J'errais en aveugle dans les ténèbres de la nuit..., je flottais à la dérive, ignorant de ma vie, étranger à la vertu et à la lumière. Étant donné mes mœurs d'alors, je croyais difficile et malaisé ce que me promettait, pour mon salut, la bonté divine. Comment un homme pouvait-il renaître pour une vie nouvelle par le baptême de l'eau salutaire, être régénéré, dépouiller ce qu'il avait été, et, sans changer de corps, changer d'âme et d'esprit ? Comment, disais-je, une telle conversion est-elle possible : voilà ce que je me demandais souvent. Car moi-même aussi j'étais pris et retenu par les mille erreurs de ma vie passée ; je ne croyais pas pouvoir m'en débarrasser, tant j'étais esclave des vices attachés à moi, tant je désespérais du mieux, tant j'avais de complaisance pour mes maux, devenus mes compagnons familiers.
Saint Cyprien, Epître à Donat, 2.