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jésus - Page 6

  • Le regard du Christ

    Après avoir mis le 15 avril un texte sur le regard que le Christ porte sur Marie, voici un texte d'ordre général sur l'invitation à regarder leChrist. Il serasuivi, au fil des semaines, de quatorze poèmes décrivant principalement le regard porté sur différents personnages de l'Évangile.

    Regarder le Christ

    Le pape Benoît XVI invite à porter sur le monde qui nous entoure le regard du Christ. Face aux défis de la pauvreté, « l’indifférence et le repli sur son propre égoïsme se situent dans une opposition intolérable avec le « regard » du Christ » (Message pour le carême 2006) . Grâce au sacrement de réconciliation, « nous découvrons un « regard » qui nous scrute dans les profondeurs et qui […] redonne confiance à ceux qui ne se renferment pas dans le scepticisme, en leur ouvrant la perspective de l’éternité bienheureuse » (Ibid.).

    Engageant l’humanité dans le troisième millénaire, son prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, nous avait déjà invités à contempler le regard du Christ, à nous laisser saisir par lui. Pour aller dans ce sens, je proposerai au cours des semaines à venir une réflexion sur le regard que le Christ porte sur tel ou tel personnage et sur celui que nous devons porter sur lui.

    Mais je voudrais citer ici quelques phrases de la lettre apostolique que Jean-Paul II a adressée à tous les jeunes du monde entier, en 1985. Elle est intitulée dilecti amici, « mes chers amis » et constitue une véritable charte du jeune catholique dans l’Église et dans le monde.

    Partant de la rencontre du jeune homme riche avec Jésus, et de ce que dit l'Évangile : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima », le pape écrivait : « Je vous souhaite de connaître un tel regard ! Je vous souhaite de faire l’expérience qu’en vérité, lui, le Christ, vous regarde avec amour !

    Il regarde tout homme avec amour. L’Évangile le confirme sans cesse. On peut dire aussi que ce « regard aimant » du Christ résume et synthétise en quelque sorte toute la Bonne Nouvelle. Si nous cherchons l’origine de ce regard, il faut que nous revenions en arrière, au Livre de la Genèse, à cet instant où, après la création de l’homme, créé « homme et femme », Dieu vit que « cela était très bon ». Ce tout premier regard du Créateur se reflète dans le regard du Christ qui accompagne le dialogue avec le jeune homme de l'Évangile.

    Nous savons que le Christ confirmera et scellera ce regard par le sacrifice rédempteur de la Croix, car c’est justement par ce sacrifice que ce « regard » a atteint une particulière profondeur dans l’amour. Il contient une affirmation de l’homme et de l’humanité dont lui seul est capable, lui, le Christ, Rédempteur et Epoux. Lui seul « connaît ce qu’il y a dans l’homme », il connaît sa faiblesse, mais il connaît aussi et par-dessus tout sa dignité.

    Je souhaite à chacun et à chacune de vous de découvrir ce regard du Christ, et d’en faire l’expérience jusqu’au bout. Je ne sais à quel moment de votre vie. Je pense que cela se produira au moment le plus nécessaire : peut-être au temps de la souffrance, peut-être à l’occasion du témoignage d’une conscience pure, comme dans le cas de ce jeune homme de l'Évangile, ou peut-être justement dans une situation opposée, quand s’impose le sens de la faute, le remords de la conscience : le Christ regarda Pierre à l’heure de sa chute, après qu’il eût renié son Maître par trois fois.

    II est nécessaire à l’homme, ce regard aimant : il lui est nécessaire de se savoir aimé, aimé éternellement et choisi de toute éternité. En même temps, cet amour éternel manifesté par l’élection divine accompagne l’homme au long de sa vie comme le regard d’amour du Christ. Et peut-être surtout au temps de l’épreuve, de l’humiliation, de la persécution, de l’échec, alors que notre humanité est comme abolie aux yeux des hommes, outragée et opprimée : savoir alors que le Père nous a toujours aimés en son Fils, que le Christ aime chacun en tout temps, cela devient un solide point d’appui pour toute notre existence humaine. Quand tout nous conduit à douter de nous-mêmes et du sens de notre vie, ce regard du Christ, c’est-à-dire la prise de conscience de l’amour qui est en lui et qui s’est montré plus puissant que tout mal et que toute destruction, cette prise de conscience nous permet de survivre.

