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foi - Page 29

  • Regard de Jésus à Marie

    Jésus l’a regardée avec admiration
    Pendant toute sa vie, attendri pour de vrai
    De son aide humble et sûre, de sa contribution
    À nous libérer du péché, nous délivrer.
    Jésus, depuis qu’il s’est éveillé à la vie,
    Observe sa mère en qui il voit le modèle
    D’une âme que le feu de son Esprit havit
    Et qui, sa vie durant, reste à jamais fidèle.
    Elle est la femme du « oui » inconditionnel
    Qui, le Samedi saint, se place en sentinelle,
    Prenant sous son manteau l’Église en gestation,
    Devenue tabernacle en édification.
    Jésus-Christ dévisage la si pleine de grâces,
    Associée à son œuvre pour qu’elle aussi terrasse
    Le Prince de ce monde, et qu’elle provoque
    La sainteté par vagues à toutes les époques.
    Il voit l’or des vertus qui resplendit en elle,
    Reflet des perfections infinies du Seigneur,
    Il se complait dans cette distinction solennelle,
    Qui la gratifie d’une perfection supérieure.

    * * *

    À-demi aveuglé, tu aperçois ta Mère.
    Hélas, son doux visage t’apparaît déformé,
    Pourtant c’est bien Elle, vision douce et amère,
    Celle qui dans son sein virginal t’a formé.
    La vision que, du gibet, tu as de sa Mère,
    Douce consolation dans ces heures amères,
    Mêle complicité et robuste empathie,
    Liniment calmant les tourments dont tu pâtis.
    Puisant dans les rares énergies qui te restent,
    Ému par cet amour que nul ni rien n’arrête,
    Tenant ton faible souffle tout près d’être asphyxié,
    Tu ouvres encore ta bouche de supplicié :
    « Mère, voici ton fils », dis-tu en montrant Jean.
    « Quoi, un pécheur à la place du Rédempteur !
    Ô mon Unique, comme tu sais être exigeant !
    Tu n’avais plus que moi. Je te dis « oui » sur l’heure. »
    Possédant l’accord dont tu n’avais pas douté,
    Puisque Marie ne t’a jamais rien refusé,
    Tu te tournes vers le disciple chouchouté :
    « Voici ta mère, prends d’elle un soin empressé. »
    À partir de ce jour-là, Jean la prit chez lui,
    Trouvant en elle non seulement un appui
    Mais une Éducatrice pour découvrir son Fils
    En tout présent et se réjouir des sacrifices.

  • St Thomas More, intercesseur de l'Opus Dei

    Aujourd'hui, 22 juin, c'est la Saint-Thomas More, chancelier du royaume d'Angleterre.

    Le chef de saint Thomas More est vénéré dans l'église Saint-Dunstan, à Canterbury. Saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, est venu se recueillir auprès de lui le 3 septembre 1958. Il était accompagné de Mgr Alvaro del Portillo, qui lui a succédé à la tête de l’Opus Dei, en septembre 1975, et de Mgr Echevarria, qui a succédé à son tour à Mgr del Portillo en avril 1994 et est l’actuel évêque-prélat de l’Opus Dei.

    Josémaria avait choisi le lord-chancelier d'Henri VIII d'Angleterre comme intercesseur pour les relations de l'Opus Dei avec les autorités temporelles de toutes natures. Deux raisons, entre autres, l’ont poussé à choisir Thomas More : d'une part, il avait dès le premier instant la perception très nette que l’institution qu’il avait fondée ne venait pas « combler un besoin particulier d'un pays ou d'une époque déterminée, parce que dès ses débuts Jésus veut que son Œuvre ait une portée universelle, catholique » (J. Escriva, « Lettre, 19 mars 1934, n° 15 », citée dans A. de Fuenmayor-V.-Gómez-Iglesias-J.-L. Illanes, L'Itinéraire juridique de l'Opus Dei. Histoire et défense d'un charisme, Paris, 1992, p. 50) ; d’autre part, il était également conscient de ce que ladite institution visait essentiellement à promouvoir la sanctification des laïcs dans le monde, à l'occasion de leur travail professionnel et de leur vie familiale et sociale. Or, More répondait à ces deux caractéristiques : d'un côté, de souligner l'universalité de l'Opus Dei et, de l'autre, de s'être sanctifié précisément dans sa charge au service du royaume d'Angleterre et au sein de son foyer.

