez pas de frayeur ! C’est Jésus de Nazareth que nous cherchez. » Ils montrent ainsi qu’ils sont au courant du sens de leur démarche. « Il est ressuscité. Il n’est pas ici » (Marc 16, 6).
Voici la nouvelle la plus inouïe jamais entendue : le Christ est ressuscité ! Il est bien mort le Vendredi saint, et les saintes femmes « examinèrent le tombeau et comment le corps avait été placé » (Luc 23, 55). Mais « il n’est pas ici ». Il n’est plus dans le sépulcre. Il est ressuscité !
Marie-Madeleine, qui a tant aimé Jésus, a le privilège d’être témoin de sa première apparition. Jésus, qu’elle prend pour le jardinier, lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Elle répond : « Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, pour que j’aille le reprendre » (Jean 20, 15). Elle s’exprime avec énergie et conviction. Elle veut son Jésus, comme nous devrions toujours vouloir être en sa présence. Jésus lui dit : « Myriam ! » Elle, se retournant, lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » — ce qui veut dire « Maître » —. Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers le Père, mais va-t-en vers mes frères et dis-leur que je vais remonter vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 16-17).
Quand on sait le peu de cas que les hommes faisaient à l’époque de ce que les femmes disaient, et le peu de considération dont elles jouissaient dans la société, il est frappant de constater que Jésus charge précisément une femme d’aller annoncer aux disciples qu’il est ressuscité et qu’il va les « précéder en Galilée » (Marc 16, 17).
Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité, alléluia ! La mort n’a pas pu avoir d’emprise sur lui. Il était mort quand il l’avait voulu, quand « l’heure était venue pour lui de passer de ce monde auprès du Père » (Jean 13, 1). Mais il avait parlé de son pouvoir sur sa propre vie : « Je donne ma vie, pour la recouvrer ensuite. Personne ne me la prend : c’est moi qui la donne de mon propre chef. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la recouvrer ensuite » (Jean 10, 17-18). Jésus est ressuscité par la toute-puissance qu’il possède en tant que Dieu. Il est ressuscité !
Il faudra que Jésus se présente en personne pour qu’ils croient. Le soir de sa résurrection, jour que nous appelons Pâques, alors que les portes du Cénacle étaient « fermées par peur des Juifs, Jésus arriva et se trouva devant eux » (Jean 20, 19). Ils sont stupéfaits et n’en croient pas leurs yeux. Pour les tirer de leur hébétude, le Seigneur leur dit : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est moi en personne. Touchez et voyez » (Luc 24, 39).
Jésus est ressuscité ! Il se montre à deux disciples, Cléophas et son compagnon, tous deux originaires d’Emmaüs, qui sont découragés et désertent. Ils ne le reconnaissent qu’à la fraction du pain et, retournant à Jérusalem reprendre leur place parmi les disciples, « ils se dirent l’un à l’autre : « N’avions-nous pas le cœur tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, nous expliquant les Écritures ? » (Luc 24, 32). Et à Jérusalem, les frères leur dirent : « Réellement le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon » (Luc 24, 34).
Et il apparaît encore huit jours plus tard pour l’apôtre Thomas qui continuait de refuser à croire. Sans doute sa sensibilité était-elle tout particulièrement meurtrie par les événements du Jeudi et du Vendredi saints. « Il dit à Thomas : « Amène ton doigt ici et regarde mes mains ; puis amène ta main et mets-la dans mon côté. Et ne sois pas incrédule, mais croyant » (Jean 20, 27).
Jésus est ressuscité ! C’est le cœur du message évangélique. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans effet ; vous êtes donc encore dans vos péchés » (1 Corinthiens 15, 17). Le Christ est ressuscité ! Faisons un acte de foi comme Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20, 28). Oui, mon Seigneur et mon Dieu, je crois que tu es vivant, « le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (Hébreux 13, 8), et que tu es ressuscité comme prémices de notre propre résurrection à la fin des temps (cf. 1 Corinthiens 15, 20-24).
Ste Écriture (6)
Pour une « approche » correcte des Saintes Écritures, il convient d’en aborder la lecture avec des dispositions d’écoute et de méditation, pour en retirer tous les fruits possibles.