    Je vous souhaite donc de faire la même expérience que le jeune homme de l'Évangile : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima » (Jean-Paul II, lettre apostolique Dilecti amici , 31 mars 1985, n° 7).

  • Le problème de la vérité

    S’adressant aux Juifs réunis le jour du sabbat dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, l’apôtre Paul leur dit : « Sachez-le donc, frères : c’est par lui [Jésus-Christ] que vous est annoncé la rémission des péchés. De tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit en est justifié par lui » (Actes 13, 38).
    Le salut, la sortie du péché et du mal, ne peuvent venir que de Jésus-Christ, mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts. Le reconnaître demande un acte d’humilité de l’intelligence qui accepte de reconnaître qu’elle ne connaît pas tout et qu’il existe des vérités d’un ordre supérieur à celui de la simple raison.
    Les évêques catholiques du monde entier réunis en assemblée générale, un concile œcuménique, le concile Vatican II (1962-1965), ont rappelé que, « conformément à leur dignité [sous-entendu d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu], tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire parce qu’ils sont doués de raison et de volonté libre et donc dotés de responsabilité personnelle, sont poussés par leur nature et tenus par obligation morale à chercher la vérité, avant tout celle qui concerne a religion. Ils sont tenus aussi d’adhérer à la vérité, une fois qu’elle est connue, et d’organiser toute leur vie en fonction des exigences de la vérité » (déclaration La dignité humaine, n° 2).
    La vérité se trouve en Dieu. Jésus-Christ s’auto-définit en ces termes : « Je suis la Voie, la vérité et la Vie », ajoutant que « personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6), « Le salut n’est en aucun autre » (Actes 4, 12).
    Ces affirmations méritent au moins que l’on s’y arrête pour les examiner sans a priori et chercher à en comprendre le sens. « Dieu est la Vérité même, ses paroles [recueillies dans la Bible] ne peuvent tromper. C’est pourquoi on peut se livrer en toute confiance à la vérité et à la fidélité de sa parole en toutes choses. Le commencement du péché et de la chute de l’homme [le péché originel] fut un mensonge du tentateur qui induit à douter de la parole de Dieu, de sa bienveillance et de sa fidélité » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 215).

    « Dans la foi chrétienne, la question humaine par excellence « Qu’est-ce que la vérité ? » se voit radicalement renouvelée. Elle aimantait la réflexion de Socrate. Elle prend une signification toute nouvelle sur les lèvres de Pilate. En face de celui-ci la vérité se manifeste comme Quelqu’un. Seul le Christ peut déclarer : « Je suis la Vérité. » […] Il l’est dans sa personne, dans sa vie et dans son œuvre. Il est quelqu’un qui « rend témoignage à la Vérité » (Jean 18, 37) par le don total de sa vie, à l’heure même où il est condamné à se taire et à mourir sur la Croix.
    La vérité du Christ est son être de Fils qui reçoit tout du Père, avant de transmettre son Esprit. À travers la Croix, cette vérité apparaît comme une vérité désarmée, qui ne s’impose pas, mais qui, pour cette raison, s’adresse à notre liberté pour nous rendre libres (voir Jean 8, 32).
    Si la vérité chrétienne est en dernière instance une personne, elle ne peut être l’objet d’une possession. La question n’est pas de savoir si nous la possédons, mais si nous acceptons qu’elle vienne nous libérer [du péché].
    Le chrétien connaît donc très réellement la vérité. Mais il la connaît pour la servir. Il ne prétend pas être le maître. Il se tient « en elle », en marchant à la suite de son Maître, sous la mouvance de l’Esprit, que celui-ci a laissé en héritage à ses disciples pour les conduire à « la vérité tout entière » (Jean 6, 13) » (Catéchisme des évêques de France, n° 37).