    J’ai publié un article qui met en parallèle la vie de Josémaria Escriva et celle de Thomas More. On pourra s’y reporter : « Josémaria Escriva et Thomas More : l’héroïsme au quotidien », Moreana 38, 147-148, décembre 2001, p. 25-40 ; traduit en anglais, « Heroism in everyday life », Position Paper 354/355, june/july 2003, p. 201-209. En voici le résumé :
    Ces deux hommes sont des modèles de fidélité à la foi vécue dans la vie courante, professionnelle et familiale. Thomas More l'a incarnée avec héroïsme dans lesdifférentes fonctions qu'il a assumées. Il est un modèle d'époux et de père, d'ami et d'homme intègre, qui sanctifie son travail quotidien. Josémaria Escriva, lui, fonde l'Opus Dei pour rappeler que Dieu attend de chacun la sainteté dans la vie ordinaire, à partir de son travail et des activités de chaque jour, elles-mêmes sanctifiables et, grâce à l'amitié, source de sainteté pour les membres de la famille, les collègues et connaissances.

  • Le problème de la vérité

    S’adressant aux Juifs réunis le jour du sabbat dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, l’apôtre Paul leur dit : « Sachez-le donc, frères : c’est par lui [Jésus-Christ] que vous est annoncé la rémission des péchés. De tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit en est justifié par lui » (Actes 13, 38).
    Le salut, la sortie du péché et du mal, ne peuvent venir que de Jésus-Christ, mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts. Le reconnaître demande un acte d’humilité de l’intelligence qui accepte de reconnaître qu’elle ne connaît pas tout et qu’il existe des vérités d’un ordre supérieur à celui de la simple raison.
    Les évêques catholiques du monde entier réunis en assemblée générale, un concile œcuménique, le concile Vatican II (1962-1965), ont rappelé que, « conformément à leur dignité [sous-entendu d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu], tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire parce qu’ils sont doués de raison et de volonté libre et donc dotés de responsabilité personnelle, sont poussés par leur nature et tenus par obligation morale à chercher la vérité, avant tout celle qui concerne a religion. Ils sont tenus aussi d’adhérer à la vérité, une fois qu’elle est connue, et d’organiser toute leur vie en fonction des exigences de la vérité » (déclaration La dignité humaine, n° 2).
    La vérité se trouve en Dieu. Jésus-Christ s’auto-définit en ces termes : « Je suis la Voie, la vérité et la Vie », ajoutant que « personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6), « Le salut n’est en aucun autre » (Actes 4, 12).
    Ces affirmations méritent au moins que l’on s’y arrête pour les examiner sans a priori et chercher à en comprendre le sens. « Dieu est la Vérité même, ses paroles [recueillies dans la Bible] ne peuvent tromper. C’est pourquoi on peut se livrer en toute confiance à la vérité et à la fidélité de sa parole en toutes choses. Le commencement du péché et de la chute de l’homme [le péché originel] fut un mensonge du tentateur qui induit à douter de la parole de Dieu, de sa bienveillance et de sa fidélité » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 215).

