Le monde a besoin de saints
Voici un texte de Charles Péguy, qui pourrait bien s’appliquer à notre époque, en remplaçant « quatorze siècles » par « vingt siècles ». Tiré du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, il est mis par l’auteur dans la bouche de Jeannette. Ses propos peuvent paraître pessimistes. Nous pouvons les tempérer avec ce que le pape Jean-Paul II disait : « Dieu est en train de préparer pour le christianisme un grand printemps, que l’on voit déjà poindre », parce que « les peuples ont tendance à se rapprocher progressivement des idéaux et des valeurs évangéliques » (exhortation apostolique Redemptoris missio).
« Ô mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre Fils, que vous aimiez tant, votre Fils est venu,qui a tant souffert, et il est mort, et rien, jamais rien. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. Et vous avez envoyé vos saints, vous avez appelé chacun par leur nom, vos autres fils les saints, et vos filles les saintes, et vos saints sont venus, et vos saintes sont venues, et rien, jamais rien. Des années ont passé, tant d’années que je n’en sais pas le nombre ; des siècles d’années ont passé ; quatorze siècles de chrétienté, hélas, depuis la naissance, et la mort, et la prédication. Et rien, rien, jamais rien. Et ce qui règne sur la face de la terre, rien, rien, ce n’est rien que la perdition. Quatorze siècles (furent-ils de chrétienté), quatorze siècles depuis le rachat de nos âmes. Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est rien que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est rien que le royaume de la perdition. Vous nous avez envoyé votre fils et les autres saints. Et rien ne coule sur la face de la terre,qu’un flot d’ingratitude et de perdition. Mon Dieu, mon Dieu, faudra-t-il que votre fils soit mort en vain. Il serait venu ; et cela ne servirait de rien. C’est pire que jamais. Seulement si on voyait seulement se lever le soleil de votre justice. mais on dirait, mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-moi,on dirait que votre règne s’en va. Jamais on n’a tant blasphémé votre nom. Jamais on n’a tant méprisé votre volonté. Jamais on n’a tant désobéi. Jamais notre pain ne nous a tant manqué ; et s’il ne manquait qu’à nous, mon Dieu, s’il ne manquait qu’à nous ; et s’il n’y avait que le pain du corps qui nous manquait, le pain de maïs, le pain de sigle et de blé ; mais un autre pain nous manque ; le pain de la nourriture de nos âmes ; et nous sommes affamés d’une autre faim ; de la seule faim qui laisse dans le ventre un creux impérissable. Un autre pain nous manque. Et au lieu que ce soit le règne de votre charité, le seul règne qui règne sur la face de la terre, de votre terre, de la terre de votre création, au lieu que ce soit le règne du royaume de votre charité, le seul règne qui règne, c’est le règne du royaume impérissable du péché. Encore si l’on voyait le commencement de vos saints, si l’on voyait poindre le commencement du règne de vos saints. Mais qu’est-ce qu’on a fait, mon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait de votre créature, qu’est-ce qu’on a fait de votre création ? Jamais il n’a été fait tant d’offenses ; et jamais tant d’offenses de sont mortes impardonnées. Jamais le chrétien ‘a fait tant d’offense au chrétien, et jamais à vous, mon Dieu, jamais l’homme ne vous a fait tant d’offense. Et jamais tant d’offense n’est morte impardonnée. Sera-t-il dit que vous nous avez envoyé en vain votre fils, et que votre fils aura souffert en vain, et qu’il sera mort. et faudra-t-il que ce soit en vain qu’il se sacrifie et que nous le sacrifions tous les jours. Qu’est-ce qu’on a fait du peuple chrétien, mon Dieu, de votre peuple. Et ce ne sont plus seulement les tentations qui nous assiègent, mais ce sont les tentations qui triomphent ; et ce sont les tentations qui règnent ; et c’est le règne de la tentation ; et les règne des royaumes de la terre est tombé tout entier au règne du royaume de la tentation ; et les mauvais succombent à la tentation du mal, de faire du mal ; de faire du mal aux autres ; et pardonnez-moi, mon Dieu, de faire du mal à vous ; mais les bons, ceux qui étaient bons, succombent à une tentation infiniment pire : à la tentation de croire qu’ils sont abandonnés de vous. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, mon Dieu délivrez-nous du mal, délivrez-nous du mal. S’il n’y a pas eu encore assez de saintes et assez de saints, envoyez-nous en d’autres, envoyez-nous en autant qu’il en faudra ; envoyez-nus en tant que l’ennemi se lasse. Nous les suivrons, mon Dieu. Nous ferons tout ce que vous voudrez. Nous ferons tout ce qu’ils voudront. Nous ferons tout ce qu’ils nous diront de votre part. nous sommes vos fidèles ; envoyez-nous vos saints ;nous sommes vos brebis, envoyez-nous vos bergers ; nous sommes le troupeau, envoyez-nous les pasteurs. Nous sommes des bons chrétiens, vous savez que nous sommes des bons chrétiens. Alors comment ça se fait que tant de bons chrétiens ne fassent pas une bonne chrétienté. Il faut qu’il y ait quelque chose qui ne marche pas. Si vous nous envoyiez, si seulement vous vouliez nous envoyer l’une de vos saintes. Il y en a bien encore. On dit qu’il yen a. On en voit. On en sait. On en connaît. Mais on ne sait pas comment ça se fait. Il a des saintes, il y a de la sainteté, et ça ne marche pas tout de même. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Il y a des saints, il y a de la sainteté, et jamais le royaume de la perdition n’avait autant dominé sur la face de la terre. Il faudrait peut-être autre chose, mon Dieu, vous savez tout. Vous savez ce qui nous manque. Il nous faudrait peut-être quelque chosée nouveau,quelque chose qu’on n’aurait encore jamais vu. Quelque chose qu’on n’aurait encore jamais fait. Mais qui oserait dire, mon Dieu, qu’il puisse encore y avoir du nouveau après quatorze siècles de chrétienté, après tant de saintement saints, après tous vos martyrs, après la passion et la mort de votre fils. »
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Le monde a besoin de saints
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L'Eucharistie
L’Eucharistie
C’est aujourd’hui le Jeudi saint, jour où Jésus prend son dernier repas – la dernière Cène – avec ses apôtres, au cours duquel il institue les sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre, ce que rappelle la Missa in Cœna Domini, « messe de la Cène du Seigneur ». C’est le moment que Judas, un des douze disciples, choisit pour aller livrer son Maître aux autorités juives, qui attendaient une occasion favorable pour l’arrêter, avec l’intention de le faire mourir (voir Jean 11, 53)
À l’issue de ce repas, Jésus se rend au jardin des Oliviers, où il entre en agonie et où les envoyés des princes des Juifs et des pharisiens, conduits par l’apôtre Judas, procèdent à son arrestation. Les fidèles ont pour coutume d’accompagner spirituellement le Seigneur, en se recueillant devant les « reposoirs » dans la nuit du Jeudi saint au Vendredi saint.
« L’Eucharistie est le sacrifice même du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, qu’il a institué pour perpétuer au long des siècles jusqu’à son retour le sacrifice de la Croix, confiant ainsi à son Église le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 271). Autrement dit, la foi enseigne que Jésus a institué le sacrement pour rendre présent au long des siècles le Sacrifice de sa vie auquel il a librement consenti sur la Croix, le Vendredi saint, afin de donner aux hommes la possibilité d’être rachetés de leurs péchés et, s’ils le désirent, de le suivre vers son Père et la vie éternelle du ciel.
Le sacrement de l’Eucharistie est célébré par le prêtre qui agit « en la personne et à la place » du Christ. Il prononce les mêmes paroles que Jésus le Jeudi saint, paroles qui sont efficaces, c’est-à-dire qui transforment réellement le pain et le vin offerts dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ, auxquels sont unies son Âme et sa Divinité.
Le Jeudi saint, Jésus, prenant du pain dans ses mains, a dit : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » Puis, prenant la coupe pleine de vin, il a dit : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi » (1 Corinthiens 11, 23-25).
C’est le sacrement de la présence réelle du Christ. C’est la nourriture spirituelle de l’âme, pour être en mesure de parcourir le chemin de la vie dans la justice et la sainteté. C’est la force spirituelle pour être témoin, apôtre du Seigneur dans notre vie de tous les jours, pour être fier de notre foi et la faire partager par d’autres.
