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liberté - Page 3

  • Liberté, liberté chérie… (1)

    « LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE... » MAIS QUELLE LIBERTÉ ?

    La liberté n'est pas un droit, mais un devoir (Dostoïevski)

    Propos liminaire

    Alors qu'il est plus que jamais question de liberté — de liberté, d'égalité et de fraternité —, il n'est pas inopportun de faire remarquer que, pas plus que les autres, la Révolution française n'a le monopole de la liberté, mieux encore qu'elle ne l'a pas inventée.
    L'on pourrait même affirmer que la liberté exaltée par les apôtres des années 1789 (lire la suite)

  • Liberté, liberté chérie… (5)

    Liberté et loi morale

    La liberté ne devient effective que par la connaissance de la loi naturelle. Mais elle n'est pas adhésion aveugle, prédéterminée — ce qui serait la négation même de la liberté — ni simple consentement. « Dieu nous demande un effort, effort qui est la preuve de notre liberté » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 17). L'homme a la propriété, qui le spécifie en tant qu'homme, de pouvoir être véritablement et personnellement la cause de ses actes. Nous nous situons ici au plan de la voluntas ut ratio, car la volonté est « domina sui actus » (saint Thomas d’Aquin, Summa Theologiæ I-II, q. 9, a. 3).
    Il n'en découle pas que l'homme puisse être l'auteur de la loi morale : cela équivaudrait à se prendre pour l'auteur de la nature. Il possède « le don très spécial de la liberté » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 99) qui le rend maître de ses actes et capable, toujours avec la grâce divine, de façonner son destin éternel.
    Mais il est vraiment la cause de ses actes dont l'exécution concourt, parce qu'ils sont posés en conformité avec la loi, à conserver et développer « l'harmonie divine de la création » (Ibid., n° 183). Non pas cause aveugle, nécessaire, mais cause par le jeu combiné de son intelligence et de sa volonté, par un choix qui lui est personnel. « Voilà le degré suprême de dignité chez les hommes : qu'ils se dirigent par eux-mêmes et non par un autre vers le bien » (saint Thomas d’Aquin, Super Epistolas S. Pauli lectura. Ad Romanos, cap. II, lect. III, 217, éd. Marietti, Turin, 1953, p. 38-39 ; cf. Amis de Dieu, n° 27). C'est alors que l'homme « se sent entièrement libre parce qu'il travaille aux choses de son Père » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 138) et qu'il assume délibérément le « conditionnement » que comporte la vie chrétienne. D'où cette exclamation joyeuse et optimiste : "Mon joug est la liberté" (saint Josémaria, Chemin de Croix, Paris, 1982, 2e station, point de méditation n° 4). Comme Dante l'a bien subodoré, « Vous qui vivez, vous attribuez au ciel seul toutes les causes, comme s'il entraînait nécessairement tout avec lui. S'il en était ainsi, le libre-arbitre serait détruit en vous (...) Si le monde actuel s'égare, la cause en est en vous » (Dante Alighieri, La Divine comédie. Le Purgatoire, chant XVI, 67-71. 82, trad. Alexandre Masseron, Paris, 1954).
    C'est pour cela que l'homme n'a pas seulement à suivre la nature, mais qu'il doit consentir entièrement à l'ordre établi par Dieu, jusque et y compris en ce point précis qu'agir librement, être pour de bon et personnellement cause, est inhérent à sa nature humaine et qu'il ne respecte pas excellemment cet ordre établi tant qu'il n'agit pas en toute liberté. « Dieu a jugé que ses serviteurs seraient meilleurs s'ils le servaient librement... Dieu ne veut pas d'esclaves. Il préfère avoir des enfants libres » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 33). Or le maximum de liberté se trouve dans la volonté (saint Thomas d’Aquin, In II Sent., d. 25, q. 1, a. 2 ad 4). D'autre part, il ne faut pas oublier que c'est le propre de Dieu Créateur d'agir au fond intime de sa créature, en sorte que celle-ci demeure parfaitement libre. Donc « plus Dieu est le Maître de la volonté de l'homme, plus celui-ci choisit ce qui est meilleur pour lui, c'est-à-dire conforme à sa destinée établie de toute éternité par le Père, grâce à l'Esprit du Christ qui anime son vouloir. Et plus aussi ce chrétien s'humanise vraiment en sa volonté d'homme » (H.-M. Manteau-Bonamy, La Vierge Marie et le Saint-Esprit, 2e éd. augmentée, Paris, 1975, p. 159).
    La loi divine ne s'oppose nullement à la liberté. Bien au contraire, puisqu'elle a pour auteur la liberté même. « Le Seigneur nous a octroyé un grand don surnaturel, la grâce divine, et un merveilleux présent humain, la liberté personnelle qui, pour ne pas se corrompre ni se transformer en licence, exige de nous une intégrité et un ferme engagement de refléter dans notre conduite la loi divine, parce que là où est l'Esprit de Dieu, là se trouve la liberté » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 184). La loi divine est, bien évidemment, contraire aux tendances désordonnées de la nature humaine, commutata in deterius par le péché originel. Mais elle n'est pas l'adversaire de tout ce qui est authentiquement humain, de tout ce qui construit la société et le monde dans l'harmonie. Comment en irait-il autrement, alors qu'elle préside à ce développement ? Moyennant quoi il n'y a pas, et il ne peut pas y avoir, « d'opposition entre le service de Dieu et le service des hommes ; entre l'exercice des devoirs et des droits civiques et celui des devoirs et des droits religieux ; entre un effort pour construire et perfectionner la cité temporelle et la certitude que ce monde que nous traversons est un chemin qui nous conduit à la patrie céleste » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 165).
    En dernière instance, c'est l'obéissance à la loi, et donc le respect de l'ordre naturel établi par la Sagesse éternelle, qui seuls maintiennent vives la liberté et la joie de la liberté ; et la conviction que rien de ce monde n'est perdu pour l'au-delà : « Où il n'y a pas de liberté, là point de mérite » (St Bernard, Serm. 81 in Cant. 6).

