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Jésus et marie-madeleine

Voici un excellent petit ouvrage que je recommande à tous ceux qui sesont plongés dans le Code Da Vinci.


Roland HUREAUX, Jésus et Marie-Madeleine, Paris, Perrin, 2005, 171 p.

L’auteur part de l’idée reçue jusqu’ici dans l’Église catholique selon laquelle les trois Marie de l’Évangile, à savoir Marie-Madeleine, Marie sœur de Lazare et la femme anonyme qui oint les pieds du Seigneur chez Simon le pharisien sont une seule et même personne. L’Orient a toujours vu en elles trois femmes distinctes. Dans l’Église latine, l’exégèse contemporaine tend à séparer Marie de Béthanie, identifiée à la pécheresse anonyme, de Marie-Madeleine. Quoi qu’il en soit, les éléments dont nous disposons sont suffisamment ténus pour qu’il soit permis de soutenir la thèse de l’unicité.
C’est donc, nous l’avons dit, celle que retient M. Hureaux, et qu’il développe avec une grande rigueur intellectuelle, en s’appuyant sur les textes bibliques qu’il cite abondamment. S’attachant d’abord « aux sources » (p. 13-38), il campe les divers personnages, faisant même appel aux livres apocryphes, mais pour relever que les textes retenus par la tradition chrétienne sont de loin les plus intéressants, et parlant aussi, bien entendu, des sources médiévales, notamment La Légende dorée de Jacques de Voragine, ainsi que La Vie érémitique de Marie-Madeleine et la Vie apostolique de Marie-Madeleine, des Xème-XIème siècles.
Dans le chap. « Une ou trois Madeleine ? » (p. 39-47), l’identification de la pécheresse à la sœur de Marthe et de Lazare ne pose pas de question. Pour Marie de Magdala, l’auteur souligne la remarque de Jésus dans Mc 14, 8 : « Elle a, par avance, parfumé mon corps pour l’ensevelissement. » « Il serait dès lors étonnant, conclut l’auteur, que celle qui, au matin de Pâques, […] dirige la toilette funéraire soit quelqu’un d’autre que la Mari, sœur de Marthe, et que celle qui, trois ou quatre jours avant, a opéré l’onction à Béthanie ait disparu de la circulation ou soir retombée dans la masse anonyme des femmes. »
Les chap. suivants vont servir de démonstration de cette thèse. Tout d’abord, en présentant « qui était Marie-Madeleine » (p. 49-64) : il examine les différentes hypothèses avancées par les auteurs : une Galiléenne (ce qu’elle est certainement), une fille de bonne famille (mais rien n’avère les grandes possessions attribuées à sa famille), une pécheresse de la chair (l’Évangile l’atteste), une Juive hellénisée (ce qui n’est guère démontrable), une possédée (Matthieu et Luc l’affirment), la promise de Jésus, comme l’affirme l’écrivain Kazantzakis, repris par le cinéaste Scorsese, Marie-Madeleine étant une cousine de Jésus… Mais, dit M. Hureaux, à l’époque de Jésus, la société juive était exogame, en ce sens qu’on se mariait en dehors de sa parenté. De toute façon cette hypothèse ne tient pas.
Le chap. suivant présente « le privilège de Marie » (p. 65-80) d’être la première à voir le ressuscité au matin de Pâques. Montrant le rapport de Jésus à la femme adultère, aux femmes apôtres, et la différence de traitement accordé à la femme de l’onction qui « aima beaucoup », il voit en elle assurément la beata dilecta Christi. « Il fait, pensons-nous, partie de la doctrine chrétienne que l’amour universel et des amitiés spéciales ne soient pas incompatibles, aussi peu rationnel que cela paraisse » (p. 79). L’auteur aurait pu préciser que cela s’explique en fait par la réalité et la perfection de la nature humaine du Christ. La relation instaurée avec Marie-Madeleine est « une relation qui ne passe pas » (p. 81-98), même si, au cours des siècles, l’identification des trois femmes a eu du mal à s’imposer, peut-être par suite de la nature de femme, et qui plus est de pécheresse, de l’une d’elles. On a opposé Marie à la Vierge Marie, ou à Pierre. Mais Jésus, nous dit l’auteur, « a résolu le complexe d’Œdipe » : « Les Évangiles, dans ce qu’ils nous rapportent des relations de Jésus avec Marie sa mère, puis les autres femmes, et en premier chef Marie-Madeleine montrent qu’il fut tout le contraire d’un homme demeuré “dans les jupes de sa mère” » (p. 97). Mais pourquoi refuser la « légende » selon laquelle le Christ aurait apparu en premier à sa Mère ? Les Écritures n’en pipent pas mot, certes, mais cela reste quand même du domaine du vraisemblable : le Christ a-t-il pu ne pas tenir compte de l’amour de Marie et du rôle qu’elle a joué dans la Rédemption ?
L’auteur se demande ensuite « jusqu’où ? » (p. 99-116) est allée la relation de Jésus avec Marie-Madeleine, montrant bien que rien dans l’Évangile ne permet de dire que ces relations aient eu un caractère charnel. Il précise la position des Juifs de l’époque face à la virginité, tout en soulignant que Jésus « avait pris ses distances avec la conception juive traditionnelle du mariage » et que le « critère de la vraisemblance » avancé par certains en faveur de relations sexuelles ne tient pas face aux textes, pas plus que l’affirmation que Jésus aurait eu un fils caché de Marie-Madeleine. Cette idée est fantaisiste aussi « parce qu’elle tourne le dos à ce qui fait la grandeur et l’originalité du christianisme : son universalisme ». En effet, « c’est parce qu’il est sans postérité charnelle que le Christ peut ouvrir l’Église à tous les peuples ». L’auteur prend le parti d’un mariage mystique entre Jésus et Marie-Madeleine.
Une autre question qui retient l’attention est celle de « Marie-Madeleine initiée ? » (p. 117-135), affirmation propre à la gnose et à son ambiguïté face à la sexualité, présente dans la Pistis Sophia, la légende du Saint-Graal. L’auteur développe le sens chrétien de la sexualité, qui se traduit par le « don total d’une personne à une autre, et [de ce fait] total, exclusif et pérenne ».
L’avant-dernier chap. nous fait entrer dans « le secret de Marie-Madeleine » (p. 136-158), en revenant sur les scènes de Béthanie où nous voyons un geste gratuit, la réaction de Judas, et où nous percevons aussi l’actualité de Marie-Madeleine, aussi bien quant à la splendeur à réserver au culte divin, qu’à la meilleure part choisie par Marie, au pardon qu’elle reçoit et à sa foi.
L’auteur termine son étude par un « épilogue. Marie-Madeleine après Pâques » (p. 159-170). La disparition de Marie-Madeleine, conne celle de six des onze apôtres, s’explique par le fait qu’ils ont « disparu de l’horizon qui est celui du Nouveau Testament ». « Le silence sur Marie-Madeleine pourrait signifier tout simplement qu’elle serait partie ailleurs », ce que tend à attester la légende de sa présence à Marseille, qu’elle évangélise, et des trente ans qu’elle passe à vivre en ermite dans la grotte de la Sainte-Baume, légende qui a « alimenté une longue tradition de piété populaire », qui dure encore, et une riche iconographie.
L’auteur, père de famille nombreuse, a voulu avec ce livre « tordre le coup » aux allégations blasphématoires d’un journaliste qui joue, dangereusement, au théologien, ou d’un écrivain dont le succès avéré repose sur la recherche du sensationnel, chacun d’entre eux sous un vernis de pseudo érudition. Il a fait œuvre utile et son travail mérite d’être lu, car il est particulièrement éclairant et, ce qui ne gâte rien, écrit dans un style très coulant.




