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voyage - Page 3

  • Voyage en Italie (fin)

    16 mars. Nous avons vu Saint-Jean-de-Latran medium_StJeanLatran.jpg et son musée, où il y a tant de choses superbes, la Voie Appienne, et, après déjeuner dans une osteria ayant vue sur la campagne romaine, nous sommes revenus par les Thermes de Caracalla.
    La campagne de Rome n’existe plus : partout la culture a remplacé les monticules stériles d’autrefois, et tout ce désert est maintenant habité. C’est certainement bien préférable au point de vue humain, mais l’artiste n’en déplore pas moins le charme qu’il avait éprouvé en voyant, de la Porte de Saint-Jean, la campagne au lever du soleil.

    17 mars. Prenant une voie qui menait à la Via Appia, nous avons recherché le Tombeau de Cecilius Metelle ; mais après avoir visité les sépultures des Scipions, nous nous sommes attardés pour déjeuner en plein air dans une osteria, avec, dans le fond, les montagnes de la Sabine, dont les cimes sont encore couvertes de neige.
    Puis nous sommes revenus admirer les ruines imposantes des Thermes de Caracalla, medium_ThermesCaracalla.jpg que l’on a bien changées par les consolidations qu‚on y a faites, mais dont on a aussi déblayé des parties que j’avais vues encombrées de débris de toute sorte.
    [Nous sommes] rentrés par le Forum de Trajan et l’église du Gesù.

    Rome, 19 mars. Notre journée du dimanche s’est passée à visiter quelques églises, après avoir assisté à la messe au Gesù, toujours aussi mondain et aussi fréquenté ; nous avons entendu des chants grégoriens.
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    À 11 heures un quart, nous étions au Palais Farnèse à admirer la belle galerie peinte par les Carrache, qui est restée superbe, fraîche de coloris, et si harmonieuse de composition. Ce beau palais appartient à la France, qui y loge son ambassadeur.
    Puis nous sommes allés au Trastevere, qui est bien changé : sur les hauteurs à travers les jardins de Saint-Onofrio, de la Villa Corsini et de Saint-Pierre-in-Montorio, jusqu’à la fontaine de l’Aqua Paula, on a créé un superbe jardin, avec de beaux arbres, palmiers et conifères, d’où l’on a la plus belle vue sur Rome, le Vatican, Saint-Pierre et la campagne.
    Aujourd’hui, j’ai passé la journée à errer dans la ville, à revoir bien des coins où j’étais passé étant jeune, pendant que Blanche était à Albano.
    C’est la fête de Saint Joseph ; aussi beaucoup de monde dans les églises, presque toutes les boutiques fermées, et toutes les trattoria populaires ornées de branches vertes, avec tentures aux couleurs pontificales et italiennes, et un tableau représentant Saint Joseph tenant l’Enfant dans ses bras. Et l’on fabrique des montagnes de beignets, que le peuple mange sur place ou emporte chez lui pour festoyer. C’est tout à fait local : c’est un vrai jour de fête : on se promène et on festoie.
    Rome est transformée et beaucoup de monuments sont mis en valeur, et bien des quartiers sont assainis ; il n’y a plus que des coins où l’on retrouve les vicolos d’autrefois. L’artiste n’y trouve plus ce pittoresque qui le charmait : ainsi, la Place Navone a maintenant des trottoirs en bitume, des grilles autour des fontaines, des bancs en marbre et l’éclairage électrique.
    Où sont les étalages de marchands de fruits, légumes, fleurs, les gens mangeant leur romaine, assis sur les vasques des fontaines, les femmes vendant leurs vieilles épingles en cuivre ; c’est maintenant une place qui n’a plus d’attrait que ses magnifiques fontaines. Ces beautés artistiques feront toujours de Rome une ville sans rivale.
    Blanche prend la parole : Je suis enchantée de ma promenade à Albano et Nemi, pour laquelle le temps m’a favorisée. Je suis allée à pied d’Albano à Nemi par une route superbe, avec de très beaux points de vue sur la campagne et au milieu d’oliviers magnifiques ; j’ai trouvé le lac Nemi délicieux avec ses eaux bleu clair et les deux petites villes de Genzano medium_Genzano.jpg et Nemi perchées sur les deux rives opposées.

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    J’ai poussé à pied jusqu’à Castelgandolfo, où j’ai repris le chemin de fer : la route domine le lac d’Albano et a des points de vue charmants.