    (à suivre…)

  • Liberté, liberté chérie… (fin)

    Liberté et unité de vie

    L'homme libre ne se laisse pas détourner de la finalité essentielle de sa nature. Il intègre chacune des composantes de son être dans le plan divin et collabore ainsi de toutes ses forces à co-racheter avec le Christ. Parfaitement conscient de sa vocation à la plénitude de la vie chrétienne, il discerne à quel point sa vocation humaine et sa vocation surnaturelle constituent un tout qu'il est convié à couler dans une « unité de vie » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 165) compacte. Il faut « aimer le monde passionnément », comme l'indique le titre d'une homélie du fondateur de l’Opus Dei (cf. Entretiens avec Mgr Escriva, n° 111-123), parce que « votre vocation humaine est une partie, et une partie importante, de votre vocation divine » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 46). L'on infère de cette puissante assertion que « notre époque a besoin qu'on restitue à la matière et aux situations qui semblent les plus banales, leur sens noble et originel, qu'on les mette au service du Royaume de Dieu, qu'on les spiritualise, en en faisant le moyen et l'occasion de notre rencontre continuelle avec Jésus-Christ » (Ibid., n° 114).
    La vie courante est donc le théâtre où l'homme conquiert sa liberté et où il la met en acte, c'est-à-dire où sa volonté acquiert un habitus, ou qualité stable par laquelle l'être se perfectionne. L'homme s'attache et se livre à Dieu dans un épanouissement sans cesse grandissant qui lui vient de l'adéquation à la loi morale par le truchement de la réponse à la grâce. « La liberté et le don de soi ne se contredisent pas ; ils se soutiennent mutuellement. On ne donne sa liberté que par amour ; je ne conçois pas d'autre type de détachement » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 31).
    C'est ainsi que l'homme vit le plus intensément, s'auto-réalise au maximum, transforme avec vivacité sa vocation humaine — familiale, professionnelle, scientifique, politique, culturelle, etc. — en une authentique vocation divine. S'ouvrent alors devant lui « les chemins divins de la terre » (Ibid., n° 314). Il y déchiffre que Dieu s'intéresse à ce qui constitue « son monde », avec ses projets, avec son amour, avec son travail (cf. D. Le Tourneau, « Le travail comme caractéristique de la sécularité des laïcs. Pistes pour une réflexion », Studium Legionensis [1988]). Un rapport simple, filial et confiant se noue avec l'Absolu, empreint de cette liberté dont les enfants font preuve à l'égard de leurs parents. L'exécution fidèle de sa vocation dans les moindres incidences de son existence lui font savourer le gaudium cum pace (cf. saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 9), la paix et la joie qui l'acheminent à la volonté de ne pas dévier du chemin de Vie : « Nous nous savons libres; nous élevant comme dans un chant d'amour - épithalame d'une âme ardente - qui nous pousse à désirer ne pas nous écarter de Dieu » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 297). Cette ambition de la sainteté, de la « bonne divinisation » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 98) doit s'affirmer et s'affermir tout au long de la vie, dans un crescendo irrésistible d'amour de Dieu, en commençant et en recommençant sans cesse : « Afin de persévérer à la suite de Jésus, il faut une liberté continuelle, un vouloir continuel, un exercice continuel de sa propre liberté » (saint Josémaria, Forge, n° 819) ; elle fait brûler d'une impatience volcanique de contempler Dieu face à face. Vultum tuum, Domine, requiram ! (Psaume 27, 8), Seigneur, je cherche ton visage, répétait Mgr Escriva sur le tard de sa vie (cf. F. Gondrand, Au pas de Dieu. Josémaria Escriva de Balaguer fondateur de l'Opus Dei, Paris, 1982, p. 312).
    « Je me plais à parler de l'aventure de la liberté, car c'est ainsi que se déroule votre vie et la mienne. Librement — comme des enfants et, pardonnez-moi si j'insiste, non comme des esclaves — nous suivons le sentier que le Seigneur a tracé pour chacun de nous. Nous savourons cette facilité de mouvement comme un don de Dieu. Librement, sans aucune contrainte, parce que telle est ma volonté, je me décide pour Dieu. Et je m'engage à servir, à transformer mon existence en un don aux autres, par amour de mon Seigneur Jésus » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 35). Et en dernier ressort cette libre élection émane de « la liberté des enfants de Dieu, que Jésus-Christ nous a gagnée en mourant sur le bois de la croix » (Ibid., n° 297).

