À ceux qui partent à la montage… et aux autres, je dédie ce poème :
GLACIER
Dans cette masse blanche démesurée
Aux dimensions qui frisent le fantastique
Une vie souterraine reste emmurée
Dans nos régions tout comme dans l'Antarctique.
Le peuple de l'eau habitait ses cavernes
Et ses crevasses lançaient de sourds messages.
Des êtres cachés fréquentaient des tavernes
Se frayant dans la glace d'obscurs passages.
Les parois bleuies exsudaient des ruisseaux.
Ils sourdaient par millions, ouvrage inattendu
De la nature, scintillants vermisseaux
Reflétant le soleil d'un air entendu.
Des torrents s'étouffaient au fond des abîmes
Des cascades sabraient d’étonnantes failles
Les murs rigides mais vivants, et des cimes
Chutant en grondant y creusaient des entailles.
Les eaux profondes venaient à la surface
Tantôt timide sueur coulant des pores
De la glace, tantôt dans un volte-face
Vastes cataractes surgissant d'un port.
Derrière les jeux d'eau il y a la vie
Cachée du glacier. Des explosions lointaines
Indiquaient qu'on avait atteint le parvis
D'une cathédrale grave et souterraine.
De voûte en voûte l'écho marquait les chocs
D'une masse qui ignore le repos.
Des craquements prouvaient la tension des blocs
Leur dommage, soulèvement et dépôt.
De temps à autre un pan du glacier bougeait
Comme un homme qui remue dans son sommeil
L’irruption d'un songe l'ayant dérangé
Et suggéré on ne sait quelle merveille.
Le fracas des eaux, les jeux de la lumière
Créant une féerie toujours nouvelle
Sont l’invitation au for de ma chaumière
À tourner pas et regards vers l'Éternel.
Sport
-
bonnes vacances
-
Mondial de football
Le 31 mai 1990, le pape Jean-Paul II a béni le stade olympique de Rome où devait dérouler le Mondial de football. Il a prononcé un discours sur le sens du sport, dont voici un extrait.
[…] Les diverses équipes seront appelées ces jours-ci à relever un défi d’autant plus exigeant : faire en sorte que chaque partie constitue un rendez-vous de loyauté, de détente et d’amitié. C’est là un engagement qui regarde non seulement les joueurs en compétition, mais tous les sportifs. En effet, la valeur de cette Coupe de football consiste fondamentalement dans le fait qu’elle offre l’occasion à beaucoup de gens, de cultures et de nationalités diverses, de rencontrer, de se connaître, de s’apprécier réciproquement et de se divertir ensemble, en rivalisant loyalement et dans un esprit de correcte émulation, sans céder à la tentation de l’individualisme et de la violence.
Le sport est certainement une des activités humaines les plus populaires ; il peut avoir une grande influence sur le comportement des gens, surtout des jeunes ; cependant, lui aussi est sujet à des risques et des ambiguïtés. Il doit donc être orienté, soutenu et guidé pour qu’il exprime ses potentialités de manière positive.
« Le sport est au service de l’homme, et non pas l’homme au service du sport », lit-on dans le Manifeste souscrit par de nombreux athlètes, précisément en ce stade, le 12 avril 1984, à l’occasion de leur jubilé international. « Le sport, poursuit le document, est joie de vivre, désir de s’exprimer en toute liberté, tension pour se réaliser soi-même complètement. Il est une confrontation loyale et généreuse, un lieu de rencontre, un lien de solidarité et d’amitié ».
Oui, outre la fête du sport, le « Mondial » de football peut devenir la fête de la solidarité entre les peuples. Mais cela présuppose que les compétitions soient envisagées pour ce qu’elles sont au fond : un jeu dans lequel le meilleur gagne et, en même temps, une occasion de dialogue, de compréhension, d’enrichissement humain réciproque.
Il faut donc identifier et éliminer les dangers qui menacent le sport moderne : de la recherche obsessionnelle du gain à la commercialisation de presque tous ses aspects, de la mise en scène excessive à l’exaspération combative et technicienne, du recours au dopage et autres formes de fraude à la violence.
Ce n’est qu’en retrouvant de manière efficace son but et ses potentialités d’éducation et de socialisation que le sport peut jouer un rôle important et concourir, pour sa part, à soutenir les espoirs qui font battre le cœur des hommes, spécialement des jeunes […].
Maintenant, je ne puis pas ne pas vous adresser un salut particulier, à vous, athlètes de si nombreux pays, qui êtes les véritables protagonistes de ce prochain Mondial. De tous les coins de la planète, c’est vous que regardent les sportifs. Soyez conscients de votre responsabilité. Ce n’est pas seulement le champion dans le stade mais l’homme avec tout le caractère exhaustif de sa personne qui doit devenir un modèle pour des millions de jeunes qui ont besoin de « leaders » et non « d’idoles ». Ils ont besoin d’hommes qui sachent leur communiquer le goût de ce qui est difficile, le sens de la discipline, le courage de l’honnêteté et la joie de l’altruisme. Votre témoignage, cohérent et généreux, peut les inciter à affronter les problèmes de la vie avec d’autant plus d’engagement et d’enthousiasme.
Il est significatif que certaines expressions typiques du langage sportif — comme, par exemple, choisir, s’entraîner, discipliner sa vie, résister à la fatigue avec persévérance, se confier à un guide exigeant, accepter les règles du jeu avec honnêteté — ne sont pas inconnues des disciples du Christ. En effet, la vie chrétienne, elle aussi, requiert un entraînement spirituel systématique, puisque le chrétien « comme tous les athlètes, s’impose une discipline rigoureuse » (1 Corinthiens 9, 25). -
vacances à la mer
À ceux qui peuvent prendre des vacances au bord de la mer, je dédie ce poème… et aux autres aussi.
YACHT
Une odeur de girofle ainsi que de cannelle
Baignait sur le yacht mon bien modeste logis
Sur les murs dansait une drôle de ritournelle
Des ombres frémissantes venant d’une bougie.
Des tentures vieillies affichaient les stigmates
Du grand Hélios, témoins d'aventures lointaines
L'éclat des ors avait disparu, et le mat
Avait arraché une réussite incertaine.
Nous avions, à l'escale, pris une cargaison
De coriandre. Ailleurs un obscur potentat
S'y intéressa, mais hors de toute raison
L'imagination fit que ce fait me hanta.
Sagement alignées sur la longueur du quai
Des maisons colorées comme des entremets
Chevauchaient hardiment de sordides troquets
Où le matelot, las mais heureux, se remet.
Le carillon jette à pleine main sa monnaie
D'or et d'argent et de cristal sur le village
Un gars s'éloigne la tête dans son bonnet
Peut-être pressent-il l’approche de l’orage.
Plus près le tintement aigre du virginal
Déchiquette au petit matin le brouillard blême
L'âme est saisie par son sanglot original
Et salue le soleil qui pointe, fier emblème.
Un lit baroque qui me fut donné en gage
S'avançait qui voulait m'écraser par l’entrave
Semblable à un galion prêt à faire naufrage
J'en perdais le repos, même au fond de mon havre.
Les furtives odeurs des chalands dans la nuit
Refoulaient vers mon alcôve l'arôme des épices
Sons et fragances dans le yacht chassaient l'ennui
Inquiet pourtant, l'esprit craignait des maléfices.
Le sablier du temps coulait sur notre monde
Du sable recouvrait partout les moindres formes
Il n'y aurait bientôt plus rien à bord d'immonde…
Et le yacht s'évanouit devenu ombre informe.