    Gênes, 21 mars. Nous sommes arrivés hier soir après onze heures de chemin de fer peu intéressant sur une grande partie. Le paysage autour de Pise et Massa est assez beau, avec des montagnes aux silhouettes découpées, en partie encore couvertes de neige ; on voit en certains endroits les carrières de marbre.
    Nous sommes allés au Campo Santo, qui a étonné votre Mère par sa grandeur. Les monuments sont pour la plupart bien médiocres et d’une modernité bien déplorable. On souhaiterait plus de sobriété et dans la forme et dans l’exécution.


    Ernest Le Tourneau

  • Voyage en Italie en 1906

    Un de mes cousins, Louis Le Tourneau, a retrouvé de vieux papiers de famille et a pris la peine de transcrire le récit de voyages de mon arrière grand-père, Ernest Le Tourneau (1843-1917). Après le récit d’un voyage à Pompéi et au Vésuve, en 1866, on trouvera ci-dessous un nouveau récit, rédigé sous la forme d’un journal. Il est intéressant de remarquer les différences quarante ans plus tard, d’autant que cette année en marque le centenaire.

    VOYAGE de M. et de Mme Ernest LE TOURNEAU en Sicile, à Naples, à Pompéi, au Vésuve et à Rome, du 15 février au 21 mars 1906

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    15 février, à bord, de Gênes à Naples. Wagon bon et bien chauffé. Dehors, de la neige depuis Dijon, jusqu’à Gênes, avec un beau soleil la faisant briller pour la montée du Cenis ; puis, à la descente, un brouillard froid et gris venant voiler les plaines blanches et rendre le trajet ennuyeux jusqu’à Gênes.

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    Mercredi [14 février], visite de la ville et du port, par un temps froid et des ondées. Les palais ont un air de noblesse admirable. Nous en avons visité un, le Palais Palavicine, et nous avons été émerveillés du mouvement du port. Quelle différence avec Le Havre !

    Les vieilles rues de Gênes, étroites et montantes, sont bien amusantes, surtout à la sortie des fabriques ou autres endroits de réunion, quand le peuple encombre les vicolos.

    À 8 heures et demie, embarquement sur le Petoro, qui devait partir à 9 heures. Mais le chargement [ne s’est] terminé qu’à 4 heures du matin. Le bruit des grues, des gens et des caisses ou ballots ne favorisait pas le sommeil. Notre cabine est bonne, le déjeuner a été bon, vite servi, la mer est d’huile, et le soleil, peu à peu, est devenu brillant. Nous sommes assez près de la côte pour ne jamais la perdre de vue ; parfois même, on distingue toutes les maisons.

    Il ne fait pas froid au soleil, et votre Père respire le bonheur, bonheur complet, car nous ne rattraperons pas notre retard, et n’arriverons à Naples que vers 3 heures au lieu du lever du jour.

    M. Ernest Le Tourneau ajoute : Gênes a bien changé depuis mon premier séjour : larges voies, grandissimes maisons, comme à Paris, mais avec les beaux matériaux du pays et une diversité de styles amusante : romain, byzantin, gothique, moderne et grec. Tout se côtoie et se nuit un peu. Décidément, j’aime mon vieux Gênes.

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    Notre arrivée à Naples, vendredi 11 heures par un temps superbe, nous a permis de bien jouir de la vue de la baie, en rasant toute la côte depuis Misène.

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    Dans la journée, par un soleil superbe, nous sommes allés à San Miniato et revenus par le Corso Vittorio Emanuele. Nous sommes allés à Chiaja et avons visité l’aquarium, très intéressant. Mais que Naples a changé, et comme je suis loin de retrouver tout ce que j’avais vu. Ce n’est plus cette ville qui était si curieuse par ses vicolos, ses places populaires, et Santa Lucia avec ses osterias. Tout a disparu, mais c’est encore le pays de la lumière, et de la vie si vivante du midi, qui m’a toujours ravi.

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    Notre arrivée à Palerme à 7 heures nous a permis de voir l’entrée du port avec un demi soleil, car il y avait quelques nuages ; mais peu à peu le ciel s’est dégagé et nous venons de faire une agréable promenade, à voir des églises on ne peut plus tape-à-l’œil. Un marché en plein vent avec marchands de plats tout prêts à être mangés ; mais cette ville ne me paraît pas avoir le cachet de Naples. Les palais, maisons ou autres sont moins importants, et bien moins décoratifs : cela ne vaut pas les beaux palais de Gênes.

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    Les montagnes autour de Palerme sont couvertes de neige, et il est probable qu’il n’y a pas longtemps qu’elle est tombée. Les rues sont boueuses, et les habitants tout emmitouflés. Mais que de cris, et que les voix sont gutturales !