« C’est pour nous que Jésus est resté dans la Sainte Hostie ! Pour demeurer à notre côté, pour nous soutenir, pour nous guider. L’amour ne se paye que par l’amour. — Alors, comment ne pas nous rendre auprès du tabernacle, chaque jour, ne serait-ce que pour quelques minutes, pour Le saluer et Lui témoigner notre amour d’enfants et de frères ? » (saint Josémaria, Sillon, n° 686). Et ce soir, après les Offices liturgiques, en allant tenir compagnie à Jésus dans les « reposoirs », les autels où Jésus dans le saint-sacrement a été déposé précisément pour que nous l’adorions et lui tenions compagnie, lui évitant ainsi la solitude dans laquelle il s’est trouvé à Gethsémani le Jeudi saint quand ses apôtres n’ont même pas « eu la force de veiller une heure » avec lui (Matthieu 26, 40). -
L'Opus Dei et le travail
L’Église fête aujourd’hui saint Joseph en tant que patron des travailleurs en tout genre, lui qui était connu comme charpentier (voir Marc 6, 3). « La Sainte Écriture nous dit que Joseph était artisan ; plusieurs Pères de l'Église ajoutent qu’il était charpentier, et saint Justin, en parlant de la vie de travail de Jésus, affirme qu’il faisait des charrues et des jougs (Dialogue avec Tryphon 88, 2, 8). C’est peut-être en se fondant sur ces dires que saint Isidore de Séville en conclut qu’il était forgeron. De toute façon, c’était un artisan qui travaillait au service de ses concitoyens et dont l’habileté était le fruit d’années de durs efforts » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 40).
Le fondateur de l’Opus Dei a toujours compris que Dieu a créé l’homme ut operaretur, « pour qu’il travaille » (Genèse 2, 15). « Le travail est l’inévitable compagnon de la vie de l’homme sur terre. Il s’accompagne d’effort, de lassitude, de fatigue, manifestations de la douleur et de la lutte, qui font partie de notre vie présente et qui sont les signes de la réalité du péché et de la nécessité de la Rédemption. Mais le travail en soi n’est ni peine, ni malédiction, ni châtiment » (ibid., n° 47). Ce qui est la conséquence du péché originel d’Adam et Ève, c’est le côté pénible, laborieux à proprement parler, du travail.
Le travail est donc un véritable don de Dieu, qui nous fait ressembler celui qui est Acte pur : « Mon Père travaille toujours, et moi aussi je travaille » (Jean 5, 17). « Il n’est pas sensé de diviser les hommes en diverses catégories selon le travail qu’ils réalisent, en considérant certaines tâches plus nobles que d’autres. Le travail — tout travail — est témoignage de la dignité de l’homme et de son emprise sur la création. C’est une occasion de perfectionner sa personnalité. C’est un lien qui nous unit aux autres êtres, une source de revenus pour assurer la subsistance de sa famille, un moyen de contribuer à l’amélioration de la société et au progrès de l’humanité tout entière.
Pour un chrétien, ces perspectives s’élargissent et s’amplifient, car le travail lui apparaît comme une participation à l’œuvre créatrice de Dieu, qui, en créant l’homme, le bénit en lui disant : Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre (Genèse 1, 28). Car, pour avoir été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été rachetée à son tour. Ce n’est pas seulement le cadre de la vie de l’homme, mais un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l’on peut sanctifier » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 47).
Ainsi compris, « le travail naît de l’amour, manifeste l’amour et s’ordonne à l’amour » (Ibid., n° 48). Et nous comprenons qu’il soit source de sainteté dans toutes les directions. D’où l’invitation de saint Josémaria à « sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail, sanctifier par le travail ». -
31 mai : la Visitation
C’est le nom donné à la visite que Marie, la Mère de Jésus, rend à sa cousine Élisabeth dès que l’archange Gabriel lui a révélé qu’elle « a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle, qu’on appelait stérile, en est à son sixième mois » (Luc 1, 36). Marie se rend « en hâte au pays des montagnes, dans une ville de Juda » (Luc 1, 39), probablement Aïn Karim. « En hâte » ne veut pas dire précipitamment ni à la légère. Marie s’est jointe sans doute à la première caravane qui allait de Nazareth vers Jérusalem. Il est possible que Joseph, son époux, l’ait accompagnée. L’on comprendrait difficilement qu’il ait laissé sa si jeune femme entreprendre toute seule un déplacement qui, à l’époque, durait plusieurs jours.
Arrivée chez Zacharie et Élisabeth, Marie est saluée par sa cousine qui, parlant sous l’inspiration du Saint-Esprit, lui dit : « Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » (Luc 1, 42), phrase qui est répétée dans le « Je vous salue Marie ». Elle ajoute : « Et d’où me vient qu’il m’est donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Luc 1, 43).
