L’Association les Amis de Josémaria Escriva présentera le 10 mai prochain quatre projets de développement en République démocratique du Congo, au Kenya, à Madagascar et au Soudan.
Pour tous renseignements, écrire à harambee.france@free.fr (Harambee veut dire en swahili « tous pour un »).
Le « fonds Harambee » a été créé en l’occasion de la canonisation en 2002 de Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei, pour contribuer au financement de projets d’éducation en Afrique sub-saharienne et d’activités de communication et de sensibilisation aux problèmes de l’Afrique dans le reste du monde.
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Aider l'Afrique
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L'humanité du Christ
6. La sainte Humanité du Christ (suite)
* La grâce du Christ. Par son union à la divinité, l’âme humaine du Seigneur a eu la plénitude de la grâce sanctifiante dès le premier moment () -
Gloire de Dieu, gloire des hommes
Gloire de l’homme ou gloire de Dieu
La glorification de Dieu. La gloire de Dieu se trouve avant tout dans la perfection infinie de la Sainte Trinité, Dieu unique en trois Personnes. « La gloire, je ne la reçois pas des hommes » (Jean 5, 41), dit le Christ. Elle fait partie de sa nature divine. Par essence, Dieu est dans la gloire, Dieu est la gloire elle-même, puisque tous les attributs ou propriétés de Dieu en lui se confondent avec son Être absolu et éternel. Ils sont Dieu. Jésus déplorera que les hommes ne le reçoivent pas alors qu’il vient au nom de son Père, tandis qu’ils reçoivent celui qui vient en son propre nom. Puis il ajoute : « Comment pourrez-vous croire, vous qui recevez la gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? » (Jean 5, 43).
L’Ascension de Jésus-Christ au ciel, c’est-à-dire sa montée au ciel avec son corps par sa propre puissance, est la glorification complète de sa sainte Humanité par laquelle, en tant qu’instrument uni à sa divinité, Dieu opéré la Rédemption de l’humanité, la rachetant du péché.
C’est à partager cette gloire éternelle que la création est invitée. « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » (Psaume 19 [18], 2). Mais la gloire de Dieu se reflète surtout dans ses saints et se trouve proclamée quand l’Église élève l’un ou l’autre de ses enfants sur les autels : « Tu es glorifié dans l’assemblée des saints : lorsque tu couronnes leurs mérites, tu couronnes tes propres dons » (Préface des saints I).
Il est demandé à l’homme : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31). Saint Paul revient sur cette exhortation dans son épître aux Colossiens (3, 17) : « Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père. » Agir pour la gloire de Dieu est l’objectif premier du chrétien.
Or, l’homme a facilement tendance à rechercher sa propre gloire, à se substituer à Dieu en quelque sorte, à détourner ce qui lui revient de plein droit. En effet, « qui te distingue ? Et qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? » (1 Corinthiens 4, 7), sous-entendu de Dieu, créateur de toutes choses.
La tentation est vieille comme le monde. « Si vous désirez la gloire, soyez avides de la vraie gloire. Qu’est-ce que la gloire lorsqu’elle engendre l’infamie ? Qu’est-ce que la gloire, lorsque vous êtes forcés de rechercher les louanges de vos inférieurs, et que vous en avez besoin ? C’est un honneur de jouir de la gloire qui vient de plus grand que soi. Si vous aimez vraiment la gloire, aimez celle qui vient de Dieu. Si, par amour de Dieu, vous dédaignez celle qui vient des hommes, vous verrez combien celle-ci est méprisable. Tant que vous ne comprenez pas cette gloire qui vient de Dieu, vous ne verrez pas combien la gloire qui vient des hommes est honteuse et ridicule » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des apôtres 18, 3). Et le même auteur d’ajouter que « l’homme qui agit en vue d’une gloire humaine abandonnera vite la pratique de la vertu. En effet, s’il aspire aux louanges des hommes, il fait ce qu’ils veulent, et non ce qu’il voudrait lui-même », moins encore ce que Dieu attend de lui, en réponse au don de la vie, au don de son Fils sur la Croix pour nous tirer du péché, au don de la grâce.
« Tout ce qui passe et ne tourne pas à la gloire de Dieu est néant, et en-dessous même du néant » (sainte Thérèse d’Avila, Vie 20, 26), parce que cela ne conduit ni à croire ni à aimer. Or, la finalité suprême de l’homme reste d’aimer « le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit […] et ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22, 37.39). Que l’homme cherche Dieu, voilà qui est conforme à sa nature d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (voir Genèse 1, 27).
Face à cette tentation, vieille comme l’humanité, l’homme serait bien inspiré de répéter : « Non pas à nous, Yahvé, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire » (Psaume 115 [113A], 1).
La gloire humaine ne dure qu’un temps et est toujours fragile. Elle est suspendue au cours des événements. Elle peut étourdir, certes, mais quand elle cesse, l’homme se retrouve dans une solitude affreuse. Sa mort ne sera sans doute pas celle du roi Hérode, à Césarée. Ayant pris pour agent comptant les acclamations du peuple « c’est un dieu qui parle, et non un homme ! » « à l’instant même, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu, et, devenu la proie des vers, il expira » (Actes 12, 22-23). Mais le retour à la réalité n’en sera pas moins dur : « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19).
(à suivre…) -
Le regard du Christ
Après avoir mis le 15 avril un texte sur le regard que le Christ porte sur Marie, voici un texte d'ordre général sur l'invitation à regarder leChrist. Il serasuivi, au fil des semaines, de quatorze poèmes décrivant principalement le regard porté sur différents personnages de l'Évangile.
Regarder le Christ
Le pape Benoît XVI invite à porter sur le monde qui nous entoure le regard du Christ. Face aux défis de la pauvreté, « l’indifférence et le repli sur son propre égoïsme se situent dans une opposition intolérable avec le « regard » du Christ » (Message pour le carême 2006) . Grâce au sacrement de réconciliation, « nous découvrons un « regard » qui nous scrute dans les profondeurs et qui […] redonne confiance à ceux qui ne se renferment pas dans le scepticisme, en leur ouvrant la perspective de l’éternité bienheureuse » (Ibid.).
Engageant l’humanité dans le troisième millénaire, son prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, nous avait déjà invités à contempler le regard du Christ, à nous laisser saisir par lui. Pour aller dans ce sens, je proposerai au cours des semaines à venir une réflexion sur le regard que le Christ porte sur tel ou tel personnage et sur celui que nous devons porter sur lui.
Mais je voudrais citer ici quelques phrases de la lettre apostolique que Jean-Paul II a adressée à tous les jeunes du monde entier, en 1985. Elle est intitulée dilecti amici, « mes chers amis » et constitue une véritable charte du jeune catholique dans l’Église et dans le monde.
Partant de la rencontre du jeune homme riche avec Jésus, et de ce que dit l'Évangile : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima », le pape écrivait : « Je vous souhaite de connaître un tel regard ! Je vous souhaite de faire l’expérience qu’en vérité, lui, le Christ, vous regarde avec amour !
Il regarde tout homme avec amour. L’Évangile le confirme sans cesse. On peut dire aussi que ce « regard aimant » du Christ résume et synthétise en quelque sorte toute la Bonne Nouvelle. Si nous cherchons l’origine de ce regard, il faut que nous revenions en arrière, au Livre de la Genèse, à cet instant où, après la création de l’homme, créé « homme et femme », Dieu vit que « cela était très bon ». Ce tout premier regard du Créateur se reflète dans le regard du Christ qui accompagne le dialogue avec le jeune homme de l'Évangile.
Nous savons que le Christ confirmera et scellera ce regard par le sacrifice rédempteur de la Croix, car c’est justement par ce sacrifice que ce « regard » a atteint une particulière profondeur dans l’amour. Il contient une affirmation de l’homme et de l’humanité dont lui seul est capable, lui, le Christ, Rédempteur et Epoux. Lui seul « connaît ce qu’il y a dans l’homme », il connaît sa faiblesse, mais il connaît aussi et par-dessus tout sa dignité.
Je souhaite à chacun et à chacune de vous de découvrir ce regard du Christ, et d’en faire l’expérience jusqu’au bout. Je ne sais à quel moment de votre vie. Je pense que cela se produira au moment le plus nécessaire : peut-être au temps de la souffrance, peut-être à l’occasion du témoignage d’une conscience pure, comme dans le cas de ce jeune homme de l'Évangile, ou peut-être justement dans une situation opposée, quand s’impose le sens de la faute, le remords de la conscience : le Christ regarda Pierre à l’heure de sa chute, après qu’il eût renié son Maître par trois fois.
II est nécessaire à l’homme, ce regard aimant : il lui est nécessaire de se savoir aimé, aimé éternellement et choisi de toute éternité. En même temps, cet amour éternel manifesté par l’élection divine accompagne l’homme au long de sa vie comme le regard d’amour du Christ. Et peut-être surtout au temps de l’épreuve, de l’humiliation, de la persécution, de l’échec, alors que notre humanité est comme abolie aux yeux des hommes, outragée et opprimée : savoir alors que le Père nous a toujours aimés en son Fils, que le Christ aime chacun en tout temps, cela devient un solide point d’appui pour toute notre existence humaine. Quand tout nous conduit à douter de nous-mêmes et du sens de notre vie, ce regard du Christ, c’est-à-dire la prise de conscience de l’amour qui est en lui et qui s’est montré plus puissant que tout mal et que toute destruction, cette prise de conscience nous permet de survivre.
Je vous souhaite donc de faire la même expérience que le jeune homme de l'Évangile : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima » (Jean-Paul II, lettre apostolique Dilecti amici , 31 mars 1985, n° 7). -
Pâques
L’Église catholique célèbre Pâques aujourd’hui.
À l’origine, c’était une fête juive célébrant la délivrance du peuple élu de l’esclavage en Égypte (voir Exode 12, 1-28), appelée aussi fête des Azymes, car les Juifs doivent s’abstenir de manger du pain fermenté pendant la semaine qui commence avec la célébration de la Pâque.
Pour les chrétiens, c’est la solennité du dimanche de la Résurrection de Jésus, la « Fête des fêtes », la « solennité des solennités », le Grand dimanche. Ce jour-là, l’Église se remémore la victoire du Christ sur la mort, le démon et le monde.
Le Christ avait prophétisé, sans que ses disciples parviennent à le comprendre, qu’il ressusciterait le troisième jour après sa mort, Jésus est ressuscité avec son corps qui avait été enseveli. Son âme se réunit à son corps. La Résurrection du Seigneur est le fondement de la foi catholique. Saint Paul affirme que « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1 Corinthiens 15, 14). Saint Paul ajoute que « nous sommes les plus malheureux des hommes » (1 Corinthiens 15, 19) si nous mettons notre espoir dans le Christ uniquement pour la vie présente sans avoir l’espérance d’une vie à venir.
La résurrection ne peut avoir lieu que sous l’effet d’un pouvoir extraordinaire. À plusieurs reprises Jésus a rendu des morts à la vie. Mais ici, c’est par son propre pouvoir qu’il s’arrache à la mort, car il est Dieu lui-même et qu’à Dieu rien n’est impossible : Dieu n’est pas tenu par les lois qui régissent le monde qu’il a lui-même créé.
La Résurrection du Christ est le gage de la « résurrection de la chair », professée dans le « Je crois en Dieu ». Quand Jésus reviendra dans sa gloire à la fin du monde pour « juger les vivants et les morts », « en un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette dernière — car elle sonnera — les morts ressusciteront incorruptibles » (1 Corinthiens 15, 52), soit pour une vie glorieuse pour les saints, soit pour une vie terrible pour les impies. Ce sera le Jugement dernier. Chacun est appelé retrouver son propre corps. C’est ce que le « Je crois en Dieu » ou « profession de foi » appelle la « résurrection de la chair ».
On parle aussi de « résurrection spirituelle » à propos des effets du sacrement de pénitence qui, quand il pardonne un péché mortel, fait « ressusciter » l’âme d’un état de mort spirituelle à la vie de la grâce et d’amitié avec Dieu.
Pour marquer sa joie, l’Église fait entendre de nouveau aujourd’hui les alléluia qui s’étaient suspendant le carême. Déjà utilisé dans les cérémonies hébraïques, le mot alléluia veut dire « louez Dieu ».
« Le Christ vit. La voilà la grande vérité qui donne son contenu à notre foi. Jésus, qui est mort sur la croix, est ressuscité ; il a triomphé de la mort, de la puissance des ténèbres, de la douleur et de l’angoisse. Ne vous effrayez pas, s’écrie l’ange en saluant les femmes qui se rendent au sépulcre ; ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : Il est ressuscité, Il n’est pas ici (Marc 16, 6). Hæc est dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in ea ; voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie (Psaume 117, 24).
Le temps pascal est un temps de joie, d’une joie qui ne se limite pas à cette seule époque de l’année liturgique, mais qui réjouit à tout moment le cœur du chrétien. Car le Christ vit : le Christ n’est pas une figure qui n’a fait que passer, qui n’a existé qu’un certain temps et qui s’en est allée en nous laissant un souvenir et un exemple admirables.
Non : le Christ vit. Jésus est l’Emmanuel : Dieu est avec nous. Sa résurrection nous révèle que Dieu n’abandonne pas les siens. Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait une pour oublier, moi, je ne t’oublierai jamais (Isaïe 49, 14-15), avait-il promis. Et il a tenu parole. Dieu continue à faire ses délices parmi les enfants des hommes (voir Proverbes 8, 31) » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 102). -
Regard de Jésus à Marie
Jésus l’a regardée avec admiration
Pendant toute sa vie, attendri pour de vrai
De son aide humble et sûre, de sa contribution
À nous libérer du péché, nous délivrer.
Jésus, depuis qu’il s’est éveillé à la vie,
Observe sa mère en qui il voit le modèle
D’une âme que le feu de son Esprit havit
Et qui, sa vie durant, reste à jamais fidèle.
Elle est la femme du « oui » inconditionnel
Qui, le Samedi saint, se place en sentinelle,
Prenant sous son manteau l’Église en gestation,
Devenue tabernacle en édification.
Jésus-Christ dévisage la si pleine de grâces,
Associée à son œuvre pour qu’elle aussi terrasse
Le Prince de ce monde, et qu’elle provoque
La sainteté par vagues à toutes les époques.
Il voit l’or des vertus qui resplendit en elle,
Reflet des perfections infinies du Seigneur,
Il se complait dans cette distinction solennelle,
Qui la gratifie d’une perfection supérieure.
* * *
À-demi aveuglé, tu aperçois ta Mère.
Hélas, son doux visage t’apparaît déformé,
Pourtant c’est bien Elle, vision douce et amère,
Celle qui dans son sein virginal t’a formé.
La vision que, du gibet, tu as de sa Mère,
Douce consolation dans ces heures amères,
Mêle complicité et robuste empathie,
Liniment calmant les tourments dont tu pâtis.
Puisant dans les rares énergies qui te restent,
Ému par cet amour que nul ni rien n’arrête,
Tenant ton faible souffle tout près d’être asphyxié,
Tu ouvres encore ta bouche de supplicié :
« Mère, voici ton fils », dis-tu en montrant Jean.
« Quoi, un pécheur à la place du Rédempteur !
Ô mon Unique, comme tu sais être exigeant !
Tu n’avais plus que moi. Je te dis « oui » sur l’heure. »
Possédant l’accord dont tu n’avais pas douté,
Puisque Marie ne t’a jamais rien refusé,
Tu te tournes vers le disciple chouchouté :
« Voici ta mère, prends d’elle un soin empressé. »
À partir de ce jour-là, Jean la prit chez lui,
Trouvant en elle non seulement un appui
Mais une Éducatrice pour découvrir son Fils
En tout présent et se réjouir des sacrifices. -
St Thomas More, intercesseur de l'Opus Dei
Aujourd'hui, 22 juin, c'est la Saint-Thomas More, chancelier du royaume d'Angleterre.
Le chef de saint Thomas More est vénéré dans l'église Saint-Dunstan, à Canterbury. Saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, est venu se recueillir auprès de lui le 3 septembre 1958. Il était accompagné de Mgr Alvaro del Portillo, qui lui a succédé à la tête de l’Opus Dei, en septembre 1975, et de Mgr Echevarria, qui a succédé à son tour à Mgr del Portillo en avril 1994 et est l’actuel évêque-prélat de l’Opus Dei.
Josémaria avait choisi le lord-chancelier d'Henri VIII d'Angleterre comme intercesseur pour les relations de l'Opus Dei avec les autorités temporelles de toutes natures. Deux raisons, entre autres, l’ont poussé à choisir Thomas More : d'une part, il avait dès le premier instant la perception très nette que l’institution qu’il avait fondée ne venait pas « combler un besoin particulier d'un pays ou d'une époque déterminée, parce que dès ses débuts Jésus veut que son Œuvre ait une portée universelle, catholique » (J. Escriva, « Lettre, 19 mars 1934, n° 15 », citée dans A. de Fuenmayor-V.-Gómez-Iglesias-J.-L. Illanes, L'Itinéraire juridique de l'Opus Dei. Histoire et défense d'un charisme, Paris, 1992, p. 50) ; d’autre part, il était également conscient de ce que ladite institution visait essentiellement à promouvoir la sanctification des laïcs dans le monde, à l'occasion de leur travail professionnel et de leur vie familiale et sociale. Or, More répondait à ces deux caractéristiques : d'un côté, de souligner l'universalité de l'Opus Dei et, de l'autre, de s'être sanctifié précisément dans sa charge au service du royaume d'Angleterre et au sein de son foyer.
J’ai publié un article qui met en parallèle la vie de Josémaria Escriva et celle de Thomas More. On pourra s’y reporter : « Josémaria Escriva et Thomas More : l’héroïsme au quotidien », Moreana 38, 147-148, décembre 2001, p. 25-40 ; traduit en anglais, « Heroism in everyday life », Position Paper 354/355, june/july 2003, p. 201-209. En voici le résumé :
Ces deux hommes sont des modèles de fidélité à la foi vécue dans la vie courante, professionnelle et familiale. Thomas More l'a incarnée avec héroïsme dans lesdifférentes fonctions qu'il a assumées. Il est un modèle d'époux et de père, d'ami et d'homme intègre, qui sanctifie son travail quotidien. Josémaria Escriva, lui, fonde l'Opus Dei pour rappeler que Dieu attend de chacun la sainteté dans la vie ordinaire, à partir de son travail et des activités de chaque jour, elles-mêmes sanctifiables et, grâce à l'amitié, source de sainteté pour les membres de la famille, les collègues et connaissances. -
Le problème de la vérité
S’adressant aux Juifs réunis le jour du sabbat dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, l’apôtre Paul leur dit : « Sachez-le donc, frères : c’est par lui [Jésus-Christ] que vous est annoncé la rémission des péchés. De tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit en est justifié par lui » (Actes 13, 38).
Le salut, la sortie du péché et du mal, ne peuvent venir que de Jésus-Christ, mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts. Le reconnaître demande un acte d’humilité de l’intelligence qui accepte de reconnaître qu’elle ne connaît pas tout et qu’il existe des vérités d’un ordre supérieur à celui de la simple raison.
Les évêques catholiques du monde entier réunis en assemblée générale, un concile œcuménique, le concile Vatican II (1962-1965), ont rappelé que, « conformément à leur dignité [sous-entendu d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu], tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire parce qu’ils sont doués de raison et de volonté libre et donc dotés de responsabilité personnelle, sont poussés par leur nature et tenus par obligation morale à chercher la vérité, avant tout celle qui concerne a religion. Ils sont tenus aussi d’adhérer à la vérité, une fois qu’elle est connue, et d’organiser toute leur vie en fonction des exigences de la vérité » (déclaration La dignité humaine, n° 2).
La vérité se trouve en Dieu. Jésus-Christ s’auto-définit en ces termes : « Je suis la Voie, la vérité et la Vie », ajoutant que « personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6), « Le salut n’est en aucun autre » (Actes 4, 12).
Ces affirmations méritent au moins que l’on s’y arrête pour les examiner sans a priori et chercher à en comprendre le sens. « Dieu est la Vérité même, ses paroles [recueillies dans la Bible] ne peuvent tromper. C’est pourquoi on peut se livrer en toute confiance à la vérité et à la fidélité de sa parole en toutes choses. Le commencement du péché et de la chute de l’homme [le péché originel] fut un mensonge du tentateur qui induit à douter de la parole de Dieu, de sa bienveillance et de sa fidélité » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 215).
« Dans la foi chrétienne, la question humaine par excellence « Qu’est-ce que la vérité ? » se voit radicalement renouvelée. Elle aimantait la réflexion de Socrate. Elle prend une signification toute nouvelle sur les lèvres de Pilate. En face de celui-ci la vérité se manifeste comme Quelqu’un. Seul le Christ peut déclarer : « Je suis la Vérité. » […] Il l’est dans sa personne, dans sa vie et dans son œuvre. Il est quelqu’un qui « rend témoignage à la Vérité » (Jean 18, 37) par le don total de sa vie, à l’heure même où il est condamné à se taire et à mourir sur la Croix.
La vérité du Christ est son être de Fils qui reçoit tout du Père, avant de transmettre son Esprit. À travers la Croix, cette vérité apparaît comme une vérité désarmée, qui ne s’impose pas, mais qui, pour cette raison, s’adresse à notre liberté pour nous rendre libres (voir Jean 8, 32).
Si la vérité chrétienne est en dernière instance une personne, elle ne peut être l’objet d’une possession. La question n’est pas de savoir si nous la possédons, mais si nous acceptons qu’elle vienne nous libérer [du péché].