    « Dans la foi chrétienne, la question humaine par excellence « Qu’est-ce que la vérité ? » se voit radicalement renouvelée. Elle aimantait la réflexion de Socrate. Elle prend une signification toute nouvelle sur les lèvres de Pilate. En face de celui-ci la vérité se manifeste comme Quelqu’un. Seul le Christ peut déclarer : « Je suis la Vérité. » […] Il l’est dans sa personne, dans sa vie et dans son œuvre. Il est quelqu’un qui « rend témoignage à la Vérité » (Jean 18, 37) par le don total de sa vie, à l’heure même où il est condamné à se taire et à mourir sur la Croix.
    La vérité du Christ est son être de Fils qui reçoit tout du Père, avant de transmettre son Esprit. À travers la Croix, cette vérité apparaît comme une vérité désarmée, qui ne s’impose pas, mais qui, pour cette raison, s’adresse à notre liberté pour nous rendre libres (voir Jean 8, 32).
    Si la vérité chrétienne est en dernière instance une personne, elle ne peut être l’objet d’une possession. La question n’est pas de savoir si nous la possédons, mais si nous acceptons qu’elle vienne nous libérer [du péché].
    Le chrétien connaît donc très réellement la vérité. Mais il la connaît pour la servir. Il ne prétend pas être le maître. Il se tient « en elle », en marchant à la suite de son Maître, sous la mouvance de l’Esprit, que celui-ci a laissé en héritage à ses disciples pour les conduire à « la vérité tout entière » (Jean 6, 13) » (Catéchisme des évêques de France, n° 37).

  • Les dispositions face à la vérité

    Ils ont dit : « Venez, projetons des projets contre Jérémie ; car la doctrine ne fera pas défaut au prêtre, ni le conseil au sage, ni le discours au prophète. Venez, frappons-le à la langue, et ne prêtons pas l’oreille à tous ses discours. » Prête-moi l’oreille, Yahvé, et entends les propos de mes adversaires ! Le mal sera-t-il rendu pour le bien ? » (Jérémie 18, 18-20).
    Outre que ces propos peuvent être compris comme une prophétie de ce qui arrivera à Jésus-Christ, dont bien des auditeurs rejetteront l’enseignement, nous comprenons d’emblée que l’accueil de la parole de Dieu demande un minimum de disposition intérieure. C’est-à-dire non un refus systématique, un préjugé négatif, mais le désir d’explorer ce à quoi ont cru indéfectiblement des milliards d’hommes au long de deux millénaires, ce pour quoi nombre d’entre eux ont accepté de donner leur vie, ont tout abandonné. Une telle réalité ne peut être balayée d’une simple moue ou d’un air de prétendue supériorité.
    Comme pour toute connaissance, il faut aller aux sources. « Il faut connaître la vie, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, telles que les Évangiles les rapportent. Ses paroles et ses actes d’homme ont manifesté qu’il y a en lui plus que l’homme. Ils le dévoilent comme le Messie promis et annoncé par les prophètes » (Catéchisme des évêques de France, n° 144).
    Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et si Dieu est vraiment créateur et Père, qu’avons-nous à craindre de le connaître ? Il y aura toujours des gens pour s’opposer à Dieu et à la Vérité. Il sera toujours plus ou moins « politiquement incorrect » de se proclamer chrétien. Mais l’acharnement que certains mettent à déraciner la foi chrétienne ou à fausser la personne du Christ n’est-il pas un signe de son authenticité, car on ne s’attaque qu’à ce qui existe, à moins d’être un don Quichotte…
    En tout cas, on ne peut pas ignorer ce que le concile Vatican II (1962-1965) rappelle dans son décret Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse (n° 2) : « En vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire des êtres doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d’une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité. »

  • Gloire de Dieu, gloire de l'homme (fin)

    La glorification de l’homme.