Marie, qui est « la pleine de grâces » (Luc 1, 28), comme Gabriel l’avait saluée, Marie que l’Esprit Saint à fécondée, qui porte en elle le Fils de Dieu, est toute pénétrée de ces grandes réalités surnaturelles. Reprenant des textes de la Sainte Écriture qu’elle ne cesse de méditer, elle entonne en réponse un chant d’action de grâces, le Magnificat : « Mon âme glorifie le seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Voici, en effet, que désormais toutes les nations m’appelleront bienheureuse » (Luc 1, 47-48).
Commentant le Magnificat, saint Bède dit, entre autres, « car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom (Luc 1, 49). Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient eux-mêmes. Et c’est à propos qu’elle ajoute : Saint est son nom (Luc 1, 49), pour exhorter ses auditeurs et tous ceux à qui parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l’invocation confiante de son nom. Car c’est de cette manière qu’ils peuvent avoir part à l’éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique : Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Joël 2, 32). C’est le nom dont elle vient de dire : Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » (saint Bède, Homélies 1, 4). -
Marie-Madeleine et saint Pierre
L'Évangile de saint Jean rapporte que le lendemain du sabbat Marie-Madeleine se rend au tombeau de Jésus et, voyant que la pierre qui le fermait a été roulée, va en courant le dire à Simon-Pierre et au disciple aimé. Recevant cette nouvelle, tous deux courent au tombeau, auquel Marie revient plus tard et où elle rencontre Jésus ressuscité (Jean 20, 1-18). C’est tout ce que les Évangiles nous disent des rapports entre Pierre et Marie-Madeleine. Du point de vue historique, on ne peut rien ajouter. L’Évangile de Pierre, un évangile apocryphe du IIème siècle, qui raconte les dernières scènes de la Passion, de la résurrection et les apparitions de Jésus ressuscité, parlent d’elle comme d’une disciple du Seigneur.
Dans la littérature marginale qui prend naissance dans les cercles gnostiques, on trouve des écrits dans lesquels se produit une confrontation entre Pierre et Marie. Il faut rappeler, comme prémisse, qu’il s’agit de textes dépourvus de caractère historique et qui ont recours à des dialogues fictifs entre différents personnages comme moyen de transmission de doctrines gnostiques. L’Évangile de Marie est un des textes qui font état d’une incompréhension de la part de Pierre de la révélation secrète que Marie a reçue (voir « Ce que l’Évangile dit de Marie-Madeleine »). Un autre écrit, qui semble plus ancien, est l’Évangile de Thomas. Il se termine par ces mots de Pierre : « Que Mariham s’éloigne de nous, car les femmes ne sont pas dignes de vivre. Ce à quoi Jésus répondit : Écoute, je me chargerai d’en faire un homme, afin qu’elle devienne elle aussi un esprit vivant, identique à vous les hommes : car toute femme qui devient homme entrera dans le royaume des cieux. » Dans la Pistis Sophia aussi Pierre s’impatiente et proteste parce que Marie comprend mieux que les autres les mystères dans le sens gnostique et est félicitée par Jésus : « Seigneur, ne permets pas que cette femme parle toujours, car elle prend notre place et elle ne nous laisse jamais parler » (54b) (Ici toutefois la présence de Marie peut suggérer que cette Marie n’est pas Marie-Madeleine mais la sœur de Marthe et de Lazare, même s’il est possible que les deux s’identifient). On remarque dans ces textes des traits hérités de la mentalité rabbinique d’après laquelle les femmes étaient incapables d’apprécier la doctrine religieuse (voir Jean 4, 27), et des éléments propres à l’anthropologie gnostique, où le féminin occupait une place importante en tant que véhicule de transmission de révélations ésotériques.
Les relations entre Pierre et Marie-Madeleine ont dû être similaires à celles qui existaient entre Pierre et Jean, entre Pierre et Salomé, etc. C’est-à-dire les relations propres à celui qui retrouvait à la tête de l’Église avec ceux qui avaient été les disciples du Seigneur et qui, après sa résurrection, rendaient témoignage du ressuscité et proclamaient l’Évangile. Toute autre relation relève de la fantaisie.