  • L'Eucharistie

    L’Eucharistie

    C’est aujourd’hui le Jeudi saint, jour où Jésus prend son dernier repas – la dernière Cène – avec ses apôtres, au cours duquel il institue les sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre, ce que rappelle la Missa in Cœna Domini, « messe de la Cène du Seigneur ». C’est le moment que Judas, un des douze disciples, choisit pour aller livrer son Maître aux autorités juives, qui attendaient une occasion favorable pour l’arrêter, avec l’intention de le faire mourir (voir Jean 11, 53)

    À l’issue de ce repas, Jésus se rend au jardin des Oliviers, où il entre en agonie et où les envoyés des princes des Juifs et des pharisiens, conduits par l’apôtre Judas, procèdent à son arrestation. Les fidèles ont pour coutume d’accompagner spirituellement le Seigneur, en se recueillant devant les « reposoirs » dans la nuit du Jeudi saint au Vendredi saint.

    « L’Eucharistie est le sacrifice même du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, qu’il a institué pour perpétuer au long des siècles jusqu’à son retour le sacrifice de la Croix, confiant ainsi à son Église le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 271). Autrement dit, la foi enseigne que Jésus a institué le sacrement pour rendre présent au long des siècles le Sacrifice de sa vie auquel il a librement consenti sur la Croix, le Vendredi saint, afin de donner aux hommes la possibilité d’être rachetés de leurs péchés et, s’ils le désirent, de le suivre vers son Père et la vie éternelle du ciel.

    Le sacrement de l’Eucharistie est célébré par le prêtre qui agit « en la personne et à la place » du Christ. Il prononce les mêmes paroles que Jésus le Jeudi saint, paroles qui sont efficaces, c’est-à-dire qui transforment réellement le pain et le vin offerts dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ, auxquels sont unies son Âme et sa Divinité.

    Le Jeudi saint, Jésus, prenant du pain dans ses mains, a dit : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » Puis, prenant la coupe pleine de vin, il a dit : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi » (1 Corinthiens 11, 23-25).

    C’est le sacrement de la présence réelle du Christ. C’est la nourriture spirituelle de l’âme, pour être en mesure de parcourir le chemin de la vie dans la justice et la sainteté. C’est la force spirituelle pour être témoin, apôtre du Seigneur dans notre vie de tous les jours, pour être fier de notre foi et la faire partager par d’autres.
    « C’est pour nous que Jésus est resté dans la Sainte Hostie ! Pour demeurer à notre côté, pour nous soutenir, pour nous guider. L’amour ne se paye que par l’amour. — Alors, comment ne pas nous rendre auprès du tabernacle, chaque jour, ne serait-ce que pour quelques minutes, pour Le saluer et Lui témoigner notre amour d’enfants et de frères ? » (saint Josémaria, Sillon, n° 686). Et ce soir, après les Offices liturgiques, en allant tenir compagnie à Jésus dans les « reposoirs », les autels où Jésus dans le saint-sacrement a été déposé précisément pour que nous l’adorions et lui tenions compagnie, lui évitant ainsi la solitude dans laquelle il s’est trouvé à Gethsémani le Jeudi saint quand ses apôtres n’ont même pas « eu la force de veiller une heure » avec lui (Matthieu 26, 40).

