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religion - Page 60

  • Dieu est bon (2)

    Même dans un moment aussi dramatique que la crucifixion, la bonté de Dieu éclate au grand jour. Au lieu de paroles de haine ou de vengeance, Jésus dit à son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Cela suffit à faire réagir un malfaiteur qui se trouvait crucifié avec lui. Il lui adresse une demande : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. Et il lui dit : « En vérité je te le dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23, 42-43). Ô paradoxe de l’amour de Dieu, le premier racheté à entrer au paradis, sitôt que Jésus a rendu son esprit est un fieffé brigand qui a mérité d’être condamné à mort par un tribunal humain…
    Cette bonté de Dieu s’exprime en tout premier lieu par la création. Puis il se révèle aux hommes, en parlant leur langage. Mais elle se surpasse vraiment quand elle en arrive à la « folie de la Croix » (voir 1 Corinthiens 1, 23). C’est le comble de l’Amour. « L’abîme de malice que le péché comporte a été franchi par la Charité infinie. Dieu n’abandonne pas les hommes. Les desseins divins prévoient que, pour réparer nos fautes, pour rétablir l’unité perdue, les sacrifices de l’Ancienne Loi ne suffisaient pas : il fallait le don de soi d’un homme qui fût Dieu » (saint Josémaria, Quand le christ passe, n° 95) : c’est le Fils de Dieu, Dieu lui-même, la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, qui s’incarne, c’est-à-dire qui prend chair, un corps semblablement nôtre en tout, hormis le péché (voir Hébreux 4, 14).
    Le Christ est envoyé aux hommes, lui qui « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. […] Il est venu chez les siens, mains-libres ne l’ont pas reçu. Mais à ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jean 1, 1.11-12).
    Dans ces conditions, comment douter de cette bonté, si ce n’est par haine de Dieu, haine qui « vient de l’orgueil. Elle s’oppose à l’amour de Dieu dont elle nie la bonté et qu’elle prétend maudire comme celui qui prohibe les péchés et qui inflige les peines » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2094).
    « Puisque le seigneur est bon, et surtout envers ceux qui espèrent en lui, attachons-nous à lui, soyons avec lui de toute notre âme, de tout notre cœur, de toutes nos forces pour et redans sa lumière, pour contempler sa gloire et pour posséder la grâce du bonheur céleste. Tendons nos esprits versement, soyons en lui, vivons en lui, attachons-nous à lui, à ce bien qui dépasse toute pensée et toute réflexion, qui jouit d’une paix et d’une tranquillité perpétuelles ; une paix qui surpasse toute pensée et «tout sentiment » (saint Ambroise, Traité de fuga sæculi).
    Mais l’homme fait cependant l’expérience du mal…

