Après le dimanche de Pâques, « Jésus montra de bien des manières qu’il était vivant », apparaissant à ses apôtres et ses disciples « au cours de quarante jours et les entretenant du royaume de Dieu » (Actes 1, 3). La foi des apôtres a été fortifiée par la Résurrection du Christ et leur vie est transformée. Certes, il faudra encore qu’ils reçoivent l’Esprit Saint pour pénétrer en profondeur les enseignements du Christ et être remplis de la force dont ils auront besoin pour répandre l’Évangile dans le monde.
Pour l’instant, ils ne restent pas inactifs, à attendre que le Seigneur leur apparaisse. Je ne fais pas allusion simplement au fait qu’ils reprennent leur métier, car il faut bien qu’ils gagnent leur vie. C’est d’ailleurs alors que « Simon-Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples » (Jean 21, 2) sont partis pêcher que Jésus leur apparaît une nouvelle fois et qu’ils réalisent une deuxième pêche miraculeuse : leur filet se remplit « de gros poissons : cent trente trois. Et, bien qu’il y en eût tant, le filet ne se rompit pas » (Jean 21, 11), souligne Jean, en homme du métier. Jésus vient les retrouver dans leur travail tout comme c’est sur leur lieu de travail qu’il était venu les appeler à le suivre. C’est aussi dans notre vie de travail, dans notre vie courante qu’il nous invite à nous sanctifier. « Nous sommes des hommes de la rue, des chrétiens courants, plongés dans le courant circulatoire de la société, et le Seigneur veut que nous soyons saints, apostoliques, précisément au milieu de notre travail professionnel, c’est-à-dire en nous sanctifiant dans cette tâche, en la sanctifiant et en aidant les autres à se sanctifier dans cette même tâche » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 120).
Les apôtres ne restent pas inactifs, disais-je, parce qu’ils se lancent déjà à l’apostolat. Ils commencent à parler de Jésus et de ce qu’ils ont appris auprès de lui. Ils vont sans doute rechercher les disciples qui s’étaient dispersés au moment de l’arrestation et de la mort de Jésus et qui ne savaient pas que le Christ était ressuscité, qu’il avait triomphé de la mort. Le nombre des disciples grossit rapidement, au point que Jésus apparaît un jour « à plus de cinq cents frères à la fois » (1 Corinthiens 15, 6).
Mais le jour arrive de la séparation physique. Jésus « emmène ses disciples jusque vers Béthanie » (Luc 24, 50). « Comme il mangeait ave ceux, il leur enjoignit de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis : « Ce dont vous m’avez entendu parler : Jean a baptisé dans l’eau ; mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint d’ici peu de jours » (Actes 1, 4-5). Par la question qu’ils posent, et qui trahit leur préoccupation principale, ils montrent qu’ils ont bien besoin de l’Esprit pour sortir d’une vision humaine du royaume de Dieu. Ils lui demandent : « Seigneur, est-ce dans l’immédiat que tu vas rétablir le royaume au profit d’Israël ? » (Actes 1, 6), ce royaume qui est occupé par les Romains. Jésus ne se fâche pas d’une telle question et ne les reprend pas. Il se contente de dire : « Ce n’est pas à vous de connaître le jour et l’heure que mon Père a fixés de sa propre autorité. Mais, quand le Saint Esprit descendra sur vous, vous recevrez de la force et vous serez mes témoins » (Actes 1, 7-8).
Alors, « levant les mains, il les bénit. Alors qu’il les bénissait » (Luc 24, 50-51), « il fut enlevé dans les cieux sous leurs yeux, et une nuée le déroba à leur vue » (Actes 1, 9), nuée qui rappelle celle que Pierre, Jacques et Jean avaient vue envelopper le Seigneur quand il s’était transfiguré sur le mont Thabor avec Moïse et Élie (cf. Luc 9, 28-36).
Jésus disparaît, et les apôtres restent là, à regarder en l’air, attendant on ne sait quoi. Alors, « se présentèrent à eux deux hommes vêtus de blanc — c’est toujours comme cela qu’apparaissent les anges de Dieu — qui leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a quittés pour être enlevé au ciel reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller au ciel » (Actes 1, 11). Il arrivera « sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire » (Matthieu 24, 30). Mais ce sera à la fin du monde.