  • Marie-Madeleine : ses relations avec Jésus


    Il découle des Évangiles que Marie-Madeleine éprouvait un grand amour pour Jésus. Il l’avait délivrée de sept démons, elle le suivait en tant que disciple, l’assistait de ses biens (Luc 8, 2-3) et s’est trouvée avec Marie, la Mère de Jésus, et d’autres femmes quand Jésus a été crucifié (Marc 15, 40-41 et parallèles). Selon les Évangiles, c’est à elle que Jésus apparaît en premier après sa résurrection, alors qu’elle le cherchait éplorée (Jean 20, 11-18). D’où la vénération dont elle a été l’objet dans l’Église en tant que témoin du ressuscité (voir la note « Qui était Marie-Madeleine ? »). De ces passages, on ne peut déduire ni qu’elle a été pécheresse, moins encore qu’elle ait été la femme de Jésus.
    Ceux qui soutiennent cette dernière affirmation utilisent le témoignage de certains évangiles apocryphes. Or, ces derniers, à l’exception peut-être d’un noyau de l’Évangile de Thomas, sont postérieurs aux Évangiles canoniques, sont dépourvus de caractère historique et ne servent qu’à transmettre des enseignements gnostiques. Selon ces ouvrages, qui, même s’ils portent le nom d’évangile n’en sont pas à proprement parler, mais sont des écrits contenant des révélations secrètes de Jésus à ses disciples après sa résurrection, Marie (ou Myriam ou Mariham : le nom de Madeleine n’apparaît pas sauf dans quelques livres) est celle qui comprend le mieux ces révélations. L’opposition que d’après certains de ces textes (Évangile de Thomas, Dialogues du Sauveur, Pistis Sophia, Évangile de Marie) les apôtres manifestent envers elle du fait qu’elle est une femme traduit la considération négative de certains gnostiques envers le monde féminin et la condition de Marie en tant que disciple importante. Néanmoins, certains veulent voir dans cette opposition un reflet de l’attitude de l’Église officielle de l’époque, qui aurait été opposée à ce qu’une femme occupe la situation de chef spirituel que ces groupes proposaient. Rien de cela ne peut être démontré. Cette opposition peut plutôt être comprise comme un conflit de doctrines : celles de Pierre et des autres apôtres face à celles que ces groupes gnostiques exposaient au nom de Marie. En tout état de cause, le fait qu’ils aient recours à Marie est une façon de justifier leurs positions gnostiques.
    Dans d’autres évangiles apocryphes, en particulier l’Évangile de Philippe, Marie (cette fois-ci citée avec son nom d’origine, Madeleine) est un modèle de gnostique, précisément en raison de sa féminité. Elle est le symbole spirituel de la suite du Christ et d’union parfaite avec lui. Dans ce contexte, il est question d’un baiser de Jésus à Marie (s’il faut réellement comprendre le texte en ce sens), qui symbolise cette union, étant donné que par ce baiser, une espèce de sacrement supérieur au baptême et à l’Eucharistie, le gnostique s’engendrait lui-même en tant que gnostique. Le ton de ces écrits est complètement étranger à des implications sexuelles. C’est pourquoi aucun savant sérieux ne comprend ces textes comme un témoignage historique d’une relation sexuelle entre Jésus et Marie-Madeleine. Il est triste que cette accusation, qui n’a aucun fondement historique, étant donné que les chrétiens de l’époque n’ont même pas eu besoin de polémiquer pour s’en défendre, resurgisse de temps à autre comme s’il s’agissait d’une nouveauté.
    Juan Chapa, professeur de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • Jésus était-il célibataire, marié ou veuf ?


