Jésus s’est assis devant le tronc des offrandes :
Il observe les mouvements des pèlerins
Qui ignorent qu’il est leur suzerain,
Qu’il est le Roi de l’univers, à ses commandes.
Il n’a pas besoin qu’on lui explique les choses :
Il connaît dans quelle situation se débat
Cette pauvre veuve qui respecte le sabbat.
Son geste est modique : il la métamorphose.
Attentif, Jésus n’a rien perdu de la scène :
L’arrivée spectaculaire des gens aisés
Qui ont mis gros, avec la conscience apaisée
En apparence, mais une intention malsaine.
Ils se faisaient précéder même de trompettes
Pour que tous soient témoins de leur entourloupette.
Quant à la vieille, c’est une modeste obole
Qu’elle jette dans le trésor sans protocole.
Les yeux du Seigneur brillent devant l’héroïsme
D’un comportement empreint d’un grand naturel.
Les autres ont rempli une démarche égoïste,
Elle, elle accumule pour l’intemporel.
Mais cette pauvresse y a mis tout son avoir,
Elle l’a fait par charité et non par devoir.
Les pharisiens ont donné de leur superflu
Au risque de se trouver parmi les exclus.
Les apôtres ne se sont aperçus de rien,
Aussi Jésus tient-il à relever le fait
Qu’avec deux piécettes, elle a fait plus de bien
Qu’une cascade de pièces cherchant un effet.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
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