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religion - Page 61

  • Liberté, liberté chérie… (1)

    « LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE... » MAIS QUELLE LIBERTÉ ?

    La liberté n'est pas un droit, mais un devoir (Dostoïevski)

    Propos liminaire

    Alors qu'il est plus que jamais question de liberté — de liberté, d'égalité et de fraternité —, il n'est pas inopportun de faire remarquer que, pas plus que les autres, la Révolution française n'a le monopole de la liberté, mieux encore qu'elle ne l'a pas inventée.
    L'on pourrait même affirmer que la liberté exaltée par les apôtres des années 1789 et suivantes et exportée en Europe et dans le monde, n'a été gagnée qu'à coup de guillotine et à la force des baïonnettes. Elle a donc été chèrement acquise. Et le prix payé permet de s'interroger sur son authenticité. Qu'est-ce qu'une révolution qui dévore ses propres enfants, qui les amène à s'entre-tuer ? N'y aurait-il pas une liberté qui pourrait être vécue pacifiquement par tous et assurer tout uniment le progrès du bien des individus et de celui de la société, sans antagonismes, dans un concert désirable?
    N'y aurait-il pas une autre révolution ? Une autre forme de révolution ne serait-elle pas pensable ?
    « Les sectaires vocifèrent contre ce qu'ils appellent « notre fanatisme », parce que les siècles passent et la Foi catholique demeure immuable. En revanche, parce qu'il n'a aucun rapport avec la vérité, le fanatisme des sectaires change à chaque époque de costume ; il dresse contre la Sainte Église l'épouvantail de simples mots, que leurs actes ont vidé de leur sens : la « liberté », qu'ils enchaînent ; le « progrès », qui ramène à la forêt vierge ; la « science », qui dissimule l'ignorance... Toujours un pavillon qui cache une vieille marchandise avariée » (saint Josémaria, (Sillon, n° 933).
    Puisque « la véritable liberté est dans le ciel où personne n'est lié par les chaînes du péché, chaînes qui sont les seules véritables » (st Thomas d’Aquin, De Beatitudine, c. 4, 3), c'est donc de Dieu qu'elle doit venir, c'est donc en concorde avec son auteur qu'elle est tenue d'agir. D'où la révolution chrétienne, qui rehausse la dignité de l'homme, en fait un fils de Dieu, définitivement.
    Dans notre réflexion courante, la liberté se présente souvent comme la valeur qui assoit le critère de vérité, dont la réalisation pratique forme le sens de l'existence humaine. Or l'homme est dans l'erreur quand il se laisse accroire que la liberté est elle-même sa propre fin et qu'il est libre lorsqu'il s'en sert « comme ça lui chante ». « La liberté, au contraire, est un grand don seulement quand nous savons en user avec sagesse pour tout ce qui est vraiment bien. Le Christ nous enseigne que le meilleur usage de la liberté, qui se réalise dans le don, est le service. C'est par une telle « liberté que le Christ nous a rendus libres » (Galates 5, 1) et qu'il nous libère toujours » (Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis, n° 21). La liberté est une propriété de la volonté par laquelle l'homme s'autodétermine dans ses actes en vue de sa bonne fin (cf. st Thomas d’Aquin, Summa Theologiæ I-II, q. 89, a. 6).

    (à suivre…)

  • Liberté, liberté chérie… (3)

    Liberté et union à Dieu

    Pourquoi le fondateur de l'Opus Dei n'emboîte-t-il pas le pas aux champions de la philosophie réflexive évoquée plus haut ? Pour une raison bien simple : il n'éprouve jamais la solitude. Quand il se regarde, il se voit en Dieu et voit Dieu en lui, devenu le temple de l'inhabitation de la Très Sainte Trinité : « Seul ! - Tu n'es pas seul. De loin, nous t'accompagnons. - Et puis..., le Saint-Esprit qui habite dans ton âme en état de grâce - Dieu avec toi - donne un ton surnaturel à toutes tes pensées, à tous tes désirs et à toutes tes œuvres » (st Josémaria, Chemin, n° 82). Mais du fait qu'elle exige une adhésion sans complexe ni problématique au champ d'action propre à l'être rationnel; du fait qu'elle implique une liberté d'esprit et de mouvement que l'on chercherait en vain chez qui n'a pas l'évidence immédiate de la réalité du monde et se verrouille dans des questionnements qui regimbent à l'idée d'un ordre de l'univers à la fois objet de connaissance et norme morale d'action.
    « S'il nous arrivait un jour de penser que le bien que nous faisons est notre œuvre, l'orgueil reviendrait en force, pire encore, le sel perdrait sa saveur, le levain pourrirait et la lumière deviendrait ténèbres » (saint Josémaria,

  • Liberté,liberté chérie… (2)