    « À ceux qui le suivent et le servent, Dieu procure la vie incorruptible et la gloire éternelle. […] La gloire de l’homme, c’est de persévérer et de demeurer au service de Dieu. Et c’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis » (Jean 15, 16) ; il voulait dire par là qu’eux ne le glorifiaient pas en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient par lui glorifiés. Et il disait encore : « Je veux que là où je suis, ils soient aussi, pour qu’ils voient ma gloire » (Jean 17, 24) » (saint Irénée, Contre les hérésies 4, 14, 1).
    L’homme fidèle à Dieu est appelé à être glorifié à la fin du monde, son corps ressuscitant pour s’unir à nouveau à son âme et pénétrer dans la gloire de Dieu au ciel. « Humiliez-vous donc sous la main puissante de Dieu pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous » (1 Pierre 5, 6-7). Auparavant, il faut supporter les souffrances du temps présent. Tout comme le Fils de Dieu a subi l’humiliation de la nature humaine qu’il a assumée, lui qui est Dieu « s’est dépouillé en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2, 7), et son humanité est entrée dans la gloire au moment de sa Résurrection, le jour de Pâques. Nous voyons là le gage de notre propre élévation : « Je m’en vais vous préparer la place » (Jean 14, 2). « Je suis constamment avec toi, dit le psalmiste : tu m’as saisi la main droite, par tes conseils tu me conduiras, et finalement tu me prendras pour la gloire » (Psaume 73 [72], 23-24). La condition à l’entrée dans la gloire, c’est-à-dire au ciel, est donc de rester avec Dieu, de prendre le « parti de Dieu » tout au long de la vie, de suivre ses commandements, de nous efforcer de faire « ce qui est agréable à ses yeux » (1 Jean 3, 22), c’est-à-dire à Dieu.
    Au ciel, les élus ne s’occupent que de chanter la gloire de Dieu : « Amen. Que la bénédiction, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu pour les siècles des siècles. Amen ! » (Apocalypse 7, 12).

  • L'Opus Dei : les objectifs

    Selon son fondateur, saint Josémaria Escriva, « l’Opus Dei propose d’encourager des gens qui appartiennent à toutes les classes de la société à vivre la plénitude de la vie chrétienne au sein du monde » (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n°24). Comme je l’ai écrit dans mon « Que sais-je ? » consacré à L’Opus Dei, « la mission de l’Opus Dei consiste à collaborer à la mission d’évangélisation de l’Église, en promouvant parmi des chrétiens de toute condition une vie pleinement cohérente avec la foi, dans les circonstances ordinaires de l’existence, en particulier par la sanctification du travail. L’Opus Dei se propose donc d’aider à transformer le travail et toute tâche en prière, moyen et occasion d’apostolat, de parler de Dieu aux autres, et à l’accomplir avec la plus grande perfection possible ». Le fondateur a expliqué à un journaliste que l’activité principale de l’Opus Dei consiste à « donner à ses membres, et aux personnes qui le désirent, les moyens spirituels nécessaires pour vivre dans le monde en bons chrétiens » (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n° 27) ».

    L’objectif est donc d’ordre spirituel et se borne pleinement à cet aspect.

    Autrement dit, l’action de l’Opus Dei consiste à rappeler aux chrétiens qu’ils sont appelés à se sanctifier et témoigner de leur foi dans leur vie courante de travail, de famille, de loisirs, de relations sociales, etc., et à leur fournir les moyens spirituels et la formation doctrinale leur permettant d’y arriver.

    Le reste, tout le reste, c’est-à-dire les options familiales, professionnelles, sociales, politiques, éthiques, culturelles ou autres, sont du ressort de la liberté de chacun, sous son entière responsabilité. Il n’appartient pas à la Prélature de l’Opus Dei ni à ses dirigeants de donner quelque consigne que ce soit dans ce domaine, en dehors du fait de rappeler l’enseignement de l’Église.

    Attribuer à l’Opus Dei les activités de citoyens courants qui en font partie n’a pas plus de sens que de les attribuer au diocèse auquel ils appartiennent aussi ou, de façon plus générale, à l’Église catholique.