  • Regard de Jésus au tabernacle

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    Tu jettes sur moi un regard d’intelligence
    Qui met en lumière les points de divergence
    Entre les devoirs de notre union baptismale
    Et les réclamations du vieil homme animal.
    Je vois un Christ qui n’est pas Jésus, mais l’image
    Que mes yeux, voilés par les péchés, ont formé.
    Componction, humilité, constituent le lavage
    Indispensable pour pouvoir les ranimer.
    Or toi, du ta bernacle d’où tu me dévisages,
    Même si je suis en permanent déphasage
    Avec ton Amour, je m’ouvre tout grand à toi,
    Car le feu de l’Esprit me brûle et me nettoie.
    À genoux sur un prie-Dieu, assis sur un banc,
    Nous restons tous les deux, seuls dans un face à face.
    Et tu m’apportes la clarté du Mont Liban,
    Nous conversons et la notion du temps s’efface.
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    Le silence éloquent de ton éternité
    Soulève un peu le voile de ta divinité.
    Mais c’est le regard de qui est Dieu, de mon Dieu,
    Aussi surprenant que cela puisse paraître,
    Qui donne d’exister et maintient dans l’être,
    Pendant le cours de la vie terrestre et aux cieux.
    Comme j’aimerais être à jamais absorbé
    Dans l’univers où tout mon mal est résorbé.
    Ah ! Jésus-Hostie, quelles minutes délicieuses
    Que celles consacrées à la contemplation !
    Et combien l’âme en tire comme consolation !
    Que ta présence bien réelle est mystérieuse !
    C’est un dard qui traverse jusqu’à la moelle osseuse,
    Un dard qui blesse sans blesser, car il est fait
    D’Amour étourdissant, d’ambitions audacieuses
    Qu’il concoure sans cesse à exalter, à chauffer.
    Mesuré à toi, je ne suis qu’un avorton,
    Sans concevoir aucune humiliation.
    Je ne suis qu’un morceau écorné de carton
    Prêt à recevoir une divine ondulation.
    Présente-moi le Père, et cela me suffit,
    Puisque toi seul a pouvoir de le révéler.
    Les contacts établis entre nous m’édifient
    Et je m’approche de toi jusqu’à te frôler.
    En scrutant ton visage je me mets à t’aimer
    Pour parvenir à la grandeur paroxystique :
    De tout mon cœur et mes forces, à m’en pâmer,
    De tout mon esprit, pour égaler les mystiques.
    Ma présence ne passe guère souventes fois
    Celle du chiot fidèle couché devant son maître,
    Mais je suis là pourtant, témoignant de ma foi :
    Je t’offre toutes mes facultés, tout mon être.
    « Plus je te vois, plus je t’entends et plus je t’aime.
    Tu dis des mots, des mots d’amour, toujours les mêmes. »
    Je ne vois pas pourquoi il faudrait en changer
    Alors que chacun d’entre eux me rend plus léger.
    Le regard du Fils, c’est aussi celui du Père
    Et celui de l’Esprit, un regard trinitaire,
    Qui, in abscondito, m’aide à le découvrir,
    À me reconnaître en lui, pour ne pas mourir,
    À comprendre que je saurai à la manière
    Dont je suis connu par Dieu, la Science plénière,
    À exulter en Dieu et en Dieu me réjouir,
    À laisser pour toujours son regard m’éblouir.

  • Dieu est Père

    Dieu est notre père, un Père qui nous aime plus que tous les pères et toutes les mères de la terre réunis, faisait remarquer saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei. La claire conscience d’être enfant de Dieu donne un sens vigoureusement optimiste et une grande paix à notre existence. En toutes circonstances, qu’elles nous semblent favorables ou adverses, faciles ou difficiles, plaisantes ou désagréables, pensons : « Dieu est mon Père et un Père tout-puissant et infini. Il m’aime à la folie. Il veut donc constamment mon bien véritable. Il sait mieux que moi ce qui me convient à chaque instant. Tout ce qui m’arrive est donc ce que Dieu a choisi ou permis pour moi afin que je sois saint et heureux. Pour parler selon notre façon humaine de nous exprimer, il n’a pas pu trouver mieux pour moi. Il n’existe donc pour moi de meilleure façon de me sanctifier que d’aimer cette sainte volonté de Dieu et de m’efforcer d’y adhérer, avec l’aide de la grâce divine. »
    Telle est la réalité la plus importante concernant notre vie. Si nous l’envisageons sous l’angle des rapports entre un père et son enfant, tout s’insère dans les plans de Dieu, qui sont des plans de salut. « Les projets que j’ai projetés pour vous sont des projets de bonheur et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance » (Jérémie 29, 11). C’est l’attitude permanente de Dieu, sur laquelle il ne peut revenir.
    Il a un faible pour l’homme qu’il a créé, mais qu’il sait fragile. Dieu nous a créés par pure bonté, afin que nous puissions participer de son bonheur. Et il semble trouver lui-même sa joie à nous fréquenter, bien que nous soyons de pauvres pécheurs. Je trouve « mes délices parmi les enfants des hommes » (Proverbes 8, 31), dit le Dieu tout-puissant. C’est surprenant, mais c’est une surprise fort agréable pour nous.
    À nous de trouver aussi notre bonheur et notre joie d’être avec le Seigneur. Allons le chercher là où il est : dans la Parole, le Nouveau Testament notamment, dans l’Eucharistie, sacrement de la présence réelle de Jésus-Christ parmi les siens, dans les autres sacrements, dans les événements qu’il dirige par sa providence, dans les autres pour lesquels le Christ a aussi versé son Sang sur la Croix.
    « Appuie-toi sur la filiation divine. Dieu est un Père — ton Père ! — plein de tendresse, plein d'un amour infini.
    — Appelle-le souvent du nom de Père et dis-lui, seul à seul, que tu l'aimes très fort ! Que tu te sens tout fier et fort d'être son enfant » (saint Josémaria, Forge, n° 331).