    [Je disais que la liberté est une propriété de la volonté]

    Or la volonté peut avoir pour objet, d'une part la fin et, d'autre part, ce qui se rapporte à cette fin. Dans le premier cas, elle se porte vers la fin de façon absolue ; elle est qualifiée de voluntas ut nature, ou tendance naturelle vers le bien en général. Dans le second cas, elle se porte vers l'objet qui a rapport à sa fin parce qu'elle le compare à cette fin et qu'elle trouve en lui de la bonté ; c'est la voluntas ut ratio qui peut adhérer ou non au bien qui se présente ainsi à elle (cf. St Thomas d’Aquin, Ibid. III, q. 18, a. 3). Précisons, pour éviter toute ambiguïté, qu'il s'agit en tout état de cause de deux niveaux des actes de la même et unique faculté volitive qu'est la volonté.
    Autrement dit, lorsque nous envisageons la liberté en tant que don, comme nous venons de le faire, nous nous référons à la liberté ontologique de l'homme, c'est-à-dire à celle qui correspond à la voluntas ut nature.
    Que l'homme soit créé en lui-même et en tous ses instants, puisque la création enveloppe le temps avec tout ce qu'il renferme, voilà qui n'enlève rien à la liberté, ne l'amoindrit nullement. « Cela constitue, au contraire, la liberté, en leur fournissant, grâce au Dieu créateur, sa raison totale » (A.-D. Sertillanges, Dieu gouverne, Paris, 1942, p. 68).
    Comme Bergson l'avait bien compris, après avoir essayé de soustraire quelque chose à la causalité et à la connaissance de Dieu, afin de « prendre la liberté au sérieux », si notre libre-arbitre détenait en soi le pouvoir de constituer un monde de relations, l'ordre du monde ne dépendrait alors plus du premier Principe et Dieu cesserait d'être Dieu (cf. A.-D. Sertillanges, L'idée de création et ses retentissements en philosophie, Paris, 1945, p. 183-184).
    L'homme n'est vraiment lui-même que dans la liberté des enfants de Dieu. Il serait désolant de voir les chrétiens réduire leur message à une libération temporelle qui restera toujours limitée, car il en résulterait incontinent une captivité spirituelle bien plus profonde que l'asservissement matériel. La liberté, que les techniques et les hommes politiques proposent, peut certes reculer les limites de l'existence biologique, mais elle laisse l'homme dans cette condition biologique d'une vie mortelle. Et cette immortalisation d'une vie mortelle qu'elle tente de réaliser — avec une acuité inégalée jusqu'ici — est pire que la mort. Car c'est sur un autre plan d'existence que commence seulement la liberté.
    Au plan des rapports d'un fils avec son père, des domestici Dei (Éphésiens 2, 19), de ceux qui appartiennent par adoption à la famille divine. Saint Paul a qualifié la liberté dont on s'y régale de parrèsia, de franc-parler (Cf. J. Ratzinger, « Loi de l'Église et liberté du chrétien », Studia Moralia 22 (1984), p. 182-186). Ce mot désignait chez les Grecs la condition du citoyen qui peut s'exprimer librement à l'assemblée d'égal à égal avec les autres, non dans l'attitude craintive d'un serviteur envers son maître (cf. J. Daniélou, Sainteté et action temporelle, Tournai, 1955, p. 50-52).
    La liberté constitue ainsi pour l'homme le chemin pour atteindre le bien véritable, objectif, de façon responsable. Jean-Paul II rappelle que la permissivité renverse cette saine vision et qu'elle fait quêter la liberté pour elle-même, comme un absolu. C'est pourquoi il est urgent de nos jours « d'apprendre aux nouvelles générations la beauté et les exigences de la liberté et de la responsabilité », et il faut « initier » (Jean-Paul II, Discours aux évêques français de la Région de l'Est en visite « ad limina », 1er avril 1982, n° 4). C'est ce que nous ambitionnons par les quelques pages qui suivent, en nous appliquant à réfléchir sur le sens chrétien de la liberté. Nous nous fonderons pour ce faire principalement sur les écrits publiés de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei.

