Dix jours s’écoulent entre l’Assomption de Jésus au ciel et la venue du Saint-Esprit qu’il a promis d’envoyer d’auprès de son Père. Dix jours d’intense préparation spirituelle vécus par les apôtres dans le recueillement et la proximité de la très Sainte Vierge : « Eux tous, d’un même cœur, persévéraient dans la prière, ainsi que des femmes, Marie, la mère de Jésus, et des frères » (Actes 1, 14).
Jésus avait annoncé, au cours de la dernière Cène : « Mieux vaut pour vous que je parte, car, si je ne partais pas, l’Intercesseur ne viendrait pas vers vous. En revanche, si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jean16, 7). Et « l’Esprit de vérité qui procède du Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi » (Jean 15, 26). « Il vous guidera vers la vérité totale, car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu’il a entendu et il vous annoncera l’avenir » (Jean16, 13).
De fait, quand ils seront emprisonnés, les apôtres déclareront devant le sanhédrin : « Nous sommes témoins de ces choses, ainsi que l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Actes 5, 32).
Les apôtres sont donc « réunis au complet » (Actes 2, 1) en prière quand, au dixième jour, « subitement vint du ciel un bruit semblable à un violent coup de vent, qui retentit dans toute la maison où ils se tenaient, et ils virent apparaître des langues séparées, pareilles à du feu, qui se posèrent sur chacun d’eux » (Actes 2, 2-3). Jean-Baptiste avait prophétisé que Jésus baptiserait « dans l’Esprit et le feu » (Luc 3, 16). De fait, « tous furent remplis de l’Esprit Saint, et ils se mirent à parler en d’autres langues, suivant que l’Esprit leur donnait de proférer » (Actes 2, 4).
Ainsi s’accomplit la promesse de Jésus : « Quand l’Esprit descendra sur vous, vous recevrez de la force et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8).
L’irruption de l’Esprit du Père et du Fils donne naissance à l’Église — « ce jour-là, trois mille personnes environ s’adjoignirent [aux croyants] » (Actes 2, 41) — et le coup d’envoi de l’épopée missionnaire qui se poursuit de nos jours, sous la conduite du même Esprit.
Le baptisé et le confirmé, qui a reçu, lui aussi, la « force d’en haut » (Luc 24, 49), se doit d’être apôtre, d’annoncer la parole de Dieu « à temps et à contretemps » (2 Timothée 4, 2), sans s’inquiéter des réactions que cela pourra produire. « Ma vie se heurtant à un milieu paganisé ou païen, mon naturel ne va-t-il pas sembler factice ? » me demandes-tu. — Je te réponds : il y aura choc, sans doute, entre ta vie et ce milieu ; et ce contraste, où ta foi se confirmera par les œuvres, est précisément le naturel que je te demande » (saint Josémaria, Chemin, n° 380).
Deux millénaires de christianisme ont apporté à l’Église une longue expérience de l’opposition acharnée du diable et de ses suppôts, et des persécutions plus ou moins ouvertes et virulentes. Mais, « quand on vous livrera, avait annoncé Jésus, ne vous préoccupez ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous direz : ce que vous devrez dire vous sera suggéré au moment même, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera pour vous » (Matthieu 10, 19-20). Et c’est bien ce qui étonnera les chefs religieux quand ils entendront prendre la parole avec éloquence et assurance Pierre et Jean, « qu’ils savaient être des hommes sans instruction et du commun » (Actes 4, 13).
Le chrétien a donc la responsabilité d’être apôtre. Mais il ne se prêche pas lui-même : il annonce Jésus-Christ, mort et ressuscité ; il l’annonce en se faisant le haut-parleur de l’Esprit qui conduit au Père. En effet, c’est dans l’Esprit que nous crions : « Abba ! Père ! » (Galates 4, 6), que nous vivons avec joie notre filiation divine et que nous pouvons la faire partager à d’autres.