  • La vocation des jeunes

    La vocation des jeunes dans le monde

    Bien peu de jeunes ont lu la lettre, longue mais passionnante et optimiste, que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a adressé aux jeunes du monde entier à l’occasion de la Journée internationale de la Jeunesse, en 1985 : lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985 (n° 4). Elle mérite d’être lue et méditée. En voici un passage, dans lequel le pape défunt explique ce qu’est la vocation, c’est-à-dire littéralement l’appel (le mot latin vocare veut dire appeler) que Dieu adresse à chacun à être saint, à la perfection de la charité.
    « L’homme est une créature et il est également un fils adoptif de Dieu dans le Christ : il est fils de Dieu. La question : « Que dois-je faire ? » l’homme la pose alors pendant sa jeunesse non seulement à lui-même et aux autres hommes dont il peut attendre une réponse, particulièrement ses parents et ses éducateurs, mais il la pose aussi à Dieu, car il est son créateur et son père. Il la pose dans cet espace intérieur particulier où il appris à être en relation intime avec Dieu, avant tout dans la prière. […]
    « Parallèlement au processus de découverte de sa propre « vocation pour la vie », on devrait développer la prise de conscience de la façon dont cette vocation pour la vie est, en même temps, une « vocation chrétienne ».
    « Il faut remarquer ici que, dans la période antérieure au concile Vatican II, le concept de « vocation » était appliqué avant tout au sacerdoce et à la vie religieuse, comme si le Christ n’avait prononcé son « suis-moi » à l’intention des jeunes que dans ces cas. Le Concile a élargi cette perspective. La vocation sacerdotale et religieuse gardé son caractère particulier et son importance pour la vie sacramentelle et les charismes dans la vie du Peuple de Dieu. En même temps, cependant, la conscience, renouvelée par Vatican II, de la participation universelle de tous les baptisés à la triple mission du Christ, prophétique, sacerdotale et royale, comme aussi la conscience de la vocation universelle à la sainteté, ont pour conséquence que toute vocation pour la vie de l’homme en tant que vocation chrétienne correspond à l’appel évangélique. Le « suis-moi » du Christ se fait entendre sur diverses routes, au long desquelles cheminent les disciples et ceux qui confessent le divin rédempteur. C’est de diverses manières que l’on peut devenir imitateur du Christ, c’est-à-dire non seulement en donnant un témoignage du Règne eschatologique de vérité et d’amour, mais aussi en s’employant à réaliser la transformation de toute la réalité temporelle selon l’esprit de l’Évangile. Et c’est là que l’apostolat des laïcs trouve aussi son point de départ, lui qui est inséparable de l’essence même de la vocation chrétienne.
    « Ce sont là des prémisses extrêmement importantes pour le projet de vie qui correspond au dynamisme essentiel de votre jeunesse. Il faut que vous examiniez ce projet — indépendamment du contenu concret « pour la vie » qu’il aura — à la lumière des paroles adressées par le christ au jeune homme de l’Évangile.
    « Il faut aussi que vous repensiez, en l’approfondissant réellement, le sens du baptême et de la confirmation. Il y a dans ces deux sacrements, en effet, le fondement de la vie et de la vocation chrétiennes. C’est à partir d’eux qu’on est amené à l’Eucharistie, elle qui contient la surabondance des dons sacramentels accordés au chrétien : toute la richesse de l’Église se concentre dans ce sacrement de l’amour. Il faut aussi — toujours en rapport avec l’Eucharistie — réfléchir à la question du sacrement de pénitence, lequel présente une importance irremplaçable pour la formation de la personnalité chrétienne, c’est-à-dire qu’il est, surtout si on y joint la direction spirituelle, une école méthodique de vie intérieure » (n° 9).

