Etiennette, qui était pieuse, se rendit directement à l'église, où M. Vianney commençait sa messe, et, au moment de la communion, elle s'agenouilla à la sainte table. Le célébrant communia les personnes présentes, mais arrivé devant la jeune voyageuse, il prit l'hostie, la souleva au-dessus du ciboire, commença de réciter la formule : Corpus Domini nostri... puis, sans l'achever, demeura immobile.
On ne saurait décrire l'angoisse intérieure de cette enfant, à qui l'homme de Dieu voulait donner pour toute la vie une leçon. Ne sachant que penser, elle se mit à réciter mentalement les actes de foi, d'espérance et de charité. Quand elle eut fini, le Curé d'Ars déposa l'hostie sur ses lèvres et passa. « Mon enfant, lui dit-il lorsqu'il la revit, quand on n'a pas fait sa prière du matin et qu'on a été dissipé tout le long de la route, on n'est pas trop disposé à faire la sainte communion ! »
Fr. Trochu, Le Curé d'Ars Saint Jean-Maris-Baptiste Vianney (1786-1859), Lyon-Paris, Emmanuel Vitte, 1929, p. 372.