    (à suivre…)

  • Liberté, liberté chérie… (4)

    Liberté et vision du monde

    Les philosophies classiques et modernes ont, pour leur part, appelé liberté ce qui n'était, en réalité, qu'un désir naturel, inconscient de son objet et de sa structure — de liberté aussi, certes. Désir naturel impuissant à déboucher sur des résultats précis, faute de réalisme de l'intelligence et de claire appréhension de l'ordre et du droit naturels.
    Que le monde soit l'œuvre d'une intelligence supérieure et qu'il comporte un ordre bon appelant un respect en réponse, voilà une vérité fondamentale que la société païenne connaissait déjà. Saint Josémaria intègre cette vérité dans la spiritualité qu'il préconise. Dans une formule heureuse, il présente la liberté comme « une plante forte et saine qui s'acclimate mal aux pierres, aux épines et aux chemins battus par les gens » (st Josémaria, Quand le Christ passe, Paris, 1989, n° 185). Allusion on ne peut plus claire à la parabole du semeur (cf. Luc 8, 5-7), qui nous dévoile à quel point ces idées sont incompatibles avec une conception du monde qui limite le connaissable à ce que l'on peut imaginer en un instant. Notre monde ne peut faire l'économie de Dieu, sauf à échouer misérablement.
    Il peut censurer Dieu, l'évincer, proclamer sa mort, il ne peut échapper à l'attraction de la nature et se prosterner devant une représentation sublimée de lui-même, devenant par le fait même son propre esclave. Le spectacle qu'il offre alors est celui d'un être appelé à communier avec Dieu qui se dégrade volontairement à un niveau infra-animal.
    Que ne comprend-il la grandeur de l'esprit qui ne saurait se résigner à être déterminé ni par ses passions ni par celles d'autrui et qui n'entend se soumettre qu'à la vérité ! Que ne sait-il s'élever au-dessus des contingences immédiates et se rebeller contre les modes et les comportements stéréotypés ! « Je n'accepte pas d'autre esclavage que celui de l'Amour de Dieu. Et cela parce que la religion est la plus grande révolte de l'homme qui ne tolère pas de vivre comme une bête, qui ne se résigne pas, qui ne s'apaise pas avant de fréquenter et de connaître le Créateur. Je vous veux rebelles, libres de tout lien, car je vous veux — le Christ nous veut — enfants de Dieu » (st Josémaria, Amis de Dieu, n° 38).

    (à suivre…)

  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (3)

    Une Église de tradition arménienne
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    6. L'Église arménienne catholique prend ses racines à l'époque des croisades, avec la création du royaume de Petite Arménie (Cilicie). L'union, proclamée en 1198, dura jusqu'à la disparition du royaume, en 1375. L'archevêque de Leopoli, en Pologne, rétablit l'union en 1635. Mais il faudra attendre le 26 novembre 1740 pour voir les évêques arméniens qui avaient réintégré la communion avec Rome se donner un patriarche, Abraham Arzivian, évêque d’Alep. Benoît XIV confirme l'élection en 1742 et octroie au patriarche le pallium et le titre de catholicos-patriarche des Arméniens de Cilicie. Rejeté par le clergé de son siège, il fixa sa résidence au couvent de Kreim, au Liban. En 1830 la Sublime Porte ottomane reconnaît l'indépendance de la communauté arménienne catholique. Il est procédé à l'union des deux communautés arméniennes catholiques, à savoir le patriarcat de Cilicie et celui de Constantinople (1866). Le siège patriarcal est alors établi à Istanbul. Mais les massacres de 1915 et l'exode massif qu'ils entraînent amèneront le synode des évêques arméniens catholiques à le réinstaller au Liban (1918). L'Église arménienne catholique a son éparchie patriarcale en Irak (Bagdad) et compte en Syrie deux éparchies et un exarchat patriarcal, une éparchie à Ispahan, Alexandrie, Istanbul et Paris (éparchie de Sainte Croix de Paris érigée le 30 juin 1986, première éparchie orientale catholique en Europe de l'Ouest), un exarchat apostolique en Amérique latine (Argentine), un pour les États-Unis d'Amérique et le Canada (Paterson), un exarchat patriarcal à Jérusalem. Un ordinariat a été créé en Europe orientale pour les Arméniens catholiques de l'Europe de l'Est, et en Roumanie pour les catholiques de rite arménien résident dans ce pays.
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    Les Églises orientales catholiques de tradition chaldéenne
    7. L'Église chaldéenne catholique est l’Église de Mésopotamie fondée par l’apôtre saint Thomas et remise à l’un des soixante-dix disciples, Addai, qui, avec un compagnon fonda l’Église de Séleucie et Ctésiphon. En 424 celle-ci se rendit autonome par apport à Antioche, sans rupture formelle. La dénomination d’Église chaldéenne date du concile de Florence (1445), à l’occasion de l’union de l’Église nestorienne de Chypre avec Rome. En 1233 les dominicains convertissent le patriarche de Bagdad, qui aura plusieurs successeurs catholiques. Mais ces entreprises, tout comme celles des franciscains, n'amène que des unions passagères avec Rome. À la suite des persécutions de Tamerlan le patriarche Chimoun (Siméon) IV (1437-1477) rendit l'office patriarcal héréditaire. Nombre d'évêques assyriens se choisissent alors en 1551 un patriarche, Jean Sulaka, qui est reçu dans l'Église catholique et confirmé dans sa charge par Jules III (20 avril 1553), qui reconnaît aussi sa juridiction sur les Indes. Cette dynastie finit par retomber dans le schisme avec Chimoun XIII (1662-1700) et par donner naissance à la dynastie nestorienne. Plusieurs patriarches furent catholiques, mais c'est en 1830 que Rome reconnaît Jean Hormez comme patriarche de Babylone des Chaldéens, avec siège à Mossoul. L'Église chaldéenne compte neuf éparchies en Irak dont le siège patriarcal de Bagdad, quatre éparchies en Iran dont deux sièges métropolitains (Urmya et Téhéran), une éparchie en Turquie, à Beyrouth, à Alep, au Caire et à Detroit, un exarchat patriarcal à Jérusalem. Une mission chaldéenne existe en France, en Australie et en Suède.
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    8. L'Église syro-malabare catholique est de vieille tradition. En effet, les chrétiens des États de Cochin et de Travancore, sur la côte occidentale de l'Inde, revendiquent le titre de « chrétiens de saint Thomas », l'apôtre qui, selon la tradition (voir les Actes de Thomas, du IIIème siècle, conservés en syriaque et en grec), aurait évangélisé leurs ancêtres et dont la tombe est vénérée à Mylapore. C'est eux que les Portugais découvrent en 1498. À la mort du dernier évêque nestorien, l'évêque de Goa, Ménezes, réunit un synode qui décida l'union à Rome (1599). Le jésuite Francisco Roz devint évêque de l’Église syro-malabare. Ultérieurement ce furent les carmes déchaux qui assumèrent cette juridiction. 1662 voit le sacre de Mar Alexandre Parampil, dernier évêque malabar, qui ramène beaucoup de syriens orthodoxes à son Église. Les fidèles dépendirent ainsi des ordinaires latins pendant trois siècles (1599-1896), c'est-à-dire jusqu'à la création de trois vicariats apostoliques confiés au clergé indigène. En 1923 est mise en place la première hiérarchie malabare catholique, avec Ernakulam comme siège métropolitain. Mais ces chrétiens ne sont pas autorisés, même encore de nos jours, à évangéliser le reste de l'Inde, à moins de passer au rite latin. L'Église malabare comprend un archevêché majeur (Ernakulam-Angamaly) et vingt-et-une éparchies en Inde (État du Kerala).

