Sans aucun doute notre Seigneur aurait pu triompher du diable par son autorité divine et libérer l’homme de sa domination. Oui, il l’aurait pu : mais la raison s’y opposait, la justice ne le permettait pas, elles qui sont plus grandes auprès de Dieu que toute force et toute puissance. Ces qualités sont louées chez les hommes ; combien plus chez Dieu qui est à la fois l’auteur de la raison et de la justice et celui qui les requiert ! Il fut donc dans le plan de Dieu de racheter l’homme, de rendre à l’éternité l’homme trompé par le diable. Maintenant, il faut ici veiller à ce que la miséricorde n’anéantisse pas la justice, à ce que la bonté ne détruise pas l’équité. En effet, s’il avait renversé le diable par sa majesté et sa puissance, et qu’il eût arraché l’homme à sa gueule, c’eût été un acte de puissance, certes, mais non de justice.
Saint Césaire d’Arles, Sermons au peuple 11, 2.