On dit que les mulets et chevaux chargés de figues succombentincontinent au faix et perdent toutes leurs forces. Plus douces que les figues et la loi du Seigneur, mais l'homme brutal qui s'est rendu « comme le cheval et le mulet, dans lesquels il n'y a point d'entendement » (Psaume 31, 9), perd le courage et ne peut trouver des forces pour porter cet aimable faix. Au contraire, comme une branche d'agnus-castus empêche de lassitude le voyageur qui la porte, ainsi la croix, la mortification, le joug, la loi du Sauveur, qui soulage et recrée les cœurs qui aiment sa divine majesté. On n'a point de travail en ce qui est aimé ou, s'il y a du travail, c'est un travail bien-aimé : le travail mêlé du saint amour est in certain aigre-doux plus agréable au goût qu'une pure douceur.
Saint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, livre 8, chap. 5.