  • Regard de Jésus sur Marie-Madeleine

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    Un groupe bruyant et gesticulant s’avance :
    C’est une femme, par les cheveux empoignée.
    Il y a eu offense, qui réclame vengeance,
    Comme les pharisiens se sont imaginé :
    « Elle a été surprise en flagrant adultère.
    Notre Loi nous fait un devoir de lapider
    Ce genre de femme. Toi, quelle est ton idée ?
    Devons-nous la mettre à mort, ou vas-tu te taire ? »
    Il ne se taira pas, mais sans lever les yeux
    Il lance une réponse qui est déconcertante
    Dont il a le secret : « Que celui que ne hante
    Aucun péché et qui se juge religieux
    Lui jette la première de ces pierres mortelles. »
    La masse des délits passés les écartèle.
    Ils se retirent alors, les plus vieux en premier.
    De la faute ils avaient été de fins limiers…
    Il subsiste en eux un semblant de dignité :
    Se détournant de la pécheresse, ils partent
    Déçus, démasqués dans leur inhumanité
    Et laissent seule avec Jésus la sœur de Marthe.

    * * *

    Elle avait aussi un frère, nommé Lazare.
    Ils habitaient un bourg, du nom de Béthanie,
    Située sur le chemin que, comme par hasard,
    Jésus suivait pour se rendre à Gethsémani.
    Or, les deux sœurs prévinrent le Seigneur que leur frère
    Était tombé malade gravement. Mais lui
    Fit semblant de ne pas avoir été instruit,
    De mésestimer une optique funéraire.
    Quand il se décida à gagner Béthanie,
    Son ami était mort depuis bien quatre jours.
    « Tu pouvais empêcher une telle avanie
    Si tu avais voulu avancer ton séjour
    Parmi nous, et mon frère n’aurait pas été mort »,
    Lui dit Marie en pleurs, prosternée à ses pieds.
    — La foule des amis était là à l’épier.
    Voyant ce regard de souffrance qui l’implore,
    Jésus fut à son tour gagné par l’émotion.
    Il s’enquit : « Où l’avez-vous mis ? » On répondit :
    « Seigneur, viens voir. » À ces simples mots, il fondit
    En larmes. « Il avait une vraie dévotion
    Pour ce Lazare », dirent ceux qui étaient présents.
    « Que n’a-t-il usé de son pouvoir bienfaisant
    Pour lui épargner la mort et nous le laisser ?
    Mais voyez comme son cœur d’amour est blessé. »
    Une fois face au caveau, le Maître s’écria :
    « Lazare, sors. » Les anges entonnent le Gloria
    Et Lazare s’avance, pleinement entouré
    De bandages. « Déliez-le, et qu’il soit libéré. »

    * * *
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    Le lendemain de la Pâque, Marie se rend
    Au tombeau, escortée des autres saintes femmes,
    Elle porte un flacon de parfums enivrants,
    Pour finir d’embaumer Jésus après le drame.
    Elle se penche, tout en pleurant, dans la tombe,
    Et voit deux anges en blanc qui étaient assis,
    Et s’adressent à elle sur un ton adouci :
    « Ô femme, qui cherches-tu dans ces catacombes ? »
    « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais
    Où on l’a placé. » Puis, sentant une présence,
    Elle se retourna et perçut à distance
    Un homme qui pourrait parler du trépassé,
    Car elle pensait que c’était le jardinier.
    « Femme, pourquoi es-tu en pleurs ? » demanda-t-il.
    « Si c’est toi, où as-tu caché le crucifié ? »
    « Myriam ! » Le ton de la voix est chaud et subtil.
    Marie capte alors le regard et reconnaît
    Celui qu’elle cherchait éplorée. « Rabbouni ! »
    La voilà qui s’en trouve aussitôt rajeunie.
    « Ne me touche pas, bien que tu sois passionnée,
    Je ne suis pas encore remonté vers mon Père,
    Mais vas porter la bonne nouvelle à tous mes frères,
    Et dis-leur que je vais remonter vers mon Père
    Et votre Père, et que j’ai délaissé l’ossuaire. »

  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (5)