  • 17 mai

    17 mai 1992 : béatification de Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei

    Josémaria Escriva avait pris pour devise de sa vie : « Me cacher et disparaître, afin que Jésus seul brille. » Celui qui se sait un instrument entre les mains de Dieu n’est habité que par le désir de ne pas entraver l’action de Dieu.
    Saint Jean-Baptiste reconnaît sans peine qu’il doit s’effacer devant son cousin Jésus de Nazareth : « Lui, il faut qu’il croisse, et moi, que je diminue » (Jean 3, 30).
    La Vierge Marie découvre que le Seigneur a fait pour elle « de grandes choses », car « il a jeté les yeux sur son humble servante » (Luc 1, 49.48).
    L’humilité est la vertu fondamentale qui sert de socle à toutes les autres vertus et, surtout, qui ne fait pas barrage à l’action de la grâce dans l’âme. « Toutes les générations à venir me diront bienheureuse », prophétise Marie (Luc 1, 48). En effet, la Sainte Vierge se présente à nous comme le modèle de l’imitation du Christ.
    J’ai entendu plus d’une fois saint Josémaria dire qu’il n’était rien, ne valait rien, ne pouvait rien, mais qu’il se savait enfant de Dieu, ce qui changeait tout. « C’est vrai : financièrement parlant, tu es un zéro…, par ton rang social, un autre zéro…, et un autre par tes vertus, et un autre par ton talent…
    Mais, à gauche de tous ces zéros, il y a le Christ… Et cela fait un chiffre incommensurable ! » (saint Josémaria, Chemin, n° 473).
    On ne pouvait s’empêcher de penser à cela, tout en rendant grâce à Dieu, en voyant la foule qui remplissait la place Saint-Pierre quand le pape Jean-Paul II a prononcé la formule de béatification de Josémaria Escriva, l’élevant ainsi aux autels : « Nous, selon le désir de nos frères Camilllo Ruini, notre vicaire pour la ville de Rome, Pietro Giacomo Nonis, évêque de Vicenza, de beaucoup d’autres Frères dans l’Épiscopat et de nombreux fidèles, après avoir entendu l’avis de la Congrégation pour la Cause des saints, déclarons, avec notre Autorité Apostolique, que les Vénérables Serviteurs de Dieu Josémaria Escriva de Balaguer, prêtre, Fondateur de l’Opus Dei, et Giuseppina Bakhita, vierge, fille de la Charité, Canosienne, seront dorénavant appelés Bienheureux, et que l’on peut célébrer leur fête, aux lieux et selon les règles établies par le droit, chaque année, le jour de leur naissance au ciel : le 26 juin pour Josémaria Escriva de Balaguer… »
    Le 6 octobre 2002, Josémaria Escriva a été inscrit au calendrier des saints par le pape Jean-Paul II, au cours de la cérémonie de canonisation qui s’est déroulée place Saint-Pierre, à Rome.