    (à suivre…)

  • Les 21 Églisescatholiquesd'Orient (2)

    Les Églises orientales catholiques de tradition antiochienne
    3. L'Église maronite, ou Église antiochienne syriaque maronite, tire son nom de saint Maron ou Maroun, ascète qui vécut dans la région de Cyr, en Syrie († 410). Le peuple maronite se considère l'héritier spirituel des moines du monastère de Saint-Maroun, situé sur les rives de l'Oronte, à l'Est de Hama. Il reçut ce nom après le concile de Chalcédoine, dont il fut un ardent défenseur, demeurant fidèle à l’Église de l’Empire et au concile lui-même. En 517 Sévère, patriarche jacobite d'Antioche, fit massacrer 350 moines maronites qui se rendaient en pèlerinage à l'église de Saint-Siméon le Stylite. Entre 631 et 641, après la conquête musulmane les Maronites se réfugient au Liban, et se donnent un patriarche d'Antioche et de tout l'Orient (685) alors que le siège patriarcal d'Antioche était vacant depuis 609. L’invasion des armées de l’empereur Justinien II (684) renforce la cohésion des maronites ainsi que leur particularisme en tant que communauté séparée. Une nouvelle vacance du siège patriarcal amène les évêques liés au monastère de Saint-Maron à élire un patriarche d’Antioche (vers 740), en particulier après que le calife de Damas, Marwan II (744-748), ait reconnu les maronites comme communauté religieuse séparée, dont le chef était aussi compétent pour les affaires séculières. C’est l’époque où les maronites commencèrent à émigrer vers le Liban. En l'absence de documents prouvant le contraire, il faut affirmer qu’ils sont restés toujours, au moins formellement, en communion avec Rome. Et si l’Église maronite a embrassé le monothélisme, elle a rejeté cette erreur une première fois en 1182 devant le légat du patriarche d'Antioche Amaury. L'Église maronite comprend une éparchie patriarcale (Batroun et Sarba) et dix éparchies au Liban (Antélias, Baalbeck, Beyrouth, Deir-El-Ahmar, Jbeil, Jounieh, Saïda, Tripoli du Liban, Tyr, Zahleh), dix en dehors du Liban (Brooklyn, São Paulo, Montréal, Sydney, Buenos Aires, Le Caire, Damas, Lattaquieh, Alep et Chypre), un exarchat à Jérusalem, un vicariat patriarcal au Koweit, trois procures patriarcales (Rome, Paris, Marseille). Un visiteur apostolique pour les Maronites d'Europe du Nord a été créé le 2 juillet 1993. Ailleurs, ce sont les ordinaires latins qui ont la charge des Maronites.

