À chaque étape de la création du ciel
Et de la terre, que le narrateur sacré
Présente comme un hexaméron chamarré,
Dieu vit ce qui était né à l’existentiel,
Il l’examina en pensant à ses futurs
Utilisateurs, qui auront à le gérer,
Et il vit que c’était bon et que sa texture
Était de nature à croître et à prospérer.
Mais quand il en arriva à l’homme et la femme,
Le Créateur s’enthousiasma bien davantage,
Car ils possédaient sur le reste l’avantage
D’imiter son image, d’en être la flamme.
L’argile que le sculpteur céleste boulange
Met au jour une créature nonpareille
Devant laquelle tombent en extase les anges
Lorsqu’elle s’anime, sortant du sommeil.
Dieu leur a communiqué une morbidesse
Qui en fait des êtres d’une mobilité
Spéciale et d’une grande sensibilité,
Et les a faits participants de sa Sagesse.
Dieu vit que cela était bon. « Que tu es belle,
S’exclame-t-il, considérant l’âme immortelle,
Vraiment elle est à mon image et ressemblance ;
De toute ma création, elle est l’excellence. »
Alors, ne contenant pas sa jubilation,
Il s’écria à la face de l’univers :
« Cela est très bon. Voici la population
De cette terre à l’état embryonnaire,
Les premiers parents d’une longue descendance
De saints pour mon paradis, de damnés aussi
Pour l’enfer, qui n’auront pas su faire repentance
Lorsque j’aurai envoyé mon Fils, le Messie.
La vie de chaque être est plus que la nourriture
Et son corps a plus de prix que son vêtement,
Voilà pourquoi l’humain mérite un traitement
Tout à fait spécial, lui et sa progéniture. »
À Adam et Ève encore dans l’innocence,
Dieu n’a donné qu’un unique commandement,
De ne pas toucher l’arbre de la connaissance
Du bien et du mal, sous peine de châtiment.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog »)
Poésie - Page 3
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Regard sur la création
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Regard de Jésus sur des disciples
Le regard de Jésus qui passe sur la route
Pénètre plus à fond qu’une épée à deux fils.
Il est déjà une annonce de l’Évangile
Et il met toute résistance kock-out.
Jean, le cousin de Jésus, dit très sobrement
À l’autre Jean et à André : « Voici l’Agneau
De Dieu, qui est envoyé pour l’enlèvement
Des péchés du monde, personnels et sociaux.
C’est de lui que je vous ai dit que me suivra
Quelqu’un qui existe avant moi et me précède. »
Ses disciples l’abandonnent sans intermède
Pour un nouveau magister, qui les instruira.
Ils commencent à suivre Jésus à distance,
Conscients de faire une rencontre d’importance.
Jésus les a entendu et les attendait,
S’arrête et les regarde pour leur demander :
« Que cherchez-vous ? » Eux : « Maître, où demeures-tu ? »
C’est tout, quatre mots ; pas plus. Puis ils se sont tus.
« Venez voir », leur répondit Jésus simplement.
Et tous deux allèrent voir, docilement.
Ils passèrent auprès de lui le reste du jour
— Il était environ seize heures — étonnés
Et ils s’attachèrent au Rabbi pour toujours,
Redevenant ainsi comme des nouveaux-nés.
Il aperçoit Nathanaël sous un figuier,
Mais ne dit rien : il attend qu’il vienne lui-même,
Invité par Philippe au nom de l’amitié
Qui lui dit avoir vu le Rabbi et l’entraîne.
« Celui dont Moïse a parlé dans la Loi,
Celui que nos prophètes ont annoncé,
Celui que nous attendons tous, et toi et moi,
Eh oui ! le rejeton de l’arbre de Jessé,
Il est parmi nous : c’est Jésus, fils de Joseph.
Ce que je peux t’en dire ne sera que trop bref.