Dominique LE TOURNEAU

Commentaires

  • tout ce que moi je veux est que JESUS a-t-il vraiment un enfant.

  • Excusez-moi du retard mis à vous répondre, mais j'étais très pris ces temps-ci.
    La réponse est clairement "non". Contrairement à certaines fables qui resurgissent de temps à autre, Jésus n'a pas été marié. Et, célibataire, il a vécu à la perfection la vertu de la chasteté, comme toutes les autres vertus.

  • Je suis une lectrice passionnée du Da Vinci Code est une fan de Dan Brown, pourquoi? justement parce qu'il a su provoqué cette Grande question qui est Jésus a-t-il eu des relations "humaine" et par ce fait des descendant. Quant à la véracité des faits, ma foi n'en sera pas du tout affectée, et je pense que ceux qui sont réelement croyants ne s'inquièteront pas sur le vrai et le faux de la Bible!
    J'admire le travail d'investigation et son art à semer une confusion jusqu'à la faire paraître réelle. c'est tout!
    A la relecture!

  • J'avais également lu ce livre de Robert Hureaux lors de sa parution, et il m'avait également paru à la fois très clair et bien documenté. Mais je trouve dommage que, alors que vous citez ses 6 enfants, ce qui n'est en rien un gage de sérieux universitaire, vous omettiez de préciser que Hureaux est aussi normalien et agrégé d'Histoire. C'est, pour ma part, ce qui avait déterminé mon choix à une époque où fleurissaient les ouvrages les plus fantaisistes sur Marie-Madeleine, da vinci code et tutti quanti...

  • Je réponds à Patrick, qui a écrit le 12 avril :

    Les citations qu'il fait sont non seulement ahurisssantes, mais évidemment bien loin d'un langage délicat et, disons, ce que l'on est en droit d'attendre sous la plume d'un catholique.
    Vous dites avec raison que ce genre de discours peut faire beaucoup de dégâts. Prions pour les gens qui ne se rendent pas compte du mal qu'ils font et pour leurs victimes...

  • Tous ces livres " polémiques " n'ont qu'un seul but : jeter le discrédit sur la religion catholique !!! Ils y réussissent d'ailleurs fort bien . En " disséquant " ainsi les Textes Saints , ils perdent tout leur substance divine . C'est aussi le but recherché !!!

  • Pour ce qui est du DVC sans aucun doute, mais pas du livre de R. Hureaux, qui n'a rien de polémique. Tous ne sont pas d'accord avec ses conclusions, mais il apporte un éclairage utile.

    Je vous souhaite de bonnes et saintes fêtes de Noël.

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