Honorer, c’est traiter selon les mérites. Nourrissez votre père, nourrissez votre mère. Même nourrissant votre mère, vous ne lui rendez pas encore les douleurs, vous ne lui rendez pas les tourments qu’elle a soufferts pour vous ; vous ne lui rendez pas les attentions avec lesquelles elle vous a porté, vous ne lui rendez pas la nourriture qu’elle vous a donnée dans un sentiment de pieuse tendresse, versant le lait de ses mamelles entre vos lèvres ; vous ne lui rendez pas la faim qu’elle a endurée pour vous, pour ne rien manger qui vous eût pu être nuisible, pour ne rien prendre qui pût gâter son lait. Pour vous elle a jeûné, pour vous elle a mangé ; pour vous elle n’a pas pris la nourriture qu’elle voulait ; pour vous elle a pris la nourriture qu’elle n’aimait pas ; pour vous elle a veillé, pour vous elle a pleuré ; et vous souffririez qu’elle manque ! Oh mon fils, quel jugement vous vous attirez si vous ne nourrissez pas votre mère ! Vous lui devez ce que vous avez, vous lui devez ce que vous êtes.
Ambroise de Milan, Traité sur l’Évangile de Luc 2, 8, 75.