Viens donc le voir, il est natif de Nazareth. »
« De Nazareth ? Ce n’est pas possible. Arrête,
Laisse-moi, il ne peut rien en sortir de bon. »
« Si tu l’avais perçu, tu n’aurais fait qu’un bond. »
« Bien, j’y vais. Après tout, je n’ai rien à y perdre.
J’apprécierai la nature de sa cathèdre. »
« Voici un Israélite en qui tout est droit »,
Dit Jésus, le mirant d’un regard qui foudroie.
Voyant là un phénomène surnaturel,
Ému, Nathanaël s’enquiert d’une voix frêle :
« Rabbi, comment se fait-il que tu me connaisses ? »
Réponse : « Avant que Philippe t’appelât,
Tu étais assis sous ton figuier, un peu las.
Je t’ai vu, et j’ai prié mon Père pour toi. »
Nathanaël répliqua : « Alors tu es le Roi
D’Israël, c’est toi le fils de Dieu attendu. »
« Tu crois avec le peu que tu as entendu ?
Tu assisteras à de plus grandes merveilles,
Car c’est une nouvelle Alliance qui s’éveille.
Oui, je suis le Fils de Dieu mais, pour le moment,
Ne proclame pas à tous vents ce sentiment. »
Parmi la foule anonyme, Jésus repère
L’armée des hommes de bonne volonté :
Sourds et boiteux, aveugles et gagne-misère,
Estropiés, que les braves gens ont rejetés.
« Venez, les bénis de mon Père. Recevez
Un denier en récompense de vos misères,
La pièce vous ouvrant l’accès au paradis. »
Et avec le Bon larron, chacun s’enhardit.
À chaque fois, son regard brise les défenses
Que l’homme pourrait improviser pour décliner
L’invitation à le suivre pour moissonner :
Il y a urgence, et tâche en abondance.
C’est un regard qui, avec suavité, transperce
La carapace de l’égoïsme et renverse
Les plus beaux projets humains pour les replacer
Dans une optique divine et donc insensée.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog ») -
Regard sur la création
À chaque étape de la création du ciel
Et de la terre, que le narrateur sacré
Présente comme un hexaméron chamarré,
Dieu vit ce qui était né à l’existentiel,
Il l’examina en pensant à ses futurs
Utilisateurs, qui auront à le gérer,
Et il vit que c’était bon et que sa texture
Était de nature à croître et à prospérer.
Mais quand il en arriva à l’homme et la femme,
Le Créateur s’enthousiasma bien davantage,
Car ils possédaient sur le reste l’avantage
D’imiter son image, d’en être la flamme.
L’argile que le sculpteur céleste boulange
Met au jour une créature nonpareille
Devant laquelle tombent en extase les anges
Lorsqu’elle s’anime, sortant du sommeil.
Dieu leur a communiqué une morbidesse
Qui en fait des êtres d’une mobilité
Spéciale et d’une grande sensibilité,
Et les a faits participants de sa Sagesse.
Dieu vit que cela était bon. « Que tu es belle,
S’exclame-t-il, considérant l’âme immortelle,
Vraiment elle est à mon image et ressemblance ;
De toute ma création, elle est l’excellence. »
Alors, ne contenant pas sa jubilation,
Il s’écria à la face de l’univers :
« Cela est très bon. Voici la population
De cette terre à l’état embryonnaire,
Les premiers parents d’une longue descendance
De saints pour mon paradis, de damnés aussi
Pour l’enfer, qui n’auront pas su faire repentance
Lorsque j’aurai envoyé mon Fils, le Messie.
La vie de chaque être est plus que la nourriture
Et son corps a plus de prix que son vêtement,
Voilà pourquoi l’humain mérite un traitement
Tout à fait spécial, lui et sa progéniture. »
À Adam et Ève encore dans l’innocence,
Dieu n’a donné qu’un unique commandement,
De ne pas toucher l’arbre de la connaissance
Du bien et du mal, sous peine de châtiment.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog ») -
Voyage à Lisbonne
Une conque ouverte en grand, tournée vers le large
Montre une perle au grand jour, vraie, étincelante,
La splendide parure de l'estuaire du Tage
Qu'Hélios à son zénith fait reluire éclatante.