    (à suivre…)

  • Voyage en Italie (suite 3)

    Taormine, 27 février. medium_Taormine1.2.jpg
    En arrivant hier, nous sommes allés au Théâtre, où nous avons eu un beau coucher de soleil. Quelle merveille situation, et qu’une représentation devait être superbe, avec une telle toile de fond. Mais le théâtre est bien plus romain que grec, et a perdu cette simplicité que j’ai admirée à Syracuse, où l’effet était laissé au cadre extérieur.
    Le matin et l’après-midi, nous sommes retournés au théâtre, pour voir les effets de lumière que donnaient un soleil radieux et un ciel sans nuages.
    Entre temps, nous avons visité la Cathédrale, divers palais, et la Naumachie, en réalité des thermes, dont il reste des murs en briques ornés de niches profondes et d’autres plus petites, les grandes pour s’y asseoir, les petites pour recevoir des statues ; enfin, une très belle piscine, rappelant en moins grand la piscine de Baïes.
    Cette petite ville est la plus admirablement située du monde, et l’on ne peut rêver de plus belles teintes au coucher du soleil.
    Le Carnaval est peu animé : des enfants déguisés et un joueur d‚accordéon.
    Nous sommes à l’Hôtel Victoria, très bien situé, et, de notre chambre, nous voyons la baie de Naxos et l’Etna. Mais que d’Allemands ! Il n’y a presque que cela. Un ménage anglais, à côté de nous à table, s’en plaint et a été heureux de nous trouver pour parler anglais. Partout, on rencontre des aquarellistes femmes ; les enfants ne demandent pas la « moneta » comme à Syracuse.

    28 février. Votre Mère a fait ce matin l’ascension du Monte Venerre, 836 mètres par un chemin des plus rocailleux, avec, pour finir, une montée d’un grand quart d’heure dans les pierres. Malheureusement, le ciel était brumeux, et elle n’a pas vu tout ce qu’elle espérait. Les côtes de Calabre étaient cachées, ainsi que le bas des montagnes de Taormine, mais l’Etna et les montagnes de l’intérieur se voyaient parfaitement. Partie à 7 heures, elle est rentrée à midi et demie.
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Naples, 4 mars. Après avoir vu Messine pendant une demie-journée, qui est une très belle et grande ville, avec une cathédrale dont la façade est ornée de marbres faisant mosaïque comme à Florence, nous sommes allés coucher à San Giovanni, en face, de l’autre côté du détroit, et nous en sommes repartis le matin pour jouir des côtes de Sicile éclairées par le soleil levant, avec des montagnes couvertes de neige dans le fond. Nous sommes repartis pour Cefalù,
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où nous avons couché, et dont la façade de l’église est curieuse ; à l’intérieur, dans l’abside, sont des mosaïques plus belles que celles de Monreale ; celles des nefs ont été détruites.
Le sergent de ville [= policier] de l’endroit nous a accompagnés pour nous délivrer des mendiants et des soi-disant guides.
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Arrivés à Palerme pour déjeuner, nous en sommes repartis à 7 heures et demie par le « Christophe Colomb », après une jolie promenade au Couvent de Santa Maria del Jesu, d’où la vue est superbe sur Palerme et son port, puis au Jardin Anglais, planté de palmiers, aloès et autres plantes tropicales.
Aujourd’hui, dimanche, Naples est animé comme Paris, et on a peine à circuler dans la rue de Tolède, qui s'appelle medium_Naplescathedrale.2.jpg

maintenant Via Roma, et dans Chiaja qui mène au Jardin Public bien augmenté et agrandi. Toujours les mêmes cris et le même mouvement : le peuple ne peut pas être calme.
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5 mars. Notre journée a été occupée à aller, par un temps superbe, à Torre del Greco et Portici, où nous sommes allés en tram[way] pour 0.40 par personne. Tout est construit tout le long de la route. Quel changement ! On ne reconnaît plus les routes que j’ai faites il y a quarante ans. Déjeuner dans une trattoria au-dessus du port ; en face, le Vésuve, qui fume beaucoup et a une traînée rouge sur le côté gauche.
Naples est toujours aussi grouillante et animée ; on peut à peine circuler dans les vias Chiaja et Roma. Mais du côté de Pouzzoles et du Pausilippe, des quartiers absolument neufs avec de grandes maisons.
Nous sommes au deuxième étage d’une pension via Partenope I, notre chambre a vue sur le Pausilippe, à l’angle du jardin public qui longe la mer.