    11. L'Église bulgare catholique prend naissance quand des Bulgares orthodoxes, lassés de ne pouvoir obtenir d'être indépendants vis-à-vis de Constantinople, cherchèrent à retourner à la communion avec Rome après 1859. Le pape ordonna évêque leur chef. Mais il fut enlevé et mourut prisonnier dans un monastère orthodoxe de Russie. Cela n'empêcha pas une communauté d'exister. Cependant ses effectifs s'amenuisèrent, malgré les efforts de missionnaires augustiniens et assomptionistes. L'exarchat apostolique a son siège à Sofia.
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    12. L'Église russe catholique doit son existence au fait que le rite byzantin étant interdit aux catholiques par le régime tsariste jusqu'en 1905, les Russes qui se convertissaient devaient être de rite latin. En 1905 Nicolas II prit un édit de tolérance, et un exarchat fut créé en 1917, mais la persécution ne tarda pas à éliminer presque tous ces catholiques. L'Église russe compte deux exarchats apostoliques (Moscou et, hors de Russie, Harbin en Chine). Le collège russe fondé à Rome par le Saint-Siège en 1929 est destiné à former des prêtres pour la Russie.
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    13. L'Église ruthène catholique. Les Ruthènes sont les Slaves d'Ukraine, de Galicie et d'une partie des Carpates. L'union de Florence dut être renouvelée à Brest-Litovsk. Les partages de la Pologne, de 1772 à 1795, attribuent presque tout le pays des Ruthènes à la Russie. Catherine II les fait passer de force à l'orthodoxie. À la suite de l'édit de 1905, une partie redevinrent catholiques, mais de rite latin. Les Ruthènes de Galicie connurent un sort meilleur dans l'Empire austro-hongrois, et une province ecclésiastique avec deux évêchés suffragants put leur être donnée. En 1949, le synode des prêtres ruthènes catholiques décida l'intégration à l'Église russe orthodoxe. Les persécutions furent très dures, ainsi qu'en Tchécoslovaquie. Quatre éparchies existent aux États-Unis et une en Ukraine.

    14. L'Église roumaine catholique comprend les régions de Valachie, Moldavie et Transylvanie, longtemps sous la domination ottomane. L'Église orthodoxe apparaissait étroitement liée à la conscience roumaine. Après l'annexion de la Transylvanie par l'Empire austro-hongrois en 1687, un mouvement de rapprochement avec Rome se dessina dans cette province. Des jésuites y furent envoyés, si bien qu'une union formelle avec Rome est proclamée en 1701. En 1940, l'Église roumaine comptait 1 500 000 fidèles et cinq éparchies. Mais le 1er décembre 1948 un synode des prêtres (auquel les évêques ne participaient pas) vota le rattachement à l'Église orthodoxe de Roumanie. Ce décret a été aboli trente et un ans plus tard. La hiérarchie catholique est reconstituée le 14 mars 1990. La Roumanie compte cinq éparchies. Un exarque réside aux États-Unis (Ohio).

    (à suivre…)

  • Regard de Jésus à Pierre

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    André ayant quitté Jean pour l’autre Rabbi
    Ne peut vivre seul ce cheminement subit.
    Il s’empresse d’aller trouver Simon, son frère,
    Devant aux travaux de la pêche le soustraire.
    « Le Messie, le Messie, nous l’avons rencontré.
    Il vient d’arriver, mais si ! dans notre contrée.
    Laisse tes compagnons achever le travail,
    Viens t’adjoindre à ceux qui font partie du sérail. »
    Jésus le fixa du regard, puis il lui dit :
    « Tu es Simon, fils de Jean : tu t’appelleras
    Désormais Képhas, ou Pierre, et tu seras
    Un pêcheur d’hommes, pour remplir mon paradis. »