Juan Chapa, professeur de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Traduit par mes soins -
Marie-Madeleine : ses relations avec Jésus
Il découle des Évangiles que Marie-Madeleine éprouvait un grand amour pour Jésus. Il l’avait délivrée de sept démons, elle le suivait en tant que disciple, l’assistait de ses biens (Luc 8, 2-3) et s’est trouvée avec Marie, la Mère de Jésus, et d’autres femmes quand Jésus a été crucifié (Marc 15, 40-41 et parallèles). Selon les Évangiles, c’est à elle que Jésus apparaît en premier après sa résurrection, alors qu’elle le cherchait éplorée (Jean 20, 11-18). D’où la vénération dont elle a été l’objet dans l’Église en tant que témoin du ressuscité (voir la note « Qui était Marie-Madeleine ? »). De ces passages, on ne peut déduire ni qu’elle a été pécheresse, moins encore qu’elle ait été la femme de Jésus.
Ceux qui soutiennent cette dernière affirmation utilisent le témoignage de certains évangiles apocryphes. Or, ces derniers, à l’exception peut-être d’un noyau de l’Évangile de Thomas, sont postérieurs aux Évangiles canoniques, sont dépourvus de caractère historique et ne servent qu’à transmettre des enseignements gnostiques. Selon ces ouvrages, qui, même s’ils portent le nom d’évangile n’en sont pas à proprement parler, mais sont des écrits contenant des révélations secrètes de Jésus à ses disciples après sa résurrection, Marie (ou Myriam ou Mariham : le nom de Madeleine n’apparaît pas sauf dans quelques livres) est celle qui comprend le mieux ces révélations. L’opposition que d’après certains de ces textes (Évangile de Thomas, Dialogues du Sauveur, Pistis Sophia, Évangile de Marie) les apôtres manifestent envers elle du fait qu’elle est une femme traduit la considération négative de certains gnostiques envers le monde féminin et la condition de Marie en tant que disciple importante. Néanmoins, certains veulent voir dans cette opposition un reflet de l’attitude de l’Église officielle de l’époque, qui aurait été opposée à ce qu’une femme occupe la situation de chef spirituel que ces groupes proposaient. Rien de cela ne peut être démontré. Cette opposition peut plutôt être comprise comme un conflit de doctrines : celles de Pierre et des autres apôtres face à celles que ces groupes gnostiques exposaient au nom de Marie. En tout état de cause, le fait qu’ils aient recours à Marie est une façon de justifier leurs positions gnostiques.
Dans d’autres évangiles apocryphes, en particulier l’Évangile de Philippe, Marie (cette fois-ci citée avec son nom d’origine, Madeleine) est un modèle de gnostique, précisément en raison de sa féminité. Elle est le symbole spirituel de la suite du Christ et d’union parfaite avec lui. Dans ce contexte, il est question d’un baiser de Jésus à Marie (s’il faut réellement comprendre le texte en ce sens), qui symbolise cette union, étant donné que par ce baiser, une espèce de sacrement supérieur au baptême et à l’Eucharistie, le gnostique s’engendrait lui-même en tant que gnostique. Le ton de ces écrits est complètement étranger à des implications sexuelles. C’est pourquoi aucun savant sérieux ne comprend ces textes comme un témoignage historique d’une relation sexuelle entre Jésus et Marie-Madeleine. Il est triste que cette accusation, qui n’a aucun fondement historique, étant donné que les chrétiens de l’époque n’ont même pas eu besoin de polémiquer pour s’en défendre, resurgisse de temps à autre comme s’il s’agissait d’une nouveauté.
Juan Chapa, professeur de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Marie-Madeleine : ce que les Évangiles en disent
Ce que nous connaissons sous le nom d’Évangile de Marie est un écrit gnostique rédigé à l’origine en grec et que nous avons reçu par deux fragments d’un papyrus du IIIème siècle, trouvés à Oxirrinco (Égypte) et une traduction en copte du Vème siècle. Ces textes ont été publiés entre 1938 et 1983. Il est possible que l’ouvrage ait été composé au IIème siècle. Il présente Marie, probablement Marie-Madeleine (même s’il l’appelle Marie), comme la source d’une révélation secrète du fait qu’elle était en relation étroite avec Jésus.