    4. L'Église syrienne, ou Église antiochienne syriaque catholique, d’antique tradition, naît au XVIe siècle, quand le patriarche Ignatius Nemetellah, élu en 1557, reconnaît l'autorité de l'évêque de Rome. La tentative d’union de l’Église jacobite à Rome au moment du concile de Florence-Latran en 1444 avait échoué. En 1680, l’Église syrienne est confiée à des vicaires apostoliques. Un siècle plus tard, Mikhaïl III Jaroué, évêque syriaque catholique d'Alep est élu patriarche des syriaques catholiques et orthodoxes (27 janvier 1782). Mais ces derniers se révoltèrent treize jours après et choisirent leur propre patriarche. Le patriarche syriaque catholique réside depuis au Liban, en un lieu qui deviendra le couvent Notre-Dame de la Délivrance à Charfet. L'Église syriaque compte huit éparchies : une au Liban (éparchie patriarcale à Beyrouth), quatre en Syrie (Damas, Homs, Alep et Hassaké-Nassibine), deux en Irak (Bagdad et Mossoul), une en Égypte (Le Caire) et deux exarchats patriarcaux (Jérusalem et Turquie).

    5. L'Église syro-malankare catholique. Les chrétiens de saint Thomas qui s’étaient séparés de l’Église syro-malabare au XVIIe siècle pour former l’Église syrienne orthodoxe de l’Inde, cherchent à rétablir la communion avec Rome : quatre tentatives ont lieu au XVIIIe siècle, mais elles échouent. En 1926, un de ses évêques est désigné pour rouvrir les négociations. Les conditions posées étaient, pour les malankares, de conserver leur liturgie et leur hiérarchie en place, pour Rome que le baptême et les ordinations soient prouvés valides. Or l'évêque en question, Mar Ivanios de Bethany, un autre évêque, un prêtre, un diacre et un laïc sont reçus en 1930 dans la communion de l'Église catholique. Toute la branche féminine et une partie de la branche masculine de l’Ordre de l’Imitation du Christ suivirent Mar Ivanios, leur fondateur. Ce dernier est promu chef de l’Église syro-malankare, avec siège à Trivandrum (Kérala). L'Église malankare comprend un siège métropolitain (Trivandrum) et deux éparchies (Tiruvalla et Battery). Depuis 1958, l’ashram de Kurisumala fait revivre le monachisme oriental adapté au mode de vie des ascètes hindous.

    (à suivre…)

  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (4)