    * * *

    « Tu es un compagnon de ce Galiléen. »
    Cette apostrophe d’une servante à Simon
    Est le piège qu’invente l’astucieux démon
    Pour que chute le bras droit du Nazaréen.
    En effet, devant tous avec force il nia :
    « Non, vraiment, je ne vois pas ce que tu veux dire. »
    il abandonne sur le champ son vicariat,
    N’hésitant pas, le malheureux, à se dédire.
    Il se rapproche du portail, pour partir,
    Quand un autre dit : « Tu étais avec Jésus ! »
    De Nazareth », bloquant ainsi l’unique issue.
    Pierre va se laisser encore pervertir :
    « Je ne connais pas cet homme, vous ai-je dit ! »
    Il fait cette assertion sans la moindre assurance.
    Il ne pense pas une seconde aux souffrances
    De Jésus, seule compte sa propre tragédie.
    « Et pourtant ta façon de parler te trahit. »
    Par cette affirmation, l’homme a surenchéri.
    Alors, Pierre se lance dans des imprécations,
    Se met à jurer et nie toute relation :
    « Je ne connais pas cet homme, je vous le jure ! »
    Pour la troisième fois dans la cour du palais
    Du grand prêtre résonne cet atroce parjure :
    Terrorisé, Simon-Pierre s’est emballé.
    Le serviteur tout de go l’a désarçonné,
    Et ce, par peur d’être à son tour emprisonné !
    Pierre peut le regretter : ce qui est dit est dit.
    Il est l’acteur de la terrible tragédie.
    Il devait devenir une pierre angulaire
    Pour l’Église, et en plus affermir tous ses frères,
    Mais voilà qu’il s’effondre pris de couardise,
    Tombant de plein gré dans une effroyable mouise.
    Pendant ce temps, Jésus consent à un semblant
    D’interrogatoire. Et, simultanément,
    Tandis qu’il descend de l’étage un coq chante,
    Jésus se tourne vers Simon en fin de pente.
    Leurs regards se croisent. Pour Jésus, un regard
    De tristesse et d’Amour, où on peut discerner
    Déjà le pardon. Et pour Simon, un regard
    De honte, le cœur pris dans de tristes chardons.
    Dans ce regard perçant, il entrevoit l’horreur
    De son inconcevable et dure trahison,
    Il voit qu’une fois de plus, il est dans l’erreur,
    La peur de la prison reste son horizon.
    Découvrant sa misère, il sait qu’il est aimé
    En dépit de tout, au lieu d’être condamné.
    Il a pourtant renié et beaucoup blasphémé,
    Mais il y a moyen de se désaliéner.
    La possibilité d’un vrai relèvement,
    N’a pas disparu, qui suppose un mouvement
    De purification avec l’acceptation
    De la situation, épurant l’intention.
    La chance de Pierre est d’avoir su accepter
    De croiser le regard de Jésus, son bon Maître,
    D’avoir pu pleurer sa trahison, pour renaître
    À la vie, et ne plus se laisser dérouter.
    Il sortit enfin de l’enceinte du palais,
    Malade, comme si on l’avait empalé.
    Il pleura longuement, versa de chaudes larmes,
    Lui qui croyait sauver Jésus-Christ par les armes.

    * * *

    Dans les jours qui font suite à la Résurrection,
    Jésus demande à Pierre, seul, dans un tête-à-tête :
    « M’aimes-tu ? » « Oui, Seigneur, et mon cœur est en fête. »
    Cette question, il la pose à répétition :
    « Simon, fils de Jean, m’aime-tu plus que tous ceux-ci ? »
    « Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t’aime. »
    « Pais mes brebis », dit Jésus, qui le remercie.
    Mais voici encore une question, une troisième :
    « M’aimes-tu ? » Simon est peiné de l’insistance
    Du Rabbi. Pourtant il faut faire pénitence
    De la négation triple, qui a pour conséquence
    La manifestation de la Toute-Puissance.
    Il lui répond : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais
    Bien que je t’aime ». Leurs regards se sont croisés.
    Et tandis que Jésus répond : « Pais mes brebis »,
    Il sait que le pardon a soldé son débit.

  • Les 21 Églises catholiques d'Orient (6)

    15. L'Église slovaque catholique. L'histoire de la Slovaquie s'est longtemps confondue avec celle des Ruthènes. Avec la création de l'État tchèque après la Première Guerre mondiale, les Slovaques catholiques furent traités comme un groupe distinct. En 1950, un synode présidé par cinq prêtres rompt l'union à Rome et intègre les Slovaques catholiques à l'Église orthodoxe de Tchécoslovaquie. Los du « printemps de Prague », en 1968, les paroisses orthodoxes qui le désiraient purent revenir au catholicisme : 205 d'entre elles, sur 292, choisirent la communion avec Rome. L'Église slovaque catholique comprend une éparchie, à Presow. Une éparchie se trouve au Canada (Toronto).