« À celui qui possède l’amour de la Parole, sera aussi donnée l’intelligence pour comprendre cette Parole qu’il aime, tandis que celui qui n’aime pas la parole ne goûtera pas les délices de la vraie sagesse, même s’il croit la posséder, à cause de ses qualités naturelles ou de ses études » (Saint Bède, Commentaire à l’Évangile de Marc ). Dans l’Écriture Sainte, « que l’on ne peut comparer qu’à la Sainte Eucharistie », comme le disait Claudel (« Introduction à l’Évangile d’Isaïe », Le poëte et la Bible II 1945-1955, Paris, 2004, p. 1289), l’Église trouve sans cesse sa nourriture et sa force, car en elle, elle n’accueille pas seulement une parole humaine, « mais ce qu’elle est réellement : la Parole de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 104), qui ne cesse de nous rapporter les magnalia Dei (Saint Augustin, In Ioannis Evangelium tractatus 122, 2), au profit des hommes. De plus, nous dit Théodore de Cyr, « écouter les paroles ne suffit pas pour être sauvé. Il faut les recevoir avec foi et les garder avec fermeté. À quoi sert la promesse divine à ceux qui l’ont reçue, s’ils ne l’ont pas reçue fidèlement et s’ils n’ont pas mis leur confiance dans le pouvoir de Dieu et ne se sont pas fondus, pour ainsi dire, dans les paroles divines ? » (Interpretatio Epistulæ ad Hæbreos 4).
Il y a donc tout intérêt à effectuer cette lecture pour chercher une implication concrète des textes scripturaires dans notre vie de chrétien plongé dans les réalités du monde, à l’instar de nos premiers frères dans la foi. En effet, fait remarquer l’évêque d’Hippone, « ceux qui se parent d’un nom et qui ne l’ont pas, quelle joie leur donne-t-il, ce nom, si ce n’est pas la réalité ?… Ainsi beaucoup s’appellent chrétiens, mais ne le sont pas, parce qu’ils ne sont pas ce qu’ils disent être ni dans la vie, ni dans les mœurs, ni dans l’espérance, ni dans la charité » (Saint Augustin, In Epistola Ioannis tractatus 4, 4, cité par Jean-Paul II, « Discours à 8 000 professeurs, élèves et anciens élèves de collèges romains », 9 février 1980).
(à suivre…)
Ste Écriture (4)
L’Écriture Sainte étant la Parole de Dieu, elle est insondable, c’est-à-dire que l’homme n’arrivera jamais à la connaître en profondeur. Il ne peut que s’approcher de la Vérité, en acquérir une connaissance toute partielle et limitée. Mais cela explique aussi qu’à chaque génération, et que pour chaque croyant lui-même, un progrès dans l’approfondissement soit possible, que de nouvelles significations puissent être découvertes. C’est le cas, pour citer un exemple, quand saint Josémaria Escriva comprend, à partir de Genèse II, 15 où il est dit que l’homme a été placé dans le jardin d’Éden ut operaretur, pour qu’il le cultive, que l’homme a été créé pour travailler et participer ainsi à l’activité permanente de Dieu. D’ailleurs, Dieu avait dit lui-même : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, et je révélerai des choses cachées depuis la création du monde » (Matthieu 13, 35 ; cf. Psaume 78, 2).
Cette Parole est proclamée à la messe à tous les fidèles, qui l’écoutent debout en signe de respect. Après la lecture, l’officiant invite : « Acclamons la Parole de Dieu. » Ce à quoi le peuple répond : « Louange à Toi, Seigneur Jésus », confessant ainsi que la Parole est bien le Verbe de Dieu. Cette Parole, est écoutée « dans la Tradition vivante de toute l’Église », car c’est le magistère de l’Église qui seul a autorité pour l’interpréter de façon authentique. « Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture se lit bien plus dans le cœur de l’Église que dans les moyens matériels de son expression. En effet, l’Église porte dans sa tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c’est l’Esprit Saint qui lui donne l’interprétation spirituelle de l’Écriture » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 113). D’où l’exclamation de saint Grégoire le Grand : « Oh ! l’admirable profondeur des paroles de Dieu ! C’est une joie que de diriger là son regard, une joie de pénétrer ses secrets, avec la grâce pour guide. Chaque fois que nous la scrutons, essayant de comprendre, que faisons-nous, sinon entrer dans l’opacité des forêts pour nous dérober dans la fraîcheur aux chaleurs étouffantes de ce monde ? » (Homélies sur Ézéchiel 1, 5, 1).
« La force et la puissance que recèle la parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 21). C’est pourquoi l’accès à la Sainte Écriture doit être « largement ouvert aux chrétiens » (Ibid., n° 22). Recourons encore à saint Augustin, qui énonce une proposition hardie : « La Parole de Dieu que l’on ouvre chaque jour, que l’on vous rompt en quelque sorte, est aussi un pain quotidien. Nos esprits ont faim de lui, comme de l’autre pain nos corps » (Sermon 58, 5). Et saint Ambroise d’affirmer dans la même ligne : « Corps [du Fils de Dieu] sont les Écritures qui nous sont transmises » (Expositio in Lucam 6, 33). Le fidèle se nourrit donc et du Pain de la parole de Dieu et du Pain de l’Eucharistie.