    Les Églises orientales catholiques de tradition constantinopolitaine
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    9. L'Église melkite catholique, du nom donné par les monophysites (jacobites et coptes) après la conquête arabe aux chrétiens des patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem restés fidèles à Chalcédoine et donc à l'empereur byzantin qui avait confirmé ce concile œcuménique (malka en syriaque, malik en arabe veut dire royalistes) ; cette dénomination s’applique à la fraction de cette communauté qui est entrée en communion avec Rome. Les relations de l’Église melkite avec Rome ont traversé trois phases. La période antiochienne est marquée par la communion. La période byzantine est une phase de rupture, la hiérarchie melkite se ralliant aux idées anti-latines des théologiens de langue grecque. La dernière phase est celle de l’intercommunion.
    Après que les Ottomans eussent divisé l'Orient en trois wilayat (Damas, Beyrouth et Alep) au XVIe siècle, le gouvernement de Damas s'immiscait fréquemment dans les affaires du patriarche orthodoxe. Le patriarche Ephtimos II négocie alors l'union avec Rome, mais il n'a pas le temps de la conclure. À la mort du patriarche Athanasios III Dabbas, en 1724, l'autorité de son successeur est battue en brèche par le patriarche de Constantinople qui nomme son candidat, appuyé par le Sultan ottoman. D'où une scission, une partie adhérant au patriarche légitime et devenant catholique. La série des patriarches melkites catholiques est ininterrompue depuis Cyrille VI († 1759). De cette date jusqu'en 1830, l'Église melkite souffrit de violentes persécutions de la part des Ottomans. À l'occasion de l'occupation de la Syrie par les Égyptiens, le siège patriarcal fut transféré à Beyrouth (1833). En 1838 le patriarche catholique Maximos III Mazlum obtient que Constantinople reconnaisse l’existence juridique de l’Église et de la nation (millet) melkite. Rome autorisa Maximos III à porter le titre de patriarche d’Alexandrie et de Jérusalem. L'Église melkite catholique comprend vingt éparchies, dont cinq en Syrie (Alep, Bosra-Hauran, Damas, Homs, Lattaquieh), sept au Liban (Beyrouth-Jbeil, Tyr, Baalbeck, Banyas-Césarée de Philippes, Saïda, Tripoli du Liban, Zahleh-Furzol), une à Haïfa, au Caire, à Amman, São Paulo, Mexico, New-York, Montréal et Sydney, un exarchat patriarcal à Jérusalem, au Caire (pour l'Égypte et le Soudan) et au Koweit, et un exarchat apostolique au Venezuela.
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    10. L'Église ukrainienne catholique développa son identité propre après le schisme de 1054. Objet d'occupations diverses, celle des Polonais au XVe siècle rendit le catholicisme prépondérant, au point que le métropolite de Kiev accepta l'union proposée au concile de Florence (8 janvier 1438-7 août 1445). Moscou rejeta cette union et élut son propre métropolite. L'union de la province métropolitaine de Kiev fut alors formellement proclamée au synode de Brest-Litovsk (1595-1596). Au XVIIIe siècle le Tsar abolira l'union avec Rome en Ukraine orientale et imposera l'orthodoxie aux Ukrainiens catholiques de son Empire ; l’union n’est préservée que dans la partie occidentale de l’Ukraine, rattachée en 1772 à l’Autriche après le premier partage de la Pologne. En 1946, un synode des prêtres ukrainiens catholiques se tient à Lvov pour dissoudre officiellement l'union et intégrer l'Église d'Ukraine à l'Église russe orthodoxe, à la suite de l'annexion de l'Ukraine par l'URSS. Le premier synode plénier de toute la Rus' depuis la persécution s'est tenu en 1992 à Lvov, qui est archevêché majeur. La hiérarchie catholique a pu être reconstituée avec la création de quatre éparchies (20 août 1993) à Koloma-Chernivci des Ukrainiens, Sambir-Drohobych, Ternpil et Zboriv, et d'une administration apostolique dans les Carpates (14 août 1993). La diaspora se trouve principalement en Amérique du Nord, avec cinq éparchies au Canada, quatre aux États-Unis, une au Brésil et une en Argentine. Il en existe également une en Pologne et en Australie, à quoi s'ajoutent des exarchats apostoliques en Allemagne, France, Pologne et Royaume-Uni.
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    (à suivre…)

  • 18 juin : la Fête-Dieu

    L’Église fête aujourd’hui le corps et le sang du Christ. Lors de la messe, quand le prêtre prononce les mêmes paroles que Jésus, le soir du Jeudi saint au Cénacle, le pain cesse d’être du pain pour devenir vraiment, réellement et substantiellement le corps du Christ, et de même le vin devient son sang. Celui-ci l’a institué au cours du dernier repas qu’il a pris avec ses apôtres, la dernière Cène : « Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant : “Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi.” Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : “Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous.” » (Luc 22, 19-20). C’est le sacrement de l’Eucharistie. La foi catholique affirme qu’après la consécration, le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces et dans chacune de leurs parties.

    L’Eucharistie, réservée dans le tabernacle pour être portée en Viatique aux malades proches de la mort, est aussi proposée à l’adoration des fidèles dans les saluts du Saint-Sacrement, les bénédictions du Saint-Sacrement, les reposoirs, les congrès eucharistiques…Cette adoration est fondamentale dans la vie d’un fidèle, car elle correspond à ce pour quoi l’homme a été créé.
    « Il est émouvant pour moi de voir comment, partout dans l'Église, est en train de se réveiller la joie de l’adoration eucharistique et que ses fruits se manifestent. Au cours de la période de la réforme liturgique la Messe et l'adoration en dehors de celle-ci étaient souvent considérées comme en opposition entre elles : le Pain eucharistique ne nous aurait pas été donné pour être contemplé, mais pour être mangé, selon une objection alors courante. Dans l’expérience de prière de l’Église s’est désormais manifesté le non-sens d'une telle opposition. Augustin avait déjà dit : …nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit ;… peccemus non adorando — « Que personne ne mange cette chair sans auparavant l’adorer;… nous pécherions si nous ne l’adorions pas » (cf. Enarr. in Ps 98, 9 CCL XXXOX 1385). De fait, dans l'Eucharistie nous ne recevons pas simplement une chose quelconque. Celle-ci est la rencontre et l’unification de personnes ; cependant, la personne qui vient à notre rencontre et qui désire s’unir à nous est le Fils de Dieu. Une telle unification ne peut se réaliser que selon la modalité de l’adoration. Recevoir l’Eucharistie signifie adorer Celui que nous recevons. Ce n’est qu’ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons une seule chose avec Lui. C'est pourquoi le développement de l’adoration eucharistique, telle qu’elle a pris forme au cours du Moyen-âge, était la conséquence la plus cohérente du mystère eucharistique lui-même : ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et véritable. C’est précisément dans cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite également la mission sociale qui est contenue dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais également et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres. »

    Benoît XVI, Discours aux membres de la curie romaine, 22 décembre 2005.