    16. L'Église biélorusse catholique a connu une histoire parallèle à celle des Ukrainiens catholiques. Quand la Biélorussie appartint à la Pologne, après la Première Guerre mondiale, l'on vit réapparaître 30 000 Biélorusses (Russes blancs) catholiques. Mais l'Église biélorusse a été intégrée à l'Église orthodoxe de Russie après l'annexion de la Biélorussie à l'URSS.
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    17. L'Église hongroise catholique regroupe les catholiques ukrainiens, ruthènes et roumains qui sont complètement intégrés à la Hongrie. Jusqu'en 1912 ils relevaient de la juridiction d'évêques de régions voisines. Pie X les érige à cette date en éparchie (Hajdudorog). Un exarchat apostolique existe à Miskolc.
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    18. L'Église grecque catholique voit le jour avec l'activité missionnaire qui travaille en 1856 au retour des dissidents de Constantinople. Deux paroisses catholiques sont créées en 1895. Rome leur donne un évêque en 1911. Les hostilités entre la Grèce et la Turquie, qui suivirent la Première Guerre mondiale, forcèrent une bonne partie de la communauté à émigrer en pays hellène en 1922, d'où la création d'un exarchat apostolique à Athènes (1932), en plus de celui d'Istanbul (1911).

    19. L'Église ex-yougoslave catholique, doit son existence à l'occupation autrichienne, qui favorisa la conversion des orthodoxes au catholicisme. L'éparchie de Krizevci fut érigée le 17 juin 1777.

    20. L'Église albanaise catholique provient d'un petit groupe de catholiques byzantins qui vivaient le long de la côte en 1628. Mais il disparut en 1765. Ce n'est qu'en 1920 que quelques fidèles d'un prêtre orthodoxe albanais sont reçus dans la communion avec Rome, tout en conservant leur rite byzantin. La suppression de toute religion en Albanie porta un coup sévère à cette communauté. Elle a un administrateur apostolique.

    21. L'Église italo-albanaise existe dans l'Italie du Sud qui, avec la Sicile, a été longtemps de rite byzantin, mais sous la juridiction de l'évêque de Rome. Au VIIIe siècle, l'Empereur Léon III plaça cette région sous la juridiction de Constantinople. Elle revient à Rome grâce à la conquête Normande du XIe siècle. Une importante immigration albanaise est venue grossir les rangs de cette communauté au XVe siècle. Elle compte deux diocèses, en Sicile et en Calabre. L'abbaye territoriale de Grottaferrata, près de Rome, témoigne de la vie monastique qui fleurissait jadis sur les côtes de l'Italie du Sud.

    (fin)

  • 3 septembre : st Grégoire le Grand

    Saint Grégoire le Grand étant le premier des Pères de l’Église que je présente, il faut commencer par expliquer qui sont les Pères de l’Église.
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    C’est un titre reconnu par les théologiens catholiques aux écrivains ecclésiastiques qui se sont distingués par l’orthodoxie de leur doctrine, la sainteté de leur vie, l’approbation, au moins tacite, de l’Église, et leur ancienneté (jusqu’au VIIIe siècle). On distingue les Pères grecs et les Pères latins. Les « docteurs de l’Église » se différencient de ces Pères en ce qu’ils n’ont pas toujours vécu aux premiers temps de l’Église. Certains Pères ont reçu aussi le titre de docteur de l’Église.
    Les Pères grecs (ceux qui écrivent en grec) sont : Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 215), Origène (v. 185-v. 253), Grégoire le Thaumaturge († 270), Lucien d’Antioche (v. 235-312), Athanase (298-373), Aphraate le Syrien († v. 345), Éphrem († v. 373), Basile de Césarée (329-379), Grégoire de Nazianze (v. 329-v. 390), Grégoire de Nysse (v. 335-v. 395), Cyrille d’Alexandrie (v. 380-444), Didyme l’Aveugle († 398), Cyrille de Jérusalem (v. 315-387), Jean Chrysostome (v. 349-407), Maxime le Confesseur (v. 580-662), Germain de Constantinople (634-733), Jean Damascène (fin VIIe siècle-v. 749).
    Les Pères latins (ceux qui écrivent en latin) sont : Cyprien (début IIIe siècle-258), Hippolyte de Rome (170-235), Hilaire de Poitiers (v. 315-367), Ambroise de Milan (v. 340-397), Jérôme (v. 350-v. 420), Paulin de Nole (353-431), Augustin (354-430), Vincent de Lérins († av. 450), Cassien (v. 360-v. 435), Léon le Grand († 461), Grégoire le Grand (v. 540-604), Bède le Vénérable (673-735).
    Saint Grégoire le Grand est né dans une famille patricienne et est élu sur le siège de Pierre, c’est-à-dire qu’il devient pape, en 590. C’est lui qui prend le titre de servus servorum Dei, « serviteur des serviteurs de Dieu », titre qui, selon le pape Jean-Paul II, est « la meilleure protection contre le risque de séparer l’autorité (et en particulier la primauté) du ministère », conçu comme service. L’ouvrage le plus connu de saint Grégoire est la Règle pastorale, qu’il a écrit au début de son pontificat et qui s’adresse principalement aux prêtres, afin deltoïdienne dans leur ministère. il contient cependant de nombreux et orientations utiles pour tous les fidèles.
    Il mérite le qualificatif de Grand en raison de ses dons de gouvernement, de son zèle apostolique, de la richesse de son magistère (ou enseignement), de la sollicitude avec laquelle il s’est occupé, aussi bien dans l’aspect spirituel que dans l’aspect matériel du troupeau à lui confié.