    Les données que les Évangiles conservent nous disent que Jésus a rempli son métier d’artisan à Nazareth (Marc 6, 3) et qu’il avait environ trente ans quand il a commencé son ministère public (Luc 3, 23). Pendant le temps de ce ministère, des femmes le suivent (Luc 8, 2-3) tandis que d’autres ont des liens d’amitié avec lui (Luc 10, 38-42). Même s’il ne nous est dit à aucun moment qu’il était célibataire, marié ou veuf, les Évangiles parlent de sa famille, de sa mère, de ses « frères et sœurs », mais jamais de sa « femme ». Ce silence est éloquent. Jésus était connu en tant que « fils de Joseph » (Luc 3, 23 ; 4, 22 ; Jean2, 45 ; 6, 42) et, quand les habitants de Nazareth sont surpris de son enseignement, ils s’exclament : « N’est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de José,de Jude et de Simon ? Et ses sœurs, ne sont-elles pas ici, chez nous ? » (Marc 6, 3). Dans aucun passage il n’est fait référence au fait que Jésus avait ou aurait eu une femme. La tradition n’a jamais parlé d’un éventuel mariage de Jésus. Et elle ne l’a pas fait non pas parce qu’elle considérait la réalité du mariage comme péjorative envers la figure de Jésus (qui a restitué le mariage dans sa dignité originelle : Matthieu 19, 1-12) ou incompatible avec la foi en la divinité du Christ, mais simplement parce qu’elle s’en est tenue à la réalité historique. S’il avait fallu passer sous silence des aspects qui pouvaient être compromettants pour la foi de l’Église, pourquoi a-t-elle transmis le baptême que Jésus a reçu des mains de Jean-Baptiste, qui administrait un baptême pour la rémission des péchés ? Si l’Église primitive avait voulu passer sous silence le mariage de Jésus, pourquoi ne passe-t-elle pas sous silence la présence de femmes bien précises parmi les gens qui étaient en relation avec lui ?
    Malgré cela, des idées se sont répandues qui affirment que Jésus a été marié. On avance en faveur du mariage de Jésus fondamentalement la pratique et la doctrine commune des rabbins du Ier siècle de notre ère (pour le mariage présumé de Jésus avec Marie-Madeleine, voir « Quelles relations Marie-Madeleine a-t-elle eues avec Jésus ? »). Comme Jésus a été un rabbin et que le célibat était inconcevable parmi les rabbins de l’époque, il a dû être marié (même s’il y avait des exceptions, comme Rabbi Siméon ben Azzai qui, accusé de demeurer célibataire, à répondu : « Mon âme est amoureuse de la Tora. D’autres peuvent faire aller le monde de l’avant », Talmud de Babylone, b. Yeb. 63b). Donc, affirment certains, Jésus, comme n’importe quel Juif pieux, a dû se marier à l’âge de vingt ans et a dû abandonner ensuite sa femme et ses enfants pour accomplir sa mission.
    La réponse à cette objection est double :
    1) Il existe des données comme quoi dans le judaïsme du Ier siècle on vivait le célibat. Flavius Josèphe (La guerre juive 2.8.2 et 120-21 ; Antiquités juives 18.1.5 et 18-20), Philon (dans un passage conservé par Eusèbe, Prep. Evang. 8.11.14) et Pline l’Ancien (Histoire naturelle 5.73, 1-3) nous informent que des Esséniens vivaient le célibat et nous savons que certains membres de Qumran étaient célibataires. Philon (De la vie contemplative) indique aussi que les « thérapeutes », un groupe d’ascètes d’Égypte, vivaient le célibat. En outre, dans la tradition d’Israël, certains personnages célèbres, comme Jérémie, avaient été célibataires. Moïse lui-même, selon la tradition rabbinique, a vécu l’abstinence sexuelle pour maintenir une relation plus étroite avec Dieu. Jean-Baptiste ne s’est pas marié non plus. Par conséquent, tout en étant peu commun, le célibat n’était nullement inouï.
    2) Même si personne n’avait vécu le célibat en Israël, il ne faudrait pas en déduire que Jésus était marié. Les données, comme nous l’avons dit, montrent qu’il a voulu demeurer célibataire et de nombreuses raisons rendent ce choix plausible et convenable, précisément parce qu’être célibataire souligne la singularité de Jésus par rapport au judaïsme de son temps et est plus en accord avec sa mission. Il met en évidence le fait que, sans diminuer la valeur du mariage ni exiger que ceux qui le suivent vivent le célibat, la cause du royaume de Dieu (cf. Matthieu 19, 2), l’amour de Dieu et l’amour envers Dieu qu’il incarne sont au-dessus de tout. Jésus a voulu rester célibataire pour mieux signifier cet amour.

    Juan Chapa, professeur à la faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • 9 juin: le Sacré Cœur

    L’Église fête aujourd’hui le Cœur de Jésus-Christ qui a été transpercé sur la Croix par un soldat romain : « Arrivés à Jésus, comme ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats lui perça le côté avec sa lance, et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau. Et celui qui a vu en rend témoignage » (Jean 19, 33-35). Ce soldat est appelé Longin, du grec logchê, « lance », par les Actes de Pilate, un texte apocryphe, c’est-à-dire non reconnu par l’Église comme étant inspiré par Dieu. Il se serait converti le jour de la Pentecôte.