Le texte fragmentaire qui nous est parvenu raconte que les disciples posent des questions à Jésus ressuscité et qu’il leur répond. Puis il les envoie prêcher l’Évangile du royaume aux gentils et s’en va. Les disciples restent tristes, se sentant incapables d’accomplir cet ordre. Marie les encourage alors à le mener à bien. Pierre lui demande de leur dire les mots du Seigneur qu’ils n’ont pas entendus, car ils savent qu’il l’aimait plus que toutes les autres femmes. Marie rapporte sa vision, remplie de contenu gnostique. Dans le contexte d’un monde qui va vers sa dissolution, elle explique les difficultés de l’âme pour découvrir sa vraie nature spirituelle dans son ascension vers le lieu de son repos éternel. Quand elle a terminé son récit, il se trouve qu’André et Pierre ne la croient pas. Pierre met en doute que le Seigneur l’ait préférée aux apôtres et Marie se met à pleurer. Lévi la défend (« Toi, Pierre, toujours si impétueux ») et accuse Pierre de s’opposer à la femme (probablement à Marie, plus qu’à la femme en général) comme les adversaires le faisaient. Il les encourage à accepter que le Sauveur l’ait préférée, à se revêtir de l’homme parfait et à s’en aller prêcher l'Évangile, ce qu’ils finissent par faire.
Tel est le témoignage des fragments qui, comme on peut s’en rendre compte, ne représente pas grand chose. Certains auteurs ont voulu voir dans l’opposition des apôtres à l’égard de Marie (présente d’une certaine façon aussi dans l’Évangile de Thomas, la Pistis Sophia et l’Évangile grec des Égyptiens) un reflet de conflits existant dans l’Église au IIème siècle. Ce serait le signe que l’Église officielle était opposée aux révélations ésotériques et au fait que la femme puisse avoir un rôle de chef. Mais si l’on tient compte du caractère gnostique de ces textes, il semble beaucoup plus plausible que ces évangiles ne reflètent pas la situation de l’Église, mais leur position particulière envers elle. Ce qu’un groupe sectaire affirme ne peut pas être compris comme la norme générale d’une situation, et on ne peut pas non plus faire de l’exception un règle.
Juan Chapa, professeur de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Qui était Marie-Madeleine ?
Les données que les Évangiles nous fournissent sont peu nombreuses.
Luc 8, 2 nous informe que parmi les femmes qui suivaient Jésus et l’assistaient de leurs biens se trouvait Marie-Madeleine, c’est-à-dire une femme appelée Marie, qui était originaire de Midal Nunayah, Tarichée en grec, un petit village proche de la mer de Galilée, à 5,5 kms au nord de Tibériade. Jésus avait expulsé d’elle sept démons (voir Luc 8, 2 ; Marc 16, 9), ce qui revient à dire tous les démons. L’expression peut se comprendre d’une possession diabolique mais aussi comme d’une maladie du corps ou de l’esprit.
Les Évangiles synoptiques la mentionnent en premier dans un groupe de femmes qui ont assisté de loin à la crucifixion de Jésus (Marc 15, 40-41 et parallèles) et qui sont restées assises face au tombeau (Matthieu 27, 61) tandis qu’on ensevelissait Jésus (Marc 15, 47). Ils indiquent que tôt le lendemain du sabbat Marie-Madeleine et d’autres femmes revinrent au tombeau pour oindre le corps avec des aromates qu’elle savaient achetés (Marc16, 1-7 et parallèles) ; un ange leur fait alors savoir que Jésus est ressuscité et les charge d’aller l’annoncer aux disciples (voir Marc 16, 1-7 et parallèles).
Saint Jean présente les mêmes données avec quelques variantes. Marie-Madeleine est aux côtés de la Vierge Marie au pied de la Croix (Jean 19, 25). Après le sabbat, alors qu’il fait encore nuit, elle s’approche du tombeau, voit que la pierre a été enlevée et prévient Pierre en pensant que quelqu’un a volé le corps de Jésus (Jean 20, 1-2). De retour au tombeau, elle se met à pleurer et se trouve face à Jésus ressuscité, qui la charge d’annoncer aux disciples qu’il retourne à son Père (Jean 20, 11-18). C’est sa gloire. C’est pourquoi la tradition de l’Église l’a appelée en Orient isapostolos (égale à un apôtre) et en Occident apostola apostolorum (apôtre d’apôtres). En Orient, une tradition veut qu’elle ait été enterrée à Éphèse et que ses reliques aient été transportées à Constantinople au IXème siècle..