L'antique Olisipo, municipe romain,
Servait d'escale vers les îles mythiques,
Oui les Cassérides, productrices d'étain,
Même pour les Ibères venus de la Bétique.
La civilisation arabe y imprima
Son caractère, gloire des califats jadis,
Encore visible dans le quartier d'Alama
Et Lisbonne devint un coin de paradis.
Aujourd’hui elle l’est encore,, assurément.
Ce n'est pas l'apport de l'époque médiévale,
Si présent dans les hauteurs, qui le dément.
Et sa splendeur par vagues vers l’océan dévale.
À cet endroit, le fleuve s'appelle mer de Paille
Il prit part aux combats des maures et des croisés
Et en accueillit une abondante tripaille
Qu'on pouvait oui-da la mesurer au toisé.
L'histoire à chaque époque remodèle les arts.
Voici le monastère dit des Jeronimos
Et la tour de Belém, manuéline, à l'écart
Puis l’infinie richesse de ses azulejos.
Au siècle des Lumières ici on aménage
La place du Commerce dedans la ville basse.
Elle sert de socle à ses différents étages
Dont la beauté bauté d’un lieu à l’autre se surpasse.
Ses habitants, aimables autant que travailleurs,
Ont su accommoder l’ancien et le moderne.
Fiers marins, ayant le regard tourné ailleurs,
Ils ont édifié une audacieuse poterne.
C'est le pont Vasco de Gama qui d'une rive
À l'autre enjambe, altier, le cours des eaux sereines.
L'imagination trop sollicitée dérive
Et couronne Lisbonne, faisant d’elle sa reine. -
Regarder le Christ
Après avoir mis le 15 avril un texte sur le regard que le Christ porte sur Marie, voici un texte d'ordre général sur l'invitation à regarder leChrist. Il serasuivi, au fil des mois, de quatorze poèmes décrivant principalement le regard porté sur différents personnages de l'Évangile.
Regarder le Christ
Le pape Benoît XVI invite à porter sur le monde qui nous entoure le regard du Christ (lire la suite) -
Regard de Jésus à Marie-Madeleine
Un groupe bruyant et gesticulant s’avance :
C’est une femme, par les cheveux empoignée.
Il y a eu offense, qui réclame vengeance,
Comme les pharisiens se sont imaginé :
« Elle a été surprise en flagrant adultère.
Notre Loi nous fait un devoir de lapider
Ce genre de femme. Toi, quelle est ton idée ?
Devons-nous la mettre à mort, ou vas-tu te taire ? »
Il ne se taira pas, mais sans lever les yeux
Il lance une réponse qui est déconcertante
Dont il a le secret : « Que celui que ne hante
Aucun péché et qui se juge religieux
Lui jette la première de ces pierres mortelles. »
La masse des délits passés les écartèle.
Ils se retirent alors, les plus vieux en premier.
De la faute ils avaient été de fins limiers…
Il subsiste en eux un semblant de dignité :
Se détournant de la pécheresse, ils partent
Déçus, démasqués dans leur inhumanité
Et laissent seule avec Jésus la sœur de Marthe.
* * *
Elle avait aussi un frère, nommé Lazare.
Ils habitaient un bourg, du nom de Béthanie,
Située sur le chemin que, comme par hasard,
Jésus suivait pour se rendre à Gethsémani.
Or, les deux sœurs prévinrent le Seigneur que leur frère
Était tombé malade gravement. Mais lui
Fit semblant de ne pas avoir été instruit,
De mésestimer une optique funéraire.
Quand il se décida à gagner Béthanie,
Son ami était mort depuis bien quatre jours.