    Dans la préface de la messe d’aujourd’hui, l’Église rappelle qu’en laissant jaillir l’eau et le sang, Jésus « fit naître les sacrements de l’Église, pour que tous les hommes, attirés vers son Cœur, viennent puiser la joie aux sources vives du salut ».
    La dévotion au Sacré Cœur de Jésus s’est beaucoup répandue à la suite des apparitions du Christ à Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) pour lui demander qu’un culte spécial lui soit rendu pour compenser tous les outrages qu’il reçoit dans l’Eucharistie, le sacrement de sa présence réelle parmi les hommes. La visionnaire était religieuse au monastère de la Visitation (un ordre féminin contemplatif de religieuses, dites de la Visitation de Sainte-Marie, ou Visitandines, fondé par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal en 1610), à Paray-le-Monial.
    Lors de la troisième apparition, en juin 1675, Jésus découvrit son Cœur à Marguerite-Marie en lui disant : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner de son amour. Et, pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. »
    « La vraie dévotion au Cœur de Jésus consiste à connaître Dieu, à nous connaître nous-mêmes, à fixer notre regard sur Jésus, à recourir à Celui qui nous encourage, nous enseigne et nous guide. Cette dévotion n’est superficielle que pour l’homme qui, faute de n’être pas parvenu à être vraiment humain, n’arrive pas à pénétrer la réalité du Dieu incarné » (saint Josémaria,

  • Qui étaient les apôtres de Jésus ?


    Une des données les plus sûres de la vie de Jésus est qu’il a constitué un groupe de douze disciples qu’il a appelés les « Douze apôtres ». Ce groupe était formé d’hommes que Jésus a appelés personnellement, qui l’ont accompagné dans sa mission d’instaurer le royaume de Dieu, qui sont témoins de ses paroles, de ses actes et de sa résurrection.
    Le groupe des Douze apparaît dans les écrits du Nouveau Testament comme un groupe stable ou fixe. Leurs noms sont : « Simon — à qui il imposa le nom de Pierre — ; Jacques, le file Zébédée, et Jean son frère — auxquels il imposa le nom de Boanergès, c’est-à-dire fils du tonnerre — ; André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, le fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélote et Judas Iscariote, celui qui le livra » (Marc 3, 16-19). Il n’y a guère de variations dans les listes qui figurent dans les autres Évangiles et dans les Actes des apôtres. Thaddée est appelé Judas, mais cela n’est pas significatif, car, comme on le voit, plusieurs personnes portent le même prénom — Simon, Jacques — et se distinguent par le patronyme ou par un deuxième nom. Il s’agit donc de Judas Thaddée. Ce qui est significatif, c’est qu’il ne soit pas question dans le livre des Actes du travail d’évangélisation de nombre d’entre eux : c’est le signe qu’ils se sont dispersés très tôt et que, malgré cela, la tradition des noms de ceux qui étaient les apôtres était fermement établie.
    Saint Marc (3, 13-15) dit que Jésus, « monta dans la montagne et il appela à lui ceux qu’il voulut. Ils allèrent vers lui. Il en établit douze qui seraient avec lui, qu’il enverrait prêcher et qui auraient le pouvoir de chasser les démons ». Il indique ainsi l’initiative prise par Jésus et la fonction du groupe des Douze : être avec lui et être envoyés pour prêcher avec le même pouvoir que Jésus détenait. Les autres évangélistes — saint Matthieu (10, 1) et saint Luc (6, 12-13) — s’expriment en des termes semblables. Tout au long de l’Évangile on voit comment ils accompagnent Jésus, participent à sa mission et reçoivent un enseignement particulier. Les évangélistes ne cachent pas que bien souvent ils ne comprennent pas les paroles du Seigneur et qu’ils l’ont abandonné au moment de l’épreuve. Mais ils indiquent aussi la confiance renouvelée que Jésus leur témoigne.
    Il est très significatif que le nombre des élus soit de Douze. Ce nombre renvoie aux douze tribus d’Israël (voir Matthieu 19, 28 ; Luc 22, 30 ; etc.) et non à d’autres chiffres communs à l’époque — les membres du sanhédrin étaient au nombre de 71, les membres du conseil de Qumran de 15 ou16 et les membres adultes nécessaires pour le culte à la synagogue de 10 —, moyennant quoi il semble clair que Jésus a voulu indiquer qu’il ne voulait pas restaurer le royaume d’Israël (Actes 1, 6) — sur la base de la terre, du culte et du peuple — mais instaurer le royaume de Dieu sur la terre. C’est ce que montre aussi le fait que, avant la venue de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, Matthias occupe la place de Judas Iscariote et complète le nombre de douze (Actes 1, 26).

    Vicente Balaguer, professeur à la faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins