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femme - Page 4

  • Marie-Madeleine : ce que les Évangiles en disent

    Ce que nous connaissons sous le nom d’Évangile de Marie est un écrit gnostique rédigé à l’origine en grec et que nous avons reçu par deux fragments d’un papyrus du IIIème siècle, trouvés à Oxirrinco (Égypte) et une traduction en copte du Vème siècle. Ces textes ont été publiés entre 1938 et 1983. Il est possible que l’ouvrage ait été composé au IIème siècle. Il présente Marie, probablement Marie-Madeleine (même s’il l’appelle Marie), comme la source d’une révélation secrète du fait qu’elle était en relation étroite avec Jésus.
    Le texte fragmentaire qui nous est parvenu raconte que les disciples posent des questions à Jésus ressuscité et qu’il leur répond. Puis il les envoie prêcher l’Évangile du royaume aux gentils et s’en va. Les disciples restent tristes, se sentant incapables d’accomplir cet ordre. Marie les encourage alors à le mener à bien. Pierre lui demande de leur dire les mots du Seigneur qu’ils n’ont pas entendus, car ils savent qu’il l’aimait plus que toutes les autres femmes. Marie rapporte sa vision, remplie de contenu gnostique. Dans le contexte d’un monde qui va vers sa dissolution, elle explique les difficultés de l’âme pour découvrir sa vraie nature spirituelle dans son ascension vers le lieu de son repos éternel. Quand elle a terminé son récit, il se trouve qu’André et Pierre ne la croient pas. Pierre met en doute que le Seigneur l’ait préférée aux apôtres et Marie se met à pleurer. Lévi la défend (« Toi, Pierre, toujours si impétueux ») et accuse Pierre de s’opposer à la femme (probablement à Marie, plus qu’à la femme en général) comme les adversaires le faisaient. Il les encourage à accepter que le Sauveur l’ait préférée, à se revêtir de l’homme parfait et à s’en aller prêcher l'Évangile, ce qu’ils finissent par faire.
    Tel est le témoignage des fragments qui, comme on peut s’en rendre compte, ne représente pas grand chose. Certains auteurs ont voulu voir dans l’opposition des apôtres à l’égard de Marie (présente d’une certaine façon aussi dans l’Évangile de Thomas, la Pistis Sophia et l’Évangile grec des Égyptiens) un reflet de conflits existant dans l’Église au IIème siècle. Ce serait le signe que l’Église officielle était opposée aux révélations ésotériques et au fait que la femme puisse avoir un rôle de chef. Mais si l’on tient compte du caractère gnostique de ces textes, il semble beaucoup plus plausible que ces évangiles ne reflètent pas la situation de l’Église, mais leur position particulière envers elle. Ce qu’un groupe sectaire affirme ne peut pas être compris comme la norme générale d’une situation, et on ne peut pas non plus faire de l’exception un règle.

    Juan Chapa, professeur de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins

  • Qui était Marie-Madeleine ?

    Les données que les Évangiles nous fournissent sont peu nombreuses.
    Luc 8, 2 nous informe que parmi les femmes qui suivaient Jésus et l’assistaient de leurs biens se trouvait Marie-Madeleine, c’est-à-dire une femme appelée Marie, qui était originaire de Midal Nunayah, Tarichée en grec, un petit village proche de la mer de Galilée, à 5,5 kms au nord de Tibériade. Jésus avait expulsé d’elle sept démons (voir Luc 8, 2 ; Marc 16, 9), ce qui revient à dire tous les démons. L’expression peut se comprendre d’une possession diabolique mais aussi comme d’une maladie du corps ou de l’esprit.
    Les Évangiles synoptiques la mentionnent en premier dans un groupe de femmes qui ont assisté de loin à la crucifixion de Jésus (Marc 15, 40-41 et parallèles) et qui sont restées assises face au tombeau (Matthieu 27, 61) tandis qu’on ensevelissait Jésus (Marc 15, 47). Ils indiquent que tôt le lendemain du sabbat Marie-Madeleine et d’autres femmes revinrent au tombeau pour oindre le corps avec des aromates qu’elle savaient achetés (Marc16, 1-7 et parallèles) ; un ange leur fait alors savoir que Jésus est ressuscité et les charge d’aller l’annoncer aux disciples (voir Marc 16, 1-7 et parallèles).
    Saint Jean présente les mêmes données avec quelques variantes. Marie-Madeleine est aux côtés de la Vierge Marie au pied de la Croix (Jean 19, 25). Après le sabbat, alors qu’il fait encore nuit, elle s’approche du tombeau, voit que la pierre a été enlevée et prévient Pierre en pensant que quelqu’un a volé le corps de Jésus (Jean 20, 1-2). De retour au tombeau, elle se met à pleurer et se trouve face à Jésus ressuscité, qui la charge d’annoncer aux disciples qu’il retourne à son Père (Jean 20, 11-18). C’est sa gloire. C’est pourquoi la tradition de l’Église l’a appelée en Orient isapostolos (égale à un apôtre) et en Occident apostola apostolorum (apôtre d’apôtres). En Orient, une tradition veut qu’elle ait été enterrée à Éphèse et que ses reliques aient été transportées à Constantinople au IXème siècle..
    Marie-Madeleine a souvent été identifiée à d’autres femmes présentes dans les Évangiles. À partir des VI et VIIème siècles, on a tendu dans l’Église latine à identifier Marie-Madeleine à la femme pécheresse qui, en Galilée, chez Simon le pharisien, a arrosé les pieds de Jésus de ses larmes (Luc 7, 36-50). D’autre part, en harmonisant les Évangiles, certains Pères et écrivains ecclésiastiques avaient déjà identifié cette femme pécheresse avec Marie, la sœur de Lazare, qui, à Béthanie, oint de parfum la tête de Jésus (Jean 12, 1-11 ; Matthieu et Marc dans les passages parallèles ne lui donnent pas le nom de Marie, mais disent qu’il s’agit d’une femme et que l’onction a eu lieu chez Simon le lépreux : Matthieu 26, 6-13 et parallèle). À la suite de quoi, en bonne partie sous l’influence de saint Grégoire le Grand, l’idée s’est répandue en Occident que les trois femmes étaient une seule et même personne. Néanmoins, les données évangéliques ne suggèrent pas qu’il faille identifier Marie-Madeleine avec Marie, celle qui oint Jésus à Béthanie, car il semble que celle-ci soit la sœur de Lazare (Jean 12, 2-3). Elles ne permettent pas non plus de déduire qu’elle soit la pécheresse qui, selon Luc 7, 36-49, oint Jésus, même si l’identification se comprend du fait que saint Luc, immédiatement après le récit dans lequel Jésus pardonne à cette femme, indique que des femmes l’assistaient, parmi lesquelles Marie-Madeleine dont il avait expulsé sept démons (Luc 8, 2). En outre, Jésus loue l’amour de la femme pécheresse : ses nombreux péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aime (Luc 7, 47), et nous découvrons aussi un grand amour de Marie pour Jésus après la résurrection (Jean 20, 14-18). En tout cas, même s’il s’agissait de la même femme, son passé de pécheresse n’a rien d’infamant. Pierre a été infidèle à Jésus et Paul a persécuté les chrétiens. Leur grandeur ne vient pas de leur impeccabilité mais de leur amour.
    Vu son rôle important dans l’Évangile, sa figure a attiré de façon spéciale l’attention de groupes marginaux de l’Église primitive. Il s’agit fondamentalement de sectes gnostiques dont les écrits recueillent des révélations secrètes de Jésus après sa résurrection et ont recours à la personne de Marie pour transmettre ses idées. Il s’agit de récits sans fondements historiques. Des Pères de l’Église, les écrivains ecclésiastiques et d’autres ouvrages mettent en évidence le rôle de Marie en tant que disciple du Seigneur et annonciatrice de l'Évangile. À partir du IXème siècle, apparaissent des récits fictifs qui magnifient sa personne et se sont répandus surtout en France. C’est là que naît la légende, sans fondement historique, selon laquelle Marie-Madeleine, Lazaret quelques autres personnes, se sont rendus de Jérusalem à Marseille quand la persécution contre les chrétiens commença, et ont évangélisé la Provence. Selon cette légende, Marie est morte à Aix-en-Provence ou à saint Maximin et ses reliques ont été transférées à Vézelay.

    Juan Chapa, professeur de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
    Disponible sur le site www.opusdei.es
    Traduit par mes soins