  • Jésus-Christ, cause de scandale

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    « On lit dans l’Écriture : Voici que je place dans Sion une pierre d’angle, pierre de choix et de grand prix : qui met confiance en elle ne sera pas déçu. Pour vous donc l’honneur, pour vous qui croyez ; mais pour ceux qui ne croient pas, cette pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle, et la pierre d’achoppement et le roc de scandale : ils achoppent contre en refusant d’obéir à la Parole » (1 Pierre 2, 6-8).
    Lorsque l’Enfant Jésus avait été présenté au Temple par ses parents, le vieillard Siméon qui les avait accueillis avait prédit : « Cet enfant en amènera beaucoup en Israël à tomber ou à redresser, et il sera un signe sur qui on discutera » (Luc 2, 34), un signalement à la contradiction. Jésus est un signe de contradiction pour ceux qui s’obstinent à le rejeter et qui, par là, se ferment librement la voie d’accès au ciel et au salut.
    Pourtant, souligne saint Pierre, les hommes « ont été destinés » (1 Pierre 2, 8) à obéir à la parole qui, pour le chrétien, est Jésus incarné, c’est-à-dire le Fils de Dieu devenu homme. Personne n’est destiné par avance à se condamner, car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). C’est d’ailleurs le motif premier de l’Incarnation de Jésus. Mais Dieu compte sur la libre réponse de l’homme au dessein de salut. Jusqu’au dernier instant de sa vie, c’est-à-dire jusqu’au moment de sa mort, l’homme peut accepter Dieu et se laisser toucher par sa grâce, ou le refuser et se détourner de lui. « La coupe du salut de l’humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine, contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l’on n’y boit pas, on n’est pas guéri » (concile de Quierzy, mai 853).
    L’Église catholique dit encore : « Nous affirmons avec confiance la prédestination des élus à la vie, et la prédestination des impies à la mort ; dans l’élection cependant de ceux qui doivent être sauvés la miséricorde de Dieu précède le mérite, tandis que dans la damnation de ceux qui doivent périr le démérite précède le juste jugement de Dieu. […] « Mais qu’il y ait des hommes prédestinés au mal par la puissance divine », de telle sorte que pour ainsi dire ils ne puissent pas être autre chose, « non seulement nous le croyons pas, mais s’il en est qui voulaient croire une chose aussi mauvaise, avec toute notre détestation », comme aussi le concile d’Orange, « nous leur disons : anathème » (concile de Valence, 8 janvier 855), c’est-à-dire qu’ils sont retranchés de la communion des croyants.
    Le mystère de la prédestination met en valeur trois vérités d’une grande importance et qui sont autant d’encouragements dans la vie quotidienne. Tout d’abord, la liberté absolue et la générosité de Dieu au moment d’accorder sa grâce à qui il le veut sans mérite de la part de l’homme, et qui fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde (voir Romains 9, 15-16). En second lieu, la volonté salvifique de Dieu est universelle : elle s’adresse à tous les hommes de toutes les époques. Le Christ a été envoyé par le père pour mourir sur la Croix pour tous. Enfin dans l’œuvre de notre salut, Dieu compte sur notre libre coopération, qu’il aide par sa grâce. L’homme peut toujours refermer à la grâce et tourner le dos à Dieu qui ne s’impose jamais.