(à suivre…)
Le péché originel (2)
2. Les conséquences.
Quand Dieu l’avait créé, il avait comblé l’homme de bienfaits : des dons surnaturels — la grâce de la sainteté originelle était « une participation à la vie divine », que nous appelons grâce sanctifiante — et le dons préternaturels, qui ne sont pas dus par la nature, mais vont au-delà : intégrité ou soumission parfaite des sens à la raison ; immortalité ; immunité de toute douleur ; science proportionnée à leur état.
Par conséquent, « tant qu'il demeurait dans l'intimité divine, l'homme ne devait ni mourir, ni souffrir. L’harmonie intérieure de la personne humaine, l’harmonie entre l’homme et la femme, enfin l’harmonie entre le premier couple et toute la création constituait l’état appelé « justice originelle » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 376).
L’homme était maître de soi, parce que la triple concupiscence dont parle saint Jean (voir 1 Jean 2, 16) n'existait pas en lui (l'attrait désordonné des plaisirs des sens ; la convoitise désordonnée des biens terrestres ; l'affirmation désordonnée de soi qui traduit l'orgueil).
Par suite du péché, nos premiers parents commencent à regarder Dieu avec crainte et méfiance ; ils perdent les dons surnaturels et préternaturels ; la nature elle-même — bien qu’elle reste bonne — est blessée : l’intelligence est affaiblie pour connaître la vérité, et tombe facilement dans l’ignorance et dans l’erreur ; la volonté, affaiblie pour faire le bien, incline facilement au mal ; les sens n’obéissent pas à la raison ; surtout, la conséquence explicitement annoncée en cas de désobéissance se réalise : « Tu es glaise, et tu retourneras à la glaise » (Genèse 3, 19). Ainsi, « par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort », dira saint Paul (Romains 5, 12). Par sa transgression, l’homme a « perdu la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi » (concile de Trente). Il est chassé du paradis terrestre. Désormais, la femme enfante dans la douleur et le travail devient pénible : « Tu mangeras du pain à la sueur de ton front » (Genèse 3, 19).
La nature humaine est gravement blessée par le péché originel. « L’harmonie dans laquelle ils [nos premiers parents] étaient, établie grâce à la justice originelle, est détruite ; la maîtrise des facultés spirituelles de l’âme sur le corps est brisée ; l’union de l’homme et de la femme est soumise à des tensions ; leurs rapports sont marqués par la convoitise et la domination. L’harmonie avec la création est rompue : la création visible est devenue pour l’homme étrangère et hostile » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 400). Dieu n’a pas créé des pécheurs, mais des hommes libres qui, usant mal de cette liberté, sont devenus pécheurs.
L’homme porte désormais en lui le foyer du péché ou fomes peccati, « inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence » (Ibid., n° 1264). Elle est laissée en l’homme pour qu’il puisse « lutter et résister avec courage par la grâce du Christ » (concile de Trente), par l’ascèse.
(à suivre…)
La Sainte Écriture (1)
Lire la Sainte Écriture, c’est-à-dire la Parole de Dieu contenue dans la Bible
Jésus a promis que sa présence ne ferait jamais défaut aux hommes : « Et moi, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Cette promesse se réalise, entre autres, par la Sainte Écriture, en particulier dans les Évangiles, par lesquels le Seigneur continue de parler aux hommes et aux femmes de tous les temps, aux hommes et aux femmes de notre époque, à chacun d’entre nous.
Cette parole est une « bonne nouvelle ». C’est ce que signifie le mot « évangile ». C’est pourquoi le croyant en aborde la lecture en disant, avec le prophète Jérémie (15, 16) : « Que ta parole devienne mon délice et la joie de mon cœur. » Il ne fait pas de doute qu’il lui sera très vite donné de pouvoir dire : « Ta parole est douce à mon palais, plus que le miel à ma bouche » (Psaume 119, 103).
« La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit » (concile Vatican II, constitution dogmatique Dei verbum, n° 9). Mais, comme le Verbe est Dieu le Fils en personne, « à travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui Il se dit tout entier » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 102). C’est ce que saint Augustin exprimait en ces termes : « Rappelez-vous que c’est une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Écritures, que c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a pas besoin de syllabes parce qu’il n’y est pas soumis au temps » (Enarratio in psalmos 103, 4, 1).