  • Le monde a besoin de saints

    Le monde a besoin de saints

    Voici un texte de Charles Péguy, qui pourrait bien s’appliquer à notre époque, en remplaçant « quatorze siècles » par « vingt siècles ». Tiré du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, il est mis par l’auteur dans la bouche de Jeannette. Ses propos peuvent paraître pessimistes. Nous pouvons les tempérer avec ce que le pape Jean-Paul II disait : « Dieu est en train de préparer pour le christianisme un grand printemps, que l’on voit déjà poindre », parce que « les peuples ont tendance à se rapprocher progressivement des idéaux et des valeurs évangéliques » (exhortation apostolique Redemptoris missio).
    « Ô mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre Fils, que vous aimiez tant, votre Fils est venu,qui a tant souffert, et il est mort, et rien, jamais rien. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. Et vous avez envoyé vos saints, vous avez appelé chacun par leur nom, vos autres fils les saints, et vos filles les saintes, et vos saints sont venus, et vos saintes sont venues, et rien, jamais rien. Des années ont passé, tant d’années que je n’en sais pas le nombre ; des siècles d’années ont passé ; quatorze siècles de chrétienté, hélas, depuis la naissance, et la mort, et la prédication. Et rien, rien, jamais rien. Et ce qui règne sur la face de la terre, rien, rien, ce n’est rien que la perdition. Quatorze siècles (furent-ils de chrétienté), quatorze siècles depuis le rachat de nos âmes. Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est rien que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est rien que le royaume de la perdition. Vous nous avez envoyé votre fils et les autres saints. Et rien ne coule sur la face de la terre,qu’un flot d’ingratitude et de perdition. Mon Dieu, mon Dieu, faudra-t-il que votre fils soit mort en vain. Il serait venu ; et cela ne servirait de rien. C’est pire que jamais. Seulement si on voyait seulement se lever le soleil de votre justice. mais on dirait, mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-moi,on dirait que votre règne s’en va. Jamais on n’a tant blasphémé votre nom. Jamais on n’a tant méprisé votre volonté. Jamais on n’a tant désobéi. Jamais notre pain ne nous a tant manqué ; et s’il ne manquait qu’à nous, mon Dieu, s’il ne manquait qu’à nous ; et s’il n’y avait que le pain du corps qui nous manquait, le pain de maïs, le pain de sigle et de blé ; mais un autre pain nous manque ; le pain de la nourriture de nos âmes ; et nous sommes affamés d’une autre faim ; de la seule faim qui laisse dans le ventre un creux impérissable. Un autre pain nous manque. Et au lieu que ce soit le règne de votre charité, le seul règne qui règne sur la face de la terre, de votre terre, de la terre de votre création, au lieu que ce soit le règne du royaume de votre charité, le seul règne qui règne, c’est le règne du royaume impérissable du péché. Encore si l’on voyait le commencement de vos saints, si l’on voyait poindre le commencement du règne de vos saints. Mais qu’est-ce qu’on a fait, mon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait de votre créature, qu’est-ce qu’on a fait de votre création ? Jamais il n’a été fait tant d’offenses ; et jamais tant d’offenses de sont mortes impardonnées. Jamais le chrétien ‘a fait tant d’offense au chrétien, et jamais à vous, mon Dieu, jamais l’homme ne vous a fait tant d’offense. Et jamais tant d’offense n’est morte impardonnée. Sera-t-il dit que vous nous avez envoyé en vain votre fils, et que votre fils aura souffert en vain, et qu’il sera mort. et faudra-t-il que ce soit en vain qu’il se sacrifie et que nous le sacrifions tous les jours. Qu’est-ce qu’on a fait du peuple chrétien, mon Dieu, de votre peuple. Et ce ne sont plus seulement les tentations qui nous assiègent, mais ce sont les tentations qui triomphent ; et ce sont les tentations qui règnent ; et c’est le règne de la tentation ; et les règne des royaumes de la terre est tombé tout entier au règne du royaume de la tentation ; et les mauvais succombent à la tentation du mal, de faire du mal ; de faire du mal aux autres ; et pardonnez-moi, mon Dieu, de faire du mal à vous ; mais les bons, ceux qui étaient bons, succombent à une tentation infiniment pire : à la tentation de croire qu’ils sont abandonnés de vous. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, mon Dieu délivrez-nous du mal, délivrez-nous du mal. S’il n’y a pas eu encore assez de saintes et assez de saints, envoyez-nous en d’autres, envoyez-nous en autant qu’il en faudra ; envoyez-nus en tant que l’ennemi se lasse. Nous les suivrons, mon Dieu. Nous ferons tout ce que vous voudrez. Nous ferons tout ce qu’ils voudront. Nous ferons tout ce qu’ils nous diront de votre part. nous sommes vos fidèles ; envoyez-nous vos saints ;nous sommes vos brebis, envoyez-nous vos bergers ; nous sommes le troupeau, envoyez-nous les pasteurs. Nous sommes des bons chrétiens, vous savez que nous sommes des bons chrétiens. Alors comment ça se fait que tant de bons chrétiens ne fassent pas une bonne chrétienté. Il faut qu’il y ait quelque chose qui ne marche pas. Si vous nous envoyiez, si seulement vous vouliez nous envoyer l’une de vos saintes. Il y en a bien encore. On dit qu’il yen a. On en voit. On en sait. On en connaît. Mais on ne sait pas comment ça se fait. Il a des saintes, il y a de la sainteté, et ça ne marche pas tout de même. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Il y a des saints, il y a de la sainteté, et jamais le royaume de la perdition n’avait autant dominé sur la face de la terre. Il faudrait peut-être autre chose, mon Dieu, vous savez tout. Vous savez ce qui nous manque. Il nous faudrait peut-être quelque chosée nouveau,quelque chose qu’on n’aurait encore jamais vu. Quelque chose qu’on n’aurait encore jamais fait. Mais qui oserait dire, mon Dieu, qu’il puisse encore y avoir du nouveau après quatorze siècles de chrétienté, après tant de saintement saints, après tous vos martyrs, après la passion et la mort de votre fils. »