« Tu pouvais empêcher une telle avanie
Si tu avais voulu avancer ton séjour
Parmi nous, et mon frère n’aurait pas été mort »,
Lui dit Marie en pleurs, prosternée à ses pieds.
— La foule des amis était là à l’épier.
Voyant ce regard de souffrance qui l’implore,
Jésus fut à son tour gagné par l’émotion.
Il s’enquit : « Où l’avez-vous mis ? » On répondit :
« Seigneur, viens voir. » À ces simples mots, il fondit
En larmes. « Il avait une vraie dévotion
Pour ce Lazare », dirent ceux qui étaient présents.
« Que n’a-t-il usé de son pouvoir bienfaisant
Pour lui épargner la mort et nous le laisser ?
Mais voyez comme son cœur d’amour est blessé. »
Une fois face au caveau, le Maître s’écria :
« Lazare, sors. » Les anges entonnent le Gloria
Et Lazare s’avance, pleinement entouré
De bandages. « Déliez-le, et qu’il soit libéré. »
* * *
Le lendemain de la Pâque, Marie se rend
Au tombeau, escortée des autres saintes femmes,
Elle porte un flacon de parfums enivrants,
Pour finir d’embaumer Jésus après le drame.
Elle se penche, tout en pleurant, dans la tombe,
Et voit deux anges en blanc qui étaient assis,
Et s’adressent à elle sur un ton adouci :
« Ô femme, qui cherches-tu dans ces catacombes ? »
« On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais
Où on l’a placé. » Puis, sentant une présence,
Elle se retourna et perçut à distance
Un homme qui pourrait parler du trépassé,
Car elle pensait que c’était le jardinier.
« Femme, pourquoi es-tu en pleurs ? » demanda-t-il.
« Si c’est toi, où as-tu caché le crucifié ? »
« Myriam ! » Le ton de la voix est chaud et subtil.
Marie capte alors le regard et reconnaît
Celui qu’elle cherchait éplorée. « Rabbouni ! »
La voilà qui s’en trouve aussitôt rajeunie.
« Ne me touche pas, bien que tu sois passionnée,
Je ne suis pas encore remonté vers mon Père,
Mais vas porter la bonne nouvelle à tous mes frères,
Et dis-leur que je vais remonter vers mon Père
Et votre Père, et que j’ai délaissé l’ossuaire. » -
Le regard de Jésus sur Marie
Marie
Marie
Jésus l’a regardée avec une admiration
Pendant toute sa vie, attendri pour de vrai
De son humble et sûre aide et contribution
À nous libérer du péché, nous délivrer.
Jésus, depuis qu’il s’est éveillé à la vie,
Observe sa mère en qui il voit le modèle
D’une âme que le feu de son Esprit havit
Et qui, l’existence durant, reste fidèle.
Elle est la femme du « oui » inconditionnel
Qui, le Samedi saint, se place en sentinelle,
Prenant sous son manteau l’Église en gestation,
Devenue tabernacle en édification.
Jésus-Christ dévisage la si pleine de grâces,
Associée à son œuvre pour qu’elle aussi terrasse
Le Prince de ce monde, et qu’elle provoque
La sainteté par vague à toutes les époques.
Il voit l’or des vertus qui resplendit en elle,
Reflet des perfections infinies du Seigneur,
Il se complait dans cette distinction solennelle,
Qui la gratifie d’une perfection supérieure.
* * *
À-demi aveuglé, tu aperçois ta Mère.
Hélas, son doux visage t’apparaît déformé,
Pourtant c’est bien Elle, vision douce et amère,
Celle qui dans son sein virginal t’a formé.
La vision que, du gibet, tu as de sa Mère,
Douce consolation dans ces heures amères,
Mêle complicité et robuste empathie,
Liniment calmant les tourments dont tu pâtis.
Puisant dans les rares énergies qui te restent,
Ému par cet amour que nul ni rien n’arrête,
Tenant ton frêle souffle tout près d’être asphyxiée,
Tu ouvres encore ta bouche de supplicié :
« Mère, voici ton fils », dis-tu en montrant Jean.