Par conséquent, la parole contenue dans la Bible, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, bien que rédigée par des auteurs humains, n’est pas une parole humaine, mais la Parole de Dieu. « Dans les Saints Livres, en effet, le Père, qui est aux cieux, vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 21). C’est une Parole qui interpelle, qui veut engager un dialogue et à laquelle l’homme est donc invité à répondre. « Dieu nous parle par ses lectures, parlons-lui par nos prières. Si nous écoutons avec obéissance ses paroles, il habitera en nous, celui que nous implorons » (saint Augustin, Sermon 219).
(à suivre…)
Litanies du chapelet
Litanies
La récitation du chapelet s’achève habituellement par les litanies de Lorette, une série d’invocations à la Sainte Vierge, connue depuis le XIIe siècle.
On pourrait ajouter bien d’autres invocations, comme, par exemple :
Aimée de Dieu par dessus tout
Belle comme la lune
Belle entre toutes
Brillante comme l’aurore
Cœur immaculé
Cœur très aimable
Cœur très doux
Couronne de jubilation
Épouse de Dieu le Saint-Esprit
Étoile de l’évangélisation
Étoile de l’Orient
Exemple des vertus
Exemple excellent entre tous
Fille de Dieu le Père
Fontaine de toutes les grâces
Gloire de Jérusalem et joie d’Israël
Guide très sûr
Habitacle du Dieu tout-puissant
Maîtresse admirable de foi
Maîtresse de prière
Mère d’abondante miséricorde
Mère d’espérance et de grâce
Mère de Dieu le Fils
Mère du Bel amour
Mère du Sauveur du monde
Mère illustre entre toutes
Notre avocate
Notre défenseur
Notre espérance
Notre intercesseur
Notre médiatrice auprès du Christ
Odeur de sainteté
Pleine de charité et d’amour
Porte du Cœur très doux de Jésus
Protectrice de tous ceux qui sont fidèles
Reine au doux nom
Reine de notre cœur
Reine de tous les chrétiens
Reine des Français
Reine resplendissante de gloire
Resplendissante comme le soleil
Rose très belle
Servante du Seigneur
Terrible comme une armée rangée en ordre de bataille
Toute-puissance suppliante
Trésor inépuisable d’amour
Trône de la gloire
Vierge d’allégresse
Vierge de bonté
Vierge glorieuse et bénie.
Acceptation de la mort
Prière
Ô Dieu, mon Père, Maître de la vie et de la mort, toi qui as établi par un décret immuable que tous les hommes doivent mourir, en châtiment adéquat de nos méfaits, regarde-moi, prosterné devant toi. Je déteste de tout mon cœur mes fautes passées, pour lesquelles j’ai mille fois mérité la mort, que j’accepte actuellement pour les expier et pour obéir à ton aimable volonté. Je mourrai avec joie, Seigneur, au moment, à l’endroit et de la façon que tu voudras, et je profiterai d’ici là de tous les jours qu’il me reste à vivre pour lutter contre mes défauts et pour croître en ton amour, pour briser les liens qui attachent mon cœur aux créatures, pour préparer mon âme à comparaître en ta présence ; et je me place dès à présent dans les bras de ta providence paternelle.
Prière pour obtenir une bonne mort :
Mon Créateur et mon Père, je te demande la plus importante de toutes les grâces : la persévérance finale et une sainte mort. Même si j’ai beaucoup abusé de la vie que tu m’as donnée, accorde-moi de la vivre désormais et de la terminer en ton saint amour.
Fais que je meure comme les saints patriarches, abandonnant sans tristesse cette vallée de larmes, pour aller jouir du repos éternel dans ma vraie patrie.
Fais que je meure comme le glorieux saint Joseph, accompagné par Jésus et par Marie, en prononçant ces noms très doux que j’espère bénir pour l’éternité.
Fais que je meure comme la Vierge immaculée, dans la charité la plus pure et avec le désir de m’unir à l’unique objet de mes amours.
Fais que je meure comme Jésus sur la Croix, pleinement identifié à la volonté du Père, devenu holocauste par amour.
Jésus, mort pour moi, accorde-moi la grâce de mourir dans un acte de charité parfaite envers toi.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi maintenant et à l’heure de ma mort.
Saint Joseph, mon père et seigneur, obtiens-moi la grâce de mourir de la mort des justes.
Prière pour le moment de la mort :
Mon Seigneur et mon Dieu, j’accepte dès à présent de plein gré, comme venant de ta main, n’importe quel genre de mort que tu voudras m’envoyer, avec toutes ses angoisses, ses peines et ses douleurs.
V. Jésus, Marie, Joseph.
R. Je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie.
V. Jésus, Marie, Joseph.
R. Soyez à mes côtés lors de mon agonie.
V. Jésus, Marie, Joseph.
R. Puissé-je en paix mourir en votre compagnie.