6 mars. Nous avons fait, par un temps superbe, la tournée de Pouzzoles, Baïes et le cap Misène. Partis à 9 heures, nous ne sommes rentrés qu’à 6 heures et avons vu le soleil se coucher pendant que nous descendions le Pausilippe.
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La Solfatare a de nouvelles fumerolles depuis que le Vésuve est en activité. Elles sont assez puissantes pour faire bouillonner les cendres.
De là, nous sommes allés à l’amphithéâtre, si curieux par ses chambres sous l’arène, où l’on devait enfermer bêtes et hommes. Nous sommes passés ensuite le long du lac d’Agnano, d’Averna et de Fusaro. On ne visite plus la grotte du chien où j’étais allé.
Après déjeuner, nous sommes allés en voiture à la Piscine Mirabile, de dimensions colossales, et au Cap Misène, d’où l’on gagne à pied un petit kiosque à mi-hauteur, d’où la vue est superbe sur la Baie et les Iles.

(à suivre…)

  • Voyage en Italie (suite 2)

    23 février. La route de Girgenti à Syracuse est longue et monotone, avec quelquefois de beaux points de vue sur les montagnes couvertes de neige. L’Etna, tout blanc et brillant au soleil, fait bel effet et est bien majestueux. Nous en avons bien joui, et on ne peut le voir mieux.
    La campagne commence à s’animer. Les paysans labourent et préparent leurs vignes ; mais on laboure comme au temps des Romains avec la houe de bois.
    La route côtoie des carrières de soufre, dont on voit seulement les fours de distillation, car elles sont souterraines. Dans la plaine de l’Etna, il y a de belles cultures d’orangers, et des arbres fruitiers en grand nombre, qui donnent à la campagne un aspect de printemps.

    Syracuse, 24 février.

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    La ville est petite et n’a d’intéressant que son église cathédrale avec de superbes colonnes du temple de Minerve, une fort belle chapelle en marbre blanc, et de magnifiques grilles de clôture en fer forgé, assemblées par des ornements rapportés.
    Le théâtre grec, l’amphithéâtre romain et les latomies sont d’intérêt tout à fait unique :
    - le théâtre par sa construction, puisqu’il est entièrement creusé dans le rocher, sa situation puisque la mer lui sert de fond de scène, position qui n’est surpassée que par celle du théâtre de Taormine.
    - l’amphithéâtre par sa position, également creusé en partie dans le rocher ; malheureusement, il ne reste aucune décoration et l’on est dans l’impossibilité de tenter une reconstitution vraisemblable.
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    - les latomies, anciennes carrières, dont le ciel s’est effondré en maints endroits, sont devenues de véritables oasis de verdure, avec toutes sortes d’arbres et de plantes, où le mandarinier voisine avec le citronnier, l’olivier, le palmier et les plantes des Tropiques.
    Les catacombes sont fort curieuses par la longueur de leurs voies et les dimensions de leurs carrefours ou salles rondes, bien plus grandes que celles de Rome. Les tombes sont parfois réunies dans une chambre faisant comme une chapelle particulière ouvrant par une baie sur la voie, que fermait probablement une porte.
    Toutes les sépultures ont été violées, et il ne reste que quelques ossements et quelques débris de poteries grossières.

    25 février. Partis le matin en voitures, nous sommes allés visiter un ancien château fort à l’extrémité ouest de l’ancienne ville, curieux par ses souterrains et ses magasins, creusés dans le roc.
    Du haut des tours, la vue est superbe sur la baie de Syracuse et l’ancienne ville, qui était immense. Il n’en reste rien.
    Après déjeuner dans une maison décorée à la Pompéienne, nous avons repris la voiture et gagné une barque qui nous attendait à l’entrée de la Pima, petite rivière que nous avons remontée jusqu’à sa source, au milieu des papyrus qui la bordent sur ses deux rives, et font presque un berceau de verdure d’un effet très pittoresque, tout à fait inconnu des habitants du nord.
    En rentrant, nous avons visité les restes du gymnase romain. On y voit une piscine, une palestre, et on y trouvera sans doute autre chose, tout n’étant pas déblayé.
    Comme c’est aujourd’hui dimanche, on promène le Bonhomme Carnaval, gros Anglais remuant têtes [sic] et bras, avec une nuée de pierrots et d’arlequins sous sa chaise. La musique de la ville la précède et joue un air endiablé. Dans la ville, on se jette des confetti. Partout, des enfants costumés et les gens sur leurs portes regardent passer la foule.

    26 février. La route pour gagner Taormine côtoie la mer. Le temps est splendide et le soleil éclaire l’Etna tout blanc, se dessinent sur une mer bleue. [Il doit manquer quelques mots, au moins le sujet pluriel de « se dessinent »]
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  • (à suivre…)