  • L'Eucharistie

    L’Eucharistie

    C’est aujourd’hui le Jeudi saint, jour où Jésus prend son dernier repas – la dernière Cène – avec ses apôtres, au cours duquel il institue les sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre, ce que rappelle la Missa in Cœna Domini, « messe de la Cène du Seigneur ». C’est le moment que Judas, un des douze disciples, choisit pour aller livrer son Maître aux autorités juives, qui attendaient une occasion favorable pour l’arrêter, avec l’intention de le faire mourir (voir Jean 11, 53)

    À l’issue de ce repas, Jésus se rend au jardin des Oliviers, où il entre en agonie et où les envoyés des princes des Juifs et des pharisiens, conduits par l’apôtre Judas, procèdent à son arrestation. Les fidèles ont pour coutume d’accompagner spirituellement le Seigneur, en se recueillant devant les « reposoirs » dans la nuit du Jeudi saint au Vendredi saint.

    « L’Eucharistie est le sacrifice même du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, qu’il a institué pour perpétuer au long des siècles jusqu’à son retour le sacrifice de la Croix, confiant ainsi à son Église le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 271). Autrement dit, la foi enseigne que Jésus a institué le sacrement pour rendre présent au long des siècles le Sacrifice de sa vie auquel il a librement consenti sur la Croix, le Vendredi saint, afin de donner aux hommes la possibilité d’être rachetés de leurs péchés et, s’ils le désirent, de le suivre vers son Père et la vie éternelle du ciel.

    Le sacrement de l’Eucharistie est célébré par le prêtre qui agit « en la personne et à la place » du Christ. Il prononce les mêmes paroles que Jésus le Jeudi saint, paroles qui sont efficaces, c’est-à-dire qui transforment réellement le pain et le vin offerts dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ, auxquels sont unies son Âme et sa Divinité.

    Le Jeudi saint, Jésus, prenant du pain dans ses mains, a dit : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » Puis, prenant la coupe pleine de vin, il a dit : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi » (1 Corinthiens 11, 23-25).

    C’est le sacrement de la présence réelle du Christ. C’est la nourriture spirituelle de l’âme, pour être en mesure de parcourir le chemin de la vie dans la justice et la sainteté. C’est la force spirituelle pour être témoin, apôtre du Seigneur dans notre vie de tous les jours, pour être fier de notre foi et la faire partager par d’autres.
    « C’est pour nous que Jésus est resté dans la Sainte Hostie ! Pour demeurer à notre côté, pour nous soutenir, pour nous guider. L’amour ne se paye que par l’amour. — Alors, comment ne pas nous rendre auprès du tabernacle, chaque jour, ne serait-ce que pour quelques minutes, pour Le saluer et Lui témoigner notre amour d’enfants et de frères ? » (saint Josémaria, Sillon, n° 686). Et ce soir, après les Offices liturgiques, en allant tenir compagnie à Jésus dans les « reposoirs », les autels où Jésus dans le saint-sacrement a été déposé précisément pour que nous l’adorions et lui tenions compagnie, lui évitant ainsi la solitude dans laquelle il s’est trouvé à Gethsémani le Jeudi saint quand ses apôtres n’ont même pas « eu la force de veiller une heure » avec lui (Matthieu 26, 40).