Marie-Madeleine a souvent été identifiée à d’autres femmes présentes dans les Évangiles. À partir des VI et VIIème siècles, on a tendu dans l’Église latine à identifier Marie-Madeleine à la femme pécheresse qui, en Galilée, chez Simon le pharisien, a arrosé les pieds de Jésus de ses larmes (Luc 7, 36-50). D’autre part, en harmonisant les Évangiles, certains Pères et écrivains ecclésiastiques avaient déjà identifié cette femme pécheresse avec Marie, la sœur de Lazare, qui, à Béthanie, oint de parfum la tête de Jésus (Jean 12, 1-11 ; Matthieu et Marc dans les passages parallèles ne lui donnent pas le nom de Marie, mais disent qu’il s’agit d’une femme et que l’onction a eu lieu chez Simon le lépreux : Matthieu 26, 6-13 et parallèle). À la suite de quoi, en bonne partie sous l’influence de saint Grégoire le Grand, l’idée s’est répandue en Occident que les trois femmes étaient une seule et même personne. Néanmoins, les données évangéliques ne suggèrent pas qu’il faille identifier Marie-Madeleine avec Marie, celle qui oint Jésus à Béthanie, car il semble que celle-ci soit la sœur de Lazare (Jean 12, 2-3). Elles ne permettent pas non plus de déduire qu’elle soit la pécheresse qui, selon Luc 7, 36-49, oint Jésus, même si l’identification se comprend du fait que saint Luc, immédiatement après le récit dans lequel Jésus pardonne à cette femme, indique que des femmes l’assistaient, parmi lesquelles Marie-Madeleine dont il avait expulsé sept démons (Luc 8, 2). En outre, Jésus loue l’amour de la femme pécheresse : ses nombreux péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aime (Luc 7, 47), et nous découvrons aussi un grand amour de Marie pour Jésus après la résurrection (Jean 20, 14-18). En tout cas, même s’il s’agissait de la même femme, son passé de pécheresse n’a rien d’infamant. Pierre a été infidèle à Jésus et Paul a persécuté les chrétiens. Leur grandeur ne vient pas de leur impeccabilité mais de leur amour.
Vu son rôle important dans l’Évangile, sa figure a attiré de façon spéciale l’attention de groupes marginaux de l’Église primitive. Il s’agit fondamentalement de sectes gnostiques dont les écrits recueillent des révélations secrètes de Jésus après sa résurrection et ont recours à la personne de Marie pour transmettre ses idées. Il s’agit de récits sans fondements historiques. Des Pères de l’Église, les écrivains ecclésiastiques et d’autres ouvrages mettent en évidence le rôle de Marie en tant que disciple du Seigneur et annonciatrice de l'Évangile. À partir du IXème siècle, apparaissent des récits fictifs qui magnifient sa personne et se sont répandus surtout en France. C’est là que naît la légende, sans fondement historique, selon laquelle Marie-Madeleine, Lazaret quelques autres personnes, se sont rendus de Jérusalem à Marseille quand la persécution contre les chrétiens commença, et ont évangélisé la Provence. Selon cette légende, Marie est morte à Aix-en-Provence ou à saint Maximin et ses reliques ont été transférées à Vézelay.
Juan Chapa, professeur de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Les différences entre les Évangiles canoniques et les évangiles apocryphes
La première différence que nous pouvons constater, étant donné que le fait que les Évangiles canoniques sont inspirés par Dieu n’est pas vérifiable, est de type externe aux Évangiles eux-mêmes : les Évangiles canoniques appartiennent au canon biblique, pas les évangiles apocryphes. Cela veut dire que les Évangiles canoniques ont été reçus comme une tradition authentique des apôtres par les Églises d’Orient et d’Occident dès la génération qui a suivi immédiatement celle des apôtres, tandis que les évangiles apocryphes, même si certains d’entre eux ont été utilisés de façon sporadique dans l’une ou l’autre communauté, ne sont pas parvenus à s’imposer ni à être reconnus par l’Église universelle. Une des raisons importantes de cette sélection, vérifiable par la science historique, est que les Évangiles canoniques ont été écrits à l’époque apostolique, comprise au sens large, c’est-à-dire tant que les apôtres ou leurs disciples vivaient. C’est ce qui peut se déduire des citations que font les auteurs chrétiens de la génération suivante et du fait que vers l’année 140 ait été composée une harmonisation des Évangiles à partir de données des quatre Évangiles qui sont devenus canoniques (Tatien). Les références aux évangiles apocryphes, en revanche, sont postérieures, de la fin du IIème siècle. D’autre part, les papyrus que l’on a trouvés avec un texte similaire à celui des évangiles, certains du milieu du IIème siècle, sont très fragmentaire, ce qui montre que les ouvrages qu’ils représentent n’étaient pas estimés au point d’être transmis avec soin aux générations suivantes.