  • Liberté, liberté chérie… (fin)

    Liberté et unité de vie

    L'homme libre ne se laisse pas détourner de la finalité essentielle de sa nature. Il intègre chacune des composantes de son être dans le plan divin et collabore ainsi de toutes ses forces à co-racheter avec le Christ. Parfaitement conscient de sa vocation à la plénitude de la vie chrétienne, il discerne à quel point sa vocation humaine et sa vocation surnaturelle constituent un tout qu'il est convié à couler dans une « unité de vie » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 165) compacte. Il faut « aimer le monde passionnément », comme l'indique le titre d'une homélie du fondateur de l’Opus Dei (cf. Entretiens avec Mgr Escriva, n° 111-123), parce que « votre vocation humaine est une partie, et une partie importante, de votre vocation divine » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 46). L'on infère de cette puissante assertion que « notre époque a besoin qu'on restitue à la matière et aux situations qui semblent les plus banales, leur sens noble et originel, qu'on les mette au service du Royaume de Dieu, qu'on les spiritualise, en en faisant le moyen et l'occasion de notre rencontre continuelle avec Jésus-Christ » (Ibid., n° 114).
    La vie courante est donc le théâtre où l'homme conquiert sa liberté et où il la met en acte, c'est-à-dire où sa volonté acquiert un habitus, ou qualité stable par laquelle l'être se perfectionne. L'homme s'attache et se livre à Dieu dans un épanouissement sans cesse grandissant qui lui vient de l'adéquation à la loi morale par le truchement de la réponse à la grâce. « La liberté et le don de soi ne se contredisent pas ; ils se soutiennent mutuellement. On ne donne sa liberté que par amour ; je ne conçois pas d'autre type de détachement » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 31).
    C'est ainsi que l'homme vit le plus intensément, s'auto-réalise au maximum, transforme avec vivacité sa vocation humaine — familiale, professionnelle, scientifique, politique, culturelle, etc. — en une authentique vocation divine. S'ouvrent alors devant lui « les chemins divins de la terre » (Ibid., n° 314). Il y déchiffre que Dieu s'intéresse à ce qui constitue « son monde », avec ses projets, avec son amour, avec son travail (cf. D. Le Tourneau, « Le travail comme caractéristique de la sécularité des laïcs. Pistes pour une réflexion », Studium Legionensis [1988]). Un rapport simple, filial et confiant se noue avec l'Absolu, empreint de cette liberté dont les enfants font preuve à l'égard de leurs parents. L'exécution fidèle de sa vocation dans les moindres incidences de son existence lui font savourer le gaudium cum pace (cf. saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 9), la paix et la joie qui l'acheminent à la volonté de ne pas dévier du chemin de Vie : « Nous nous savons libres; nous élevant comme dans un chant d'amour - épithalame d'une âme ardente - qui nous pousse à désirer ne pas nous écarter de Dieu » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 297). Cette ambition de la sainteté, de la « bonne divinisation » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 98) doit s'affirmer et s'affermir tout au long de la vie, dans un crescendo irrésistible d'amour de Dieu, en commençant et en recommençant sans cesse : « Afin de persévérer à la suite de Jésus, il faut une liberté continuelle, un vouloir continuel, un exercice continuel de sa propre liberté » (saint Josémaria, Forge, n° 819) ; elle fait brûler d'une impatience volcanique de contempler Dieu face à face. Vultum tuum, Domine, requiram ! (Psaume 27, 8), Seigneur, je cherche ton visage, répétait Mgr Escriva sur le tard de sa vie (cf. F. Gondrand, Au pas de Dieu. Josémaria Escriva de Balaguer fondateur de l'Opus Dei, Paris, 1982, p. 312).
    « Je me plais à parler de l'aventure de la liberté, car c'est ainsi que se déroule votre vie et la mienne. Librement — comme des enfants et, pardonnez-moi si j'insiste, non comme des esclaves — nous suivons le sentier que le Seigneur a tracé pour chacun de nous. Nous savourons cette facilité de mouvement comme un don de Dieu. Librement, sans aucune contrainte, parce que telle est ma volonté, je me décide pour Dieu. Et je m'engage à servir, à transformer mon existence en un don aux autres, par amour de mon Seigneur Jésus » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 35). Et en dernier ressort cette libre élection émane de « la liberté des enfants de Dieu, que Jésus-Christ nous a gagnée en mourant sur le bois de la croix » (Ibid., n° 297).