« Quoi, un pécheur à la place du Rédempteur !
Ô mon Unique, comme tu sais être exigeant !
Tu n’avais plus que moi. Je te dis « oui » sur l’heure. »
Possédant l’accord dont tu n’avais pas douté,
Puisque Marie ne t’a jamais rien refusé,
Tu te tournes vers le disciple chouchouté :
« Voici ta mère, prends d’elle un soin empressé. »
À partir de ce jour-là, Jean la prit chez lui,
Trouvant en elle non seulement un appui
Mais une Éducatrice pour découvrir son Fils
En tout présent et se réjouir des sacrifices.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog ») -
Les 7 paroles du Christ en Croix
Les sept paroles du Christ en Croix
La tendresse du Christ a cette intensité
Qu’il crie : « Père, pardonne-leur tous, car ils ignorent
Ce qu’ils font », par faiblesse, aussi par cécité,
Et qu’en péchant, c’est toi, leur Dieu, qu’ils déshonorent.
« Ne leur tiens pas rigueur, car c’est pour eux que j’offre
Ma vie dans la joie et avec empressement,
Truffant de mes mérites conjecturés tes coffres
Afin que soit possible leur rétablissement. »
Prête l’oreille à ce cri déchirant : « J’ai soif ! »
Cette plainte pourrait lui servir d’épitaphe,
À lui qui s’est dit la source d’eaux jaillissantes,
Source d’une vie qui sans cesse est renaissante.
Du haut de la Croix nous recevons une mère,
Quand Jésus dit à sa Mère : « Voici ton fils ! »
Désignant Jean, présent à cette crise amère.
Et c’est un des fruits du suprême Sacrifice.
Quand le Christ s’adresse à Dimas en lui disant :
« Aujourd’hui même tu seras au paradis »,
Mon cœur tressaille, lui qui est si refroidi,
Car il aspire à cet estimable présent.
En Croix, notre rédemption touche enfin à son terme,
Comme Jésus l’affirme : Tout consummatum est.
Oui, c’est le Fils de Dieu lui-même qui l’atteste.
Il remet son esprit, et la bouche se ferme.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Qui peut comprendre cette plainte si déchirante,
D’une âme délicate, mais qui est expirante,
Donnant sa vie pour que nous soyons pardonnés ?
Père, « entre tes mains, je dépose mon esprit ».
J’ai exécuté la mission par toi confiée.
J’abandonne ce monde dont je suis incompris,
Et je meurs pour que par toi il soit justifié.
Ton envie de souffrance a été satisfaite,
Tes ennemis festoient, Seigneur, et font la fête.
Moi-même, je l’avoue, j’ai dû participer
À ces atrocités, comme un émancipé
Dominique Le Tourneau
(extrait d’un texte inédit « La Croix ». Reproduction autorisée avec mention de la source)
Dominique Le Tourneau
(extrait d'un poème inédit, "La Croix". Reproduction autorisée en mentionnant la source) -
Les cinq plaies de Jésus-Christ
Les cinq plaies de Jésus-Christ
Alors que tes bras sont étendus sur le bois,
Sous les quolibets et tant de regards narquois,
Les bourreaux, à coups de maillet, percent tes mains,
Pressés d’en finir par le centurion romain.
Ces mains qui ont touché infirmes et malades
Eux à qui elles ont redonné la santé,
Voici qu’elles sont le jouet d’une brimade
Arbitraire, dont elles sortent ensanglantées.
Ces mains qui ont béni les foules assoiffées
De pain et de parole, et donc de Vérité,
Elles sont la victime d’un triste autodafé.
Personne sous leur ombre ne peut plus s’abriter.
Par elles ont été multipliés poissons
Et pains et nourris cinq mille hommes à la fois,
Payent une rançon pour l’auguste moisson
Et provoquent l’émoi chez celui qui les voit.
Ces mains qui avaient rendu la vue aux aveugles,
Et même redonné la vie à des cadavres,
Vont être recouvertes bientôt d’un blanc linceul
Au sépulcre avec le corps mort, leur dernier havre.
Les tortionnaires percent aussi tes deux pieds,
Ô bon Jésus, qui ont couru la Palestine
— C’est merveille de voir les gens qui s’agglutinent
Sur ton passage —, toi, vendu trente deniers.
Pieds de celui qui annonce la vraie paix,
Et qui se porte à la rencontre de tout homme
Là où il se repaît. Voici qu’un voile épais
Offusque ta vue, car l’offrande se consomme.
C’est par ces quatre plaies que tu es crucifié.
Mais cela ne suffit pas à ton adversaire
Qui a décidé de t’atteindre entes viscères
Et tu as accepté d’être ainsi sacrifié.
Un coup de lance, et c’est la cinquième plaie.
Le salut pour tous les hommes est donc complet.
Apprendrais-je de la componction le couplet,
À souffrir aussi, et me savoir appelé ?
Ta Croix dressée à la face de l’univers
Par mes oraisons et mes mortifications,
Ta Croix, principe de notre libération
Montre au monde entier ton Cœur Sacré entr’ouvert.
Dominique Le Tourneau
(extrait d’un texte inédit La Croix. Reproduction autorisée avec mention de la source)
Dominique Le Tourneau
(extrait d'un poème inédit, "La Croix". Reproduction autorisée en mentionnant la source) -
Regard de Jésus à Marie
Jésus l’a regardée avec admiration
Pendant toute sa vie, attendri pour de vrai
De son aide humble et sûre, de sa contribution
À nous libérer du péché, nous délivrer.
Jésus, depuis qu’il s’est éveillé à la vie,
Observe sa mère en qui il voit le modèle
D’une âme que le feu de son Esprit havit
Et qui, sa vie durant, reste à jamais fidèle.
Elle est la femme du « oui » inconditionnel
Qui, le Samedi saint, se place en sentinelle,
Prenant sous son manteau l’Église en gestation,
Devenue tabernacle en édification.
Jésus-Christ dévisage la si pleine de grâces,
Associée à son œuvre pour qu’elle aussi terrasse
Le Prince de ce monde, et qu’elle provoque
La sainteté par vagues à toutes les époques.
Il voit l’or des vertus qui resplendit en elle,
Reflet des perfections infinies du Seigneur,
Il se complait dans cette distinction solennelle,
Qui la gratifie d’une perfection supérieure.
* * *
À-demi aveuglé, tu aperçois ta Mère.
Hélas, son doux visage t’apparaît déformé,
Pourtant c’est bien Elle, vision douce et amère,
Celle qui dans son sein virginal t’a formé.
La vision que, du gibet, tu as de sa Mère,
Douce consolation dans ces heures amères,
Mêle complicité et robuste empathie,
Liniment calmant les tourments dont tu pâtis.
Puisant dans les rares énergies qui te restent,
Ému par cet amour que nul ni rien n’arrête,
Tenant ton faible souffle tout près d’être asphyxié,
Tu ouvres encore ta bouche de supplicié :
« Mère, voici ton fils », dis-tu en montrant Jean.
« Quoi, un pécheur à la place du Rédempteur !
Ô mon Unique, comme tu sais être exigeant !
Tu n’avais plus que moi. Je te dis « oui » sur l’heure. »
Possédant l’accord dont tu n’avais pas douté,
Puisque Marie ne t’a jamais rien refusé,
Tu te tournes vers le disciple chouchouté :
« Voici ta mère, prends d’elle un soin empressé. »
À partir de ce jour-là, Jean la prit chez lui,
Trouvant en elle non seulement un appui
Mais une Éducatrice pour découvrir son Fils
En tout présent et se réjouir des sacrifices.