    (fin)

    Dominique LE TOURNEAU

    (cet article est paru dans Theologica XXII-XXIII [1991], p. 3-14)



    Amis de Dieu

  • Liberté, liberté chérie… (7)

    Liberté, vérité et charité

    Toute la conduite de Monseigneur Escriva témoigne avec éloquence de sa liberté d'esprit, qui l'amène à se soucier du jugement que Dieu portera sur ses actes sans se chagriner le moins du monde de l'appréciation des hommes. « Prenons la décision de ne jamais nous attrister si certains mettent en doute la droiture de notre conduite, s'ils interprètent de façon erronée le bien qu'avec l'aide continuelle du Seigneur nous nous efforçons de réaliser et si, jugeant mal nos intentions, ils nous prêtent de mauvais desseins et une conduite malhonnête et hypocrite. Pardonnons toujours, le sourire aux lèvres » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 11).
    Car le fait de transiger envers les personnes est indissociable d'une « sainte intransigeance » (saint Josémaria, Sillon, n° 384).
    La liberté véritable amène inévitablement à adopter une conduite qui n'est pas celle de tout le monde, sans qu'il soit nécessaire de quémander ce droit à la liberté chrétienne, « parce que le Christ nous l'a désormais gagnée à tout jamais ». Cependant l'enfant de Dieu doit « la défendre et la manifester dans n'importe quel milieu. C'est seulement ainsi qu'ils comprendront que notre liberté n'est pas liée à l'environnement » (Ibid., n° 423), qu'elle n'est pas une attitude de circonstance, mais qu'elle est un choix délibéré et opératif.
    La fidélité exigeante à la vérité et le respect des consciences vont donc de pair. Le respect de l'ordre naturel requiert que l'homme cherche assidûment la vérité. « La liberté acquiert son sens authentique lorsqu'on l'exerce au service de la vérité qui rachète, lorsqu'on en use pour rechercher l'Amour infini d'un Dieu qui nous libère de toutes les servitudes » (saint Josémaria, Entretiens avec Mgr Escriva, Paris, 1987, n° 84), notamment sa liberté intérieure, le sanctuaire de sa conscience. « Face à ces soupçonneurs professionnels, qui semblent vouloir organiser une traite de l'intimité, il faut défendre la dignité de chaque personne, ainsi que son droit au silence » (saint Josémaria, Chemin, n° 665). Parce que la « vraie vertu n'est pas triste ou antipathique, mais aimablement joyeuse » (Ibid., n° 657). Alors dans toutes les éventualités de la vie faisons monter notre action de grâce vers le Très-Haut : « Si les choses marchent bien, réjouissons-nous et bénissons Dieu qui les a fait prospérer. — Vont-elles mal ? — Réjouissons-nous et bénissons Dieu, qui nous fait participer de sa douce Croix » (Ibid., n° 658).

    (à suivre…)