Au sujet des évangiles apocryphes que l’on conserve ou qui ont été découverts récemment, il faut dire que leurs différences par rapport aux Évangiles canoniques sont très importantes aussi bien quant à la forme que quant au contenu. Ceux qui ont été conservés au long de l’époque patristique et de l’époque médiévale sont des récits à caractère légendaire et remplis de fantaisies. Ils viennent satisfaire la piété populaire en racontant en détail tous les moments que les Évangiles canoniques ne racontent pas ou exposent de manière succincte. Ils sont en général en accord avec la doctrine de l’Église et apportent des récits sur la naissance de la Vierge de saint Joachim et de sainte Anne (naissance de Marie), la façon dont une sage-femme a vérifié la virginité de Marie (protévangile de Jacques), des miracles que faisait Jésus enfant (évangile du pseudo-Thomas), etc. Très différents sont les évangiles apocryphes provenant de Nag Hammad (Égypte) qui présentent un caractère hérétique gnostique. Ils ont la forme de dires secrets de Jésus (évangile copte de Thomas) ou de révélations du Seigneur ressuscité expliquant les origines du monde matériel (apocryphe de Jean), ou l’ascension d’une âme (évangile de Marie [Madeleine]), ou sont un lourd recueil de pensées provenant peut-être d’homélies ou de catéchèses (évangile de Philippe). Même si certains d’entre eux peuvent être très anciens, peut-être du IIème siècle, la différence avec les Évangiles canoniques s’impose immédiatement.
Gonzalo Aranda, professeur de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site -
La crédibilité historique de la Bible
Les livres de la Sainte Écriture enseignent fermement, avec fidélité et sans erreur, la vérité dont Dieu a voulu qu’elle soit consignée par écrit pour notre salut. Elles parlent donc de faits réels.
Mais les faits peuvent être exprimés en vérité en ayant recours à des genres littéraires différents, et chaque genre littéraire a son style propre pour raconter les choses. Par exemple, quand il est dit dans les psaumes que « les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament fait connaître l’œuvre de ses mains » (Psaume 19, 2), on ne prétend pas affirmer que les cieux prononcent des mots ni que Dieu ait des mains, mais l’on exprime le fait réel que la nature rend témoignage de Dieu, car il est son créateur.
L’histoire est un gente littéraire qui a de nos jours des caractéristiques particulières qui différente celles qu’il avait dans les littératures du Proche-Orient, et même de l’Antiquité gréco-romaine, pour raconter les événements. Tous les livres de la Bible, aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament, ont été écrits entre deux et trois mille ans, moyennant quoi les qualifier d’« historiques » au sens que nous donnons de nos jours à ce mot serait un anachronisme, étant donnés qu’ils n’ont pas été pensés ni écrits avec les schémas conceptuels actuellement en usage.
Néanmoins, le fait que nous ne puissions pas les qualifier d’« historiques » au sens actuel du mot ne veut pas dire qu’ils transmettent des informations ou des notions fausses ou trompeuses et, par conséquent, qu’ils ne sont pas crédibles. Ils transmettent des vérités et font référence à des faits qui se sont réellement produits dans le temps et dans le monde dans lequel nous vivons, racontés selon des façons de parler et de s’exprimer distinctes, mais également valides.
Ces livres n’ont pas été écrits pour satisfaire notre curiosité au sujet de détails sans importance pour le message qu’ils transmettent, comme ce que mangeaient les personnages dont il est question, comment ils s’habillaient ou quels étaient leurs goûts. Ce qu’ils offrent, c’est surtout une appréciation des faits du point de vue de la foi d’Israël et de la foi chrétienne.
Les textes bibliques permettent de connaître ce qui s’est produit mieux que ce que les témoins directs des événements en ont perçu, étant donné qu’ils ne pouvaient pas disposer de toutes les données nécessaires pour apprécier ce dont ils étaient témoins dans toute sa portée. Par exemple, quelqu’un qui serait passé à côté du Golgotha le jour de la crucifixion de Jésus se serait rendu compte que les Romains étaient en train d’exécuter un condamné à mort, mais le lecteur des Évangiles, en plus de cette réalité, sait que ce crucifié est le Messie et qu’à ce moment précis la rédemption de tout le genre humain s’accomplit.
Francisco Varo, doyen de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site www.opusdei.es
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