Le mal de cette Cour est le perpétuel mélange. Comme disait le cardinal de Retz : ‘On fait un petit ménagement de sa vie : une part pour le diable et une part pour Dieu.’ C’est le précédé de la duchesse de Nemours (type exact de Pimbêche dans les Plaideurs). Elle récitait le Pater, mais sautait toujours : Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons. Certains sautent dans leur vie ce qu’ils ne peuvent admettre, ce sont des éclectiques. Le Grand Dauphin – ceci nous soulève le cœur – faisait venir les filles du corps de ballet de l’Opéra pour des danses plus ou moins écervelées et les faisait jeûner parce que c’était jour de jeûne ! Mme de Coligny dira après un sermon de Bourdaloue : ‘Il est utile de mourir dans la grâce de Dieu, mais c’est bien ennuyeux d’y vivre.’ […] Mme de Sévigné décrit parfaitement cet état : Je ne suis ni à Dieu ni au diable. Cet état m’ennuie, quoique, entre nous, je le trouve le plus naturel du monde.
H. Huvelin, Cours sur l’histoire de l’Église 11. Le Temps de Port-Royal, Paris, Éd. Saint-Paul, 1968, p. 206-208).