Le chrétien connaît donc très réellement la vérité. Mais il la connaît pour la servir. Il ne prétend pas être le maître. Il se tient « en elle », en marchant à la suite de son Maître, sous la mouvance de l’Esprit, que celui-ci a laissé en héritage à ses disciples pour les conduire à « la vérité tout entière » (Jean 6, 13) » (Catéchisme des évêques de France, n° 37). -
Les dispositions face à la vérité
Ils ont dit : « Venez, projetons des projets contre Jérémie ; car la doctrine ne fera pas défaut au prêtre, ni le conseil au sage, ni le discours au prophète. Venez, frappons-le à la langue, et ne prêtons pas l’oreille à tous ses discours. » Prête-moi l’oreille, Yahvé, et entends les propos de mes adversaires ! Le mal sera-t-il rendu pour le bien ? » (Jérémie 18, 18-20).
Outre que ces propos peuvent être compris comme une prophétie de ce qui arrivera à Jésus-Christ, dont bien des auditeurs rejetteront l’enseignement, nous comprenons d’emblée que l’accueil de la parole de Dieu demande un minimum de disposition intérieure. C’est-à-dire non un refus systématique, un préjugé négatif, mais le désir d’explorer ce à quoi ont cru indéfectiblement des milliards d’hommes au long de deux millénaires, ce pour quoi nombre d’entre eux ont accepté de donner leur vie, ont tout abandonné. Une telle réalité ne peut être balayée d’une simple moue ou d’un air de prétendue supériorité.
Comme pour toute connaissance, il faut aller aux sources. « Il faut connaître la vie, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, telles que les Évangiles les rapportent. Ses paroles et ses actes d’homme ont manifesté qu’il y a en lui plus que l’homme. Ils le dévoilent comme le Messie promis et annoncé par les prophètes » (Catéchisme des évêques de France, n° 144).
Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et si Dieu est vraiment créateur et Père, qu’avons-nous à craindre de le connaître ? Il y aura toujours des gens pour s’opposer à Dieu et à la Vérité. Il sera toujours plus ou moins « politiquement incorrect » de se proclamer chrétien. Mais l’acharnement que certains mettent à déraciner la foi chrétienne ou à fausser la personne du Christ n’est-il pas un signe de son authenticité, car on ne s’attaque qu’à ce qui existe, à moins d’être un don Quichotte…
En tout cas, on ne peut pas ignorer ce que le concile Vatican II (1962-1965) rappelle dans son décret Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse (n° 2) : « En vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire des êtres doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d’une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité. » -
Gloire de Dieu, gloire de l'homme (fin)
La glorification de l’homme.
« À ceux qui le suivent et le servent, Dieu procure la vie incorruptible et la gloire éternelle. […] La gloire de l’homme, c’est de persévérer et de demeurer au service de Dieu. Et c’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis » (Jean 15, 16) ; il voulait dire par là qu’eux ne le glorifiaient pas en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient par lui glorifiés. Et il disait encore : « Je veux que là où je suis, ils soient aussi, pour qu’ils voient ma gloire » (Jean 17, 24) » (saint Irénée, Contre les hérésies 4, 14, 1).
L’homme fidèle à Dieu est appelé à être glorifié à la fin du monde, son corps ressuscitant pour s’unir à nouveau à son âme et pénétrer dans la gloire de Dieu au ciel. « Humiliez-vous donc sous la main puissante de Dieu pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous » (1 Pierre 5, 6-7). Auparavant, il faut supporter les souffrances du temps présent. Tout comme le Fils de Dieu a subi l’humiliation de la nature humaine qu’il a assumée, lui qui est Dieu « s’est dépouillé en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2, 7), et son humanité est entrée dans la gloire au moment de sa Résurrection, le jour de Pâques. Nous voyons là le gage de notre propre élévation : « Je m’en vais vous préparer la place » (Jean 14, 2). « Je suis constamment avec toi, dit le psalmiste : tu m’as saisi la main droite, par tes conseils tu me conduiras, et finalement tu me prendras pour la gloire » (Psaume 73 [72], 23-24). La condition à l’entrée dans la gloire, c’est-à-dire au ciel, est donc de rester avec Dieu, de prendre le « parti de Dieu » tout au long de la vie, de suivre ses commandements, de nous efforcer de faire « ce qui est agréable à ses yeux » (1 Jean 3, 22), c’est-à-dire à Dieu.
Au ciel, les élus ne s’occupent que de chanter la gloire de Dieu : « Amen. Que la bénédiction, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu pour les siècles des siècles. Amen ! » (Apocalypse 7, 12).