    (fin)

    Dominique LE TOURNEAU

    (cet article est paru dans Theologica XXII-XXIII [1991], p. 3-14)

  • 24 juin : Saint-Jean-Baptiste

    L’influence de Jean-Baptiste sur Jésus

    La figure de saint Jean-Baptiste occupe une place importante dans le Nouveau Testament et, concrètement, dans les Évangiles. Elle a été commentée par la tradition chrétienne la plus ancienne et a pénétré profondément dans la piété populaire, qui célèbre depuis les temps les plus reculés la fête de sa naissance avec une solennité particulière. Ces dernières années, elle est au centre de l’attention de ceux qui étudient le Nouveau Testament et les origines du christianisme et qui se posent la question de savoir ce que nous pouvons connaître des rapports entre Jean-Baptiste et Jésus de Nazareth du point de vue de la critique historique.
    Deux types de sources parlent de Jean-Baptiste, les unes chrétiennes, les autres profanes. Les sources chrétiennes sont les quatre Évangiles canoniques et l’évangile gnostique de Thomas. La source profane la plus importante est Flavius Josèphe, qui consacre un long paragraphe de ses Antiquitates Judaicæ 18, 116-119, à gloser le martyre de Jean-Baptiste du fait d’Hérode dans la forteresse de Machéronte (en Pérée). Pour apprécier les influences éventuelles, il peut être utile de considérer ce que nous savons de la vie, de la conduite et du message des deux hommes.
    1. Naissance et mort. Jean-Baptiste est contemporain de Jésus, est né certainement un peu avant lui et a commencé sa vie publique aussi avant. Il était d’origine sacerdotale (Luc 1), même s’il n’a pas exercé ses fonctions et si l’on suppose que, par sa conduite et du fait qu’il est resté éloigné du Temple, il s’est montré contraire au comportement du sacerdoce officiel. Il a passé un certain temps au désert de Judée (Luc 1, 80), mais il ne semble pas qu’il ait été en relation avec le groupe de Qumran, étant donné qu’il ne se montre pas aussi radical que lui dans l’accomplissement des préceptes légaux (halakhot). Il est mort condamné par Hérode Antipas (Flavius Josèphe, Ant. 18, 118). Jésus, pour sa part, a passé sa première enfance en Galilée et a été baptisé par Jean dans le Jourdain. Il a appris la mort de Jean-Baptiste et en a toujours loué la figure et la mission prophétique.
    2. Comportement. De sa vie et sa conduite, Josèphe dit que c’était « une bonne personne » et que beaucoup « allaient à lui et s’enflammaient en l’écoutant ». Les évangélistes sont plus explicites et mentionnent le lieu où sa vie publique s’est déroulée, la Judée et les rives du Jourdain, sa conduite austère dans l’habillement et la nourriture, son attitude de chef à l’égard de ses disciples et sa fonction de précurseur, quand il découvre en Jésus de Nazareth le vrai Messie. Jésus, en revanche, ne s’est pas distingué extérieurement de ses concitoyens : il ne s’est pas limité à prêcher en un endroit déterminé, il a pris part aux repas de famille, s’est habillé avec naturel et, tout en condamnant l’interprétation littérale de la Loi que faisaient les pharisiens, il a accompli tous les préceptes légaux et s’est rendu au Temple de façon assidue.
    3. Message et baptême. Selon Josèphe, Jean-Baptiste « exhortait les Juifs à pratiquer la vertu, la justice les uns envers les autres et la piété envers Dieu, puis à recevoir le baptême ». Les Évangiles ajoutent que son message était un message de pénitence, eschatologique et messianique ; il exhortait à la conversion et enseignait que le jugement de Dieu était imminent : un qui est « plus fort que moi » viendra, qui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Pour Josèphe, son baptême était « un bain du corps » et signe de propreté de l’âme par la justice. Pour les évangélistes, c’était « un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Marc 1, 15). Jésus ne rejette pas le message de Jean-Baptiste, mais part de lui (Marc 1, 15) pour annoncer le royaume et le salut universel, et il s’identifie au Messie que Jean annonçait, ouvrant ainsi l’horizon eschatologique. Et, surtout, il fait du baptême la source du salut (Marc 16, 16) et la porte pour participer aux dons octroyés aux disciples.
    En résumé, il y a eu beaucoup de point de contact entre Jean et Jésus, mais toutes les données connues jusqu’ici mettent en évidence le fait que Jésus de Nazareth a dépassé le schéma vétérotestamentaire de Jean-Baptiste (conversion, attitude éthique, espérance messianique) et présenté l’horizon infini du salut (règne de Dieu, rédemption universelle, révélation définitive).

    Santiago Ausín, professeur de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
    Original sur le site opusdei.es
    Traduit par mes soins