  • Regard de Jésus sur la Croix

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    En toi je ne découvre ni grâce ni beauté
    Vers lesquelles mon âme se retrouve attirée.
    C’est tout le poids de ta très Sainte Humanité,
    Autre qu’au Thabor où tu t’es transfiguré.
    Il peut paraître hagard, mais c’est bien le regard
    Du Fils de l’Homme et un regard d’éternité,
    Mêlé d’humaine entente en confraternité,
    Cherchant à attirer les hommes qui s’égarent.
    Offusqué de filets de sang coagulé,
    Il voit le nombre sans fin des générations
    Au long des siècles en train de s’accumuler
    Qui toutes ont besoin d’une réparation.
    Depuis Adam et Ève jusqu’au jour du retour
    En gloire pour juger les vivants et les morts
    Tous, dans son Acte Pur, il se les remémore,
    Il pousse pour chacun au point de non-retour.
    Tous sont présents : cupides, rapaces et voleurs,
    Semeurs d’injustices et fort beaux parleurs,
    Idolâtres, cupides et pécheurs solitaires,
    Ivrognes, impudiques, tenants de l’adultère,
    Calomniateurs, perfides et magistrats iniques,
    Exploiteurs du faible et du pauvre, usuriers,
    Dirigeants despotiques et meneurs tyranniques,
    Efféminés, rebelles, fourbes et meurtriers,
    Athées, présomptueux, semeurs de zizanie,
    Les trafiquants du Temple et de la simonie,
    Et l’armée de ceux par qui le scandale arrive,
    Les oisifs, et tous ceux à la vie conflictive…
    Nos pensées, nos paroles, actions et omissions
    Se dressent devant nous et prennent tout leur sens
    Face à Celui que blesse un adroit coup de lance
    Qui est le résultat de leur longue addition.
    « Ils dévisageront Celui qu’ils ont percé. »
    Ma place est au Calvaire : si jamais je l’oublie,
    Il suffit de peu pour que je sois renversé
    Que mes défenses soient plus encore affaiblies.
    Où que j’agisse, dans le monde qui m’entoure,
    Mon refuge est dans ta Croix comme en une tour.
    C’est là, seulement là, que des mauvais désirs
    Et mauvaises pensées je peux me dessaisir.
    Sois sous mes yeux comme un reproche permanent
    Pour que je mène ma bataille maintenant.
    Que ta sainte Croix soit un rappel affectueux
    Pour abandonner toute vie de voluptueux.
    Ne permets pas que je m’écarte d’un iota
    Du bois sacré planté sur le mont Golgotha
    Et que mes yeux se tournent continuellement
    D’une Plaie à une autre, pour t’aimer follement.
    Mais les regards me semblent peu, car ce que je dois
    C’est y pénétrer en esprit et te trouver
    Dans les tiens sentiments qu’il me faut éprouver
    Pour les faire miens et pour grandir dans la foi.
    Et quand je parviens à joindre ton Cœur blessé
    Je souffre, mais d’amour, de t’avoir délaissé.
    Nous nous disons des choses exquises et ardentes
    Mon âme devient — je rêve ! — une confidente.
    C’est au monde que tu m’appelles à vivre ainsi
    — J’y insiste — au sein des tâches quotidiennes ;
    Qui constituent l’autel sur lequel j’officie,
    Joint à ton oblation qui est contemporaine.
    Ainsi uni à toi, partout et en tous lieux,
    Je vois ce que tu vois, tous les hommes, mes frères.
    Te ressemblant, je ne serai pas oublieux
    De donner, moi aussi, ma vie pour leurs misères.
    Ils seront ceux que tu as appelés « amis »,
    Non, comme cela est fréquent, des ennemis.
    Ensemble nous ferons régner la charité
    Et nous produirons une aimable hilarité.medium_JCcrucifixion.jpg